Cours – La Révolution française : l`affirmation d`un nouvel univers

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Cours – La Révolution française : l'affirmation
d'un nouvel univers politique [CA v2.7]
Notes : correspond au chap. du programme : Livre 2nd Hatier p. 230 et suiv.
Sommaire
Introduction.....................................................................................................................1
1. Les origines de la Révolution française.......................................................................1
1.1. Les « Révolutions atlantiques » : le cas des colonies anglaises d'Amérique du
Nord.............................................................................................................................1
1.2. La crise politique et sociale de l'Ancien Régime français : les États généraux de
1789............................................................................................................................6
2. La dynamique révolutionnaire entre 1789 et 1804.....................................................8
2.1. Les grandes journées révolutionnaires.................................................................8
2.1.1. Un coup d'État (1789) devenu un symbole....................................................8
2.1.2. Le « dérapage » : échec de la monarchie constitutionnelle et radicalisation
(1789-1794)...........................................................................................................11
2.1.3. Comment finir la Révolution ? (1794-1804).................................................11
2.2. La Révolution, une rupture profonde ?................................................................11
2.2.1. La « Raison », principe révolutionnaire ?.....................................................11
2.2.2. Les acteurs des journées révolutionnaires : des changements socioéconomiques et culturels ?....................................................................................13
2.2.3. Révolution et Religion..................................................................................13
Conclusion.....................................................................................................................13
Introduction
Les sciences ont connu une Révolution au 17e s. Le siècle suivant amorce une
Révolution technologique, notamment avec la machine à vapeur.
Il n'est donc pas si étonnant qu'une Révolution politique éclate en France en 1789.
Cette rupture brutale de l'ordre politique et social a des origines anciennes et sa
dynamique propre de 1789 à 1804.
1. Les origines de la Révolution française
1.1. Les « Révolutions atlantiques » : le cas des colonies
anglaises d'Amérique du Nord
•
La Révolution française de 1789 est à replacer dans un cycle de contestations
(ex. : guerre des farines, 1775), de révoltes et de révolutions qui secoue l’Europe
et l’Amérique du Nord et du Sud dans la seconde moitié du 18e s. et au début
du 19e s.
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Illustration 1: Les treize colonies en 1763 [src]
Livre 2nd Hatier p. 237 dossier
•
La Révolte des treize colonies anglaises d'Amérique du Nord : fondées à
partir du début du 17e s., elles sont très différentes par le peuplement, les
attitudes religieuses, leurs économies... Jusqu'à la fin de la Guerre de Sept ans
(1756-1763), la menace militaire française a suffi à justifier le pouvoir du
Parlement de Westminster (à Londres). A partir de 1765, la pression fiscale (liée
aux dettes de la dernière guerre) suscite l'agitation des colons anglais
d'Amérique. En 1776, c'est la Déclaration d'indépendance (naissance des
États-Unis d'Amérique) :
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Illustration 2: Déclaration d'Indépendance, 1776 [src]
Livre 2nd Hatier p. 237
- L’égalité entre les hommes (l. 1)
- Des droits inaliénables pour tous : la vie, la liberté, la recherche du bonheur (l. 3-4)
- Le gouvernement émane du consentement des gouvernés (l. 6-7)
- Le droit de changer de gouvernement s’il est mauvais (l. 7-10)
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•
Après une guerre, où les insurgés ont le soutien militaire de la France (ex. :
marquis de La Fayette), le traité de Versailles en 1783 confirme leur
indépendance. En 1787, ils se dotent d'une Constitution
Illustration 3: Constitution, 1787 [src]
Livre 2nd Hatier p. 239 schéma
•
C'est une République avec un régime présidentiel (le président est chef de l'État
et chef de gouvernement) et une séparation des trois pouvoirs (exécutif,
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législatif, judiciaire). La démocratie est limitée (système des grands électeurs,
suffrage restreint...) mais plus étendue qu'en Grande-Bretagne au 18e s.
[src]
•
La diversité des influences intellectuelles de la Révolution américaine :
les principaux acteurs de la Révolution américaine sont protestants,
anglophones, riches et éduqués (ex. : Thomas Jefferson principal auteur de la
déclaration d'indépendance de 1776). Plusieurs sources intellectuelles inspirent
leurs discours et actions :
– le Christianisme : la Bible (édition anglaise dite Bible du roi Jacques - King
James Version - de 1611, toujours utilisée aujourd'hui) demeure une référence
essentielle. De nombreuses Églises protestantes (surtout calvinistes)
américaines jouent un rôle essentiel.
