4. LES SITES DE MONTAGNES ET LACS

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4. LES SITES DE MONTAGNES ET LACS
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Nom des sites : (1) L’ensemble formé sur les communes de Cayres et du Bouchet Saint-Nicolas par le lac
du Bouchet et une partie de ses abords.
(2) Lac du Bouchet (abords : prairies et bois adjacents)
Commune : Le Bouchet Saint-Nicolas + Cayres
Site visité le : 17 Juillet 2007 + 20 Août 2007
N° : (1) 56 + (2) 55
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription et de classement : 1950
Critères d’inscription et de classement : Site naturel et pittoresque.
Contexte social de l’inscription et du classement (désaccords, pressions…) : (1) Aucune information dans
le dossier. (2) Aucune information si ce n’est que la plupart des terrains appartiennent au Conseil Général de la
Haute-Loire.
Délimitation : (1) La délimitation est curieuse. Elle s’arrête à la limite de l’eau du lac et s’élargit en deux endroits (au niveau du seul bâtiment auberge et d’une prairie ouverte en 1950). (2) Le site, très vaste, intègre une
grande partie de la forêt gérée par l’ONF autour du lac. La limite correspond à peu près à la route forestière qui
joue le rôle de deuxième « anneau autour du cratère ». Elle intègre une grande partie de forêt et quelques points
ouverts et relativement aménagés comme le carrefour de la Croix de la Chèvre, le carrefour du « chalet du
lac », les parkings de la « plage » et la « plage », le lieu du « tonneau de Garou », une clairière parking…
Superposition MH : non
Superposition avec délimitations espaces naturels : ZNIEFF de type II (Devès)
Superficie : (1) 45 ha. + (2) 145 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque du classement :
a. L’auberge : le petit bout de terre intégré au site classé du lac en 1950, sur lequel était construit un hôtelauberge, a une histoire très mouvementée qui illustre un certain nombre de frictions entre différents organismes
de l’état : le Service des Sites, le Conseil Général et la Préfecture du département de la Haute-Loire. Le bâtiment existe, en 1950, et n’est pas de grande qualité architecturale (selon l’inspecteur des sites qui s’est rendu
sur place en 1976). Déjà en 1962, un procès verbal de la Commission des Sites rend compte d’un événement
précurseur : elle refuse l’implantation d’un chalet préfabriqué « type chalet de vacance Aydat » pour ne pas
créer de précédent d’une construction médiocre. En 1975, c’est une histoire plus houleuse qui se déroule. On
peut résumer les faits en disant que le Conseil Général et la Préfecture ont appuyé un projet d’extension de
l’hôtel à laquelle le service des sites était d’abord favorable sous réserve d’un contrôle de la qualité architecturale. Mais, pour des « raisons inexpliquées », la qualité n’est pas au rendez-vous. Résultat : les bâtiments existants aujourd’hui sont effectivement médiocres et l’endroit très largement banalisé. Plus grave, la présence du
bâtiment semble avoir entraîné une banalisation générale. L’état du site aujourd’hui est décevant alors qu’il est
si facile, avec une telle qualité naturelle, d’en faire un lieu exceptionnel, même en construisant un bâtiment
contemporain ou en l’aménagement pour la promenade.
b. La promenade au bord du lac : elle a été aménagée par le Conseil Général. Un effort louable d’accessibilité a
été produit (parcours pour handicapés). Cependant, certains aménagements sont contradictoires avec le site et
poursuivent progressivement sa banalisation. C’est, par exemple, le cas de la zone d’aire de jeu. Sa programmation dans un tel endroit est douteuse comme sa réalisation très grossière (esplanade calée par un mur de soutènement en enrochements…). L’univers créé renvoie à une base de loisirs ordinaire quand le lac est de nature
exceptionnelle (cratère volcanique naturel, eau très pure, oligotrophe, sans alimentation apparente, ni variations
de niveau…). La zone de plage isolée au sud du lac est un endroit intéressant et les aménagements (tables de
pique-nique…) sont de meilleure qualité. Cependant, et comme le souligne l’avis donné par le Directeur Régional de l’Environnement en 2002, la présence d’une maison-sanitaire n’était pas nécessaire et aurait très bien pu
prendre place au niveau du bâti de l’auberge.
c. La forêt : plantée et gérée par l’ONF pour pallier à l’érosion des pentes du cratère, elle est de belle qualité
paysagère. Des sentiers sportifs ou de promenade ont été réalisés. Certaines perspectives sont visiblement prises en compte. Trois bémols : 1. La surabondance et le manque de qualité des panneaux contribuent à accentuer
la dégradation du site déjà susmentionnée ; 2. Les nouvelles plantations curieuses aux carrefours de routes qui
souvent accompagnent des panneaux d’information surdimensionnés… 3. La timidité du travail de perspective
ou de clairières qui pourtant donnent au lieu un très grand charme.
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SITE CLASSÉ
L’auberge du lac : bâtiment 1
L’auberge du lac : bâtiment 2
La forêt d’exploitation
plantée contre l’érosion
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La promenade aménagée du bord du lac
Le lac dans le cratère de maar
Les aménagements de la plage
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Vue panoramique : le Mezenc en point de mire
SITE INSCRIT
Lac du Bouchet et Mont du Devès depuis la Croix de la chèvre
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Clairières et percées visuelles dans la forêt d’exploitation
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LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Le restaurant, les bords du lac et la
forêt sont très fréquentés, en toutes saisons. Des pédalos sont à louer depuis le restaurant. C’est un site très
facile d’accès pour les habitants de la région et son succès n’est pas à mettre en doute.
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : 1. La présence du restaurant
offre le premier mode d’appréciation qui fait partie d’une tradition oubliée de la restauration en sites naturels.
2. La promenade : celle autour du lac notamment, qui offre un rapport tactile permanent avec l’eau et dont le
caractère exceptionnellement géométrique de ce type de lac est constamment présent. Le point de vue sur l’auberge-restaurant n’est pas négligeable puisqu’il permet, comme celui sur la clairière de la plage, de se situer en
permanence dans cet univers trop géométrique. 3. Le sport est aussi un mode d’appréciation du site (sentiers
sportifs et parcours de ski de fond le traversent). 4. Le quatrième mode d’appréciation n’est pas négligeable :
c’est l’arrêt que l’on peut faire, avant ou après être descendu vers le lac, en différents points ouverts (de clairière) le long de la route qui délimite plus ou moins le site inscrit. Par exemple, au niveau de la Croix de la
Chèvre et de la clairière dans laquelle est projeté un « arboretum » par l’ONF. Ces arrêts permettent des ouvertures visuelles, voire même des vues doubles sur le paysage alentour et sur le lac en contrebas, dans un cadre
lumineux et très fleuri pendant la belle saison, qui contraste avec l’univers forestier.
Signalétique : Trop de signalétique disparate sans véritable projet général.
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants :
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Le lac volcanique profond sans alimentation visible ; 2. Carpes, perches, truites du Canada… ; 3. La transparence de l’eau du lac et sa pauvreté en éléments organiques (lac oligotrophe) ; 4. La forêt d’exploitation ; 5. Les vieux hêtres et arbres déformés le long
du chemin du lac ; 7. Les souches le long de ce même chemin ; 8. La flore des bords du lac ; 9. La luminosité
des clairières et leur flore ; 10. Les perspectives sur les étendues environnantes extérieures au site ; 11. Les
nouvelles plantations d’arbres aux carrefours ; 12. L’histoire de la croix de la chèvre.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Néfaste en ce qui concerne l’apparence du lieu de l’auberge mais positive en ce qui concerne sa fonction.
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Vu le caractère désuet des limites du site classé, l’élargir au périmètre du site inscrit. Voir
même jusqu’aux zones de lisières de la forêt (en intégrant une partie des champs) au sud, à l’est et au nord au
moins.
MODIFICATION DE STATUT : Le site inscrit devrait devenir site classé si l’on veut pouvoir mener une stratégie d’aménagement douce et réellement concertée et éviter sa banalisation progressive, au compte-goutte.
GESTION ET DEVENIR : 1. En ce qui concerne l’auberge-restaurant, le seul moyen de redonner de la qualité
(et de réparer les erreurs anciennes) est de favoriser un projet d’hôtel-restaurant digne du lieu. Il n’est pas trop
tard. 2. Un plan de gestion et d’aménagement global à l’échelle d’un nouveau site classé englobant le site inscrit et au-delà devrait être établi de façon urgente. Ne pas avoir peur pour cela de remettre en question des aménagements même récents. 3. Une stratégie de signalétique commune entre le Conseil Général et l’ONF devrait
être élaborée sur la totalité du site sans dissocier les abords du lac du site forestier. Cette stratégie pourrait être
élaborée non en interne mais en missionnant une équipe de paysagistes et un spécialiste de la mise en scène de
lieux de grande valeur. 4. La mise en scène par cette équipe pourrait de plus permettre : 1. d’aider à la mise en
place d’un arboretum de qualité en collaboration avec l’ONF qui en a le projet. Proposer une alternative. Les
clairières, en tant qu’espaces ouverts, sont des lieux où la biodiversité est la plus grande : ne peut-on pas faire
glisser le projet d’arboretum (quelle validité ici ?) vers un projet d’« herboretum » ? 2. d’établir une stratégie de
clairières et d’ouvertures pour offrir des perspectives simples ou doubles sur le lac ou sur les alentours du site
(vues sur le Mézenc par exemple à la sortie de la forêt)… voire même seulement sur le ciel… ; 3. D’élaborer
une stratégie de promenades en poursuivant les efforts déjà menés ainsi qu’une stratégie de stationnement qui
risquent de rapidement déraper dans ces lieux étroits…
Il n’est évidemment pas question de remettre en cause l’attractivité du site et son potentiel de fréquentation
populaire. Mais la logique particulière d’aménagement qui motive le Conseil Général et l’ONF pour accueillir
le public dans un lieu si attractif ne correspond cependant pas entièrement à la logique d’aménagement qu’il
serait utile d’appliquer dans le cas d’un tel site singulier. On comprend que ce n’est pas une question d’aménager ou de ne pas aménager mais seulement d’aménager autrement. Le site aurait pu servir de support à une
logique d’aménagement exemplaire pour accueillir du public en espace naturel exceptionnel, car tout y était
favorable.
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Nom du site : L’ensemble formé sur la commune d’Auvers par le site du Mont Mouchet
Commune : Auvers
Site visité le : 19 Août 2007
N° : 43
DONNEES DE CLASSEMENT
Année de classement : 1976
Critères de classement : Les motivations de classement de ce site sont claires et illustrées par les phrases
suivantes écrites par l’inspecteur général des sites de l’époque : « site à l’état naturel qui se combine au
souvenir historique ». « Ce classement est à peine esthétique, quoique cette forêt à 1400 m d’altitude soit
belle. Il est surtout historique en ce qu’il vise à faire respecter un haut lieu de la résistance populaire à
l’occupation allemande ».
