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Provence-Alpes-Côte d'Azur, Var
Toulon
13 rue de Lorgues, 155 rue Saint-Bernard
édifice logistique dit Manutention des vivres
Références du dossier
Numéro de dossier : IA83001931
Date de l'enquête initiale : 2014
Date(s) de rédaction : 2015
Cadre de l'étude : enquête thématique régionale architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Degré d'étude : étudié
Désignation
Dénomination : édifice logistique
Appellation : Manutention des vivres
Compléments de localisation
Milieu d'implantation :
Références cadastrales :
Historique
En 1840, l’administration du génie constatait l’inadéquation de l’édifice affecté à la manutention des vivres militaires,
situé en ville, rue Saint-Cyprien, exigu et vétuste, de même que l’insuffisante capacité de la boulangerie militaire située
sur le quai est de la darse vieille. Un premier projet de manutention est proposé en 1841 -1842, près de cette boulangerie,
à un emplacement qui imposait d’élargir le quai.
L’article 6 des projets pour les exercices 1858-1859 relatifs aux bâtiments militaires, établi sous la direction du chef du
génie Antoine Long, concerne la construction d’une nouvelle manutention de grande capacité, avec dépôt des subsistances,
intégrant les données d’une dépêche ministérielle du 15 juin 1857 qui avait fixé la contenance des magasins de subsistances
à 3600 quintaux de blé et 6000 quintaux de farine.
Le nouvel emplacement choisi intra-muros et contigu à la rue du rempart est rendu possible par la démolition des fronts
nord et ouest de l’enceinte des XVIe-XVIIe siècles, remplacés par les nouveaux fronts de l’extension de l’enceinte projetée
depuis 1845, exécutée à partir de 1852. Pris dans l’emprise à remblayer de l’ancien fossé, l’emplacement est proche de
la rue Saint-Cyprien et du bastion 7 (Saint-Bernard), l’un de ceux conservé du front est de l’ancienne enceinte. Il s’agit
d’un îlot triangulaire dont le côté sud se superposait à l’ancienne courtine 7-8 détruite, le côté ouest à l’ancien flanc droit
du bastion 8 détruit, le côté nord-est étant délimité par la rue du rempart longeant la nouvelle courtine 7-M, et l’angle
nord étant contigu de la place située au débouché intra-muros de la nouvelle porte Notre-Dame, percée dans la courtine
7-M, près du bastion M.
Le programme de la manutention doit inclure un bâtiment d’administration, un magasin à blé, une paneterie et des greniers
à blé et à farines, une boulangerie, des écuries, avec un mur d’enceinte. Les greniers sont conçus selon le système Huard
(magasins composés de plusieurs silos juxtaposés, avec brassage par chapelet à godets, avec 10 modules pour un grenier
de 10.000 hectolitres de blé).
En 1861, après nivellement des terrains, les bâtiments A et B, jointifs et constitués de la longue aile ouest (B), dite des
magasins, et son petit retour d’équerre nord-est, (A) dit de l’administration, sont construits au niveau du soubassement
et de l’amorce du rez-de-chaussée. L’aile B est traversée en son centre par un passage charretier flanqué d’une cage
d’escalier. L’aile A est aussi traversée par un passage analogue, de moindre gabarit. Les trois étages restant à exécuter
sont destinés aux greniers à farines, au logement du comptable (premier étage) et à des magasins à vivres de campagne
et à grains (deuxième et troisième étages). Les trois niveaux de greniers forment un grand volume décloisonné ponctué
par deux rangées de piliers métalliques délestant la poutraison.
Reste alors intégralement à construire le bâtiment C, ou aile sud, dite de la boulangerie, en retour d’équerre mais
indépendante, destiné à un fournil de 9 fours, avec paneterie pouvant contenir 35000 rations, le tout dans un rez-de-
chaussée voûté, surmonté de deux étages, le premier destiné à un dépôt de farines mélangées et salle des mélanges, le
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second à un magasin aux farines. Une petite galerie-coursive en charpente de métal est prévue au niveau du premier étage
entre le bâtiment B et le bâtiment C. Ce bâtiment, amorcé en 1870, n'est achevé qu'après 1872.
