J. Magh. A. Réa. Méd. Urg. - VOL XIII - P. 58
S o m m a i r e - n° 53 - Vol XIII
Avril 2006
EDITORIAL
SISYPHE S’EST NÉCESSAIREMENT MUSCLÉ ! 59
MS. Ben Ammar
ARTICLES
EVALUATION DE L’APPRENTISSAGE DE L’INTUBATION PAR LE ML-FASTRACH TM
M. Bouchnak, M. Napon, L. Rebaï, M. Laamourou, Y. Kerchaoui, MR. Sallem, N. Madjitouloum, H. Maghrebi
61
PROFIL BACTERIOLOGIQUE DES PERITONITES COMMUNAUTAIRES
A. Eddlimi, T. Abouelhassan, A.R.El Adib, H.Oueldbaallal, S. Younouss, M.A. Samkaoui
64
LES MENINGITES A PNEUMOCOQUE DE L’ADULTE : A PROPOS DE 137 CAS
M. Sodqi, L. Marih, H. Belabbes, A Chakib, K.Marhoum El Filali, N. El M’daghri, H. Himmich
67
FLORE BACTÉRIENNE DANS LES PNEUMOPATHIES PRÉCOCES CHEZ L’ENFANT
TRAUMATISÉ CRÂNIEN GRAVE
M.Trifa, Y. Diop, Z. Turki, C. Zeghal, M.J. Dakhlaoui, H. Douiri, S. Ben Khalifa
72
INTERET DU BLOC DU NERF INFRA-ORBITAIRE DANS LA CHIRURGIE DE LA FENTE LABIALE
L.Bouattour, BE.Grab, M. Dhouib, M.Ayedi, S. Belhaj, K.Khemakhem, N.Kallel, H.Cheikhrouhou,
75
M. Abdelmoula, A.Karoui.
EFFETS DE L’ADJONCTION DE MORPHINE A LA BUPIVACAINE EN INTRATHECALE SUR L’ANAL-
GESIE POST-OPERATOIRE EN CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE DES MEMBRES INFERIEURS
Y.D. Tetchi, P.G. Ndjeundo, N. Boua, Y. Brouh, Y.F. N’guessan, Y. Yapobi.
79
INTOXICATION A LA PARAPHENYLENE DIAMINE CHEZ L’ENFANT - A PROPOS DE 20 CAS
H. Sbai, Y. Mouafak, A. Sedraoui, K. Gaamouch, M. Hadouri, M. I. Alaoui
82
CAS CLINIQUES
RUPTURE POST- INTUBATION DE LA MEMBRANEUSE TRACHÉALE. A PROPOS D’UN CAS
A. Zidane, F. Atoini, A. Arsalane, M.I. Hajouji, L. Belyamani, N.D. Kamili, E. Kabiri.
85
TOXICITÉ SYSTÉMIQUE DE LA POVIDONE IODÉE : À PROPOS D’UN CAS
M.Bouchnak, N. Ben Cheikh, S. Mahjoub, R. Ben Hmid, A. Skhiri, S. Zeghidi, H. Jaoua, K. Ben Fadhel, F. Zouari,
H. Maghrebi
87
PAPILLOMATOSE LARYNGÉE DE L’ENFANT : A PROPOS D’UN CAS
Y. Coulibaly, D. Doumbia, M. Sylla, D.M. Diango, M. Dembelé, A. Diallo
89
SYNDROME MALIN DES NEUROLEPTIQUES SECONDAIRE AU TRAITEMENT PAR LA CHLORPRO-
MAZINE. A PROPOS D’UN CAS.
H. Sbai, M. Harrandou, N. Madani, Y. Essatara, M. Khatouf, N.Kanjaa
91
MISES AU POINT
INTERET DE LA GABAPENTINE DANS L’ANALGESIE POST-OPERATOIRE
A. Slama, S. Ghédira, M. Ben Menaa, M. Othmani, A. Daoud.
94
PRISE EN CHARGE PÉRI OPÉRATOIRE DU PHÉOCHROMOCYTOME. A PROPOS DE 5 CAS ET REVUE
DE LA LITTÉRATURE
M.H. Mtaallah, T. Bouzid, M. Slimen, J. Ben Hassouna, F. Khomsi, R. Chargui, T. Ben Dhiab, M Hechiche,
98
H. Boussen, K. Rahal.
CONFERENCE D'EXPERTS
ANTIBIOTHÉRAPIE PROBABILISTE DES ÉTATS SEPTIQUES GRAVES -
SFAR 2004 102
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Salma Ghédira
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Dh. Beltaïfa I. Labbene
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Le Journal Maghrebin d’Anesthésie-
Réanimation et de Médecine d’Urgence
ISSN n° 0330-6690
Fondé en novembre 1993 à Tunis.