Le description qui est donnée comme base au classement est la suivante : « A la frontière de trois départements, la Haute-Loire, le Cantal et la Lozère, le massif forestier de la Margeride culmine par les pointements volcaniques et boisés du Mont Mouchet de 1460 m d’altitude. Cette zone, difficile d’accès, a servi
à la fois de base de regroupement, de centre de repli et d’offensive pour les résistants, dès 1943, et surtout
à partir de mai 1944 avec la formation de « réduits » d’où devait partir la libération de la France. Après
les violents combats qui s’ensuivirent sur le site lui-même, le Mont Mouchet et sa Maison Forestière,
dans le département de la Haute-Loire, sont devenus un symbole de la résistance populaire en Auvergne
et un lieu de pèlerinage avec monument commémoratif et musée ».
Contexte social du classement (désaccords, pressions…) : Les deux principaux propriétaires sont le
groupement forestier du Tenezaire et l’Etat. Ils sont favorables au classement sous réserve que l’exploitation du bois puisse se faire dans un fonctionnement normal. Le groupement forestier indique, lors de l’enquête, que son adhésion au projet « est expressément subordonnée à l’application normale du plan de gestion approuvé par l’ONF ». La commission prend en compte cette réserve.
Délimitation : Elle est très vaste. Elle comprend la maison forestière avec ses abords et les pentes proches du Mont Mouchet.
Superposition MH : non
Superposition avec délimitations espaces naturels : Englobé dans une ZNIEFF de type II (Margeride),
et en partie superposé avec une pZSC (Directive Habitats), proximité d’une petite ZNIEFF de type I
(Chambelade)
Superficie : 345,7 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque du classement : A l’époque du classement, le site est une clairière
au centre d’un vaste espace boisé. Un Monument National est érigé au centre de la clairière. La maison
forestière de l’époque des événements du Mont Mouchet a été détruite pendant les combats. Il ne reste
que les ruines. Elle a été remplacée, un peu plus loin, par une nouvelle maison forestière « sans caractère
architectural ». Celle-ci, en 1976, abrite le musée de la Résistance à l’étage et le RDC est concédé à un
aubergiste.
Un projet de musée a débuté en 1985 et a soulevé un ensemble de désapprobations en ce qui concerne la
proposition architecturale qui a été faite. Il est refusé par la Commission des Sites une première fois. Les
raisons invoquées sont retranscrites dans le compte rendu de réunion : « L’architecture très contemporaine présente de grandes surfaces de couvertures prévues en cuivre et en lauzes et des maçonneries en
pierre disposées obliquement entraînant ainsi dans l’espace des angles aigus et agressifs. Le site classé du
Mont Mouchet présente un caractère qui doit être préservé au maximum afin de rendre au visiteur une
ambiance la plus proche possible de celle qui a entouré l’événement historique de la Résistance auvergnate en un lieu tenu secret. La Commission, tout en soulignant qu’elle n’est pas opposée au projet en luimême est heurtée par la juxtaposition de ces deux bâtiments de style différent ». Le cabinet d’architecture
proposa donc un nouveau projet en tenant compte des recommandations diverses.
Le résultat est un ersatz de construction urbaine très visible. C’est l’exemple type d’une volonté aménageuse qui réduit progressivement la qualité d’un lieu par ajouts. Le jardin du souvenir, très modeste puisque exploitant des plantes sauvages spontanées, leur offrant l’espace des ruines de la maison forestière
détruite, est à l’échelle de toute intervention sur le site et de la mémoire des résistants.
Le parking est une grande nappe brute de bitume. L’impact des voitures est très fort dans la clairière.
Un belvédère a été aménagé au sommet du Mont Mouchet auquel on accède par une route forestière non
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Sommet du Mont Mouchet
Musée de la Résistance
Vue panoramique depuis le sommet
Belvédère du Mont Mouchet
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loin de la clairière mémoriale. L’ONF a un projet de nouveau sentier traversant la forêt pour accéder au
sommet.
LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Le site est très visité. L’ONF
gère.
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) :
1. L’effet d’apparition de la vaste clairière au cœur de la forêt est un moment fort de mise en scène du
lieu. La conséquence de la présence de cette clairière est une richesse et un contraste floristique et faunistique (insectes, papillons…) par rapport à la forêt d’exploitation.
2. Un deuxième mode d’appréciation est donc la promenade spontanée et observatrice dans la prairie autour du jardin du souvenir.
3. Un troisième mode d’appréciation est le recueillement plus direct devant le monument imposant.
4. Le quatrième est la visite du musée de la résistance, enfermé à l’intérieur du nouveau bâtiment.
5. Le cinquième est la consommation sur la terrasse de l’auberge.
6. Enfin le sixième est la promenade dans la forêt, notamment celle qui mène vers la table d’orientation
du sommet du Mont Mouchet. Là, découverte du panorama.
Signalétique : Peu de signalétique pour se rendre sur le site de clairière. Mais arrivé sur la clairière, les
signalétiques sont grossières et trop visibles, notamment celle de l’ONF. Sa présence relativement aguicheuse, notamment sur la zone de la clairière, fait réfléchir quant à son adéquation au lieu. Attention à ne
pas reproduire ce genre de panneaux sur le nouveau sentier.
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Aubergiste.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Epilobes du jardin du souvenir ; 2.
Flore sauvage de la prairie ; 3. Papillons, insectes ; 4. Présence du ciel et des nuages ; 5. Forêt de conifères exploitée ; 6. Mont Mouchet ; 7. Panorama depuis la table d’orientation.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Sans objet
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Sans objet.
MODIFICATION DE STATUT : Sans objet.
GESTION ET DEVENIR : Une réflexion doit être menée quant à la signalétique trop criante sur le site de
la clairière ainsi que celle qui va accompagner le projet de sentier vers le sommet du Mouchet. Aller dans
le sens d’une signalétique douce et économe qui ne s’interpose pas entre le regard du visiteur et les qualités du lieu. Eviter de développer une expérience signalétique du lieu qui aboutit à l’effet inverse désiré et
désapprend petit à petit au visiteur à saisir le lieu par lui-même. D’autant qu’ici, le sens du lieu est suffisamment fort et direct pour s’imposer de lui-même. Une réflexion sur le sujet, sur l’ensemble du site,
intégrant le nouveau sentier, devrait associer un paysagiste et un muséographe pour mettre en place une
logique appropriée sur laquelle s’appuyer à chaque nouvelle intervention. La clairière, dans ce cas-là,
devra faire l’objet d’un travail de mise en scène très fin.
Travailler sur l’idée simple que montre clairement le jardin du souvenir : la relation entre naturalisme et
mémoire.
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Nom du site : Massif du Mezenc, sur le territoire des communes de Borée, du Béage, de La rochette
et de St-Martial (Ardèche) et de Chaudeyrolles, des Estables et de St-Front (HauteLoire).
Commune : Chaudeyrolles, les Estables, Saint-Front.
Site visité le : 13 Juillet 2007 + 28 Septembre 2007
N° : 251
DONNEES DE CLASSEMENT
Année de classement : 1997
Critères de classement : site naturel.
Contexte social du classement (désaccords, pressions…) : Concertations et difficultés pour arrêter un
périmètre.
Délimitation : Très large mais ne comprenant ni les Narces de Chaudeyrolles, ni le cirque des Estables,
ni le bourg des Estables…
Superposition MH : sur la commune des Estables et en limite du site mais extérieur, la ferme des Plantins (CL. M.H. : 2005) ; sur la commune de Saint-Front, Croix de Trachyte gris bleu (CL. M.H. : 1906).
Superposition avec délimitations espaces naturels : ZNIEFF de type I (Narces de Chaudeyrolles),
ZNIEFF de type II, pZSC (Directive Habitats) + ENS du Conseil Général 43.
Superficie : 4301 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque du classement : Le classement est récent (10 ans). Le succès qu’il
suscite entraîne des problèmes apparents de sur-fréquentation des milieux et d’installations humaines trop
visibles (parkings…). Par le biais de ce succès, le site perd progressivement de son charme et de sa qualité.
LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Site très fréquenté. Un comité de
gestion a été mis en place par le service de la protection des sites sur la partie du site en Haute-Loire pour
élaborer une stratégie commune de gestion. Y participent les différents acteurs du lieu : les 3 mairies, les
associations, les habitants et exploitants, l’ONF, les services de l’Etat… Un cahier de gestion est en cours
d’élaboration. Une étude est lancée, menée par des paysagistes, pour fédérer les intérêts divergents sur le
site au plus proche de ce qui y est vécu et rendre le cahier de gestion le plus opérationnel et pratique possible. Il débouchera sur un plan d’intervention et des fiches d’actions simples à réaliser.
A noter l’existence d’une revue dont l’objet est le massif du Mézenc (Les cahiers du Mézenc)
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : Le point de vue le plus
populaire du site est le sommet du Mézenc, dont l’accès est relativement facile par le plus grand nombre.
Vue panoramique à 360° sur les départements de la Haute-Loire et de l’Ardèche avec au loin en prime,
par temps clair, les Alpes et le Mont-Blanc. Une croix et des tables d’orientation rappellent le partage
entre usages religieux et touristiques du lieu. C’est un point de vue belvédère mais aussi un point de mire
très symbolique du département de la Haute-Loire. La vision que l’on peut en avoir à différentes échelles
de distance en font un emblème naturel du département.
La randonnée naturaliste est un deuxième mode d’appréciation transversal qui permet de saisir le site plus
en profondeur et de manière plus complexe. Les sorties pour aller voir les marmottes, non loin du village
des Estables, sont très prisées.
Les divers sports pratiqués au cours des saisons (ski de fond, raquette…) sont un troisième mode plus
gourmand en installations.
Signalétique : Trop importante, disparate, redondante, voire parfois inutile. Pas de stratégie globale.
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Sommet du Mezenc
Vue panoramique sur l’Ardèche
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Vue panoramique sur la Haute-Loire
Les Estables
Lisières forestières au cordeau
Sentiers surfréquentés
Une des deux tables d’orientation
Croix
Météo
Pierres dressées
pour interdire le piétinement sauvage des milieux
Borne
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LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Site de montagne n’englobant aucun bourg et parsemé de quelques fermes. Bœuf du Mézenc, miel du Mézenc… Des occupations saisonnières touristiques.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels :
1. Bœuf du Mézenc ; 2. Séneçon à feuilles argentées, Arnica… ; 3. Pin Cembro ; 4. La forêt de l’ONF ;
5. Abeilles ; 6. Le vent et les nuages ; 7. La « burle » ; 8. La neige ; 9. Les pierres qui sonnent, phonolithes ; 10. Les croix en pierres ; 11. Les lichens ; 12. Les insectes, papillons et oiseaux ; 13. Les prairies ;
14. Les éboulis...
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : L’occupation du site par le
tourisme a un impact assez fort et souvent négatif sur l’apparence du lieu et l’état des milieux aujourd’hui. La présence artificielle des forêts de l’ONF a un impact ambigu, à la fois positif et négatif pour
l’image du lieu.
