moteurs. En présence d’une détérioration cognitive, un
traitement cholinergique est à introduire. Il permet par-
fois de contrôler les complications psychiques et de
reprendre le traitement par L-Dopa nécessaire à l’amé-
lioration motrice [12]. Sinon, l’initiation d’un traitement
par de faibles doses de clozapine (12,5 à 50 mg) permet
une nette amélioration des complications psychiques
[13] et la reprise d’un traitement par L-Dopa aux doses
nécessaires sur le plan moteur.
Une autre complication psychique gênante du trai-
tement dopaminergique est la survenue de comporte-
ment d’hypersexualité, essentiellement chez l’homme.
Elle est bien corrigée par l’utilisation d’anti-androgène
(acétate de cyprotérone) [14].
Prise en charge au stade
des complications motrices
Les complications motrices du traitement dopami-
nergique sont plus rares et moins sévères chez le sujet
âgé que chez le sujet jeune (atténuation de ces compli-
cations dans les formes évoluées, moindre risque de
développement dans les formes à début tardif).
Fluctuations d’efficacité
En pratique, ce sont surtout des fluctuations d’effi-
cacité du traitement qui sont observées : akinésie
nocturne ou matinale, réapparition d’une symptomato-
logie parkinsonienne à distance des prises médicamen-
teuses (akinésie de fin de dose) et, plus rarement,
fluctuations plus anarchiques (phénomène on-off). Dif-
férentes options thérapeutiques sont envisageables.
Pour traiter l’akinésie nocturne et matinale, l’utilisation
de forme à libération contrôlée de L-Dopa au coucher
est intéressante (100 à 200 mg) [15]. Ce traitement peut
être complété par l’utilisation de L-Dopa dispersible au
réveil et éventuellement dans la nuit. Différentes
options thérapeutiques peuvent être proposées pour
corriger les fluctuations diurnes : fractionnement du
traitement, prescription de formes à libération contrô-
lée, d’inhibiteurs d’enzymes de la dégradation de la
L-Dopa (catéchol-O-méthyle transférase, IMAO-B),
introduction d’un agoniste dopaminergique. Le frac-
tionnement du traitement est souvent efficace (c’est-à-
dire le passage à un nombre plus conséquent de prises
quotidiennes avec raccourcissement de l’intervalle
entre les prises, sans forcément majoration de la poso-
logie totale de L-Dopa ; par exemple passage de
200mgx3à150mgx4).Ilal’inconvénient pratique
d’entraîner une prise quotidienne supplémentaire.
L’utilisation de formes à libération contrôlée dans la
journée [16] se révèle rarement très efficace. L’adjonc-
tion au traitement par la L-Dopa d’un médicament dimi-
nuant son catabolisme est, en revanche, une option
souvent utile. L’entacapone [17] est un inhibiteur de la
catéchol-O-méthyle transférase qui a l’avantage d’une
tolérance correcte, mais les inconvénients d’un risque
de diarrhée rebelle, d’une coloration orangée des uri-
nes et d’un nombre de prises conséquent ; ce dernier
point est actuellement corrigé par l’utilisation de forme
« tri-combinée » de L-Dopa (L-Dopa-inhibiteur de
L-Dopa-décarboxylase entacapone). La tolcapone est
un autre médicament inhibiteur de la catéchol-O-
méthyle transférase qui présente une puissance d’effet
supérieure et l’avantage d’une administration en seule-
ment trois prises quotidiennes. Le risque d’hépatite
auquel expose ce médicament impose néanmoins une
surveillance biologique étroite et un usage réservé aux
échecs de l’entacapone. Sa prescription initiale est res-
treinte aux spécialistes en neurologie [18]. La sélégé-
line [19] expose au risque de syndrome confuso-
hallucinatoire, mais a l’avantage d’un faible nombre de
prises quotidienne. Entacapone et sélégiline peuvent
éventuellement être prudemment combinés [20]. L’uti-
lisation d’un agoniste peut permettre d’améliorer les
fluctuations [21], mais le risque important de déclen-
chement de complications psychiques positionne cette
option en traitement de deuxième intention.
Dyskinésies
La survenue de dyskinésies (mouvements anor-
maux involontaires) provoquées par le traitement
dopaminergique est rare chez le sujet âgé. Comme
elles sont le plus souvent d’intensité modérée, elles
sont à respecter car elles témoignent d’un discret sur-
dosage, contre-partie utile à un bon niveau d’efficacité
du traitement. Dans les rares cas où elles sont invali-
dantes, la stratégie thérapeutique se rapproche de celle
qui est utilisée chez les patients plus jeunes, c’est-à-
dire chercher à réduire le plus possible les fluctuations
du traitement. Une première option est de tenter un
fractionnement important des prises (administration de
50 à 100 mg L-Dopa toutes les 3 heures, voire toutes les
2 heures). En cas d’échec, l’utilisation prudente d’un
agoniste dopaminergique peut être proposée en asso-
ciation à de faibles doses fractionnées de L-Dopa. Dans
les cas les plus sévères, un traitement neurochirurgical
peut se discuter (neurostimulation subthalamique),
mais les indications sont rarissimes au-delà de 70 ans
du fait des risques opératoires élevés et surtout des
risques de décompensation cognitive ou de perturba-
tion de l’équilibre postural. Une administration conti-
nue de médicament dopaminergique est à préférer :
Traitement du sujet âgé
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 4, n° spécial 1, décembre 2006 S55
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