Dépot légal n° 2744 du 07 Septembre 1995
Fondateur et Ancien
Rédacteur en Chef
M. S. Ben Ammar
Directeur de
la publication
Abdelmajid Daoud
J. Magh. A. Réa. Méd. Urg. - VOL XIII - P. 59
Les évolutions épidémiologiques de la population tunisienne ont imposé à nos facultés de médecine des révisions
périodiques des objectifs de formation des médecins. Zarzis en 1978, Sidi Dhrif 1 et 2 en 82- 83 et la réforme
entreprise en 1987 en sont l’illustration.
Les différentes actions entreprises depuis la création des facultés tunisiennes ont eu des adhérents et des opposants,
la réflexion de tous a été le reflet de la vitalité de notre corps. Tous, au-delà de nos divergences, sommes d’accord
sur l’absolue nécessité de réviser périodiquement les décisions prises et les programmes. La campagne électorale
de 2005 pour le décanat a illustré de façon parfois excessive, ce besoin de réviser certains choix désormais inadap-
tés à nos réalités. Il était d’ailleurs frappant de constater à quel point les revendications des collègues concordaient
avec les conclusions des rapports d’audits de notre faculté de médecine (1993, 1998, 2002, 2005) aussi bien
externes qu’internes.
Pour tous, la formation actuelle est à revoir. Les moyens mis à notre disposition ne sont plus adaptés aux objectifs et
il nous faut revoir nos modalités de formation en fonction des évolutions de la science, de la démographie médicale,
de l’économie de santé, bref adapter les modalités de la formation médicale aux standards internationaux en fonction
des spécificités tunisiennes.
Inconstablement les déviations sont là, le manque de pertinence du contenu de l’enseignement par rapport au pro-
fil de poste tel que défini est flagrant. A ce propos, combien d’enseignants sont informés du profil professionnel du
médecin qu’ils sont appelés à former? Ceux qui le sont, ont-ils suffisamment assimilé ce profil pour en déduire les
prolongements qu’il implique dans leurs enseignements ? L’inadéquation des structures et la lourdeur des textes
actuels plombent tous les efforts de réforme. Les relations de la faculté avec ses partenaires (hôpitaux, instances
ordinales, recherche…) sont mal définies et informelles. L’absence depuis plusieurs années de mécanismes de régu-
lation et de suivi pédagogique est aussi incontestable. Trois exemples illustrent la situation actuelle
.
1 – L’externat : comment interpréter la dévaluation ces dernières années du rôle de l’externe. Il est passé du
rôle de premier intervenant auprès du malade à celui d’un observateur (encombrant) sans que personne ne
réagisse? Sur 100 observations médicales aujourd’hui combien sont initiées par des externes ? La médecine
étant un métier avant tout, le meilleur étudiant en médecine du monde qui n’expérimente pas la démarche cli-
nique par lui-même et qui ne reçoit pas une rétroaction constructive sur ses efforts par un clinicien chevron-
né, sera un médecin mal formé. L’externe doit apprendre à faire l’anamnèse du patient, son examen physique,
proposer un diagnostic principal et des diagnostics différentiels, proposer les investigations appropriées et des
suggestions de traitement, le tout doit être porté sur l’observation et validé par un résident puis un AHU et
enfin un senior. Basique! Incontournable, tout comme l’est l’apprentissage des techniques d’examen de base,
pourtant...Oui la formation intégrée a été un leurre qui en a berné plus d’un !
2- La gestion des programmes : Comment concevoir une faculté moderne sans un comité multidisciplinaire
des programmes? La contribution des spécialistes à l’enseignement est essentielle, nécessaire. Il fallait se pré-
munir, d'une contribution qui de par sa perspective «spécialiste» fait dévier la formation médicale de base de
sa mission première. Malheureusement nous en sommes là. Nous avons fait du programme de formation une
compilation d’enseignement de spécialités, sans fil directeur, ni vision globale. Actuellement les 1er et 2ème
cycles préparent les étudiants au mieux à être de bons spécialistes, s’ils réussissent au résidanat, au pire à être
des généralistes en difficultés. La conséquence de la mise en vielleuse de la structure supra-départementale
de supervision des programmes, relevant directement du conseil de faculté, indépendante des disciplines et
coiffant aussi bien le 1er que le 2ème cycle, a eu des répercussions dramatiques.