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Le périmètre ne correspond pas entièrement à une réalité paysagère du massif du Mézenc beaucoup plus vaste mais est l’aboutissement intéressant d’une procédure de classement concertée
pas toujours facile à mener.
MODIFICATION DE STATUT : sans objet
GESTION ET DEVENIR :
La Diren aidé de son paysagiste conseil travaille de concert avec l’ONF pour réduire les effets de la surfréquentation des touristes sur les milieux dans la montée vers le sommet du Mézenc.
Le Comité de Gestion et le prochain cahier de gestion en cours d’élaboration permettra de générer une
stratégie globale d’action concertée sur l’ensemble du site.
Croquis opérationnels du paysagiste-conseil de la DIREN 63 (A. Freytet) établis en concertation avec l’ONF.
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5. LES SITES DE BOURGS ET HAMEAUX ISOLÉS
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Nom du site : Secteur (500 mètres de rayon) autour du clocher de l’église St-Martin
Commune : Blesle
Site visité le : 17 Août 2007
N° : 53
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1972
Critères d’inscription : En 1950, c’est le caractère pittoresque de certaines constructions autour des monuments historiques du bourg. Des simples bâtiments, les critères évoluent et en 1970, la raison évoquée
se déplace vers la qualité de la situation géographique du bourg et de son implantation pour justifier un
large périmètre : « Le caractère de Blesle n’est pas seulement d’ordre urbanistique et architectural, mais
résulte, pour une part non moins grande, de son implantation au débouché de deux gorges encaissées au
pied de pentes élevées qui sont parties intégrantes du site, limité par leurs crêtes ».
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : En 1950, inscription d’une partie de l’agglomération (comprenant 91 maisons). La justification avancée en 1948 est la suivante : « L’ensemble de
l’agglomération de Blesle et en particulier les immeubles marqués en rouge sur le plan […] forment un
cadre pittoresque aux édifices classés ou inscrits. Il est à craindre que les démolisseurs invoquant l’excuse
de la salubrité ou du modernisme ne fassent disparaître prématurément les immeubles qui contribuent à
créer à Blesle une atmosphère sympathique et attrayante ». Le ton est donné quant à ce qu’il va se passer
ensuite. Et en 1967, l’association Les Amis de Blesle sollicite les services de l’administration en protestant
au sujet des « dommages récemment subis par le vieux quartier de Blesle ». Le Conservateur Régional
des Bâtiments de France adresse donc un courrier au Bureau des Sites en confirmant les dégradations :
« Il est malheureusement vrai que de nombreux travaux très criticables ont été effectués ces dernières
années […] en violation de la réglementation existante : Blesle se trouve dans le champ de visibilité des
Monuments Historiques, sans même parler d’une protection de site, il est vrai un peu étroite, et d’un règlement d’architecture imposée certainement trop sommaire. Mais on connaît la difficulté de ce genre de
problèmes, qui exige surtout une surveillance constante. Celle-ci a été rendue plus difficile par l’éloignement de l’Agence des Bâtiments de France, située au Puy, par une vigilance insuffisante de la part du
Service de la Construction, par l’incompréhension de la Municipalité et par l’insuffisance du support légal, la protection du site étant assurée par un parcellaire fragmentaire. Il me parait toutefois possible d’espérer un redressement. Un nouveau maire, plus compréhensif a été installé récemment et le 11 mai dernier une réunion […] a été organisé à Blesle […] : L’assistance comprenait non seulement le Conseil Municipal, mais les entrepreneurs de travaux et une bonne partie de la population… ».
Une atmosphère délétère au sein même de la population qui envoie une pétition en qualifiant l’Association des Amis de Blesle de « groupement de surveillance et de délation » rappelant « une époque pas si
lointaine », et des enjeux politiques semblent être un frein à la procédure d’inscription qui n’aura lieu que
5 ans plus tard. Cette histoire est très évocatrice du climat qu’une procédure de préservation peut faire
peser sur la vie d’un petit bourg.
Délimitation : Le périmètre « théorique » (rayon de 500 m autour du clocher) a été laissé en l’état pour
des raisons essentiellement de lenteur et de retard pris par la procédure, et d’urgence à agir. Le Bureau
des Sites ayant demandé la définition d’un périmètre convenant plus parfaitement à la morphologie du
site, le Conservateur Régional des Bâtiments de France lui rétorque que « les crêtes dominant le site encaissé se situent précisément à 500 mètres du repère désigné » et que « compte tenu des interventions
pressantes et répétées suscitées par cette proposition entamée depuis plusieurs années déjà, je crois ne
devoir faire autrement que de vous retourner ce dossier en vous demandant de bien vouloir, lui donner
suite dans les meilleurs délais ».
Superposition MH : oui. Superposition exacte avec le clocher de l’église St. Martin (Cl. M.H. : 1970).
Superposition avec délimitations espaces naturels : ZNIEFF de type II (vallée de l’Alagnon), proximité de pZSC (Directive Habitats) (vallée de l’Alagnon)
Superficie : 78 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription : Des opérations de requalification ont été réalisées
dans le cadre de la politique du Conseil Régional des « Bourgs de caractères » et des « Plus beaux villages de France ». L’apparence du village semble avoir nettement été améliorée et le caractère pittoresque
du site finalement préservé. La proximité de l’A75 et son itinéraire découverte ont été un des déclen97
Vue plongeante sur Blesle depuis le site de Chadecol au nord
Rivière et potagers
Anciennes terrasses sur les hauteurs
Rénovations
Promenade aménagée au bord de la rivière
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Habitat privé dans la tour
Vue des orgues et du bourg depuis le chemin du « belvédère »
chemin du « belvédère »
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cheurs de ces aménagements (politique du 1% Paysage). Cependant, la bataille a laissé des traces clairement visibles dans le village, notamment le caractère très privatisé et peu accueillant de certains endroits
comme par exemple la tour de Massadou convertie en habitat privé le long du sentier qui monte au belvédère. Une « ambiance de privatisation » qui peut résulter de l’ancien climat de discorde est très perceptible dans le bourg malgré les efforts d’accueil très largement menés par ailleurs. C’est un peu une atmosphère inverse de celle que l’on peut trouver dans le bourg de Chalencon (site inscrit en vallée de l’Ance).
Là, l’ambiance des espaces publics rend perceptible la bonne entente des habitants. Le village se développe beaucoup en direction du nord où des chantiers remplacent les anciennes zones périphériques de
jardins potagers.
LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Site très touristique. L’objectif
est atteint. Beaucoup de monuments à visiter et un musée de la coiffe…
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : 1. Promenade dans le
village et visites de bâtiments ou de musée ; 2. Montée sur les différentes crêtes qui entourent le village
pour saisir son implantation dans le relief : notamment montée vers le belvédère au nord-ouest du bourg
ou surtout s’éloigner vers le très beau site de Chadecol d’où la vue est exceptionnelle, remettant le bourg
à sa place dans la géographie de cette partie du département. Vues sur les orgues.
Signalétique : Très bon parcours signalétique. Panneaux transparents discrets sur les murs…
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Cf. les textes ci-dessus. Petite ville, avec commerces, apparemment très vivante. Présence traditionnelle de plantes grimpantes (notamment vignes) devant les commerces, qui contribue à donner aux ruelles leur caractère pittoresque et accueillant.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Vallat planté de platanes ; 2. Petite
cour d’école plantée ; 3. Vignes et grimpantes sur les façades ; 4. Les deux rivières ; 4. Flore du chemin
montant vers le belvédère ; 5. Jardins potagers enclos dans les différents quartiers périphériques du
bourg ; 6. Arbres fruitiers sur les pentes au-delà des potagers ; 7. Ruines de terrasses à vigne sur les pentes et vues sur les orgues depuis le belvédère.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Le tourisme permet de maintenir et de développer de l’activité (Cf. les textes ci-dessus)
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Cf. ci-dessous.
MODIFICATION DE STATUT : Le périmètre est strictement superposé à celui des Monuments Historiques. Comme l’indique le SDAP, « la protection au titre des sites est redondante et pourrait être supprimée », d’autant qu’elle semble très bien avoir jouée son rôle de préservation, de sensibilisation et d’initiation, d’aides techniques et financières dans les années 1970. Une autre solution pourrait consister à protéger une entité plus large, incluant vallées et plateaux environnants, ainsi que le fond de vallée accueillant
des jardins et des cabanes le long de la route d’accès. Le plateau de Chadecol, avec son bocage lythique
est un lieu exceptionnel, et reste mystérieux. Le hameau de Bousselargue, et sa chapelle récemment restaurée, peuvent constituer une motivation supplémentaire à délimiter un site plus large.
GESTION ET DEVENIR : Les vues sur le bourg depuis les crêtes ne sont pas réellement exploitées. A
contrario, l’extension du bâti sur les flancs est à surveiller, car elle entraîne des travaux importants de
voiries et de terrassements, comme à l’entrée du bourg, du côté de la Sianne. Blesle est un exemple qui
devient rare d’un bourg conséquent, d’une grande densité, que n’a pas encore (complètement) enserré une
urbanisation plus diffuse. Sa position dans la vallée, et son relatif isolement en sont les causes. Il en résulte des équipements et des services maintenus, comme un collège. Mais l’autoroute met la bourgade à
une heure à peine de la capitale régionale, et on peut pressentir le risque que le village soit écartelé entre
deux tendances : patrimoniale et « sélect », et banalisé, perdant son rôle de petite centralité, sur toile de
fond de déprise agricole. Ces tendances appelleraient à remobiliser aujourd’hui différentes ressources
telles que l’inventaire des paysages mené par les services de l’Inventaire général du patrimoine en 1992,
les dossiers de « paysages de reconquête » montés par le Conservatoire des espaces et paysages d’Auvergne en 1992, ou le rapport de Bruno Ythier pour la Mission du patrimoine ethnologique (article paru dans
Paysage au pluriel, éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 1995).
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Nom du site : Château de Léotoing et ses abords
Communes : Léotoing + Torsiac
Site visité le : habité de 2003 à 2006
N° : 114
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1980
Critères d’inscription : site pittoresque.
Le rapport présenté en commission des sites insiste sur l’extrême visibilité du site : 1) depuis la nationale
9 et la voie ferrée qui empruntent la vallée de l’Alagnon, le village et le château constituent une silhouette
remarquable, « une des images fortes du département, une image dont on se souvient ». 2) Depuis le château et l’éperon rocheux qui supporte le village, la vue s’étend très au loin sur les monts du Cézallier ainsi
que sur les versants encaissés de la vallée de l’Allagnon. 3) Le village, enfin, présente lui-même beaucoup de caractère.