Période(s) principale(s) : 3e quart 19e siècle
Auteur(s) de l'oeuvre : Antoine Long (ingénieur militaire, attribution par source)
Description
Bien que conservés assez largement, et peu modifiés dans leur structure et leurs élévations extérieures restaurées, les deux
bâtiments de l’ancienne manutention ont été profondément redistribués et densément cloisonnés intérieurement au 20e
siècle, ce qui rend la plupart des volumes intérieurs méconnaissables, empêchant de vérifier la possible conservation de
certains éléments, comme les piliers métalliques des étages anciennement décloisonnés et dévolus à des greniers à grain
et à farine, aujourd’hui redécoupés en de nombreux bureaux, avec cloisons isolantes et faux plafonds suspendus.
Le bâtiment de l’administration et des magasins, coté A-B, le plus monumental, est haut de cinq niveaux : soubassement
(caves) voûté d’arêtes, rez-de-chaussée et trois étages sous un comble à faible pente et à croupes. Il comportait vingt travées
de fenêtres sur la longueur développée de sa façade extérieure, à raison de treize pour l’aile B et sept pour l’aile A, en retour
d’angle obtus au nord-est de la précédente. Les deux ailes A et B ont exactement la même largeur, et se caractérisaient
par le traitement particulier de leur mur pignon ou façade d’extrémité: les angles en sont abattus, formant un pan coupé
suffisamment large pour accueillir une travée de fenêtres. Cette disposition est conservée seulement à l’extrémité de l’aile
B car dans l’état actuel, l’aile A est amputée des deux tiers de sa longueur, réduite en façade extérieure à 4 travées sur 7.
Les façades extérieures comportent en soubassement un parement en assises régulières de petit appareil de pierre de taille
ocre produisant un effet rustique, le reste de l’élévation étant revêtu d’un enduit couvrant. Les fenêtres à chambranle sont
couvert en arc segmentaire. La porte du passage transversal, au milieu des longues façades du bâtiment B, n’apparaît plus
telle que prévue sur les dessins du projet, avec encadrement en pierre de taille couvert d’un arc plein-cintre extradossé en
escalier et pilastres d’encadrement à bossages un sur deux.
A l’intérieur, l’étage de soubassement conserve apparentes ses voûtes d’arêtes sur piliers carrés, en maçonnerie de
moellons grossiers bruts, sans enduit.
La charpente du toit, à faible pente, est traditionnelle, en sapin, avec fermes à entrait retroussé moisé.
Le bâtiment de la boulangerie, coté C, est conservé sur toute sa longueur, comptant 11 travées de fenêtres. Il se composait
du corps principal à trois niveaux, large de deux travées de fenêtres, élargi d’un tiers au niveau du rez-de-chaussée par
la saillie hors œuvre des fours, du côté opposé à la cour (sur l’actuelle rue des remparts) élargissement qui formait une
sorte de bas-côté couvert en appentis. Dans l’état actuel, les fours ayant disparu, l’ancien appentis a été remplacé par un
bâtiment collatéral à toit-terrasse.
Le rez-de-chaussée voûté, ancien fournil et paneterie, est équivalent en hauteur au cumul des deux étages supérieurs. Ses
11 travées hautes sous voûtes d’arêtes retombant sur des piliers engagés fortement saillants, visibles en façade sur cour, le
tout formant une série continue d’arcades évoquant une halle, mais fermées d’origine d’un mur de remplage dans lequel
est ménagée une fenêtre couverte en plein-cintre. Le reste de l’élévation est plus banal et proche de celle du bâtiment
A-B. Les murs pignon sont terminés par un pignon formant fronton, percé d’une baie demi-circulaire, motif également
employé à Toulon pour les bâtiments de l’arsenal de terre (1863-1870).
Le toit d’origine, à deux versants à faible pente, n’existe plus : il a été remplacé par un étage-carré complet en surélévation
au-dessus des corniches et des pignons frontons, lui-même couvert d’un toit de même forme que celui d’origine.
Eléments descriptifs
Matériau(x) du gros-oeuvre, mise en oeuvre et revêtement : calcaire, moellon, enduit ; calcaire, petit appareil
Matériau(x) de couverture : tuile creuse, tuile mécanique
Étage(s) ou vaisseau(x) : étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 3 étages carrés, étage de comble
Couvrements : voûte d'arêtes
Élévations extérieures : élévation à travées
Type(s) de couverture : toit à longs pans, croupe ;
Escaliers : escalier dans-oeuvre, escalier tournant,
Statut, intérêt et protection
Statut de la propriété : propriété publique (Propriété de l'Etat, propriété du Département.)
Analyse historique et architecturale
Considérations topographiques générales
Les bâtiments militaires aujourd’hui encore conservés, au moins en partie, dans l’ancienne emprise de la ville intra-
muros, agrandie au nord et à l’ouest en 1852-1860, datent tous de la seconde moitié du XIXe siècle et ont donc été établis
postérieurement à cet agrandissement.