– l'héritage humaniste : les auteurs antiques (Cicéron, Homère, Aristote, Platon...)
sont toujours lus directement en latin (parfois en grec même).
Livre 2nd Hatier p. 236 dossier
– l'Histoire anglaise : la Révolution anglaise du 17e s. et ses conséquences sont
bien connues des colons : le roi Charles I er décapité en 1649, le changement de
dynastie avec la « Glorieuse Révolution » de 1688, la déclaration des droits (Bill
of Rights) de 1689, l'importance politique du Parlement britannique depuis le
Moyen Âge (accentuée au 18e s. dans le contexte d'une monarchie limitée1)...
1 Ce n'est pas vraiment une monarchie constitutionnelle et pas encore un régime parlementaire au 18e
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[src]
– le mouvement des idées nouvelles des Lumières du 18e s. (qui redéfinit, par
exemple, Liberté, bonheur ou nation). Ce sont principalement les auteurs anglais
et écossais des 17e et 18e s. : notamment les philosophes politiques (Thomas
Hobbes, John Locke...), les juristes de la Common Law anglaise (Les
Commentaires... de William Blackstone2) et les économistes (ex. : écossais
Adam Smith, père du libéralisme économique avec De la Richesse des
Nations..., 1776). Ils lisent également (en français souvent) : Montesquieu (16891755), Voltaire (1694-1778), Jean-Jacques Rousseau, l'Encyclopédie dirigée par
Denis Diderot [Livre 2nd Hatier p. 240]...
• Une influence américaine sur les mouvements européens des années 1780 :
Benjamin Franklin, Thomas Jefferson (ambassadeur, 1785-1789) séjournent
longuement en France. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (DDHC)
d'août 1789 est largement inspirée de la Déclaration d'indépendance américaine de
1776.
1.2. La crise politique et sociale
français : les États généraux de 1789
de
l'Ancien
Régime
•
La crise du système politique et social (dit Ancien Régime par les
Révolutionnaires français) se manifeste dès le milieu du 18e s. et s’accélère dans
les années 1787-1789.
•
Le système de la « monarchie absolue », consolidé par Louis XIV (règne 16431715) à partir de 1661, continué par Louis XV (1715-1774) et Louis XVI (17741793) est critiqué par les Lumières :
s.
2 Ce manuel de droit anglais est l'ouvrage le plus cité par les Révolutionnaires américains après la
Bible.
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Louis XVI
Livre 2nd Hatier p. 232-233 dossier
– le roi, héréditaire, est de droit divin, c'est le « lieutenant de Dieu sur Terre » : il
est d'ailleurs sacré dans la cathédrale de Reims. Il concentre tous les pouvoirs et
impose le catholicisme (il est le « Très chrétien ») : « Une foi, une loi, un roi »
depuis 1685. Le modèle des Lumières est celui de la monarchie limitée
britannique et la tolérance religieuse : Juifs et Protestants (édit de Tolérance de
1787) sont d'ailleurs de plus en plus tolérés au 18e s.
– La « Gloire » du Roi : les guerres sont longues, nombreuses et coûteuses (ex. :
guerre de Sept Ans, 1756-1763). L'absolutisme est nécessité par cet immense
effort militaire qui entraîne un important effort fiscal, contrôlé par des
capitalistes (la ferme générale) et un lourd endettement. Les économistes des
Lumières défendent le commerce et la liberté économique.
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Illustration 4: Budget (1774) et endettement de l'État [src]
– Une société d'ordres et de privilèges : la société reste divisée en trois ordres :
Clergé, Noblesse (le roi est le premier des Nobles), Tiers-État. Privilèges de
certains ordres, métiers, certains lieux... = inégalité des sujets en droits. Les
Lumières sont pour l'égalité civile.
Livre 2nd Hatier p. 252-253 dossier sur les États généraux
•
Les États généraux sont convoqués par le roi lorsqu'un problème grave se pose
(les derniers en 1614). La crise financière du royaume en 1788 impose leur
convocation à Versailles pour mai 1789. La convocation répond, également, au
blocage de la monarchie française, au mécontentement croissant de la
population. Les États Généraux regroupent des représentants du clergé, de la
noblesse, et du Tiers-État.
