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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XV - n° 6 - juin 2000
A. Älvarez-Barrientos et coll. (Clin Microbiol Rev
2000 ; 13 : 167-95) viennent de faire paraître une
mise au point sur les potentialités de la cytométrie
en flux en microbiologie médicale. Plusieurs défis
sont actuellement posés à l’analyse microbiolo-
gique d’échantillons biologiques : l’obtention de
réponses plus rapides, une amélioration des tech-
niques afin d’obtenir une aide encore meilleure
pour les choix thérapeutiques et, enfin, l’abaisse-
ment des coûts d’analyses. Les récents dévelop-
pements de la cytométrie en flux sont passés en
revue : ils pourraient répondre à certains de ces
défis. Cette technique permet, par exemple, de
mettre en évidence des micro-organismes
uniques ou multiples par leur capacité à diffrac-
ter un faisceau lumineux ou à se fixer à certains
fluorochromes. Ces fluorochromes peuvent être
utilisés soit seuls (ceux, par exemple, capables de
se fixer non sélectivement sur des acides
nucléiques), soit couplés à des anticorps ou à des
sondes nucléiques spécifiques. La sensibilité des
bactéries à des antibiotiques peut aussi être
déterminée rapidement (deux à trois heures actuel-
lement) de façon quantitative et reproductible.
Dans ce domaine, l’aspect le plus novateur de cette
technique est la possibilité de détecter au sein d’une
population bactérienne des sous-populations hété-
rogènes présentant des réponses différentes à un
antibiotique donné.
Les concentrations minimales bactéricides peuvent
aussi être déterminées d’emblée, sans passer par la tech-
nique traditionnelle de réalisation longue et fastidieuse.
Il est aussi possible de détecter des morphotypes diffé-
rents de Pseudomonas aeruginosa dans les sécrétions
bronchiques de patients ayant une mucoviscidose, ou
de mettre en évidence des sous-populations de Helico-
bacter pylori ayant des déterminants de pathogénicité
différents. Il est encore possible de détecter des small-
colony variants au sein d’une population de Staphylo-
coccus aureus : ces variants ont une morphologie parti-
culière et un spectre de sensibilité aux antibiotiques qui
leur est propre. Enfin, il semble aussi loisible d’utiliser
cette technologie pour contrôler ex vivo l’activité anti-
microbienne de traitements antibiotiques sans passer
par l’étape de la culture.
En résumé, cet article fait le point sur les possibilités
qu’offre aujourd’hui en microbiologie (bactériologie,
virologie, parasitologie) la cytométrie en flux. Cette
technique permet de réaliser certaines des phases
analytiques plus rapidement que les techniques
de culture traditionnelles. Son originalité est d’étu-
dier les bactéries individuellement et non pas en
termes de population, comme le font les méthodes
classiques. Cependant, elle est encore peu répan-
due dans les laboratoires de microbiologie, et il
serait utile que des industriels en réalisent l’auto-
matisation.
Y. Piémont, Strasbourg
Le virus de l’hépatite C (VHC) est présent chez
chaque patient sous la forme d’une quasi-espèce,
mélange de variants génétiquement différents mais
apparentés les uns aux autres. Il n’infecte pas que
les hépatocytes. M. Okuda et coll. (Hepatology 1999 ;
29 : 217-22) proposent une approche élégante du rôle
des cellules mononucléées sanguines (PBMC) dans
la persistance de ce virus. La variabilité génomique
du VHC est étudiée chez 13 patients, simultanément
dans le sérum, le foie et les PBMC. La quasi-espèce
virale présente dans chaque compartiment biologique
est analysée par RT-PCR et séquençage de 8 à 14 clones
par échantillon, dans un domaine hypervariable de la
région E2, qui code pour une protéine d’enveloppe du
virus. Ce travail illustre remarquablement la variabilité
des quasi-espèces (3,7 à 59,3 % de variation en acides
aminés chez un même patient) et leur complexité crois-
sante dans les PBMC, le foie puis le sérum. Pour trois
patients, le variant dominant diffère dans les trois com-
partiments. Souvent, des séquences virales communes
sont identifiées dans deux des trois compartiments (foie
et PBMC : 5 patients ; foie et sérum : 5 ; sérum et
PBMC : 7). Il existe toutefois des variants viraux spéci-
fiques du foie, des PBMC, ou, chez tous les patients, du
sérum. Il est possible que des variants viraux particuliers
aient été sélectionnés par la technique de clonage, ou la
taille limitée de la biopsie hépatique. Néanmoins, ce
Application de la cytométrie de flux
à la microbiologie médicale
Différentes quasi-espèces
de virus de l’hépatite C
dans le sérum,
les cellules mononucléées
sanguines et le foie