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Les autres bâtiments militaires encore en place font partie intégrante de l’enceinte, comme ceux de la porte d’Italie, et
sont à cet égard traités dans la monographie d’inventaire générale consacrée à l’enceinte du corps de place de Toulon.
Avant l’agrandissement de 1852-1860, le parcellaire urbain « plein comme un œuf » pour citer l’expression de Vauban,
ne laissait pas de place intra-muros, hors de l’arsenal de la Marine, pour de véritables bâtiments militaires non incorporés
aux ouvrages de l’enceinte, ce qui exclut ceux logés dans l’aire intérieure de certains bastions, comme la fonderie de la
Marine, dans le bastion 9, le parc d’artillerie dans le bastion 8, le magasin à poudres, dans le bastion 6, tous remontant
soit à l’époque de Vauban, soit au XVIIIe siècle.
Les autres établissements militaires en ville avaient été acquis en réutilisant soit des maisons, comme c’était le cas pour
l’hôpital militaire, à la gorge du bastion 10, soit des établissements religieux désaffectés dès avant la Révolution, tel
l’ancien couvent des Jésuites (derrière la courtine 9-10), affecté à l’hôpital de la Marine (démoli en 1885). La plupart de
ces établissements furent toutefois rendus disponibles du fait de la suppression des ordres réguliers en 1791. Un mémoire
et un plan de 1792 donne la liste des « Bâtiments nationaux qu’on se propose de demander pour l’usage de l’armée » :
- Bâtiments des ci-devant Minimes, à la gorge du bastion des Minimes (6)
- Les ci-devant Capucins, à la gorge du bastion de la fonderie (9) et contigu à cette fonderie
- Les ci-devant Carmes, destiné à faire le dépôt des effets de campement, près de la grande place. (plus tard, en 1840,
caserne des artilleurs)
-Les ci-devant Récollets ou St Jean, près du quai de la darse vieille, moitié est
-Les ci-devant pères de St Pierre, près du quai de la darse vieille, moitié ouest
On notera l’existence d’autres petits bâtiments en ville, mal connus, qui semble tous n’avoir pas été construits pour leur
usage militaire, mais en récupérant des maisons, tel le magasin de la fortification près du flanc droit du bastion 9, trois
corps de garde non associés aux portes ou à leurs demi-lunes, la manutention de la rue Saint Cyprien.
Par la suite, jusque dans la décennie 1840, aucune autre possibilité ne pouvait être envisagée, excepté l’occupation d’aire
intérieure de bastions vides, comme le bastion Saint-Bernard (7), proposé pour une boulangerie, puis finalement occupé
par un hangar d’artillerie.
La pénurie de casernement en ville était presque totale, mal compensée par les casemates de la porte d’Italie, créées vers
1820, ou l’utilisation en caserne de l’ancien jeu de Paume.
En Janvier 1841, la garnison normale de Toulon était fixée à 3262 hommes : un régiment de 3 bataillons : 2300 hommes,
1 bataillon avec l’état major : 860 hommes, une compagnie isolée : 102 hommes. Ces chiffres sont dépassés en 1858,
mais les ressources du casernement ont été augmentées depuis 1841, du fait des bâtiments militaires construits dans les
nouveaux forts : Malbousquet, Cap Brun, Le Grand Saint-Antoine (Le Fort Faron n’est pas compté comme trop distant).
Du fait des ressources de ces forts, la contenance du casernement permanent à Toulon est passée alors à 3944 hommes,
16 officiers et 10 chevaux.
Une dépêche ministérielle (n° 7304) du 15 juin 1857 augmente le chiffre de l’effectif de la garnison en fonction de
l’agrandissement de la place au nord, alors en cours d’exécution, et du projet d’agrandissement vers l’ouest (Missiessy,
Malbousquet) à réaliser à partir de 1860. Le nouveau chiffre est fixé à 6200 hommes, soit 3 Régiments d’infanterie : 6000
hommes, 1 batterie d’artillerie à pied et un escadron de cavalerie : 200 hommes.
L’avenir des casernes de centre ville, du Jeu de Paume et du Grand Couvent (capucins ?), était incertain en 1857-1858, car
elles pouvaient, dans les années à venir être évacuées pour favoriser les plans d’urbanisme de la ville. Leur suppression
hypothétique enlevait 1836 places à la capacité de 3944 hommes, manque à gagner qui aurait réduit cette capacité à 2108
places.
