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Wallonie 105 I I I I I Janv/Fév 2011
Dossier
faire face à des besoins importants en termes de reconstruction. La
convertibilité aurait sans doute signifié l’effondrement des monnaies
européennes Les règlement internationaux s’effectuent de manière
bilatérale.
2. L’attitude des États-Unis a induit ce mauvais fonctionnement. La
Banque centrale américaine s’est abstenue d’intervenir sur le mar-
ché des changes lorsque le dollar tentait à s’apprécier. De plus, pour
financer leur propre croissance et le déficit public lié aux dépenses
militaires (guerres de Corée et puis du Vietnam), les Etats-Unis ont
procédé à une émission excessive de dollars, ceux-ci affluent vers
l’Europe (les fameux «Eurodollars») nourrissant des mouvements
spéculatifs de moins en moins contrôlables et nécessitant des mo-
difications de parité importantes. En 1968, c’est la crise et malgré
quelques tentatives telles que l’instauration d’un double marché. En
1971, le Président Nixon déclare d’inconvertibilité du dollar en or.
Plusieurs dévaluations du dollar interviendront et en 1976, les ac-
cords de la Jamaïque sonnent le glas du SMI : il n’y a plus de règle
mondiale qui gère des taux de change.
Vers une unification monétaire
Au cours de cette période, quelques étapes importantes vont mar-
quer l’évolution monétaire en Europe.
L’European Recovery Program, mieux connu sous le nom de Plan
Marshall, annonce le 5 juin 1947 un programme d’aide au dévelop-
pement sans précédent. Les pays bénéficiaires du plan vont instituer,
en 1949, au sein de l’Organisation européenne de coopération éco-
nomique (qui deviendra en 1961, dans un processus d’élargissement
l’OCDE) l’Union Européenne des Paiements (UEP). L’UEP vise à rétablir
la convertibilité des monnaies et s’intègre à ce titre dans la philosophie
de Bretton-Woods. La convertibilité des monnaies est assurée par le
fait que le règlement des soldes est assuré par chaque pays signa-
taire et l’UEP elle-même : un pays débiteur reçoit automatiquement
du crédit, un pays créditeur est forcé d’y consentir. Ceci toutefois à
concurrence de 15% du commerce extérieur de chaque pays.
En 1958, l’UEP est modifié par les Accords monétaires européens,
lesquels organisent la convertibilité externe des monnaies, c’est-à-
dire la possibilité pour les non-résidents de convertir des devises.
Il faudra cependant encore plus de dix ans pour que des structures de
coopération monétaire européenne se mettent en place avec le dépôt
par la Commission d’un mémorandum, appelé le Plan Barre et surtout le
Rapport Werner, du nom du Premier Ministre luxembourgeois, déposé
en octobre 1970 et qui prévoit – c’est une première – la réalisation pro-
gressive d’une unification monétaire. Ce rapport prévoit :
•laréduction,puislasuppressiondesmargesdeuctuationdes
cours de change entre les monnaies ;
•lalibéralisationtotaledescapitaux;
•laconvertibilitétotaleetirréversibledesmonnaiesàparitésxées
définitivement ;
•lacréationd’unFondseuropéendecoopérationmonétairehabilité
à établir un système de compensation vis-à-vis des pays tiers.
Avec l’éclatement des accords de Bretton-Woods et le désengage-
ment des pays signataires, les monnaies flottent… Après plusieurs
tentatives, seul le Benelux parvient en 1971 à définir un taux pivot
de 1 florin pour 13,81 francs belgo-luxembourgeois avec une marge
de fluctuation de 1,5%.
Le «Serpent monétaire»
Plusieurs tentatives interviendront au cours des années '70 avec,
notamment, les accords du Smithsonian Institute en décembre
1971 au sein du Groupe des Dix, accords qui redéfinissent les pari-
tés (dévaluation du dollar et réévaluation de certaines devises) et la
définition de marges maximales de fluctuation (2,25% de fluctuation
autour du dollar, soit un différentiel entre deux monnaies de 4,5% en
instantané et de 9% à terme) : c’est le fameux «Serpent monétaire».
Au niveau européen, des marges sont également définies par les
accords de Bâle. Toutefois, le système ne tiendra pas la route en
raison de situations économiques fort divergentes entre les pays de
l’Union, qui s’est élargie en 1973 à la Grande Bretagne, l’Irlande et
le Danemark.
En 1976, fin officielle de Bretton-Woods, seuls le Danemark, la RFA
et le Benelux participent encore aux accords au sein d’une «zone
mark»: pour le reste les monnaies flottent toujours et encore.
Cependant, alors que tout semble compromis du point de vue d’une
intégration monétaire, les choses vont se précipiter. En 1978, Va-
léry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt proposent la création
d’une zone de stabilité. Le Système Monétaire Européen (le SME)
sera mis en place le 13 mars 1979. Les principes du SME sont
semblables à ceux du «Serpent» mais concomitamment, l’Europe
(des 9 à l’époque) se dote d’une monnaie de compte : l’ECU (Eu-
ropean Currency Unit) ; il s’agit d’une monnaie composite dont la
valeur est calculée sur base d’un panier de monnaies composé des
monnaies des pays membres dont l’importance relative dépend de
critères définis. De la sorte, il reflète une «valeur moyenne pondé-
rée» des monnaies européennes. Il sert de référence commune,
de moyen de réserve des banques centrales et est le moyen de
règlement entre celles-ci lorsqu'elles interviennent sur le marché
des changes.