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : Importante correspondance entre les deux
communes concernées et l’administration des sites, qui permet de retracer la teneur des débats qui ont eu
lieu. Le conseil municipal de Torsiac a montré son opposition au projet d’inscription pour deux raisons
principales : l’une concerne la crainte supposée d’allongement des délais administratifs et du contrôle
« draconien » de l’administration sur les constructions ; l’autre, selon le propre terme du conseil municipal est plus « philosophique » : « Les châteaux en général, le château de Léotoing en particulier, sont les
symboles d’une époque (pas très éloignée) où la plus grande partie de la population, surtout celle des
campagnes, avait à souffrir et était exploitée par une minorité de gens, ceux là même qui habitaient les
châteaux. “Qu’on laisse mourir doucement ces témoins de tant de souffrances, physiques et morales, endurées par nos aïeux, qu’à la rigueur on les entretienne s’il y a lieu, mais que leur présence, même à l’état
de ruines ne soit pas le prétexte d’em… pour les gens qui habitent autour… ” ainsi s’exprime un conseiller en parlant des châteaux. La plus grande partie des conseillers approuve ces propos et donne un avis
défavorable au projet d’inscription ». Des séances ultérieures, auxquelles participeront des représentants
de l’administration, ne parviendront pas à modifier l’avis de la commune. Elle demandera l’exclusion du
hameau de Sanson du périmètre finalement protégé.
La deuxième source de controverse s’exprimera à propos du projet de route reliant le bourg de Léotoing
au village de Lanau, dans la vallée. Des deux tracés présentés, un seul donne satisfaction à l’inspection
des sites, mais présente un surcoût que refuse la commune. Il sera enfin réalisé, mais après le placement
du site en instance de classement. Ce classement n’a à ce jour pas été rendu effectif.
Délimitation : assez large, elle comprend une portion de la vallée et des versants qui enserrent le site,
incluant le château de Torsiac.
Superposition MH : Superposition sur une petite partie avec l’église et avec le château inscrit en 1992.
Le site est beaucoup plus vaste.
Superposition avec délimitations espaces naturels : ZNIEFF de type I et II, pZSC (Directive Habitats),
limite de ZPS (Zone de Protection Spéciale, D. Oiseaux).
Superficie : 653 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription :
La plus grande modification du site tient, comme précisé dans le dossier, à la construction de la route.
Mais l’option retenue a permis de faire passer le tracé dans les bois, à l’écart de la crête principale. Le
risque d’urbanisation semble faible sur les pentes de Léotoing, tandis que la petite plaine de Lanau a
connu quelques constructions nouvelles, en rupture avec le bourg. Les versants les plus abrupts continuent de s’enfricher. La structure métallique du pont de Lanau a été remplacée par un tablier plus large, à
quelques distances. La principale modification tient peut-être à l’ouverture de l’A 75. Elle file sur le plateau voisin, mais assez loin, et le trafic légendaire de la Nationale 9 est aujourd’hui bien plus clairsemé.
Le site reste très fréquenté, mais est préservé de tout équipement touristique trop important.
LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : le site fait l’objet de visites régulières, souvent familiales, comme un but de promenade pour les habitants de la région. L’été, ces visites
sont bien sur plus nombreuses. Enfin, de fréquents événements s’appuient sur l’image et la qualité du site,
bien que sans rapport évident avec lui, mais rassemblent de nombreuses personnes.
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Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : le site se découvre à
pied, le village restant interdit à la circulation et constituant une impasse. Le petit parking d’entrée est
bien adapté, et les visiteurs déambulent le long de la rue principale en observant l’architecture vernaculaire et les jardins des habitants. L’accès au château a été récemment condamné pour des raisons de sécurité. Sa visite donnait lieu à quelques acrobaties. L’église n’est pas souvent ouverte. Un chemin qui
contourne la première enceinte permet d’avoir un aperçu sur le côté nord et les impressionnants méandres
de l’Allagnon. Un autre parcours mène aux terrasses, sur le flanc sud, qui font l’objet de chantiers de restauration ou de construction : leur forme en écaille étant d’une invention récente. La chapelle des Lépreux, restaurée, abrite une exposition du Pays d’Art et d’Histoire, qui permet de trouver de nombreux
éléments d’interprétation sans alourdir le site de panneaux d’explications. Aucun commerce, sinon une
boutique-galerie ouverte en intermittence. Le site est illuminé dans les périodes de vacances et est très
impressionnant de nuit.
Signalétique : signalisation routière des sites, plus un panneau illustré le long de l’itinéraire de découverte de l’A 75. Panneau à l’entrée, l’exposition de la chapelle permettant d’épargner au village un mobilier d’interprétation.
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : La population se répartit équitablement entre résidents permanents et secondaires. Les habitants témoignent tous d’un souci d’entretien et de fleurissement des abords
des maisons, sur des registres différents. Le pourtour du village est occupé par des jardins potagers, et le
côté nord a été récemment défriché pour installer de nouveaux jardins. Une association d’« amis de Léotoing » s’est constituée pour le développement et l’animation du site, avec un discours largement inspiré
des tendances du développement durable et des effets qui s’inscrivent peu à peu dans le paysage, notamment par les chantiers de création de terrasses. Ses activités sont nombreuses, mais ne font pas l’unanimité des habitants du lieu, qui vivent mal cette appropriation et orientation symbolique, émanant de profils
sociaux différents, plus citadins. Le site semble servir de support à des projections et des désirs très différents, voire divergents, du trial à la fête des plantes. Les habitants s’adaptent à ce calendrier et tentent d’y
rester indifférents.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Le rocher émergeant au milieu des
méandres de l’Allagnon ; 2. L’Allagnon, tout en bas ; 3. Les rapaces au-dessus du versant chaud ; 4. La
flore de milieu thermophile ; 5. Les jardins des habitants ; 6. Les bois ; 7. Les hordes de cervidés ; 8. Les
horizons volcaniques du Cézallier.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : complexes. L’orientation la
plus « durable » aujourd’hui pourrait être de réfléchir à la façon dont peuvent se superposer ces projections et désirs divergents avec l’existence ordinaire d’un petit bourg. Celui-ci doit permettre une multitude d’interprétations sans qu’aucune ne s’impose d’autorité aux autres, ce qui peut impliquer de faire des
choix entre ce qui semble tenir réellement à l’histoire du lieu et ce qui serait de l’ordre de l’appropriation
et de la privatisation, voire de la mode. Si le site agit comme un support pour des activités temporaires,
l’attachement des habitants au lieu constitue au contraire une donnée permanente, et discrète. C’est bien
sur la notion de ponctualité, du caractère temporaire des manifestations que pourrait être pensé l’avenir du
lieu.
.
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Le périmètre autour du site de Léotoing est pertinent.
MODIFICATION DE STATUT : Etudier le classement du site avec la municipalité.
GESTION ET DEVENIR : Veiller à ne pas surimposer d’équipements pérennes en lien avec l’exploitation touristique du site, à ne pas produire trop d’interprétations concurrentes. Réintroduire des pratiques
pastorales ou agricoles sur les versants permettrait de maintenir un équilibre entre milieux enfrichés, ouverts et bois. La présence de la vigne, motif récurrent dans l’architecture vernaculaire tend à devenir relictuelle : ce peut être un objet de réflexion pour les collectivités. Veiller à la qualité et la limitation de l’urbanisation sur la petite terrasse alluviale de Lanau.
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Nom du site : Village de Chalencon et vallée de l’Ance
Commune : Boisset, St-André-de-Chalencon, Tiranges
Site visité le : 14 Juillet 2007
N° : 54
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1982
Critères d’inscription : Site pittoresque. Le rapport en vue de l’inscription décrit le site comme suit :
« Le château et le village de Chalencon occupent une situation extrêmement pittoresque sur un piton dominant la vallée de l’Ance. Celle-ci, profonde de 300 m, est resserrée entre les pentes abruptes et boisées,
formant, avec ses falaises rocheuses, un site d’une grande sauvagerie. L’intérêt pour le relief naturel se
double d’un grand intérêt historique ». Suivent des commentaires sur le château, la chapelle, le bourg et
les deux ponts au fond des gorges dont le pont du Diable.
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : A noter qu’une proposition d’inscription
avait été faite 12 ans auparavant et que celle-ci, pour des raisons « inconnues », n’a pas aboutie malgré
l’avis favorable des communes. En 1979, avis favorables sont donnés par le Conseil Municipal de Boisset
et celui de Tiranges. Le Conseil de Saint-André de Chalencon, qui avait sollicité l’inscription, a rejeté la
proposition d’inscription en faisant une contre proposition « de délimitation restreinte permettant d’exclure certains hameaux du site ». La contre proposition introduisant une dissymétrie dans la protection des
deux versants de la vallée n’est pas acceptée et le périmètre retenu est celui proposé en premier lieu.
Est aussi évoqué à l’époque le « problème posé par la centrale EDF installée sur l’Ance […] qui refuse de
restituer au cours de la rivière un peu d’eau du barrage pendant la période estivale ».
Délimitation : La délimitation est très large. Elle intègre le village de Chalencon en son centre et la partie
de la vallée de l’Ance visible depuis le village. La stratégie de délimitation du site est rendue explicite
dans un rapport du Délégué Régional à l’Architecture et à l’Environnement en 1981 : « La proximité de
l’agglomération stéphanoise, cause d’une banalisation du paysage dans le Nord-Est du département de la
Haute-Loire, rend nécessaire la protection de ce qui est effectivement menacé et non de ce qui se protège
tout seul. C’est pour cela que la délimitation englobe les hameaux existants à proximité des chemins départementaux et ne se limite pas aux pentes boisées, relativement abruptes et quasi inaccessibles de la
vallée […] La mesure d’inscription concerne une partie assez vaste de la vallée de l’Ance et non les seuls
abords immédiats de Chalencon […] Plusieurs hameaux – et notamment leur façade donnant sur la vallée
– font partie intégrante du site dans la mesure où ils marquent de façon très visible la présence de
l’homme dans un paysage par ailleurs très sauvage. »
Superposition MH : Partiellement puisque le site est très vaste. Ruines du château (Cl. M.H. : 1913) +
Pont du Diable (Cl. M.H. : 1913) + Pont de Bounery (Inv. M.H. : 1973)
Superposition avec délimitations espaces naturels : Réseau Natura 2000 = ZPS (Zone de Protection
Spéciale, D. Oiseaux).
Superficie : 1387 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription :
A l’époque, le dossier mentionne que « la plupart des maisons de Chalencon a été restaurée par de nombreux propriétaires attirés par la beauté du paysage : ce site reste une image vivante des temps moyenâgeux ».
Aujourd’hui, le bourg est effectivement habité, vivant et en très bon état. Deux associations semblent
s’être succédées pour mettre en valeur le site : celle des « amis de Chalencon », composée de personnalités plutôt « extérieures » au lieu, puis celle des « habitants de Chalencon », à la dénomination explicite et
qui est très active, revendiquant une mise en valeur équilibrée du lieu. Les deux associations, au dire du
président de la seconde, ne semblaient pas partager les mêmes désirs pour l’espace du village et du site.