•
Une opinion publique s'affirme à travers les cahiers de doléances et les
nombreux pamphlets politiques qui paraissent en 1789.
2. La dynamique révolutionnaire entre 1789 et 1804
2.1.
2.1.1.
Les grandes journées révolutionnaires
Un coup d'État (1789) devenu un symbole
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Livre 2nd Hatier p. 254-255 dossier l'année 1789
[src]
•
Le 17 juin 1789, les députés du Tiers-État se proclament assemblée nationale,
véritable coup d'État. Le 20 juin 1789, dans la salle du jeu de paume à
Versailles, 300 députés font serment de ne pas se séparer avant l’élaboration
d’une Constitution.
Le serment du jeu de Paume, le 20 juin 1789, tableau de Jacques-Louis David, 1791.
Musée Carnavalet (Paris)
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•
Après avoir renversé les barrières de l'octroi, des Parisiens prennent le 14 juillet
1789 la forteresse de la Bastille (la garnison ouvre les portes de cette prison
royale) :
[src]
•
Dans la nuit du 4 août 1789, à l'Assemblée nationale constituante les
privilèges seigneuriaux sont abolis.
•
Le 26 août 1789, c'est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
(DDHC). C'est la fin de l'Ancien Régime.
•
Des journées symboles : le 14 juillet est depuis 1880 fête nationale. La DDHC
fait partie de la Constitution de notre V ème République (1958). En 1889 et 1989
on a célébré les centenaires de la Révolution.
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2.1.2. Le « dérapage » : échec de la monarchie constitutionnelle et
radicalisation (1789-1794)
monarchie constitutionnelle (4 septembre 1791 – 21 septembre 1792) avec l'Assemblé
nationale constituante ; Convention (1792-1795) ; Directoire ; Consulat (17991804) ; Empire (2 décembre 1804).
Livre 2nd Hatier p. 260-261 dossier monarchie constitutionnelle + schéma p,
265
Livre 2nd Hatier p. 262-263 dossier 10 août 1792
Livre 2nd Hatier p. 266-267 de la démocratie à la Terreur
2.1.3.
Comment finir la Révolution ? (1794-1804)
Le problème des régimes qui se succèdent à partir de 1794 est complexe : ils veulent
garder les acquis révolutionnaires (les dirigeants font partie des bénéficiaires) mais
arrêter la Révolution (par peur de la Terreur). Ces régimes sont instables face à une
double opposition résolue :
– les Royalistes qui veulent le retour à l'Ancien Régime.
– les Révolutionnaires radicaux qui veulent continuer et approfondir la Révolution.
Livre 2nd Hatier p. 268-269 de la Terreur au Directoire
Livre 2nd Hatier p. 274-275 Napoléon Bonaparte au pouvoir
2.2.
•
La Révolution, une rupture profonde ?
Il paraît indispensable de s’interroger sur la profondeur de la rupture
révolutionnaire aussi bien dans le domaine politique que social, économique et
culturel.
2.2.1.
•
La « Raison », principe révolutionnaire ?
L'application de la « Raison » à toutes les activités humaines (politique,
économie...) est une idée fondamentale des Lumières du 18e s. Les
Révolutionnaires s'en réclament explicitement.
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•
Le Libéralisme, théorie développée par l'écossais Adam Smith dans la Richesse
des nations... (1776) est leur référence économique. Mais Turgot en 1774-1776
avait tenté des réformés libérales.
•
L'organisation administrative, très complexe sous l'Ancien Régime, est
rationalisée avec les départements (on devait pouvoir se rendre au chef-lieu à
cheval en moins d'une journée). Mais le préfet (1800) instauré par Bonaparte
est une copie de l'intendant de justice, police et finance, « œil du roi » aux
17e-18e s.
•
La Convention (1792-1795) a à son actif l'uniformisation des poids et mesures
autour du système décimal. Toutefois, il n'est réellement utilisé par tous qu'à la
fin du 19e s.
