STUDIECENTRUM VOOR KERNENERGIE CENTRE D’ETUDE DE L’ENERGIE NUCLEAIRE Contribution belge à l’étude internationale de mortalité due au cancer dans le secteur nucléaire Quelle recherche a été effectuée? L’IARC (International Agency for Research on Cancer - WHO) a coordonné une étude internationale de la mortalité due au cancer chez les travailleurs dans le secteur nucléaire. Les données de dosimétrie et de mortalité due au cancer ont été analysées de manière uniforme pour les travailleurs en provenance de 15 pays (Royaume-Uni, France, USA, Canada, …). Le SCK•CEN a aussi participé à cette étude: les données réunies dans le cadre de l’étude belge (voir Mortalité due au cancer dans le secteur nucléaire en Belgique) ont été combinées avec celles des autres pays. Les travailleurs ont été répartis en diverses catégories de dose et pour chaque catégorie, le risque de mortalité due au cancer a été calculé. Les travailleurs non exposés (dose cumulée = 0) ont été utilisés en tant que contrôle interne (risque relatif). On a examiné s’il y avait une tendance montante de façon linéaire entre le risque de cancer en fonction d’une dose croissante d’irradiation. Le cas échéant, on a calculé l’augmentation du risque de cancer en fonction d’une dose croissante d’irradiation. Pour la Belgique, l’étude portait sur les travailleurs du SCK•CEN, Belgoprocess, Belgonucleaire et des centrales nucléaires de Doel et de Tihange. Les résultats de l’étude IARC ont été publiés dans le British Medical Journal (2005). Une description plus détaillée de l’étude a été publiée plus tard dans Radiation Research (2007) en tant que 3 articles séparés (évaluations de risque détaillées, méthodologie, dosimétrie). Comment l’étude IARC a-t-elle été effectuée? La durée d’emploi minimum était de 1 an. Les travailleurs ayant éventuellement reçu une dose interne ou de neutrons substantielle ont également été exclus, parce que cette analyse se limite à la plupart des travailleurs qui ont été exposés uniquement à des rayons X et gamma pénétrants externes. Les autres travailleurs seront analysés en tant que groupe d’étude séparé, parce que l’évaluation des doses de rayonnements absorbées est plus complexe. Au total, 407 391 travailleurs ont été retenus (part de la Belgique: 5 037 travailleurs). La durée moyenne du suivi était de 12,7 ans. La moyenne d’irradiation cumulée était de 19,4 mSv. Par comparaison: l’exposition totale aux rayonnements (naturels + médicaux) par membre de la population belge est en moyenne de 4 mSv par an. Résultats et conclusions L’analyse se concentrait sur la leucémie (à l’exception de la leucémie lymphatique chronique qui n’est pas induite par les radiations ionisantes) et sur tous les types de cancer (à l’exception de la leucémie). Le nombre de décès dus à la leucémie (sauf la leucémie lymphatique chronique) était de 196. Une association positive statistiquement significative entre la dose d’irradiation et le risque de cancer n’a pas été constatée. Le nombre de décès dus à tous les types de cancer (sauf la leucémie) était de 5 024. Dans ce cas, on a constaté une association positive statistiquement significative entre la dose d’irradiation et le risque de cancer: une dose totale d’irradiation absorbée de 100 mSv aboutirait à une augmentation relative de 9,7 % vis-à-vis du risque naturel de mortalité due au cancer. L’exposition à de faibles doses de radiations ionisantes aboutirait donc à un petit risque supplémentaire de cancer. www.sckcen.be Cependant, les marges d’incertitude statistiques restent grandes et les constatations sont à tous égards compatibles avec les principes actuels pour les normes de radioprotection (extrapolation linéaire des données d’études de doses élevées, en particulier les survivants des explosions de bombes atomiques, vers le domaine de faibles doses d’irradiation auxquelles les travailleurs et la population en général sont exposés). Les grandes marges d’incertitude ne sont pas le résultat de méthodes de recherche imprécises, mais principalement du fait que - si de faibles doses de radiations ionisantes aboutissent à un risque additionnel - ce risque additionnel est, en tous points, très petit vis-à-vis du risque naturel fluctuant de mortalité due au cancer. Remarques Dans l’étude plus détaillée publiée dans Radiation Research, les risques pour les types de cancer individuels ont été examinés: une association positive statistiquement significative entre la dose d’irradiation et le risque n’a été constatée que pour le cancer du poumon. Dans l’étude IARC, le tabagisme des travailleurs n’a pas pu être contrôlé de manière suffisamment claire. Un grand nombre d’études montrent toutefois une association positive entre la dose d’irradiation et la quantité de cigarettes. Le tabagisme peut donc être un facteur important - mais pas le seul - qui joue un rôle (le dit confounding factor) dans l’association positive constatée entre la dose d’irradiation et le risque de cancer du poumon, et par extenstion dans l’association entre la dose d’irradiation et le risque de tous les types de cancer (à l’exception de la leucémie). Une constatation remarquable dans l’étude IARC est que l’association positive entre la dose d’irradiation et le risque de cancer, constatée pour tous les types de cancer (sauf la leucémie) disparaît quand les données de la population canadienne (38 736 travailleurs) sont enlevées de l’étude. Contact Luc Holmstock [email protected] Tel + 32 14 33 28 09 © 2011 - SCK•CEN