3- Les évaluations : Comment justifier l’absence d’un comité de docimologie au sein de notre prestigieuse insti-
tution, lorsque tous savent que les modalités d’évaluation sont les premières motivations des apprentissages des
étudiants? La réforme (résidanat inclus) a partiellement échoué car les modalités d’évaluation n’ont pas toujours
été adaptées aux compétences visées. Tous nos étudiants vous le diront d'une manière ou d'une autre, pour eux pré-
parer un examen (surtout le résidanat), c’est se préparer à une vérification isolée d’un savoir de bas niveau taxo-
nomique. Ils l’ont très bien intégré, il s’agit pour eux, purement et simplement d'un processus de sélection.
Il serait polémique et non constructif d’aller plus en avant dans l’inventaire ou sur les raisons qui ont débou-
ché sur cette situation, disons le en un mot les querelles de pouvoir ou de spécialités ont trop souvent pris le
dessous sur les choix pédagogiques et nous avons manqué de vision. Ayant confiance dans l’avenir et mettons
nous au travail.
Aujourd’hui la conjoncture est favorable, nous vivons un changement en profondeur des mentalités et ce pour de
multiples raisons : l’élection de nouveaux conseils de facultés en mai 2005, a revitalisé la dynamique inter facul-
taire (autre structure longtemps mise en veilleuse). Les quatre institutions affichent une forte volonté d’action et
dans le même sens. Nos deux ministères de tutelle sont demandeurs de changement et pas uniquement en raison de
EDITORIA
L
SISYPHE S’EST NÉCESSAIREMENT MUSCLÉ !
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la mise en route de la réforme de l’assurance maladie. Enfin l’introduction de la troisième année d’internat, obli-
gatoire, diplômante pour tous ceux qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas faire une spécialité, nous impose une
révision des missions de la faculté de médecine ou du moins celles du premier et deuxième cycle (Autre débat, le
troisième cycle doit-il encore relever dans les textes exclusivement du ministère de la santé, alors que les facultés
dans les textes ne relèvent que de l’enseignement supérieur?)
Sur le plan académique, il nous faut donc réorganiser les trois cycles. Un premier cycle de deux ans, un deuxième cycle
de trois ans et un troisième cycle obligatoire qui correspondra soit à l’actuel résidanat soit à une formation de médecine
générale. La formation spécifique des médecins généralistes ayant fait le choix volontaire ou non de ne pas suivre le rési-
danat, ne se fera plus par défaut, elle se fera suivant un programme de stage et de formation théorique diplômants.
La mission des deux premiers cycles de la faculté ne sera plus de former des médecins généralistes comme cela a
été préconisé depuis toujours. D’ailleurs, cet objectif était devenu caduque depuis longtemps puisque plus de 50%
(400 sur 800 inscrits chaque année) d’une promotion nationale d’inscrits accède au résidanat (et un spécialiste
n’est pas un super généraliste). La formation offerte à la faculté, au cours des cinq premières années, permettra à
l’étudiant, futur spécialiste inclus, d’acquérir à terme les compétences médicales de base, non différenciées qui
visent le développement des compétences génériques que tout futur médecin doit avoir acquis avant de faire une
spécialité ou un cursus de médecine générale.
La grande nouveauté sera l’enseignement de la médecine générale ou de famille durant un troisième cycle, qui
nous permettra de repenser les programmes des deux premiers cycles en déplaçant certains cours au troisième
cycle et de revaloriser ainsi les stages pratiques notamment l’externat. De bons stages, précoces et diversifiés sont
l’une des clés d’une formation médicale réussie, les nouveaux programmes doivent permettre aux étudiants de pas-
ser plus de temps (encadrés de préférence) dans les structures de soins.