•
Sous le Consulat (1799-1804), on codifie le système de lois, c'est le Code civil ou
Code Napoléon (1804); Au début des années 2000, il reste un peu moins de la
moitié des articles d'origine :
Livre 2nd Hatier p. 251 doc. 3
•
Mais rédigé par des juristes qui ont tous connu l'Ancien Régime, c'est un
décalque de la Coutume de Paris, du droit romain du Code Justinien (529 apr. J.C.) et des efforts de codification importants effectués sous Louis XIV et Louis XV.
L'ordonnance de la Marine (1681) de Louis XIV n'a été abrogée qu'en 2006.
•
Après la grande inflation de la période du Directoire, Bonaparte met en place un
système monétaire stable avec la création de la Banque de France (1800) et du
Franc or (1803). Mais la valeur de ce Franc Germinal correspond à la livre, unité
monétaire d'Ancien Régime qui était stable depuis 1726.
•
Il y a une certaine volonté révolutionnaire d'éducation universelle mais les lycées
de garçons (1802) sont payants et une bonne partie des Révolutionnaires, à
l'instar de Voltaire, ne juge ni souhaitable, ni nécessaire, une instruction avancée
du peuple.
•
Les droits seigneuriaux ont disparu mais ils ont été rachetés et on retrouve
fréquemment dans les contrats de location des terres, de la première moitié du
19e s., des charges du locataire qui correspondent aux anciens droits
seigneuriaux !
•
Les biens nationaux (vente des biens du clergé et de la noblesse) : c'est
probablement la conséquence la plus importante de la Révolution. Cela
a contribué à faire de la France, un pays de petits propriétaires fonciers.
Cependant, les grands fermiers d'Île-de-France avaient accumulé des terres dès
le 18e s. (bien avant les biens nationaux), notamment en étant fermiers des
grandes abbayes.
•
La tolérance religieuse envers Juifs et Protestants a été préparée par l'édit de
1787 et le travail de commissions sous Louis XVI.
•
Il y a bien un effort de rationalisation révolutionnaire mais des effets concrets et
une originalité à nuancer très fortement, car l'administration d'un Louis XIV
(règne « personnel » de 1661 à 1715) invoque déjà, couramment, « la raison »
comme son principe d'action.
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2.2.2. Les acteurs des journées révolutionnaires : des changements
socio-économiques et culturels ?
Livre 2nd Hatier p. 258-259 dossier
•
La violence, moyen révolutionnaire : c'est l’affaiblissement, après 1791, de l’État
central dans ses principaux instruments de contrôle, qui a favorisé une violence
plus ou moins décentralisée, « déchaînée » et souvent barbare, que seule
l’hégémonie montagnarde a pu canaliser par la « Terreur ».
•
Le renouvellement des élites dirigeantes est très relatif : la haute noblesse, les
juristes des Parlements perdent largement leur pouvoir. Mais la noblesse reste
influente au 19e s. (elle n'est plus reconnu par l'État qu'en 1870) et les juristes
sont au premier rang des acteurs révolutionnaires. Jean-Paul Marat (assassiné en
1793) est médecin ; mais la promotion des « talents » était bien avancée sous
l'Ancien Régime (anoblissements sous Louis XVI) et le grand chimiste Antoine
Lavoisier – ancien fermier général - est guillotiné en 1794. C'est surtout dans
l'armée, où des possibilités s'ouvrent avec des avancements spectaculaires. Mais
la raison essentielle en est la guerre quasi-permanente (à partir du 20 avril
1792) !
2.2.3.
Révolution et Religion
On a souvent opposé Révolution française et Religion en soulignant que s'ouvre une
période de tensions entre Église et État (au moins jusqu’à la séparation de 1905).
Livre 2nd Hatier p. 276-277 dossier religion et révolution
Conclusion
[à faire en classe par la classe]
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La Révolution française, c'est plus une « accélération de l'histoire », très largement
préparée par l'Ancien Régime, qu'une rupture profonde. Elle n'était, d'ailleurs, en rien
« inévitable » ainsi que le montre l'exemple britannique ou le rôle décisif joué par le
caractère de Louis XVI.
En dehors des biens nationaux, c'est dans l'ordre politique, où le changement est le
plus fort. C'est en effet, dans le discours politique et l'imaginaire national, que la
marque de la Révolution française demeure importante jusqu'à aujourd'hui.
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