J. Magh. A. Réa. Méd. Urg. - VOL XIII - P. 61
Correspondance : Dr. Bouchnak Mourad
EVALUATION DE L’APPRENTISSAGE DE L’INTUBATION PAR LE ML-FASTRACH TM
ASSESSMENT OF THE LEARNING CURVE OF FASTRACH LARYNGEAL MASK
M. Bouchnak, M. Napon, L. Rebaï, M. Laamourou, Y. Kerchaoui, MR. Sallem, N. Madjitouloum, H. Maghrebi
Service d’Anesthésie–Réanimation, Centre de Maternité et de Néonatologie de Tunis.
Résumé
Objectif : Étudier l’apprentissage de la technique d’intubation par le ML-FastrachTM
Type d’étude : Etude clinique prospective.
Matériel et méthodes : Après une formation théorique et manipulation sur mannequin, l’apprentissage de l’intubation
par le ML-Fastrach TM a été étudié chez dix intervenants (six résidents et quatre techniciens supérieurs en anesthésie -
réanimation). Chaque intervenant devait réaliser au bloc opératoire, et sous anesthésie générale avec curarisation, dix
intubations par cette technique, chez dix patientes consécutives devant subir une chirurgie gynécologique, et ne présen-
tant pas de signes prédictifs d’intubation difficile. Le taux de succès en fonction du nombre de tentatives, le temps mis pour
l’intubation ainsi que les causes d’échec ont été évalués. Le test de chi-2 a été utilisé pour la comparaison des pourcen-
tages, et le test t de Student pour la comparaison des moyennes, un p<0,05 a été considéré comme significatif.
Résultats : Cent patientes ont été incluses dans cette étude. Le taux global de réussite de l’intubation était de 91%,
celui de la ventilation à travers le ML-Fastrach TM était de 99%. Un taux de succès de 100% a été atteint au bout
de la sixième tentative. Le temps moyen d’intubation était moindre chez les techniciens supérieurs que chez les
jeunes résidents (2,3 ±0,4 min versus 2,7±0,6 min) avec une différence statistiquement significative (p=0,002). Neuf
échecs ont été notés dont quatre étaient en rapport avec une durée de la procédure dépassant cinq minutes.
Conclusion : L’intubation à l’aveugle utilisant le ML-Fastrach TM est une technique facile à apprendre et à prati-
quer, aussi bien par les médecins que par les techniciens supérieurs en anesthésie- réanimation.
Mots clès : Intubation trachéale - Masque laryngé - Voies aériennes supérieures
J. Magh. A. Réa. Méd. Urg. - VOL XIII - P. 61
Abstract
Objective : To evaluate training for use of intubating laryngeal mask for intubation.
Type of study : Prospective clinical Study.
Material and methods : After a videotape learning and manikin training, clinical training for intubation by the intubating
laryngeal mask was studied in ten persons (six residents and four nurse anaesthetists). Each person had to do in the surgical
unit, and under general anaesthesia with muscle relaxation, ten intubations by this technique, in ten consecutive patients
undergoing gynaecological surgery. No patient showed clinical signs of difficult airway management. Success rate according
to the number of the attempts, duration of intubation and causes of failure were studied. Test of chi-2 was used for the com-
parison of percentage, and Test of Student for the comparison of averages. P < 0,05 was considered significant.
Results : One hundred patients were included in this study. The global success rate of intubation was 91%, and suc-
cess rate of ventilation through the intubating laryngeal mask was 99 %. A rate of success of 100 % was noted since
the sixth attempt. Duration of intubation was lesser with nurse anaesthetists than with young residents (2.3 + 0.4 min
Vs 2.7 + 0.6 min) with a statistically significant difference (p=0,002). Nine cases of failure were noted, and in four
cases, duration of the procedure exceeded five minutes.
Conclusion : Blind intubation using the intubating laryngeal mask is an easy technique to learn. It can be practiced
by doctors as well as by nurse anaesthetists.
Key words : Laryngeal mask - Airway - Intratracheal intubation
J. Magh. A. Réa. Méd. Urg. - VOL XIII - P. 61
INTRODUCTION
L’intubation trachéale utilisant le laryngoscope de
Macintosh est une pratique courante en anesthésie, en
réanimation, et en médecine d’urgence. Cependant, dans
certains cas, l’intubation peut s’avérer difficile même en
l’absence de signes prédictifs [1]. Dans ces situations, le
masque laryngé classique, très facile à poser et nécessitant
peu d’apprentissage, constitue une alternative incontour-
nable qui permet souvent de préserver une ventilation effi-
cace. Le ML- Fastrach TM, inventé par Brain en 1997, est
une variante du masque laryngé. Son avantage principal
est de permettre l’intubation trachéale à l’aveugle et pour-
rait donc occuper une place de choix dans les algorithmes
proposés en cas d’intubation difficile [2]. L’apprentissage
de cette technique d’intubation par les anesthésistes
(qu’ils soient médecins ou techniciens supérieurs) a été
peu évalué. Le but de cette étude était d’évaluer l’appren-
tissage de l’intubation par cette technique, en dehors du
cadre de l’intubation difficile prévisible, au sein d’un
échantillon d’anesthésistes maîtrisant l’intubation oro-
trachéale au bloc opératoire.
PATIENTES ET MÉTHODES
Après une formation théorique et la réalisation d’une
seule intubation par le ML- FastrachTM sur mannequin,
dix intervenants (six résidents et quatre techniciens supé-
rieurs en Anesthésie- Réanimation) ont été retenus pour
participer à cette étude prospective. Chaque intervenant
devait réaliser dix intubations consécutives chez dix
patientes consentantes, proposées pour une chirurgie
gynécologique réglée. Les critères d’inclusion des
patientes étaient l’absence de signes prédictifs d’intuba-
tion difficile avec une classe de Mallampati I ou II, une
distance thyromentonnière supérieur à 6,5cm et une
ouverture de bouche supérieure à 3,5 cm. Les critères de
non inclusion étaient une chirurgie urgente, la présence
d’un estomac plein, les cancers oro pharyngés, une patho-
logie infectieuse de pharynx, et les antécédents d’irradia-
tion cervicale ou d’intubation difficile. Nous n'avons pas
inclus également les patientes dont le poids est inférieur
à 45 Kg ou supérieur à 70 Kg. Nous avons utilisé pour
toutes les patientes un ML- FastrachTM numéro quatre
avec une sonde d’intubation spécifique numéro sept. La