Le résidanat, ce concours juste et idéal pour sélectionner (Mais sélectionne-t-il vraiment les meilleurs candidats
pour chacune des différentes spécialités?) a des effets collatéraux très nocifs sur la formation. Reconnaissons le,
ce concours a peu de pertinence pédagogique et il est fortement contreproductif puisqu’il monopolise toute l’at-
tention des internes durant l’internat (seule période offerte au médecin généraliste tunisien d'apprendre les rudi-
ments du métier de médecin, suite à l’absence réelle d’externat). L’investissement est disproportionné par rapport
aux bénéfices. La place et les modalités du résidanat seront revues dans le cadre de la refonte de la formation.
Un tel travail ne peut être fait en quelques semaines.
Déterminer les nouveaux besoins de la population tunisienne en termes de besoins de soins, redéfinir le profil de
poste du médecin tunisien spécialiste ou généraliste et fixer les missions des facultés de médecine tunisiennes,
seront trois étapes incontournables.
Le défi de la réussite de la réforme repose en partie sur le respect de cette méthodologie. Elle ne peut et ne doit se
faire que dans un climat serein de consensus. Cette démarche planifiée, dans ses moindres détails mobilisera beau-
coup d'énergie et prendra du temps. La mise en place d’un comité de pilotage de la réforme est une condition sine
qua non à sa réussite.
« Rien n’est jamais vraiment inutile…puisque Sisyphe s’est nécessairement musclé » [email protected]
J. Magh. A. Réa. Méd. Urg. - VOL XIII - P. 61
Correspondance : Dr. Bouchnak Mourad
EVALUATION DE L’APPRENTISSAGE DE L’INTUBATION PAR LE ML-FASTRACH TM
ASSESSMENT OF THE LEARNING CURVE OF FASTRACH LARYNGEAL MASK
M. Bouchnak, M. Napon, L. Rebaï, M. Laamourou, Y. Kerchaoui, MR. Sallem, N. Madjitouloum, H. Maghrebi
Service d’Anesthésie–Réanimation, Centre de Maternité et de Néonatologie de Tunis.
Résumé
Objectif : Étudier l’apprentissage de la technique d’intubation par le ML-FastrachTM
Type d’étude : Etude clinique prospective.
Matériel et méthodes : Après une formation théorique et manipulation sur mannequin, l’apprentissage de l’intubation
par le ML-Fastrach TM a été étudié chez dix intervenants (six résidents et quatre techniciens supérieurs en anesthésie -
réanimation). Chaque intervenant devait réaliser au bloc opératoire, et sous anesthésie générale avec curarisation, dix
intubations par cette technique, chez dix patientes consécutives devant subir une chirurgie gynécologique, et ne présen-
tant pas de signes prédictifs d’intubation difficile. Le taux de succès en fonction du nombre de tentatives, le temps mis pour
l’intubation ainsi que les causes d’échec ont été évalués. Le test de chi-2 a été utilisé pour la comparaison des pourcen-
tages, et le test t de Student pour la comparaison des moyennes, un p<0,05 a été considéré comme significatif.
Résultats : Cent patientes ont été incluses dans cette étude. Le taux global de réussite de l’intubation était de 91%,
celui de la ventilation à travers le ML-Fastrach TM était de 99%. Un taux de succès de 100% a été atteint au bout
de la sixième tentative. Le temps moyen d’intubation était moindre chez les techniciens supérieurs que chez les
jeunes résidents (2,3 ±0,4 min versus 2,7±0,6 min) avec une différence statistiquement significative (p=0,002). Neuf
échecs ont été notés dont quatre étaient en rapport avec une durée de la procédure dépassant cinq minutes.
Conclusion : L’intubation à l’aveugle utilisant le ML-Fastrach TM est une technique facile à apprendre et à prati-
quer, aussi bien par les médecins que par les techniciens supérieurs en anesthésie- réanimation.
Mots clès : Intubation trachéale - Masque laryngé - Voies aériennes supérieures
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Abstract
Objective : To evaluate training for use of intubating laryngeal mask for intubation.
Type of study : Prospective clinical Study.
Material and methods : After a videotape learning and manikin training, clinical training for intubation by the intubating
laryngeal mask was studied in ten persons (six residents and four nurse anaesthetists). Each person had to do in the surgical
unit, and under general anaesthesia with muscle relaxation, ten intubations by this technique, in ten consecutive patients
undergoing gynaecological surgery. No patient showed clinical signs of difficult airway management. Success rate according
to the number of the attempts, duration of intubation and causes of failure were studied. Test of chi-2 was used for the com-
parison of percentage, and Test of Student for the comparison of averages. P < 0,05 was considered significant.
