M314 - Graphes et algèbre - Algèbre (linéaire) et graphes
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s’ils sont adjacents. Pour chaque arête, on a donc une contribution de −1 à c2.
Finalement, lorsque |S|=3, il y a six mineurs possibles :
0 0 0
0 0 0
0 0 0
,
0 1 0
1 0 0
0 0 0
,
0 0 0
0 0 1
0 1 0
,
010
101
010
,
0 1 1
1 0 0
1 0 0
et
0 1 1
1 0 1
1 1 0
Seulement le dernier a un déterminant non-nul ; il vaut 2. Comme il correspond à la présence d’un triangle, la
conclusion s’effectue grâce au rappel 2.7.
Exemple 2.9:Soit Kn,mle graphe biparti complet (c’àd. n sommets non-adjacents tous reliés à msommets non-
adjacents). Sa matrice d’adjacence prend la forme A(Kn,m) = 0Jn,m
Jm,n0, où Jm,nest la matrice m×ndont toutes les
entrées sont égales à 1. Son rang est 2, et comme la somme desvaleurs propres donne 0, ses deux valeurs propres non-
nulles sont opposées : disons cet −c. Le polynôme caractéristique s’écrit donc comme φ(Kn,m,λ) = λN−c2λN−2, où
N=n+m. Or −c2est le nombre d’arêtes, soit mn. Le spectre est donc SpecA(Kn,m) = (√mn(1),0(N−2),−√mn(1)).
Les arguments de la proposition 2.8 s’étendent à des ensembles de plus grande cardinalité, et ils permettent
parfois de calculer plus rapidement φ(G,λ)que de passer directement par le calcul du déterminant. On rappelle
qu’un graphe Hde G= (X,E)est partiel (on dit aussi que c’est un sous-graphe couvrant) si les sommets de Hsont
les mêmes que G,i.e. H = (X,E′)où E′⊂E.
Théorème 2.10:
(Harary, 1962) Soit
H
l’ensemble des sous-graphes couvrants de
G= (X,E)
tels que chaque
composante connexe est un cycle élémentaire ou une arête. Soit
Cc(H)
le nombre de composantes connexes de
H
et
Cy(H)
le nombre de composantes connexes qui sont des cycles. Alors
DetA(G) = ∑
H∈H
(−1)|X|−Cc(H)2Cy(H)
On obtient sans trop de mal que
Corollaire 2.11:
(Sachs, 1967) Soit
G
un graphe non-orienté, écrivons
φ(A(G),λ) = n
∑
i=1ciλn−i
. Soit
Hi
l’ensemble
des sous-graphes à
i
sommets dont les composantes connexes sont des cycles ou des arêtes. Alors,
ci=∑
H∈Hi
(−1)Cc(H)2Cy(H).
Démonstration. Grâce à 2.7, on exprime les coefficients en fonction des mineurs. Effectivement, la sous-matrice
principale A|Sn’est rien d’autre que la matrice de graphe induit par S,cf. remarque 2.6. On utilise alors le théorème
2.10 pour calculer les mineurs.
La preuve du théorème 2.10 requiert qu’on se penche un peu plus sur les permutations. Lorsque σn’est pas
l’identité, une écriture très commode pour σest sa décomposition en orbites (ou cycles).
Soit i∈˜n, et regardons la suite donnée par (i,σ(i),σ◦σ(i),σ◦σ◦σ(i),...). On raccourcira la notation en écrivant
σ◦nla fonction obtenue en composant nfois σavec elle-même, par convention σ◦0=Id. D’autre part, comme σest
une bijection, elle est inversible, et notons σ◦(−1)=σ−1et σ◦(−n)=σ−1◦n. Alors pour tout n,m∈Z,σ◦met σ◦n
sont définies et σ◦m◦σ◦n=σ◦(m+n)Avec ceci, montrons que la suite {σ◦n(i)}n≥0est constitué de valeurs qui se
répètent toutes périodiquement.
La suite (σ◦n(i))n≥0finit forcément par reprendre une valeur, disons j, car elle est infinie et ne peut prendre
qu’un nombre fini de valeur. Soit jla première valeur qui réapparaît une deuxième fois (on comprendra plus tard
que ce n’est autre que j). Soit n<n′les deux plus petits entiers tels que j=σ◦n(i) = σ◦n′(i). Comme σest une
bijection, elle-même et ses itérées sont inversibles. Ainsi i=σ◦(n′−n)(i)est bien la première valeur à réappaître une
deuxième fois (car n′−n<n′). De plus, on peut réitérer par σ◦kpour obtenir σ◦k(i) = σ◦(k+n′−n)(i). Ainsi la suite
{σ◦n(i)}est bien périodique.