Le traître Laval a réuni dernièrement les procureurs généraux pour leur ordonner de sévir
durement contre les patriotes. Et comme la récente exécution, si méritée, de l’avocat
général Lespinasse de Toulouse, qui fit condamner à mort le patriote communiste Marcel
Langer risquait de refroidir quelque peu le zèle de ces magistrats, Laval a mis en avant le
danger du banditisme.
C’est-là une manœuvre politicienne du traître d’Aubervilliers (1) qui ne trompera personne,
chaque jour les journaux boches écrits en français consacrent une large place à la relation
de soi-disant faits de banditisme destinés tout simplement à diviser les Français et à
déconsidérer l’action des Francs-Tireurs et Partisans, soldats sans uniforme. […] Les
Allemands se déguisent en faux résistants pour attaquer les fermes. […]
Ainsi l’envahisseur et les traîtres comptent créer une ambiance de panique à la faveur de
laquelle ils pourraient poursuivre avec encore plus de brutalité leur répression sanglante
contre les patriotes […].
VI - la sécurité
La police de Vichy renforce son activité contre les patriotes avec le concours de la
Gestapo. Elle prépare des opérations de grand style, rafles, perquisitions, etc. Plus que
jamais les militants doivent être sur leurs gardes mais il ne s’agit pas de confondre la
prudence avec l’inaction car il faut, en tout état de cause, assurer le travail du Parti.
Au surplus, il faut dire et répéter que malgré toutes les recommandations faites, malgré
toutes les directives données, il y a encore des camarades qui commettent d’inexcusables
fautes contre la sécurité du Parti…Liste de noms dressée…rendez-vous marqués en clair
dans un carnet…militants qui se font filer longtemps sans s’apercevoir de rien…Militants
arrêtés et retournés par la Gestapo… »
(1) Laval a été longtemps maire d’Aubervilliers et parlementaire de la Seine
Document 4 : Lettre d’André Murzeau à sa mère.
Le 5 mai 1942, sont fusillés une dizaine d’otages au camp des Groues près d’Orléans dont
A. Murzeau, jeune chrétien militant dans un réseau des Jeunesses communistes, arrêté
en juillet 1940 lors d’une distribution de tracts. Il avait été condamné à 5 ans de prison,
mais livré immédiatement aux Allemands. Cette répression féroce est faite en représailles
de la mort d’un Feldgendarme à Romorantin, lors d’une fusillade entre Résistants et
gendarmes le 1er mai 1942.
Mardi 5 mai 1942
Ma chère maman,
C’est avec beaucoup de peine pour toi que ce matin je vais être fusillé. Oui, en effet, hier,
vers 3H30, les autorités allemandes venaient nous chercher à Poissy, Cacault, Morand,
Mandard, Augé, Amiot et moi, ceci pour l’affaire de Romorantin. Enfin, bref, il est
maintenant 5H30 et à 7H40, agenouillé devant 12 canons de mousquetons, je rendrai mon
âme à Dieu, car je crois que je le mérite un peu, après les 9 mois de souffrances endurées
en prison… Tu peux dire à mes amis que je meurs en vrai Français et en homme. Quant à
celui qui m’a mis dedans, je ne peux en parler… Dommage quand même à 22 ans ! …
Tous mes camarades présents ici sont forts aussi…
Enfin, tout mon cœur est à toi, ma chère maman et garde-le avant qu’il ne soit haché par
les balles des Mausers…
Heureusement pour moi, j’ai été arrêté avant de me marier, cela fera une veuve de moins.
Ton fils qui t’aime et qui meurt en Français !
Dédé
Vive la France libre ! Courage aux amis.