Results : One hundred patients were included in this study. The global success rate of intubation was 91%, and suc-
cess rate of ventilation through the intubating laryngeal mask was 99 %. A rate of success of 100 % was noted since
the sixth attempt. Duration of intubation was lesser with nurse anaesthetists than with young residents (2.3 + 0.4 min
Vs 2.7 + 0.6 min) with a statistically significant difference (p=0,002). Nine cases of failure were noted, and in four
cases, duration of the procedure exceeded five minutes.
Conclusion : Blind intubation using the intubating laryngeal mask is an easy technique to learn. It can be practiced
by doctors as well as by nurse anaesthetists.
Key words : Laryngeal mask - Airway - Intratracheal intubation
J. Magh. A. Réa. Méd. Urg. - VOL XIII - P. 61
INTRODUCTION
L’intubation trachéale utilisant le laryngoscope de
Macintosh est une pratique courante en anesthésie, en
réanimation, et en médecine d’urgence. Cependant, dans
certains cas, l’intubation peut s’avérer difficile même en
l’absence de signes prédictifs [1]. Dans ces situations, le
masque laryngé classique, très facile à poser et nécessitant
peu d’apprentissage, constitue une alternative incontour-
nable qui permet souvent de préserver une ventilation effi-
cace. Le ML- Fastrach TM, inventé par Brain en 1997, est
une variante du masque laryngé. Son avantage principal
est de permettre l’intubation trachéale à l’aveugle et pour-
rait donc occuper une place de choix dans les algorithmes
proposés en cas d’intubation difficile [2]. L’apprentissage
de cette technique d’intubation par les anesthésistes
(qu’ils soient médecins ou techniciens supérieurs) a été
peu évalué. Le but de cette étude était d’évaluer l’appren-
tissage de l’intubation par cette technique, en dehors du
cadre de l’intubation difficile prévisible, au sein d’un
échantillon d’anesthésistes maîtrisant l’intubation oro-
trachéale au bloc opératoire.
PATIENTES ET MÉTHODES
Après une formation théorique et la réalisation d’une
seule intubation par le ML- FastrachTM sur mannequin,
dix intervenants (six résidents et quatre techniciens supé-
rieurs en Anesthésie- Réanimation) ont été retenus pour
participer à cette étude prospective. Chaque intervenant
devait réaliser dix intubations consécutives chez dix
patientes consentantes, proposées pour une chirurgie
gynécologique réglée. Les critères d’inclusion des
patientes étaient l’absence de signes prédictifs d’intuba-
tion difficile avec une classe de Mallampati I ou II, une
distance thyromentonnière supérieur à 6,5cm et une
ouverture de bouche supérieure à 3,5 cm. Les critères de
non inclusion étaient une chirurgie urgente, la présence
d’un estomac plein, les cancers oro pharyngés, une patho-
logie infectieuse de pharynx, et les antécédents d’irradia-
tion cervicale ou d’intubation difficile. Nous n'avons pas
inclus également les patientes dont le poids est inférieur
à 45 Kg ou supérieur à 70 Kg. Nous avons utilisé pour
toutes les patientes un ML- FastrachTM numéro quatre
avec une sonde d’intubation spécifique numéro sept. La
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manœuvre d’intubation a été réalisée après pré- oxygénation
adéquate et sous surveillance de la fréquence cardiaque de la
pression artérielle et de la saturation pulsée en oxygène. Une
anesthésie de la glotte par de la xylocaîne 5% en spray a été
réalisée 10 min avant l’induction anesthésique. Cette dernière
a été standardisée pour toutes les patientes : Propofol
(3mg/Kg), Fentanyl (3micg/Kg) et Atracurium (0,6mg/Kg).
Une laryngoscopie permettant de noter le grade de Cormack
et Lehane précédait la technique d’intubation par le ML-
FastrachTM. La durée de l’intubation a été définie comme
étant l’intervalle de temps entre la fin de la ventilation manuel-
le au masque facial et la vérification de la bonne position de la
sonde d’intubation après retrait du ML-FastrachTM. Le
réajustement de la position du ML-FastrachTM, par des légers
mouvements de « va et vient » et/ou de levier était permis.
