IGAS, RAPPORT N°RM2012-033P 5
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[11] La coopération intégrée entre des médecins généralistes et des infirmiers qui partagent leur
activité entre plusieurs médecins, donne lieu depuis 2003 à l’expérimentation ASALEE qui a fait la
preuve de ses effets positifs sur l’état de santé des patients diabétiques. Elle concerne aujourd’hui
110 000 patients, dont plus de 8000 sont diabétiques : 130 médecins libéraux y ont participé. Elle
permet la rémunération d’infirmiers libéraux ou salariés dans les cabinets médicaux par une
dotation forfaitaire de l’assurance maladie, à l’instar de ce qui est développé dans d’autres pays
(Royaume Uni, Québec avec les groupes de médecine de famille – GMF- ou Etats-Unis -Patient-
Centered Medical Home-PCMH). Cette coopération autorise une éducation thérapeutique adaptée
aux besoins des patients et effectuée par les infirmiers sur demande des médecins ainsi qu’un suivi
actif des patients, grâce à un système d’information partagé, qui permet alerte et relance. Son coût
est annuellement de 80 € par an et par patient. Cette expérience se heurte à l’opposition des
infirmiers libéraux : le métier d’infirmière de santé publique, mis en lumière par l’expérience, offre
cependant une autre voie d’exercice qui peut coexister avec celle d’infirmière au domicile. Si la
moitié des 50 000 médecins généralistes adoptaient ce mode d’exercice, 5 à 6 000 infirmiers
seraient nécessaires pour assurer de telles fonctions.
[12] Un autre « modèle » est testé depuis 4 ans qui fait collaborer des professionnels libéraux (au
moins deux médecins et un autre professionnel) au sein de maisons de santé pluriprofessionnelles
(MSP) dotées d’un projet de santé commun : 193 MSP au 30 juin 2011 (objectif 231, fin décembre
2011) offrent des services élargis (horaires, actes..) aux patients, essentiellement en zones rurales et
urbaines sensibles. Un cadre économique expérimental pour l’amélioration de la coordination des
professionnels de santé œuvrant dans les MSP (financement par une rémunération spécifique au
titre de l’expérimentation de nouveaux modes de rémunération –ENMR) a été défini en 2008 et
déployé dans 112 maisons de santé pluri professionnelles (MSP) et 35 centres de santé. Par ailleurs,
un nouveau cadre juridique d’exercice, les sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires
(SISA) a été créé par la loi du 2 août 2011 pour sécuriser le partage des données médicales entre les
professionnels de santé et permettre la facturation par l’assurance maladie de nouvelles prestations
et la répartition de ces dotations supplémentaires entre les membres de la société. L’évaluation est
en cours.
[13] Les conditions de la diffusion des deux dernières expériences, compatibles avec la
rémunération à l’acte des médecins, doivent être favorisées lorsque ces adaptations démontrent des
effets favorables sur la santé des patients diabétiques et le système de soins. Au regard des
expériences étrangères existantes, les économies immédiates pour le système de soins d’une offre
de premier recours enrichie ne sont pas cependant pas avérées.
[14] La dispensation de l’éducation thérapeutique (ET) et l’accompagnement du patient constituent
un des enjeux centraux de l’adaptation du système de soins de premier recours. Les programmes
d’ET, temporaires et ponctuels, s’avèrent peu appropriés à la prise en charge des patients
diabétiques de type 2 : efficacité non démontrée, insuffisante adaptation aux besoins des malades
qui varient dans le temps, lourdeur d’organisation, difficulté de ciblage, coût important. Selon la
formule du Haut conseil en santé publique, la « gestion thérapeutique » des patients, intégrée à
l’acte de soin du médecin traitant grâce à la collaboration avec des infirmiers, apparaît, en
revanche, pertinente : soutenue dans le temps, elle est ciblée sur les patients qui en ont le plus
besoin ; décentralisée sur les cabinets médicaux, elle permet de répondre au problème du nombre
croissant de malades.
[15] Des modalités particulières de soutien externalisé par rapport au médecin traitant pourraient
cependant être judicieuses pour des populations pour lesquelles les barrières culturelles et de
communication peuvent être des obstacles importants à la prise en charge par le médecin traitant :
des évaluations devraient permettre d’apprécier leur intérêt et leurs conditions de réussite.