L’atmosphère qui se dégage de l’espace public est celle d’une très bonne entente entre les habitants. Des
sculptures ont été installées par-ci par-là et les occupants y vivent en habitants-paysagistes. Même les
ruines sont utilisées comme des jardins. Des tables y sont installées…
L’entretien des plantes spontanées est raisonné et doux (une sélection est faite sans arracher l’ensemble),
ce qui rend le village à la fois habité et sauvage. Celui-ci est une bonne entrée sur la descente vers le pont
du diable et la promenade dans la vallée plus sauvage.
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Les ruines et le village de Chalançon
Les jardins des habitants
Vallée de l’Ance
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LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Le site est très visité et les habitants font beaucoup pour accueillir les touristes. Devant une maison, un livre est vendu racontant l’histoire du site : Au pays du temps passé . Des guides animent la visite du château en été… Les parkings
pour les visiteurs ont été aménagés en amont du bourg qui est un cul de sac. L’accès se fait par une promenade de 300 mètres environ en descente. Le parking est de taille moyenne et ne choque pas, comme
cela est le cas à Bigorre et aux Maziaux par exemple, de l’autre côté du département. Des tables de piquenique peu nombreuses ont été installées judicieusement sans qu’elles soient trop visibles….
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : Le premier mode d’appréciation est celui mis en scène par l’arrivée. Le château et le bourg de Chalencon sont installés sur un
piton rocheux au « centre » de la vallée. Si bien que l’arrivée se fait en surplomb léger. La descente vers
le village permet d’apprécier lentement la position de celui-ci par rapport à la vallée avant d’y entrer.
L’emplacement du parking est judicieusement choisi pour valoriser cet effet.
Un deuxième mode de perception important est le même effet que l’on peut avoir depuis le versant opposé, sur la D24 venant de Tiranges. La vue est bien plus surprenante car beaucoup plus plongeante sur le
rocher de Chalencon. Château et bourg apparaissent en silhouettes très emblématiques et l’on y saisit
l’importance des terrasses. Lorsque le visiteur se trouve dans le village, il a accès à deux belvédères qui
offrent des perspectives sur la vallée sauvage de l’Ance : celui depuis le château, point le plus haut ; et
celui auquel on accède en empruntant un court chemin au pied du rocher du château vers le nord. Là, une
zone herbue est aménagée et un aigle sculpté dans une pierre oriente le regard vers la vallée.
Enfin, la descente vers le pont du diable sur un chemin relativement pentu enfouit progressivement le
visiteur dans la vallée « sauvage ».
Signalétique : Très simple (par exemple, le pont du diable est indiqué à la main sur une pierre) et suffisante. Si la signalétique locale, dans le bourg et dans la descente vers le pont du Diable, est très engageante, il n’en est pas de même de la signalétique posée par l’EDF, notamment côté Tiranges : panneau
jaune dissuasif (attention barrage) qui refroidit le visiteur et fait peser tout à coup une sensation de menace excessive sur le site par ailleurs très paisible.
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Les habitants font des jardins personnels qui débordent largement
sur l’espace public. Des oeuvres du sculpteur local sont installées dans l’espace public et la présence des
plantes sauvages participe à l’ambiance induite par ces jardins.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Forêt sur les versants pentus de la
vallée ; 2. Champs sur les plateaux au-dessus des gorges ; 3. Flore sauvage très visible sur les talus de
bords de route, dans les champs, dans le bourg, sur les murs, dans les escaliers… ; 4. Flore des jardins
d’agrément dans le bourg ; 5. Mélange de la flore de jardin et de la flore sauvage dans le bourg ; 6. Jardins potagers en terrasse ; 7. Sculptures d’animaux dans le village ; 8. L’Ance en fond de gorges ; 9. Le
bruit de la rivière dans la descente ; 10. Le rocher du château ; 11. La mousse sur le chemin en pierre...
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Village vivant et entretenu par
ses habitants réunis en association dans le but de se créer un bel environnement quotidien, de le mettre en
valeur et d’accueillir les visiteurs.
PROPOSITIONS
PERIMETRE : bon en grande partie. Cependant il faudrait réfléchir avec l’Architecte des Bâtiments de
France de l’utilité d’englober encore aujourd’hui une partie urbanisée du village de Tiranges, qui pourrait
en être exclue. Il faudrait procéder à une réduction du périmètre dans ce cas.
MODIFICATION DE STATUT : sans objet
GESTION ET DEVENIR : Laisser les habitants continuer à prendre des décisions en ce qui concerne les
abords du bourg. Pour le reste, un projet de requalification douce des abords des nombreux ouvrages hydrauliques liés au barrage (conduites, canal de dérivation parfois à l’air libre…) est le bienvenu. De plus,
il est nécessaire de ne pas négliger l’importance de l’enjeu de perception qui pèse sur les hameaux en rebords de plateaux surplombant les gorges et dans le site.
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Nom du site : Bourg et ses abords
Commune : La Chaise-Dieu
Site visité le : 21 Août 2007
N° : 77
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1977
Critères d’inscription : Site pittoresque et historique. Voici comment les rapports de l’époque décrivent le site : en
partant du bâtiment principal, le champ est élargi au bourg puis aux prairies alentours. Il est cependant peu questions
de « clairière » et des « forêts » qui caractérisent l’histoire de l’implantation et de la formation paysagère du site :
« L’église abbatiale de la Chaise-Dieu est un chef-d’œuvre de l’art gothique en France. Ce monument exceptionnel
domine l’agglomération et se voit de presque partout. Il protège donc ses abords sur 500 m. Mais le bourg qui est né
au pied même de l’abbaye a des rues si étroites, son tissu est si serré qu’on est souvent hors de vue du monument. Or
ce bourg est par lui-même intéressant, les maisons médiévales y abondent, avec leurs belles façades de granit appareillées, les fenêtres et les portes moulurées d’excellente qualité, et les tourelles polygonales qui renferment les escaliers à vis ». La vue depuis la RD 499 est mise en avant dans un autre rapport : « Le champ de visibilité légal de 500
m des MH est loin de couvrir, vers l’Ouest, toute la superficie nécessaire : en effet, de la route nationale qui vient de
Brioude et d’Issoire, une vue saisissante se découvre dès un tournant situé à environ 1500 m à l’ouest de l’abbaye ».
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : Accord de la commune. Le rapport de l’inspecteur
régional des sites en 1976 indique une pression constructive. Le site est inscrit en raison des « menaces assez précises
(risque d’urbanisation intempestive le long de la route départementale 499 de la Chaise-Dieu à Issoire) ». L’inspecteur général des Monuments historiques chargé des sites indique la même année : « Le danger de voir ce site mité par
les résidences secondaires pouvait être estimé faible étant donné l’éloignement de la Chaise-Dieu des métropoles
urbaines, et la rigueur de son climat. Quelques demandes de permis de construire récentes nous ont cependant rappelé que le danger était bien réel. Il n’est certes pas question d’interdire de construire dans ce site assez vaste mais il
faut discipliner les bâtiments et veiller avec un soin tout particulier à leur qualité ».
Délimitation : Le périmètre forme une sorte de « conque » dont le sommet serait le bourg de la Chaise-Dieu et se
développant dans la plaine vers l’ouest. Elle s’appuie sur la ligne de chemin de fer au nord, la RN à l’est, la ligne de
crête dans les champs au sud et les limites cadastrales en bas de plaine à l’ouest.
Superposition MH : Partiellement car le site est vaste. Eglise (Cl. M.H. : 1840) + ancienne abbaye (Cl. M.H.)
Superposition avec délimitations espaces naturels : Parc du Livradois-Forez + à proximité de fragments de
ZNIEFF de type I (Forêt de Lamandie et de Chantelauze, étang de Berbezit, lac de Malaguet…)
Superficie : 209 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription :
Le point de vue depuis la D499 a été préservé de toute construction. La D4 n’a pas eu autant de chance. Il est pourtant
aussi intéressant que celui de la route d’en face. L’entrée dans le bourg est très médiocre (pavillons, projet de constructions de logements…). Dans le bourg, les rues sont progressivement réaménagées, repavées. À la Chaise-Dieu, le
visiteur est toujours pris entre plusieurs impressions : celle de se tenir au cœur d’un ensemble historique et architectural unique, d’une ampleur qui dépasse le savoir qu’il en a ; mais aussi, celle que le lieu ne tient pas toutes ses promesses et qu’il possède un potentiel bien plus important que ce qu’il montre. Mais décevants, certains abords ou espaces
publics se révèlent être inférieurs à la qualité de ce que l’on peut attendre d’un tel site : si son austérité peut être vécue
comme une dimension positive, son autre facette est franchement triste. Il existe souvent un décalage entre l’apparence d’un lieu et la mise en place de dispositifs de reconquête, le tout s’apparentant à un vaste (et long) puzzle : la
Chaise-Dieu témoigne aujourd’hui que les premières pièces sont posées, ce qui rend attentif à la suite des opérations.
LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Le site (partie bourg) accueille le festival
international de musique depuis 1966, qui s’est appuyé sur la renommée de l’abbaye. Le lieu est très fréquenté pour
le festival, pour le bâtiment et son histoire. Contraste saisissant entre la période estivale, où sont déployées toutes les
attractions possibles pour les visiteurs, et le reste de l’année, où le bourg reste vivant. L’activité touristique semble se
concentrer sur le bourg. La voie ferrée constitue également une attraction intéressante pour mettre le lieu en rapport
avec son territoire. Malheureusement, le trajet de l’abbaye à la gare concentre toute la tristesse et la désuétude du lieu.
Pour certains, ce n’est d’ailleurs pas sans charme, mais ils sont probablement rares…
Le territoire de la Chaise-Dieu, et plus largement le plateau est l’objet de grands enjeux de développement économique liés au développement touristique aujourd’hui. Un ensemble d’organismes et d’entreprises se sont regroupés
autour de la Communauté des Communes du plateau pour mettre en place une politique concertée de développement
sous la forme d’un Pôle d’Excellence Rurale. Un désir d’opération Grand Site est aussi formulé. Un dossier de candidature a échoué et une deuxième candidature a été présentée en sept. 2006. La Communauté des Communes s’est
adjoint l’aide de partenaires comme le CG43 qui appuie fortement le projet, le PNR Livradois-Forez, le Pays de Lafayette, la Région Auvergne, les services de l’Etat… Tout le monde semble se retrouver sous la sentence suivante :
« le plateau représente un pôle d’attractivité majeur de leur territoire ».
Commentaire bref : le dossier de candidature ne prend pas la mesure réelle du territoire. Tout se passe comme si la
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Vue sud-ouest actuelle : entrée du bourg par la D4
Vue sud-ouest années 70: entrée du bourg
Vue nord-ouest depuis la D499
Vue lointaine depuis la D20
Vue lointaine depuis la D561
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Vue est en limite de site
Vue nord-ouest ancienne depuis la D499
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présence de l’abbaye (bâtiment) et du festival de musique pouvait porter un tel projet qui a pourtant une dimension
locale et paysagère. Tout se passe comme si les qualités paysagères du site, notamment la mise en paysage très ancienne sous forme de clairières, plus ancienne que la construction de l’abbaye, n’avait aucun poids et aucun intérêt.