L’échec de la procédure a été définie par : l’impossibilité de
ventiler à travers le ML-FastrachTM ou d’insérer la sonde
d’intubation, et ceci après une ou deux tentatives, une baisse
de la saturation pulsée en oxygène inférieure ou égale à 90%
au cours de la technique d’intubation, l’extubation acciden-
telle lors du retrait du ML-FastrachTM, ou un temps mis pour
l’intubation dépassant 5min. En cas d’échec, l’intubation était
réalisée sous laryngoscopie directe. Les résultats sont expri-
més en moyenne ± écart type, ou en pourcentage. Le test de
chi-2 et le test t de Student ont été utilisés pour la comparai-
son des moyennes et des pourcentages. Une valeur de p < 0,05
a été considérée comme significative.
RÉSULTATS
Cent patientes ont été incluses dans cette étude. L’âge
moyen était de 36 ± 10 ans. L’indice de masse corporelle
était de 27,7 ± 3,9. Il n’existait pas de différence statisti-
quement significative entre les taux de réussite de la tech-
nique d’intubation par le ML-FastrachTM, qu’il s’agit
d’un Mallampati I ou II (Tableau I).
Tableau I : Succès et echec de la procédure d’intubation par
le ML-FastrachTM selon les critères cliniques d’intubation.
Succès Echec p
Mallampati I 55 6 1
Mallampati II 36 3
Cormack I ou II 75 7 0,66
Cormack III ou IV 16 2
De même, ce taux de succès ne semble pas être influencé
par le grade de Cormack et Lehane. Le taux global de
réussite de la ventilation était de 99%, celui de l’intubation
par le ML-FastrachTM était de 91%. Neuf échecs ont été
enregistrés. Dans quatre cas, il s’agissait d’une durée
dépassant cinq minutes, alors que l’extubation au retrait du
masque a été notée dans deux cas. Les autres causes
d’échec étaient une impossibilité de faire passer la sonde
d’intubation (un cas), une désaturation (un cas) et l’échec
de ventilation à travers le ML-FastrachTM (un cas). La
réussite de l’intubation dès la première tentative a été
observée dans 88% des cas. Les 12% des cas restants ont
été intubés à la deuxième tentative.
Par ailleurs, les taux de succès de l’intubation ne diffé-
raient pas qu’il s’agissait de résidents ou de techniciens
supérieurs en anesthésie réanimation (88,3% versus 95%,
p= 0,3). Cependant, la durée moyenne d’intubation était
plus courte chez les techniciens supérieurs (2,3 ± 0,4 min)
que chez les médecins résidents (2,7 ± 0,6 min) avec une
différence statistiquement significative (p=0,002).
L’apprentissage de la technique était évalué par le temps
moyen mis pour l’intubation au cours des différentes pro-
cédures (Fig. 1) et par le taux de réussite retrouvé selon
le numéro de la procédure (Fig. 2).
Fig. 1. Evolution du temps moyen d’intubation en fonc-
tion du nombre de tentatives
Fig. 2. Evolution du taux de succès en fonction du
nombre de tentatives
A la première tentative, le taux de succès de l’intubation
était de 80%, avec un temps moyen de 3,1 ± 0,7 min. Les
deux cas d’échec correspondaient à un dépassement des
délais accordés.
A partir de la 6ème tentative, le taux de succès s’est sta-
bilisé à 100%, mais la différence par rapport à celui
observé lors de la première procédure n’est pas statisti-
quement significative. Par ailleurs, nous avons noté une
durée moyenne d’intubation plus courte dès la 8ème ten-
tative, et ceci comparée à la première tentative avec une
différence statistiquement significative (Fig.1). Enfin,
dans les neuf cas d’échec notés, une intubation sous
laryngoscopie directe a pu être réalisée. Aucun cas de
douleur pharyngée n’a été signalé en postopératoire.
DISCUSSION
Nous avons pu démontrer dans cette étude, qu'à partir de la
6ème tentative, le taux de succés était de 100%.
L’apprentissage de l’intubation par cette technique paraît
donc plus facile que d’autres techniques d’intubation,
notamment par fibroscopie vidéo ou par Trachlight TM,
puisque avec ces techniques, l’intubation devenait aisée
EVALUATION DE L’APPRENTISSAGE DE L’INTUBATION PAR LE ML-FASTRACH TM M. BOUCHNAK
Tentative (n)
Tentative (n)
* : p < 0,05 (comparé à la première tentative)
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