Session 14 - 29
choix alimentaires. Des facteurs biologiques et des facteurs socioculturels déterminent la
formation des préférences et des rejets alimentaires par l’enfant (Bellisle, 2002).
Enfin, dans l’acte alimentaire de l’enfant, il y a une période qu’il convient de ne pas
négliger : la période de néophobie alimentaire ou période des rejets. Fischler et Chiva (1985)
ont démontré que le phénomène de néophobie alimentaire se situe autour de deux ans, atteint
son maximum vers l’âge de cinq ans avant de décroître très lentement par la suite.
Néanmoins, cette période dépassée, Rigal (2000) constate que de toute façon, 77% des
enfants se montrent très sélectifs et conservateurs dans le domaine alimentaire, rejetant la
nouveauté et accordant toutes leurs faveurs à certains aliments fétiches comme les pâtes, les
hamburgers… Dans le prolongement de cette étude, les recherches de Rigal réalisées auprès
de 321 enfants âgés de 4 à 18 ans montrent les aliments les plus appréciés des enfants et ceux
les plus rejetés. Ainsi, le chocolat et tout ce qui est aliment sucré arrivent en première position
parmi les préférences des enfants. Les légumes sont rarement cités. Le chercheur souligne que
ce sont des aliments rejetés du fait de leur propriétés sensorielles (aspect, texture, saveur)
auxquelles les enfants sont particulièrement sensibles.
Plus l’enfant grandit, plus il devient autonome. Il ne se contente plus uniquement de ce
qui lui est imposé, il va imiter les autres (Chiva, 2001). L’apprentissage se fait par imitation
qui est un moyen d’intégration de l’enfant au sein du groupe (la famille, les pairs).
1.2. Les rôles des parents dans l’alimentation de l’enfant
Pour s’alimenter, l’enfant est amené à observer ce que font ses parents, ses pairs, pour
reproduire les comportements qu’ils jugent appropriés. Cela veut dire que toute éducation de
l’enfant ne peut se faire sans tenir compte du modèle offert par l’adulte dans la prime enfance,
quand les pairs ne jouent pas un rôle encore très important dans la vie de l’enfant (Chiva,
2001). De nombreux chercheurs et spécialistes de l’enfant-consommateur montrent que la
famille et plus particulièrement les parents est le facteur de socialisation prépondérant des
enfants de 7 à 11 ans (Brée 1990 ; Chiva 1995). Ceci est encore plus vrai dans le domaine
alimentaire car les parents sont les premiers acteurs qui vont modeler les pratiques et les
préférences des enfants. Il leur revient de lui apprendre le respect des rythmes alimentaires, de
l’équilibre nutritionnel et l’éducation au goût. Ce dernier est un élément important dans
l’acceptation ou le refus d’un aliment surtout pour l’enfant qui dispose d’un répertoire
alimentaire limité a priori. « La famille et plus précisément les interactions parents/enfants
influent sur la qualité du développement cognitif de l’enfant par la richesse de
l’environnement qu’elle fournit. Elle contribue au développement des capacités cognitives de
l’enfant, lesquelles permettent l’acquisition de connaissances de consommation. Par exemple,
les parents qui eux-mêmes respectent des équilibres alimentaires fondamentaux et adoptent un
comportement de consommation averti en expliquant à leurs enfants les raisons de leurs
choix favorisant des principes harmonieux chez leur progéniture. » (Brée, 2005).
Au sein de la famille, la mère joue un rôle principal concernant les goûts de l’enfant
puisqu’elle lui transmet, dès la naissance, ses propres goûts de manière consciente ou non, à
travers les relations qu’elle entretient avec lui (Ayadi, 2005). Les goûts de la mère vont
« façonner la personnalité sensorielle et psychologique de l’enfant, qui s’identifie à elle
jusqu’à 2 ans » (Puisais et Pierre 1987).