Le mot « clairière » n’est quasiment pas cité. Le dossier renvoie une impression de virtualité et de détachement du
territoire relativement inquiétante. Ne renvoie-t-il qu’à des urgences immédiates, sans anticipation ? D’où la surprise
de constater qu’un projet de centre du paysage pourrait se déplacer du prieuré de Lavoûte-Chilhac à la Chaise-Dieu.
Peut-être une bonne chose pour une réflexion sur le lieu.
On peut se demander si le rapport entre les questions de paysage aujourd’hui et l’empreinte énorme mais désuète de
l’histoire religieuse, aussi intéressante, instructive et rayonnante soit-elle, est approprié. L’enjeu ici est de ne pas faire
du paysage un objet à vocation uniquement patrimonial et touristique. Il y a notamment des contradictions non gérées
conceptuellement dans le dossier de candidature entre empreinte religieuse du paysage (rapport clairières et forêts) et
pression forestière actuelle qui prend une dimension particulière dans la proposition de réseaux de chaleur et plateforme bois-énergie dans le dossier (voir en cela la problématique de gestion soulevée dans le numéro de la revue Le
Fil consacré au Plateau de la Chaise-Dieu, N°28, juin 2001).
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : Plus l’on s’éloigne du bourg, plus la
qualité et l’histoire du site s’imposent, bien que ce soit par fragments et indices. Toutes les vues sur le bourg depuis
les petites départementales à l’ouest et au sud-ouest, en s’éloignant ou en s’approchant, permettent d’apprécier le site
et de toucher un peu à l’expérience paysagère ancienne qui a induit la formation de ce paysage. Un deuxième mode
d’appréciation est la promenade dans la zone de prairies et de forêt en contrebas du bourg ou plus largement sur le
plateau entier. C’est en rencontrant des vestiges d’installations plus ou moins anciennes que l’on peut prendre la mesure du travail d’aménagement effectué ici depuis mille ans au moins. Un autre mode d’appréciation est le point de
vue que l’on peut avoir depuis la rue circulaire du bas du bourg en limite de la plaine. C’est un très beau belvédère,
relativement peu spectaculaire mais qui nécessiterait toute une attention du fait de sa valeur de transition entre le
bourg et les champs… Un dernier mode d’appréciation est la visite de tous les bourgs ou hameaux marqués par le
développement du monde casadéen. Cette visite permet de saisir la dimension paysagère de ce large territoire, bien
au-delà du site, comme un système religieux complexe. Ceci, avant même de comprendre la dimension internationale
de ce système ; pour saisir le système en question, le numéro de la revue Le fil de la Borne cité ci-dessus donne toutes
les clés de compréhension (articles « Moments de paysage », « L’évolution de la forêt casadéenne »).
Signalétique : Sans commentaire.
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Bourg habité et vivant. Occupation culturelle parasitant une occupation ordinaire, relativement agricole. Offre touristique déjà organisée, en plein développement sous l’impulsion des projets de
développement touristique concernant le plateau.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Le relief du plateau ; 2. Les clairières ; 3. La
forêt ; 4. Les jardins qui font la transition entre bourg et prairies ; 5. L’atmosphère et météores pour les vues lointaines ; 6. La Sénouire et les plans d’eau hors-site ; 7. Les petits vallons des vues lointaines ; 8. Les pierres des moines ;
9. La flore et faune de la forêt ; 10. La flore et faune des espaces ouverts et des lisières ; 11. Les bassins.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Sans objet
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Le périmètre a élargi la protection du site à des vues spectaculaires sur l’abbaye. Mais cela reste le
fruit d’un malentendu dont on pourrait retrouver les racines dans le mode d’appréciation pittoresque du paysage qui
sous-tend encore en partie la politique des sites : celui qui vise à faire croire à un processus historique centripète vers
un monument alors que toute l’histoire des paysages du plateau de la Chaise-Dieu s’appuie sur un processus centrifuge. Un bon périmètre ne pourra réellement être déterminé en fonction des véritables questions paysagères posées
par le site qu’à partir du moment où la réflexion sur le lieu et les discours (que l’on peut trouver de façon schématique
dans la candidature pour un PER) sera inversée.
MODIFICATION DE STATUT : Le site est intégré dans une ZPPAUP, officiellement validée en Mars 2008. Un
classement du site serait le bienvenu mais s’il est mené dans une logique réellement paysagère (relation entre histoire
des paysages, ici religieuse, et modes d’occupations actuels). Dans ce cas là, c’est l’ensemble du plateau de La
Chaise-Dieu qui devrait être classé. Toute réflexion et mise en valeur devra être menée sous l’angle du rapport entre
forêt et clairières.
GESTION ET DEVENIR : De nombreux textes ont été écrits sur l’histoire du plateau de la Chaise-Dieu, et celui-ci a
été investi par des scientifiques, géographes, agronomes. De nombreux dossiers et études paysagères ont dû être produits sur demande des différents organismes de l’Etat concernés par sa mise en valeur et au préalable de la candidature pour le PER. Si ce n’est pas déjà le cas, une étude devrait être menée pour mettre en évidence une orientation de
gestion et d’exploitation du plateau en croisant les logiques agricoles, les logiques forestières et les logiques culturelles touristiques…
Ne pas se tromper d’objectif dans l’exploitation et la mise en valeur du lieu. L’étude devrait poser clairement les
bases des questionnements suivants avant même de passer à des outils concrets et opérations de gestion.: quelles sont
les réelles qualités actuelles et anciennes de ces paysages du plateau de la Chaise-Dieu ? Sur quels paysages s’appuyer pour le développement au vu de leur richesse et leur histoire ? Doit-on se mettre dans une logique patrimoniale
d’un paysage religieux ? Comment faire de ces paysages un moteur de développement ?
112
Nom du site : Bourg et vallée de la Sénouire
Commune : Lavaudieu
Site visité le : 17 Août 2007
N° : 112
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1979
Critères d’inscription : Site pittoresque et historique (cistercien).Voici comment le rapport en vue de
l’inscription décrit le site : « Situé à quelques kilomètres de Brioude, le bourg de Lavaudieu et la partie de
la vallée de la Sénouire située dans cette commune ont gardé un caractère pratiquement intact dans la
mesure où le village encore homogène est en parfaite harmonie avec le cadre naturel de bois et de prairies. A part quelques fermes isolées situées sur les rives de la Sénouire et quelques hameaux dominant le
vallon, la quasi-totalité des habitations et des bâtiments d’exploitation a été rassemblée autour de l’abbaye
dont le clocher octogonal et tronqué domine les anciens bâtiments abbatiaux, l’église et l’ancien logis de
l’Abbesse. Les caractéristiques essentielles du type d’habitat de Lavaudieu résident dans les formes très
simples des constructions souvent flanquées d’escaliers d’accès extérieurs et couverts (les « estres ») […]
La communication du bourg vers les zones forestières situées au sud de la commune est assurée par un
pont ancien remanié à différentes époques présentant quatre grandes arcades au profil en anse de panier.
Une prolifération excessive de nouvelles constructions sans caractère dans le village même ou sur les
rives de la Sénouire aurait pour effet de détruire l’aspect très pittoresque du bourg et le site de ce vallon
remarquable ». Une note de l’inspecteur général de Monuments Historiques chargé des sites résume l’intérêt du site comme suit : Il « est beau, avec ce caractère tout à fait particulier, resserré et comme intime,
des paysages choisis et façonnés par les cisterciens ».
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : Avis favorable du Conseil Municipal, à
condition que « la mesure ne nuise pas au fonctionnement normal des exploitations agricoles ni n’empêche la construction de nouveaux bâtiments ».
Délimitation : Le site est très vaste. Il englobe la vallée de la Sénouire en s’arrêtant aux limites administratives avec les communes de Vieille-Brioude et de Fontannes en aval, les communes de Frugières-le-pin
et de Domeyrat en amont. Le bourg est quasiment au centre.
Superposition MH : Partiellement car le site est vaste. Eglise abbatiale (Cl. M.H. : 1862) + Ancienne
abbaye (Cl. M.H. : 1862 + 1932 + 1959 + 1966)...
Superposition avec délimitations espaces naturels : En limite, mais hors du Parc Régional du Livradois-Forez.
Superficie : 763 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription : Les constructions neuves ne se sont pas développées. Le site est resté en l’état quant à l’évolution du bâti et des milieux naturels. Le bourg a été rénové.
Des chemins piétonniers ont été réalisés, le long de la rivière notamment… Des subventions ont dû arriver pour rénover les routes d’accès comme il l’était demandé par le Conseil Municipal de l’époque.
Comme tout site ayant suscité un certain succès touristique, des excès sont à pointer du doigt, notamment
la présence de parkings immenses à l’entrée du bourg. Mais c’est le lot normal de l’évolution de ce genre
de lieu.
LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Site apparemment très bien géré
et à forte fréquentation touristique. Le moteur étant la visite du cloître et de l’abbaye.
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : 1. Promenade dans le
bourg ; 2. Promenade de proximité le long de la Sénouire sous le bourg avec passage du pont et vue sur
l’ensemble ; 3. Promenade isolée, éloignée le long de la Sénouire en rive gauche vers l’aval.
Signalétique : Très importante.
113
Les jardins potagers entre la Sénouire et le bourg
Les parkings
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Les jardins d’agrément du bourg
La Sénouire
Chemin le long de la rivière en aval du bourg
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LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Le village est habité et très vivant. Les habitants font des jardins
d’agrément ou potagers qui relayent les jardins aménagés par la mairie et donnent au bourg son caractère
très pittoresque.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. La Sénouire et ses berges ; 2. La
bande de jardins potagers, fruitiers, friches enclos de muret au pied du bourg le long de la Sénouire ; 3.
Les jardins des habitants sur les façades des maisons, les terrasses et escaliers (estre) ; 4. Les plantations
municipales sur le bord de la rivière, côté bourg ; 5. La prairie en face, de l’autre côté de la rivière ; 6. Les
petits jardins municipaux dans le bourg ; 7. La faune et flore, les papillons de la partie en aval de la Sénouire ; 8. Les roches et bois de cette même partie en aval ; 9. Les prairies sur les plateaux au-dessus de la
vallée ; 10. La plaine à maïs en amont ; 11. Cabanes de vignes disséminées autour du bourg + pigeonniers.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : La présence des jardins des
habitants entre dans la même logique que les plantations et aménagements publics pour
« l’embellissement » du bourg. La friche potagère et le jardin potager clos d’un muret au départ de la visite du bourg, en limite de parkings ont un impact fort sur celle-ci. D’autant qu’elle est suppléée en fond
par les façades recouvertes de végétation de certaines maisons. Entrée réussie fabriquée à partir des jardins dont on ne sait plus s’ils sont faits par les habitants ou par la collectivité.
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Sans objet.
