Quelle place d’avenir pour les légumineuses en Wallonie ? – Gembloux- 2016
Intérêts des légumineuses en alimentation animale :
vaches laitières et monogastriques
Decruyenaere Virginie, Rondia Pierre, Wavreille José
CRA-W, Département Productions et Filières
Les légumineuses sont une catégorie d’aliments importante. Elles contribuent à l’autonomie alimentaire
des exploitations d’élevages. Ces plantes naturellement riches en protéines améliorent également
l’autonomie protéique de la ferme. Deux types de légumineuses peuvent être introduits dans les rations
des animaux d’élevage : les légumineuses fourragères et les légumineuses à graines.
Les légumineuses fourragères comme la luzerne, les trèfles blanc et violet, le lotier, la vesce sont plutôt
destinées aux ruminants. Les légumineuses fourragères sont caractérisées par leur richesse en protéines,
une digestibilité et une teneur en calcium élevée (supérieure à celles des graminées). Par rapport aux
graminées, la valeur alimentaire des légumineuses comme le trèfle diminue moins rapidement avec l’âge
des plantes, ce qui permet une souplesse d’exploitation et l’obtention d’un fourrage de qualité plus
stable. Les légumineuses fourragères sont généralement bien appétées par le bétail, leur ingestibilité est
supérieure à celles des graminées. Les protéines des légumineuses fourragères sont cependant très
dégradables dans le rumen et certaines légumineuses peuvent être météorisantes. Certaines précautions
doivent dès lors être prises lors de leur utilisation : limiter leur proportion et veiller à bien équilibrer les
rations.
Les principales légumineuses à graines cultivées dans nos régions sont le pois, la féverole, le lupin. Elles
peuvent être valorisées aussi bien par des ruminants que par des monogastriques. Les vaches laitières
sont par exemple de bonnes valorisatrices de ces légumineuses. Ce sont des compléments protéiques
intéressants. Leur dégradabilité ruminale est cependant élevée et supérieure à 80 %. Notons que les pois
et féveroles contiennent à la fois des protéines et de l’amidon alors que le lupin est dépourvu de ce
dernier mais riche en matière grasse, leur valeur nutritive se situe dès lors entre celle des céréales et des
tourteaux. Le mode de présentation des grains est important pour une bonne valorisation.
Pour ce qui est des monogastriques, le principal objectif de l’alimentation est d’apporter les nutriments
nécessaires pour couvrir au mieux les besoins de l’animal, eux-mêmes variables selon les objectifs de
productions. Les principaux nutriments considérés dans l’alimentation, ou du moins, les mieux connus
sont l’énergie, les acides aminés et le phosphore. En effet, l’énergie est le premier déterminant du coût de
l’aliment. Les acides aminés, dont la lysine ou la méthionine, premier acide aminé respectivement chez le
porc ou la volaille, limitent les performances dès qu’une carence apparaît, alors qu’un excès est à l’origine
de rejets dans le milieu avec la possibilité d’un impact environnemental négatif. Le phosphore est
essentiel au fonctionnement énergétique de l’animal et à son ossature, et est rejeté s’il est apporté en
excès.
Hormis les sources minérales, les huiles et les graisses, la majorité des matières premières apportent à la
fois ces trois nutriments. L’intérêt des légumineuses à graines pour les monogastriques est double
puisqu’elles présentent un taux élevé de protéines (dont de lysine) et une valeur énergétique
intéressante. Elles sont qualifiées ainsi de matières premières mixtes, car classées entre les sources
énergétiques telles les céréales, huiles, graisses, mélasse et manioc, et les sources de protéines tels les
tourteaux (dont le tourteau de soja), farines de poisson et poudres de lait. Reste que les facteurs
antinutritionnels comme les tanins, facteurs antitrypsiques, glucosides (vicine et convicine), hémaglutines
(lectines) ou alpha-galactosides attisent encore les réticences des nutritionnistes en porcs et volailles
malgré des progrès phytotechniques importants accomplis pour diminuer leurs teneurs. De même, dans
la logique d’optimisation industrielle de la formulation des aliments, le nutritionniste est confronté à
l’acheteur des matières premières plus connecté au marché et aux conditions de disponibilité. Et là, le
caractère mixte des légumineuses les rend encore plus substituables dans les formulations, ce qui
accentue le problème d’attractivité. À défaut d’un prix agricole bas, la valorisation des légumineuses à
graines doit trouver des voies de différentiation spécifique.