Églises orthodoxes orientales n’ont
pas accepté le Concile de Chalcédoi-
ne de 451 et qu’il fallait donc repartir
de là. Nous sommes sortis de cette
rencontre en reconnaissant que les
différences entre nous ne concer-
nent pas la foi mais certaines modali-
tés d’expression. En 1984, le Pape
et le Patriarche syro-orthodoxe
d’Antioche avaient souscrit une pro-
fession de foi commune au sujet de
l’Incarnation de notre Seigneur Jé-
sus-Christ et de l’hospitalité réci-
proque, en cas d’urgence, dans les
sacrements de la réconciliation, de
l’eucharistie et de l’onction des ma-
lades. Nous voulons aujourd’hui ap-
profondir les questions ecclésiolo-
giques et la primauté pétrinienne.
La section occidentale?
Nous assistons en ce moment à
une grande fragmentation des
Églises nées de la Réforme. Ce qu’il
faut alors commencer par faire, c’est
de discuter avec les réformés de la
nature de l’Église. Il est dit en effet
dans la déclaration de la Congréga-
tion pour la Doctrine de la Foi Domi-
nus Iesus que, dans le monde pro-
testant, il n’y a pas d’Églises au sens
propre mais des communautés ec-
clésiales. Par ailleurs, dans son livre-
interview Lumière du monde, le pa-
pe Benoît XVI dit que nous nous
trouvons en face d’un autre type d’É-
glise. Et c’est vrai. Mais ce n’est pas à
nous de définir le concept ecclésial
des Églises de la Réforme, c’est à
elles de le faire. Voilà pourquoi il
nous faut dialoguer sur la nature de
l’Église. Chaque dénomination a en
effet sa propre conception de ce
qu’est l’unité en son sein. L’un des
buts du mouvement œcuménique
est de redécouvrir cette multiplicité,
vu que sur le thème de l’unité exis-
tent et rivalisent les diverses idées
confessionnelles.
Un autre aspect est le grand
changement qui en train de se pro-
duire dans la pensée des commu-
nautés réformées: le but du mouve-
ment œcuménique n’est plus, pour
elles, l’unité visible dans la foi, dans
les sacrements et dans le ministère.
Ce qu’elles réclament, c’est la per-
manence d’une pluralité d’Églises
qui se reconnaissent les unes les
autres et dont la totalité produirait,
pour finir, l’Église du Christ. C’est un
peu comme des maisons-famille
dont, de temps à autre, part une invi-
tation pour quelque festivité. Cette
position ne plaît pas aux catholiques
ni aux orthodoxes. Ce n’est pas là le
corps unique et indivis du Christ, ce-
la ne correspond pas à la prière de
Jésus qui demande que tous les dis-
ciples soient unis comme le sont le
Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Quelle est la juste réponse?
Aucun chemin commun ne pour-
ra être parcouru en dehors de la spi-
ritualité œcuménique, c’est-à-dire
sans la prière.
Le mouvement œcuménique est
né de la proposition d’instituer en jan-
vier la Semaine de prière pour l’unité.
L’idée est venue d’un anglican
converti au catholicisme, Paul Watt-
son, et d’un épiscopalien américain,
Spencer Jones. Elle a été soutenue
peu à peu par les papes dans les
temps récents et approfondie par
Paul Couturier, un protagoniste de la
spiritualité œcuménique. Elle est là
pour nous rappeler que nous, les
hommes, nous ne pouvons réaliser
cette unité. Ce que nous pouvons fai-
re éventuellement, c’est de créer une
condition historique transitoire, dont
se sert ensuite l’Esprit saint.
Tel est le fondement de l’œcumé-
nisme et c’est ce que je voudrais ap-
profondir durant mon mandat.
Vous avez dit précédem-
ment que, dans le dialogue
entre chrétiens, tout le monde
n’est pas d’accord sur l’accep-
tion du mot unité. Que propo-
sez-vous?
L’unité dans la même foi, dans la
célébration des sacrements et dans la
reconnaissance des ministères dans
l’Église ne signifie pas une uniformi-
sation, parce que les différences
entre les Églises existent et qu’il n’est
pas nécessaire de les éliminer. Nous
devons seulement faire disparaître
les différences qui ont entraîné la rup-
ture entre nous et qui demandent à
être guéries. Les autres… elles peu-
vent bien rester. Le pape Benoît XVI
l’a répété aux anglicans qui de-
¬
Interview du cardinal Kurt Koch
2730JOURS N.3 - 2011
Sur la page ci-contre, un moment
de la célébration des Vêpres
présidée par Benoît XVI,
lors de la fête de la Conversion
de saint Paul apôtre, en conclusion
de la Semaine de prière pour l’unité
des chrétiens, basilique Saint-Paul-
hors-les Murs, Rome,
le 25 janvier 2011;
à gauche, des représentants
des autres Églises et Communautés
ecclésiales assistent à la célébration
Aucun chemin commun ne pourra être parcouru en dehors de la spiritualité
œcuménique, c’est-à-dire sans la prière. Le mouvement œcuménique est
né de la proposition d’instituer en janvier la Semaine de prière pour l’unité.
Celle-ci est là pour nous rappeler que nous, les hommes, nous ne pouvons
réaliser cette unité. Ce que nous pouvons faire éventuellement, c’est de
créer une condition historique transitoire, dont se sert ensuite l’Esprit saint