L’enseignement dans l’Empire colonial français 7
médiaires delacolonisation, voire aux mobilisations politiques, tant lesliens
furent étroits entrescolarisation etcontestation deladomination française 8.
Depuis l’accès àl’indépendance desdifférents territoires colonisés,
lesconnaissances sesont accumulées, d’abord surlespolitiques scolaires
etlessystèmes d’enseignement, puis surlesrelations entrelessociétés
localeset l’école coloniale, surlesenjeux sociaux, culturels etpolitiques liés
àlascolarisation, surledevenir desanciens élèves. Cestravaux ont cepen-
dant trouvé peu d’écho auprès desspécialistes del’histoire del’éducation
enmétropole 9. Et pourtant, àl’apogée delacolonisation, Albert Sarraut
n’hésitepas àrappeler lasimultanéité entredéveloppement del’école répu-
blicaine etexpansion coloniale: «L’époque deJulesFerry, lecolonisateur, est
aussi celle deJulesFerry, l’apôtre del’école laïque» 10. Dans sestrente-deux
années d’existence, larevue Histoire del’éducation aconsacré seulement
quatre articlesaux questions scolaires danslescolonies, dontdeux portent
surl’Empire britannique etl’un surlaformation enmétropole 11, aucun n’étant
directement consacré àl’étuded’un exemple d’enseignement surleterrain.
Cenuméro constitue doncuneétape importante, quirassemble quelques-unes
descommunications présentées lors ducolloque international «Enseignement
8 Cette remarque nesignifie évidemmentpas queseuleslespopulations passées parl’école coloniale
ont participé àlalutte contre lepouvoir colonial, maisforce est deconstater qu’ellesconstituèrent,
précocement danscertains territoires comme l’Indochine ouleSénégal, desgroupes contestataires.
9 Leguidedu chercheur surl’histoire del’enseignement etdel’éducation dirigé parThérèse Charmasson
(Paris, INRP/Comité destravaux historiques etscientifiques, 2006) mentionne deux titres pourl’en-
seignement outre-mer (p.70): Antoine Léon, Colonisation, enseignement etéducation, Paris, L’Har-
mattan, 1991, etJacqueline Ravelomanana-Randrianjafinimanana, Histoire del’éducation desjeunes
fillesmalgaches duXVe audébut duXXesiècle, Antananarivo, Antso, 1996. Lesarchives conservées
auCentre desarchives d’outre-mer àAix-en-Provence (CAOM) sont enrevanche présentées defa-
çon détaillée. Lessources nemanquent pas, eneffet, pourécrire cettehistoire del’enseignement
colonial. Ellesse répartissent entrelaFrance etlesanciens territoires colonisés: CAOM, Archives
nationales duSénégal, Archives vietnamiennes, Archives duministère des Affaires étrangères
(Nantes etLaCourneuve); sources imprimées nombreuses, dontlespublications officiellesdes
différents gouvernements généraux (parexemple lesannuaires statistiques), desrevues etbulletins
pédagogiques, desmanuels scolaires, sans compter lestémoignages publiés etlessources orales.
10 A.Sarraut, Grandeur etservitudecoloniale…, op.cit., p.149.
11 Yves Gaulupeau, «Lesmanuels scolaires parl’image», Histoire del’éducation, n°58, n°spécial, Alain
Choppin (dir.), Manuels scolaires, États etsociétés. XIXe-XXesiècles, mai1993, p.103-135; Joyce
Goodman, «Desenseignantes dusecondaire dansl’Empire britannique», Histoire del’éducation,
n°98, n°spécial, Mineke Van Essen et Rebecca Rogers, Lesenseignantes. Formations, identités, repré-
sentations (XIXe-XXe siècles), mai2003, p.109-135; Ola Uduku, «Architecture scolaire etéducation
enAfrique anglophone, XIXe-XXe siècles», Histoire del’éducation, n°102, mai2004, p.247-266;
Pierre Singaravelou, «L’enseignement supérieur colonial», Histoire del’éducation, n°122, n°spécial
L’enseignement supérieur. Bilan etperspectives historiographiques, avril-juin2009, p.71-92.