Le chef du Génie jugeait cependant nécessaire de créer une capacité nouvelle de 4092 places (pour atteindre à coup sûr
les 6200 places jugées indispensables à terme) dans de nouvelles casernes à construire dans les grandes extensions de
l’enceinte au nord ou à l’ouest.
Dans l’enceinte nord, en 1858 fut lancée la construction d’une caserne casematée de 2500 hommes, sur l’enceinte même,
à la gorge du nouveau bastion K, caserne envisagée dès 1853 (dite plus tard caserne Gardanne, aujourd’hui détruite).
Cependant, un mémoire contemporain précise : « Il reste à pourvoir au logement de 15 à 16000 hommes dans les terrains
à acquérir pour l’extension de la place à l’ouest » pour un coût estimé de 800.000 fr.
La nécessité de cette capacité de casernement était toutefois liée à l’hypothèse de l’évacuation des casernes du Jeu de
Paume et du Grand Couvent. La dépense, dans ce cas, aurait été prise en charge par la ville de Toulon, responsable de
la suppression de ces deux établissements, acceptée dans son principe par le ministère de la Guerre, « à condition par la
commune de pourvoir à ses frais aux remplacements des ressources à délaisser par des ressources équivalentes ».
Dans le cas ou les deux casernes en question seraient « conservées indéfiniment (…) il conviendrait de ne construire
dans les terrains déjà acquis pour l’agrandissement de la ville qu’une caserne de 1000 hommes, et de réserver pour
l’établissement d’une caserne de 1500 hommes un emplacement convenable sur les terrains à acquérir dans l’enceinte du
Malbousquet, afin que les bâtiments destinés au casernement des troupes fussent répartis à peu près également dans toute
la place telle qu’elle existera après l’achèvement de tous les travaux projetés »
Ces préconisations aboutirent à la création du casernement du bastion 6 de la nouvelle enceinte ouest, sur la hauteur de
Malbousquet, près de l’ancien fort transformé en dehors de l’enceinte, puis, plus tard, à l’agrandissement de la principale
caserne du centre ville, conservée par la Guerre, la caserne du Jeu de Paume.
Historique, topographie et typologie générale
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En 1840, l’administration du génie constatait l’inadéquation de l’édifice affecté à la manutention des vivres militaires,
situé en ville, rue Saint-Cyprien, exigu et vétuste, de même que l’insuffisance en capacité de la boulangerie située sur le
quai est de la darse vielle, à l’abri de la face gauche du demi-bastion 5 du front de mer de l’enceinte urbaine des XVIe-
XVIIe siècles, dit bastion de la Poncherimade. En conséquence, un projet de manutention avait été proposé en 1841 et
1842, sur la face droite du même bastion, au sud-est de la darse vieille ; toutefois cet emplacement imposait d’élargir le quai
par enrochement et remblaiement au dépens du bassin de la darse, et de fonder le bâtiment sur pilotis. Il resta sans suite.
L’article 6 des projets pour les exercices 1858-1859 relatifs aux bâtiments militaire, établi sous la direction du chef du
génie Antoine Long, concerne la construction d’une nouvelle manutention de grande capacité, avec dépôt des subsistances,
intégrant les données d’une dépêche ministérielle du 15 juin 1857 qui avait fixé la contenance des magasins de subsistances
à 3600 quintaux de blé et 6000 quintaux de farine.
Le nouvel emplacement choisi intra-muros et contigu à la rue du rempart était rendu possible par la démolition des fronts
nord et ouest de l’enceinte des XVIe-XVIIe siècles, remplacés par les nouveaux fronts de l’extension de l’enceinte projetée
depuis 1845, exécutée à partir de 1852. En 1859, la nouvelle enceinte était en cours d’achèvement, et l’ancienne en cours
de démolition. Prit essentiellement dans l’emprise non bâtie et à remblayer de l’ancien fossé, l’emplacement est proche
de la rue Saint-Cyprien et du bastion 7 (Saint-Bernard), l’un de ceux conservé du front est de l’ancienne enceinte, en
l’occurrence adapté pour faire raccord avec le front ouest de la nouvelle enceinte (K-L-M).
Il s’agit d’un îlot triangulaire dont le côté sud se superposait à l’ancienne courtine 7-8 détruite, le côté ouest à l’ancien
flanc droit du bastion 8 détruit, le côté nord-est étant délimité par la rue du rempart longeant la nouvelle courtine 7-M,
et l’angle nord étant contigu de la place située au débouché intra-muros de la nouvelle porte Notre-Dame, percée dans
la courtine 7-M, près du bastion M.
