TABLE DES MATIÈRES 4
alignés de birapport xfixé” sont invariantes : ce sont des notions de géométrie
projective. En revanche, les concepts tels que “distance”, “cercle” et “angle” ne
sont pas invariants : ils n’ont pas de sens en géométrie projective.
De plus, puisqu’un énoncé de géométrie projective ne contient que des notions
invariantes par le groupe des transformations projectives, il est parfois possible
d’utiliser ces transformations pour ramener un tel énoncé donné en un énoncé
plus simple. C’est le principe de Poncelet, que l’on a vu au semestre passé, puis
utilisé pour donner des démonstrations miraculeusement simples des théorèmes
de Pappus et de Desargues.
On peut résumer cette discussion par l’affirmation suivante, à la base du
programme d’Erlangen que le jeune Felix Klein développa en 1872 :
Une géométrie, ce n’est rien d’autre qu’un groupe Gagissant sur un
ensemble X; on étudie les propriétés invariantes par cette action.
Par exemple, en géométrie euclidienne de dimension 2, on étudie les propriétés
invariantes par l’action du groupe d’isométries G=Isom(R2)sur le plan X=
R2. En géométrie projective, il s’agit de l’action du groupe des transformations
projectives PGL(3,R)sur le plan projectif P2. D’autres exemples naturels en
dimension 2 sont fournis par la géométrie hyperbolique, qui traite de l’action du
groupe PSL(2,R)sur le plan hyperbolique H2, et la géométrie sphérique, où l’on
s’intéresse à l’action du groupe orthogonal O(3)sur la sphère S2. Chacune de ces
géométries a bien entendu son intérêt et son utilité propre.
Notons pour finir qu’une grande partie du cours de Géométrie II sera dédié à
l’étude d’une autre géométrie, appelée la topologie. Dans cette théorie, l’ensemble
Xest n’importe quel ensemble sur lequel on peut définir la notion d’application
continue (ce qu’on appelle un espace topologique), et le groupe Gest formé de
toutes les applications bijectives continues d’inverse continue (ce qu’on appelle
un homéomorphisme de X). La topologie consiste en l’étude des propriétés des
espaces topologiques invariantes par homéomorphisme : connexité, compacité, et
autres. Mais ceci est une autre histoire.
Le cours de Géométrie I du semestre de printemps aura le plan suivant, que
l’on espère avoir suffisamment motivé par la discussion ci-dessus. Dans un premier
chapitre, nous traiterons de la théorie des groupes et des actions de groupes. Le
deuxième chapitre sera consacré à l’étude du groupe des isométries euclidiennes
du plan R2, et plus généralement de l’espace Rn. Au chapitre 3, on donnera
une introduction à la géométrie hyperbolique en dimension 2, traitée avec un
minimum de méthodes analytiques. Nous espérons avoir le temps de consacrer
un dernier chapitre à la géométrie sphérique en dimension 2(mais c’est peu
probable).