MODIFICATION DE STATUT : Le site est intégré dans la ZPPAUP de Lavaudieu. La protection est une
assurance en cas d’abrogation de la ZPPAUP.
Le site est juxtaposé au grand site inscrit du Val d’Allier. Sa position devra être reconsidérée dans le cas
où une stratégie générale des sites sera menée sur la haute vallée de l’Allier. La vallée de la Sénouire fait
partie de ce grand site au même titre des affluents plus en amont, qu’une stratégie d’inscription et de classement pourra prendre en compte.
GESTION ET DEVENIR : Un effort pourrait être porté sur une présence moins grossière et moins banalisante de la signalétique, notamment au niveau des parkings. Si l’entrée du bourg est très réussie, l’arrivée
dans la zone de parking, malgré les efforts menés et une volonté visiblement non ostentatoire, est beaucoup moins accueillante. Un travail subtil de lisière pourrait s’ajouter au travail déjà mené.
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Nom du site : Village et ses abords
Commune : Pradelles
Site visité le : 11 Juillet 2007
N° : 152
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1977
Critères d’inscription : Site pittoresque. Le dossier d’inscription est assez lapidaire sur les qualités du
site : « Le bourg de Pradelles présente un grand intérêt du point de vue des sites en raison du caractère
conservé par le quartier ancien sur un éperon rocheux dominant un immense panorama ». Ne reniant pas
l’intérêt du site, l’inspecteur général, devant la proposition de son inscription s’interroge cependant sur
l’existence d’un plan raisonné de protection des sites en Haute-Loire. Il demande donc d’établir la liste
des villages et des bourgs intéressants et de présenter ensuite des propositions de protection. L’inscription de Pradelles est cependant acceptée avant l’établissement de cette liste.
Stevenson a fait du lieu la description suivante : « Pradelles est situé au flanc d’un coteau dominant l’Allier, entouré d’opulentes prairies. On fauchait le regain de toutes parts, ce qui conférait au voisinage, ce
matin d’automne orageux, une odeur insolite de fenaison. Sur la rive opposée de l’Allier, le site continuant de s’élever pendant des milles à l’horizon, un paysage d’arrière-saison halé et jauni, marqué des
tâches noires des bois de pins et des routes blanches sinuant parmi les monts au-dessus de l’ensemble, les
nuages épandaient une ombre uniformément purpurine, triste et en quelque sorte menaçante, exagérant
hauteurs et distances et donnant plus de relief encore aux sinuosités de la grand-route. La perspective
était assez désolée mais stimulante pour un touriste. Car je me trouvais maintenant à la lisière du Velay
et tout ce que j’apercevais était situé dans une autre région – le Gévaudan sauvage, montagneux, inculte,
de fraîche date déboisé par crainte du loup. »
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : Accord du Conseil Municipal. Cependant,
une remarque de l’inspecteur général indique que « l’approbation du Conseil Municipal est passablement
ambiguë, puisqu’il demande que la permission de construire soit largement accordée ».
Une pression constructive semble à l’origine de l’inscription. Une remarque dans le dossier indique en
effet « qu’un lotissement récent et sans grand caractère architectural, situé à proximité immédiate du
bourg ancien, n’a pas été exclu du site. Le principe de ce lotissement avait d’ailleurs, semble-t-il recueilli
l’accord officieux du service des bâtiments de France. Il constitue cependant une alerte et ne rend la protection envisagée que plus indispensable sinon opportune ».
Délimitation : Large délimitation pour préserver les vues sur le bourg. La première proposition de périmètre qui intégrait non seulement le quartier ancien remarquable mais aussi les abords du village jusqu’à
une distance d’environ 600 mètres (rayon tracé à partir du clocher de l’église) a été critiquée par l’inspecteur général des sites mettant en avant le caractère désuet et peu pratique de cette manière
« théorique » de délimiter et expliquant que la « doctrine actuelle de l’administration est de suivre les
limites cadastrales ». Une proposition en fonction du cadastre est donc proposée et acceptée.
Superposition MH : Partiellement. Aucun Classement M.H. 13 édifices sont inscrits au titre des Monuments Historiques.
Superposition avec délimitations espaces naturels : ZNIEFF de type II (Devès)
Superficie : 162 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription : Des rénovations ont été faites dans le bourg. Beaucoup d’énergie semble avoir été fournie pour la mise en valeur du patrimoine. Une maison de retraite a
été construite près du cimetière. Une partie du cimetière a été rénovée récemment. La zone des remparts
a été aménagée en jardin de façon légère et intelligente… Certains des points de vue clés ont été aménagés sans excès.
117
Belvédère de la croix d’Ardenne
Vue panoramique depuis le jardin public
Vue panoramique depuis le cimetière
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Vue panoramique depuis le square des boulistes
Vue panoramique depuis la croix d’Ardenne
Potagers emmurés
Les jardins des habitantts
Vue panoramique
depuis l’église
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LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Le site est assez visité mais n’a
pas le même succès que d’autres en Haute-Loire. Un Bureau d’accueil permet aux visiteurs de s’orienter
et d’obtenir une feuille de renseignements historiques et un plan. Le Bureau d’Accueil est géré par l’Office de tourisme intercommunautaire des gorges de l’Allier. Le site est un des « plus beaux villages de
France ».
Un musée du cheval de trait et un parc de découverte sur les chevaux a été installé en limite du bourg :
« Cheval land ». Un parcours de vélo-rail sur 15 km a été ouvert au départ de la gare de Pradelles.
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : La qualité paysagère de
Pradelles ne réside pas dans ses anciennes constructions mais dans la complexité de son système de points
de vue. Du fait de sa situation en crête, le village présente de nombreux belvédères avec vision panoramique sur la plaine en direction de l’Allier. Les plus intéressants sont par exemple : la placette derrière l’église sur laquelle sont installées plusieurs générations de bancs ; les jardins en terrasses plus ou moins
désaffectées ; le cimetière en cours de rénovation ; la rue des Genêts en balcon ; le Jardin du calvaire sur
lequel a été installée une table d’orientation… Près du cimetière la petite place de boulistes avec son mur
est un point de vue intermédiaire à la limite du village qui permet de prendre déjà du recul par rapport à
celui-ci. Enfin le lieu de la croix d’Ardenne, que l’on peut rejoindre par un chemin qui permet aussi d’admirer le village, est à la fois un point de vue sur le panorama et un point de vue sur le village tout entier.
La vue sur le village depuis le rocher de Fagette, à l’opposé de la croix d’Ardenne et beaucoup plus éloigné, est celle qui permet d’apprécier le mieux la place du village dans le paysage.
Le passage de Stevenson à Pradelles est aussi une entrée sur l’appréciation du lieu.
Signalétique : Des plans de situation sont installés dans divers endroits du bourg.
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Certains habitants font des jardins d’agrément devant leurs maisons ou des jardins potagers dans les terrasses existantes en limite ouest du bourg.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Les terres agricoles autour du village et les haies qui soulignent les courbes de niveau et suivent les chemins ; 2. Les vaches dans les prés ;
3. Le rocher de la croix d’Ardenne ; 4. Le rocher de Fagette ; 5. La vue panoramique en direction de la
vallée de l’Allier ; 6. Le lac de Naussac ; 7. Les jardins en terrasses à enclos en friche ; 8. Les jardins potagers ; 9. Les systèmes de jardins devant les maisons dans le bourg ; 10. Les plantes spontanées recolonisant les ruines ; 11. La flore sauvage dans le village, notamment les orpins, lichens et sedums sur les
murs ; 12. Le jardin du calvaire ; 13. La fontaine de la Conche ; 14. Cheval land.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : La présence du végétal jardiné, couplée avec celle des plantes spontanées des ruines ou maisons abandonnées, donne au village une
ambiance sympathique et accueillante.
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Sans problème.
MODIFICATION DE STATUT : Une procédure de ZPPAUP serait intéressante dans ce cas.
GESTION ET DEVENIR : La mise en valeur du site passe par la réhabilitation, dans tous les sens du
terme, du système de points de vue décrit ci-dessus (modes d’appréciation).
Un projet ambitieux pourrait être une promenade en balcon en limite sud-ouest du bourg.
Il est nécessaire de protéger les haies le long des chemins et qui soulignent les courbes de niveau.
120
Nom du site : Hameaux des Maziaux et de Bigorre
Commune : Saint-Front
Site visité le : 18 Juillet 2007
N° : 231
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1977
Critères d’inscription et de classement : Site pittoresque. La principale raison de l’inscription repose
sur le fait que « les villages des Maziaux et de Bigorre figurent certainement parmi les rares villages de
chaume relativement conservés du Massif Central ». Mais ce qui l’a motivée définitivement, c’est le cadre magnifique des hameaux (« La situation du village, sur le versant d’un haut plateau face à un immense paysage, rend cet ensemble encore plus remarquable »). La description qu’en fait l’inspecteur général chargé des sites dans le dossier d’inscription en 1976 est éloquente : « Les villages de Maziaux et de
Bigorre sont littéralement au bout du monde. Situés à 1200 m. d’altitude, entre la montagne du Meygal et
le Mont Mézenc, ils ne sont sur le chemin de rien ni de personne. La route qui y mène, farcie de nids de
poules […], est un cul de sac de six kilomètres. […] Mais l’arrivée dans cet habitat de montagne est
extraordinaire. Les maisons ont l’air de n’avoir pas bougé depuis la fin du néolithique. […] Ces architectures rurales d’une authenticité absolue s’inscrivent dans un cadre grandiose. L’altitude de ce rocher des
Maziaux permet de découvrir dans tous les azimuts un ensemble de montagnes vraiment exceptionnel ».
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : Un premier projet avait été proposé en
1968, avec avis favorable du Conseil Municipal de Saint-Front « à condition que cela ne nuise en rien aux
constructions nouvelles faites d’après les plans d’architectes et l’obtention du permis de construire ».
Pour des « raisons techniques », le dossier n’a pas abouti. Le site a finalement été inscrit 9 ans plus tard.
Cependant, à la Commission Départementale des sites du 19 Juin 1975, le maire de Saint-Front indique
que son Conseil Municipal « émet certaines réserves quant au tracé du périmètre de protection et surtout
énonce des craintes au regard des sujétions qui seraient imposées aux exploitants pour la rénovation de
leurs bâtiments et pour les constructions à venir ». Il est question d’un jeune agriculteur de Bigorre qui
envisage d’implanter une bergerie dans le village et qui renoncera si les contraintes d’architecture sont
trop élevées car elles risquent de lui coûter cher. Il est alors affirmé que « l’inscription est faite non seulement pour contraindre les habitants mais aussi pour leur apporter une aide financière ». Le maire accepte
alors sous réserve qu’une aide technique et financière soit apportée au jeune agriculteur.
Délimitation : Une première délimitation avait été avancée en 1968 : un rayon de 800 m à partir de la
borne géodésique des Maziaux. Le nouveau projet de 1975 englobe les villages et leurs abords jusqu’à
une distance d’environ 200 à 250 mètres et suit les limites cadastrales.