La capacité du nouvel établissement est définie dans le mémoire de 1858 : « d’après le projet récemment étudié et pour
lequel on a fait choix d’un îlot situé sur la place Notre-Dame, sur le terrain militaire dépendant de l’ancienne enceinte,
le nombre des fours, l’étendue des magasins, devraient suffire à l’alimentation de 30.000 hommes pendant 4 mois, et les
bâtiments devraient comprendre en outre les diverses dépendances indiquées par le règlement du 27 décembre 1827 sur le
service des subsistances (soit, inclus dans le projet : bâtiment d’administration, magasin à blé, paneterie et greniers à blé et
à farines, boulangerie, écuries, mur d’enceinte). On propose d’adopter le système Huard1 dans la construction des greniers
et on réserverait enfin l’emplacement nécessaire à l’établissement d’une machine à vapeur (…) le chef du génie propose
de commencer les travaux (…) dans l’exercice 1859, après qu’il aura été statué sur la démolition de l’ancienne enceinte.»2
En 1861, après nivellement des terrains, les bâtiments A et B, jointifs et constitués de la longue aile ouest (B), dite des
magasins, et son petit retour d’équerre nord-est, (A) dit de l’administration, sont construits au niveau du soubassement ou
caves voûtées d’arêtes sur deux rangées de piliers libres (silos à salaisons et caves à liquides) et de l’amorce du rez-de-
chaussée (greniers à grains dans l’aile B, petite annexe des greniers, bureaux, logement du concierge, escaliers, etc, dans
l’aile A).3 L’aile B est traversée en son centre par un passage charretier flanqué d’une cage d’escalier et du bureau des
réceptions. L’aile A est aussi traversée par un passage analogue, de moindre gabarit. Les trois étages restant à exécuter
sont destinés aux greniers à farines dans l’aile B, au logement du comptable (premier étage) et à des magasins à vivres
de campagne et à grains (second et troisième étage). Les trois niveaux de greniers forment un grand volume décloisonné
ponctué par deux rangées de piliers métalliques délestant la poutraison.
Reste alors intégralement à construire le bâtiment C, ou aile sud, dite de la boulangerie, en retour d’équerre mais
indépendante, destiné à un fournil de 9 fours, avec paneterie pouvant contenir 35000 rations, le tout au dans un rez-de-
chaussée voûté, surmonté de deux étages, le premier destiné à un dépôt de farines mélangées et salle des mélanges, le
second à un magasin aux farines. Les volumes des étages projetés sont rythmés de piliers métalliques. Une petite galerie-
coursive en charpente de métal est prévue au niveau du premier étage entre le bâtiment B et le bâtiment C.
En mai 1870, le chantier de construction de la manutention, ralenti ou interrompu par des difficultés de financement, n’a
que médiocrement avancé en neuf ans : le bâtiment continu en deux ailes, de l’administration et des magasins ( A B)
est entièrement construit depuis 1865, et occupé mais certaines finitions exigent encore une dépense, respectivement, de
1300 francs et de 170 francs. L’aile de la boulangerie (C) reste à peu près entièrement à construire, moyennant 175.530
francs. D’après les plans,4 le projet n’a pas changé, excepté la galerie métallique entre B et C, prévue cette fois sur les
deux étages. Le bâtiment C ne semble avoir été construit qu’après 1872.
Aujourd’hui, les bâtiments de l’ancienne manutention, entièrement restaurés et réaménagés, abritent la cité administrative
départementale, services sociaux, et le centre des finances publiques.
Analyse architecturale
Bien que conservés assez largement, et peu modifiés dans leur structure et leurs élévations extérieures restaurées, les
deux bâtiments de l’ancienne manutention ont été profondément redistribués et densément recloisonnés intérieurement,
ce qui rend la plupart des volumes intérieurs méconnaissables, empêchant de vérifier la possible conservations de certains
éléments, comme les piliers métalliques des étages anciennement décloisonnés et dévolus à des greniers à grain et à farine,
aujourd’hui redécoupés en de nombreux bureaux, avec cloisons isolantes et faux plafonds suspendus. La description de
l’organisation intérieure est donc donnée en priorité ci-dessous, dans la partie historique, d’après les plans des archives
du Génie.
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Bâtiment C (anc. Boulangerie), vu du sud-est, et bâtiment A-B (administration) en arrière plan.
