pour LAL et LAM (environ 47 % avec un suivi médian de
22 mois) et surtout l’absence d’impact pronostique du mis-
match HLA dans le sens de la GvL NK. En fait, dans cette
série, le seul facteur pronostic en terme d’EFS et de rechute
était le statut à la greffe.
B) Modèle d’incompatibilité KIR donneur-HLA receveur (ou
incompatibilité KIR-ligand) (figure 2).
Ce modèle proposé par Leung et al. [3] prédit l’alloréactivité
des cellules NK du donneur en étudiant le génotype KIR du
donneur et le typage HLA du receveur. Si le donneur exprime
au moins un KIR dont le ligand HLA de classe I est absent chez
le receveur, il existe une alloréactivité NK envers les cibles
tumorales du receveur et un effet bénéfique sur le devenir en
post-greffe haplo-identique. Symons (n° 604) a rapporté, en
communication orale, un effet bénéfique de la présence d’un
mismatch KIR/ligand dans le sens de la GvL NK, chez
60 patients adultes greffés en haplo-identique avec condi-
tionnement atténué, pour des maladies hématologiques
avancées, en terme de survie globale (médiane de 622 jours
chez les 32 patients ayant au moins 1 KIR/ligand mismatch
versus 208 jours chez les 27 patients n’ayant pas de mis-
match, p = 0,008), et de délai de survenue d’une rechute.
Les gènes codant pour les KIR (localisés sur le chromosome
19) et les gènes codant pour le HLA (localisés sur le chromo-
some 6) ont une ségrégation indépendante et le répertoire
phénotypique KIR d’un individu est régulé par le génotype
KIR et non le génotype HLA. Il est donc possible pour un
individu de ne pas exprimer de KIR spécifique de ses propres
molécules HLA, ou à l’inverse de manquer de ligand HLA
spécifique de ses propres récepteurs KIRs. Le modèle du
ligand manquant chez le receveur/KIR présent chez le don-
neur est donc applicable également, en théorie, en situation
d’allogreffe HLA identique. C’est ainsi qu’a été décrite une
alloréactivité NK, après allogreffe géno-identique T déplétée
(avec un effet bénéfique en terme de DFS et OS), chez les
patients porteurs d’une LAM et dont le typage HLA révélait
l’absence d’au moins 1 ligand-C ou B pour les KIRs du
donneur [4]. Les mécanismes d’une alloréactivité NK en
situation HLA identique sont mal connus, et l’hypothèse est
qu’il existerait des clones autoréactifs quiescents chez le
donneur qui se « réactiveraient » en post-greffe chez le rece-
veur HLA identique.
Concernant les mécanismes de tolérance, deux études inté-
ressantes sont à noter : Cooley et al. (n° 918) ont décrit une
sous-population circulante, chez les sujets sains, de cellules
NK CD56dimKIR-NKG2A-. Cette population n’exprime
aucun récepteur inhibiteur spécifique du soi et devrait donc
être potentiellement autoréactive. Cependant, les tests fonc-
tionnels montrent une cytotoxicité diminuée vis-à-vis de K562,
l’absence de granzyme intracellulaire et une incapacité à
produire de l’INF-c. Après 14 jours de culture avec de l’IL-15,
les cellules NK ont acquis les KIR et NKG2A ainsi que des
fonctions cytotoxiques et de production d’IFN gamma. Les
auteurs concluent que cette population CD56dimKIR-
NKG2A- est immature plutôt qu’autoréactive.
Yu et al. (n° 919) ont, quant à eux, étudié les cellules NK chez
10 individus de typage HLA différent mais ayant le même
haplotype KIR de type A, c’est-à-dire comprenant les KIRs
inhibiteurs KIR2DL3, KIR2DL1 et KIR3DL1 ayant les ligands
respectifs HLA-Cw3, Cw4 et Bw4. La capacité de production
d’IFN-cpar les cellules NK a été étudiée quand les cellules
étaient incubées avec la lignée HLA négative 721-221,
transfectée ou pas avec ces différents ligands HLA de classe I.
Les cellules NK exprimant exclusivement un KIR spécifique du
soi produisaient plus d’INF-cface à une cible n’exprimant
pas le ligand HLA-I en rapport, alors que les cellules NK
exprimant uniquement un KIR non spécifique du soi étaient
peu fonctionnelles face à n’importe quelle cible testée. En
fait, chez tous les individus, les cellules NK exprimant les KIRs
spécifiques du soi étaient plus fonctionnelles que les cellules
NK exprimant des KIRs non spécifiques du soi. Les 3 KIRs
inhibiteurs testés avaient donc des capacités de tolérance
prédictibles par le typage HLA des individus.
Ces deux études sont importantes, car elles remettent en
question le dogme que chaque cellule NK d’un individu
exprime au moins 1 KIR inhibiteur spécifique du soi, et nous
permettent de mieux comprendre les mécanismes de tolé-
rance au soi.
Cw1
NK
KIR2DL1
HLA-C groupe 1
Cw1
HLA-C groupe 1
Cw1
DONNEUR
Génotypage KIR : présence du KIR 2DL1 (dont le
ligand fait partie du groupe C2)
Cw1
RECEVEUR
A25, Bw4, Cw1
A3, Bw6, Cw1
Absence de ligand
du groupe C2
Figure 2. Modèle du mismatch KIR/Ligand.
Hématologie, vol. 13, n° spécial 1, mars 2007
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