PAGE 6 PERSPECTIVE DE DÉCEMBRE AU 30 NOVEMBRE 2001
Même si l’économie mondiale continue à se détéri-
orer pendant plusieurs mois après la reprise aux
États-Unis, nous prévoyons que les bourses mondi-
ales ont d’aussi bonnes chances de grimper de
concert qu’elles en avaient de se replier.
Historiquement, la Fed a souvent guidé les autres
banques centrales en matière de resserrement et
d’assouplissement de la politique monétaire. Les
marchés étrangers ont plus suivi la mesure du chef
d’orchestre Alan Greenspan que le tempo des
évènements locaux.
Comme d’habitude, le Japon reste une énigme.
Les espoirs d’une réforme économique menée par
le premier ministre Koizumi se sont estompés ces
derniers mois à mesure que l’économie s’enfonçait
dans un marasme déflationniste. La pression aug-
mente pour que la Banque du Japon essaye de pren-
dre des mesures radicales, en achetant par exemple
des obligations étrangères ou en tirant la valeur du
yen vers le bas. Reste à savoir si la Banque répondra
à ces pressions, ou si la situation devra se détériorer
un peu plus avant que les décideurs japonais ne
prennent des mesures plus fermes. Nous surveillons
la situation très attentivement dans l’attente de
signes d’inflexion importante de la politique qui
pourraient faire rebondir l’économie et le marché
des actions japonais. Quoiqu’il en soit, nous cou-
vrons notre exposition au yen dans nos portefeuilles
mondiaux parce que nous croyons que les scénarios
les plus plausibles pour l’économie japonaise
l’année prochaine indiquent un yen plus faible.
Les marchés émergents comme l’Amérique latine et
l’Asie ont souffert de la récession mondiale en raison
de leur forte dépendance par rapport aux exporta-
tions et aux matières premières. Toutefois, nous con-
tinuons à croire que les marchés émergents seront les
principaux bénéficiaires de la relance des principales
économies industrielles. Tout comme pour les
marchés développés, nous pensons qu’une partie des
gains les plus miraculeux de ces marchés se pro-
duiront vraisemblablement quelques mois avant la
fin de la récession mondiale. Si la courbe de rende-
ment et les tendances du marché des actions des
pays développés sont une quelconque indication, le
moment est peut-être déjà venu.
Q : Quelles seront à votre avis les grandes
tendances en ce qui concerne les devises ?
R : Nous avons été surpris par la résistance du dollar
américain malgré tous les évènements, y compris la
guerre, le terrorisme, la récession, la dégringolade du
Nasdaq, les déficits commerciaux records, etc. Une
des raisons de la force du dollar réside dans le fait que
les deux pays qui ont les plus importants surplus com-
merciaux vis à vis des États-Unis, le Japon et la
Chine, veulent maintenir leur devise faible de façon
à doper leurs exportations. Ceci dit, nous croyons que
le dollar est nettement surévalué par rapport notam-
ment à l’euro et au dollar canadien. Il ne serait pas
surprenant de voir le dollar s’affaiblir par rapport à ces
deux devises au courant de l’année prochaine.
Par conséquent, nous avons fait pencher notre expo-
sition aux devises de nos fonds mondiaux en faveur
de l’euro et du dollar canadien, bien que nous
croyions que l’économie américaine sera le moteur
de la reprise mondiale. Bien entendu, au cours
d’autres cycles de reprise économique, le dollar
américain s’est souvent affaibli lors des débuts de
reprise en réponse aux réductions de taux d’intérêt
nécessaires à générer cette reprise.
Q : Quels sont les facteurs qui pourraient faire
capoter vos perspectives économiques optimistes ?
R : Comme je le disais au début, le principal risque
est ce que l’on appelle de façon euphémique « les
risques liés aux évènements » sur les marchés finan-
ciers. Le plus important de ces risques serait de toute
évidence un autre attentat terroriste de même nature
ou plus désastreux que celui du 11 septembre.
Maintenant que les talibans sont en pleine déconfi-
ture en Afghanistan, ce risque semble être écarté.
Mais les animaux pris au piège peuvent se révéler
extrêmement dangereux. Selon le Washington Post,
les experts américains du renseignement sont
En attendant 2002
(suite)
LE MONDE SELON BILL STERLING