Le bâtiment de l’administration et des magasins, coté A-B, le plus monumental, est haut de cinq niveaux : soubassement
voûté d’arêtes, rez-de-chaussée et trois étages sous un comble à faible pente et à croupes. Il comportait vingt travées de
fenêtres sur la longueur développée de sa façade extérieure, à raison de treize pour l’aile B et sept pour l’aile A, en retour
d’angle obtus au nord-est de la précédente ; du côté cour, du fait de l’angle rentrant, la façade de l’aile A ne comportait
que cinq travées. Le pendage naturel du terrain du nord au sud dégage entièrement l’étage de soubassement des façades
extérieures au sud tandis que dans l’aile A, il est enterré. La cour n’est pas nivelée à l’horizontale et répercute cette
déclivité, mais règne de plain-pied avec le passage transversal de l’aile B, entrée unique, dont le sol est légèrement plus bas
que celui du rez-de-chaussée. Les deux ailes A et B ont exactement la même largeur, et se caractérisaient par le traitement
particulier de leur mur pignon ou façade d’extrémité (celui de l’aile B n’étant pas perpendiculaire aux longues façades,
mais dans un axe oblique, pour faire gagner une travée à la façade sur cour) : les angles en sont abattus, formant un pan
coupé suffisamment large pour accueillir une travée de fenêtres. Cette disposition est conservée seulement à l’extrémité
de l’aile B, car dans l’état actuel, l’aile A est amputée des deux tiers de sa longueur, réduite en façade à deux travées sur
cinq côté cour ; cette mutilation, vraisemblablement consécutive à une destruction de guerre réparée sans restitution de
l’état primitif, s’est faite au droit du passage qui traversait l’aile au rez-de-chaussée, aujourd’hui entièrement disparu, la
façade d’extrémité actuelle étant de construction récente, sans pans coupés aux angles. De plus, la façade postérieure sur
rue de l’aile A et de l’extrémité attenante de l’aile B, ont été reconstruites sur un plan différent de celui d’origine.
Les élévations murales extérieures comportent un parement en assises régulières de petit appareil de pierre de taille ocre
sommairement dressées produisant un effet rustique, réservé à l’étage de soubassement ; le reste de l’élévation des façades
est revêtu d’un enduit couvrant (restauré en teinte gris clair ocré), et soulignée horizontalement de bandeaux continus
courant sous l’appui des fenêtres ; celles-ci sont à chambranle couvert en arc segmentaire, bandeaux et chambranle étant
en pierre de taille blanche . Les persiennes et les menuiseries vitrées dont les fenêtres sont pourvues ne sont peut-être pas
conformes aux accessoires d’origine, mais on observe que si elles semblent mal adaptées pour des fenêtres de magasins à
blé et farine, pour l’aile B, elle étaient plus adéquates pour les bureaux et appartements de l’aile A, une unité de traitement
ayant sans doute été recherchée pour l’ensemble des façades. La façade d’extrémité (sud) de l’aile B comporte des chaînes
d’angle en pierre de taille blanche harpée, et la travée de fenêtre d’axe donne lieu à une légère saillie en pierre blanche,
sorte de trumeau, qui n’existait pas dans le projet de 1861. La porte du passage transversal, au milieu des longues façades
du bâtiment B, n’apparaît plus telle que prévue sur les dessins du projet, avec encadrement en pierre de taille couvert d’un
arc plein-cintre extradossé en escalier et pilastres d’encadrement à bossages un sur deux. Celle donnant sur la cour forme
porche couvert en avant-corps avec arcade d’entrée en plein-cintre sans décor.
L’élévation est terminée par une corniche continue à modillons, faisant transition avec la couverture en tuiles canal.
A l’intérieur, l’étage de soubassement conserve apparent ses voûtes d’arêtes sur piliers carrés, en maçonnerie de moellons
grossiers laissés bruts, sans enduit.
La charpente du toit, à faible pente, est traditionnelle, en sapin, avec fermes à entrait retroussé moisé pinçant le poinçon
pendant.
Bâtiment A-B, détail de la charpente.
Le bâtiment de la boulangerie, coté C, est conservé sur toute sa longueur, mais il a été surhaussé d’un étage à une date
indéterminée. Long de 11 travées de fenêtres, il se composait du corps principal à trois niveaux, large de deux travées de
fenêtres, élargi d’un tiers au niveau du rez-de-chaussée par la saillie hors œuvre des fours, du côté opposé à la cour (sur
l’actuelle rue des remparts) élargissement qui formait une sorte de bas-côté couvert en appentis. Dans l’état actuel, les
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