Superposition MH : Ferme de Bigorre (Inv. M.H. : 1996)
Superposition avec délimitations espaces naturels : ZNIEFF de type II (zone du Mézenc)
Superficie : 46 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription : En 1975, le site ne semble pas en mauvais état, ni à
l’abandon : « Le plus étonnant, c’est que ces deux villages sont encore vivants. Ils furent certes plus florissants, et les maisons écroulées abondent, mais celles qui subsistent sont bien tenues. S’il y a des toits
de chaume qui s’en vont, d’autres sont neufs, preuve qu’on sait encore les traiter. Quelques maisons sont
couvertes en lauze… ». Aujourd’hui, l’endroit semble avoir bien changé, bien que toits de chaumes et de
lauzes sont toujours très présents. Des toits de tôles ou de tuiles ont fleuri, mais l’apparence des deux hameaux reste surprenante. Le site d’implantation est magnifique. Cependant, quelques faits choquent le
visiteur. Le site n’apparaît plus comme le bout du monde et a été rattrapé par l’univers citadin. De nombreuses rénovations des façades et l’apparition de jardins à espèces exotiques semblent indiquer la présence de nouveaux habitants, les « pseudo-ruraux » comme les nomme l’architecte des bâtiments de
France. Un immense parking terrain vague et un arsenal courant d’éléments périurbains visant à interdire
l’accès au village par les voitures accueillent le visiteur à l’entrée des Maziaux. Enfin, de nouvelles fonctions néo-rurales sont apparues comme l’écomusée par exemple. Les efforts et investissements qui ont
été faits sur les deux villages semblent avoir eu à la fois un effet positif (le maintien et le contrôle d’une
qualité architecturale traditionnelle) et un effet peut-être négatif (création d’une atmosphère urbaine dans
un lieu rural et autonome, il y a seulement trente ans). C’est l’effet paradoxal de la politique de protection. Mais personne ne peut dire ce que les hameaux seraient devenus sans leur protection.
121
Toits de tôles
Toits de chaumes
Toits de lauzes
122
Le belvédère peu accessible
Toits de tuiles
Entrée des Maziaux
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LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : La fréquentation est importante.
C’est notamment visible par la dimension du parking des Maziaux et l’aménagement de qualité du parking de l’écomusée de Bigorre.
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : L’arrivée par les Maziaux est la plus surprenante. Le mode d’appréciation du village est une promenade dans la rue quasi unique. Mais le plus intéressant est le panorama et les prairies qui entourent le lieu (expérience de la limite
du plateau du Mézenc). Deux points de vues sont exceptionnels mais ils sont relativement condamnés : le
point de vue depuis le parking de Bigorre (relativisé par la fonction de parking) et celui du point culminant du rocher de Maziaux inexploité et inaccessible.
Signalétique : La faible signalétique dans la rue principale ne nuit pas à la perception. Au contraire, la
signalétique de l’écomusée est abondante. Cependant, elle est peu claire lorsque l’on vient des Maziaux.
Au niveau du parking, le très visible panneau-plan de circulation est peu explicite et les panneaux indicateurs incitent souvent à la méprise.
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Ambiance privatisée.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Relief de bord de plateau du Mézenc ; 2. Panorama sur le massif du Meygal ; 3. Jardin potager de l’assemblée ; 4. Jardins de plantes exotiques de certaines maisons réhabilitées ; 5. Prairies ; 6. Pierres utilisées contre le stationnement ; 7. Pierres et chaumes des maisons ; 8. Vent et neige ; 9. Souvenir des bêtes au travers de l’architecture rurale ;
10. Plantations du parking de Bigorre ; 11. Pierre en forme de chien couché ; 12. Souvenir de la grotte...
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Le site est un exemple d’ambiguïté. Les visiteurs sont attirés vers le site et, une fois arrivés, repoussés sur ses limites et contenus
(« canalisés ») pour éviter qu’ils ne dérangent. Ils semblent tolérés.
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Sans problème.
MODIFICATION DE STATUT : Sans problème. « Ce site est un bon exemple des difficultés de gestion
des autorisations et des multiples infractions qui auraient pu être mieux gérées par l’instauration d’une
ZPPAUP en remplacement du site ; mais le conseil municipal après réflexion a préféré introduire dans le
PLU certaines règles » (Rapport du Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine de la
Haute-Loire, 2006).
GESTION ET DEVENIR : Permettre l’accès au point le plus haut du rocher des Maziaux pour retrouver
l’expérience de ceux qui se sont installés les premiers à cet endroit. Aménager, sans trop en faire, le belvédère.
Retirer les outils urbains d’interdiction trop évidents (les pierres le long de la route…) et aménager le
stationnement de façon plus raisonné pour éviter l’effet terrain vague comme à Arlempdes. Faire intervenir un paysagiste spécialiste des parkings de sites. C’est une vraie problématique ambiguë qui nécessite
réflexion et expériences.
Si cela était possible, éviter le développement des jardins périurbains avec essences exotiques, qui nient
littéralement le lieu magnifique dans lequel ils se trouvent. Principalement, celui qui marque l’entrée des
Maziaux. Il est plus une marque de privatisation du lieu que d’accueil.
Remplacer la signalétique surabondante au croisement de la D39 et de la petite route qui mène aux Maziaux par un signal simple mais efficace.
124
Nom du site : Maisons de chaume de Roche-Haute
Commune : Freycenet-la-Cuche
Site visité le : 13 Juillet 2007
N° : 99
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1976
Critères d’inscription : Site pittoresque. L’objet de l’inscription est la préservation d’un alignement de
maisons aux toits de chaume. Le dossier de proposition d’inscription est relativement court et appelle peu
de commentaires à l’époque. Voici les quelques phrases de description qu’il contient : « On sait combien
les maisons de chaume se raréfient partout. A cet égard, il existe encore, dans la partie supérieure de Roche-Haute, un alignement de maisons couvertes en chaume assez bien conservées, ce qui représente un
cas assez exceptionnel méritant d’être protégé ».
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : Avis favorable du Conseil Municipal de la
commune. Une remarque importante du dossier insiste sur la vocation d’aide qu’affiche, dans ces annéeslà, la politique des sites car elle revient dans plusieurs dossiers d’inscription : « Il parait tout à fait souhaitable d’encourager et de poursuivre l’effort accompli par les propriétaires actuels… ». L’Inspecteur Général des Monuments Historiques chargé des sites insiste « sur la nécessité de subventionner les réfections
indispensables qu’il faut recommander ; si nous ne le pouvions pas, notre protection n’aurait aucun sens
ici, et serait une dérision ». Il demande de plus la réalisation d’un inventaire des chaumières ou des ensembles de chaumières dans la région considérant qu’il y a certainement des ensembles de chaumières
plus intéressants en Auvergne.
Le deuxième objectif est « d’exercer un contrôle sur les projets éventuels de constructions nouvelles sur
les parcelles limitrophes », une certaine pression devant se faire sentir.
Délimitation : La délimitation est assez large et prend surtout en compte les terrains en montée qui forment l’arrière plan de la vue sur l’ensemble des chaumières jusqu’à la limite de la forêt.
Superposition MH : non
Superposition avec délimitations espaces naturels : ZNIEFF de type II (plateau du Mézenc), proximité
d’une poche pZSC (Directive Habitats)
Superficie : 4,02 ha
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription : 1975 : « L’ensemble des maisons de la RocheHaute dont la protection nous est proposée est parfaitement authentique, mais il est malheureusement
dans un triste état. Notre protection n’aura de sens que si nous pouvons, à brève échéance, donner aux
propriétaires les subventions indispensables pour refaire leurs toits à l’identique, sans quoi ou bien les
maisons disparaîtront, ou bien elles seront couvertes par des tôles ou par des tuiles mécaniques, comme
les autres maisons du village ».
Aujourd’hui, certaines sont en ruine, le reste est recouvert de tôles. Un hangar agricole a été construit.
Visiblement les subventions et encouragements se sont perdus. Bien que les tôles aient remplacé les chaumes, l’alignement de maisons ainsi que les ruines gardent un grand charme et reflètent une qualité architecturale domestique peu courante de nos jours dont le style schématique a été repris par les architectes
traditionalistes.
LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Sans objet
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : Une vue d’ensemble
intéressante depuis le bas du village, mais le meilleur mode d’appréciation est plus tactile. Il est perceptible lorsque l’on se trouve devant les maisons, au niveau de l’espace relativement privé ou relativement
public, non marqué, mais que l’on ressent fortement comme singulier aujourd’hui, entre la rue et la porte
d’entrée. La proximité quasi tactile avec les maisons permet, en outre, de sentir les différences d’échelles
des fenêtres, portes et autres éléments architecturaux par rapport aux standards actuels… Echappée visuelle sur la plaine au loin depuis le site.
Signalétique : Aucune
125
Les toits de tôles
126
Les maisons en ruine
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LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Habitat privé, quand la maison n’est pas en ruine. Occupation
agricole.
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Herbes spontanées, orties… ;
2. Enfrichement des maisons en ruine ; 3. Frênes taillés pour le bois de chauffe ; 4. Champs ; 5. Vue sur la
plaine dans le lointain ; 6. Lisière de la forêt de la roche du Bachat, en fond (réserve biologique de l’Office National des Forêts).
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Aucune
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Dans le cas où l’on ne désinscrit pas le site (voir plus bas), élargissement du site à une
zone d’habitation plus vaste, voir au site naturel du rocher contigu.
MODIFICATION DE STATUT : Deux positions peuvent être évoquées. La première consiste à abonder
dans le sens de l’inspecteur de 1975 et à constater l’échec de la politique des sites dans ce cas puisque les
toits de chaume ont disparu et que « sans subventions la protection est vaine ». Cela devrait donc engendrer la désinscription du site. Cependant, la deuxième consisterait à dire qu’il suffirait aussi que les aides
non advenues depuis le classement puissent l’être à partir de maintenant, s’il est déterminé que l’enjeu
reste important. Dans ce cas là, on pourrait aussi aller dans le sens du rapport du service départemental de
l’architecture et du patrimoine de la Haute-Loire qui regrette la limitation réduite du site et l’oubli de
« tout le reste du cadre bâti environnant qui était aussi converti en chaume dans le passé ». Ainsi, le périmètre devrait être élargi. Le rapport au rocher de Bachat peut être intégré dans la réflexion puisque cela
constitue encore un motif paysager de la Haute-Loire (relation entre une installation humaine et un rocher, une colline, une garde ou autre élément géologique protubérant).
Cette deuxième proposition permettrait de plus que le site puisse servir d’argument d’interposition à un
projet éventuel d’éolien qui ici serait très néfaste en termes paysagers.
GESTION ET DEVENIR : Selon le cas, subventionner et encourager les artisans qui entretiennent les
techniques de mise en oeuvre de toits de chaume tout en évitant la muséification qui a pu avoir court à
Bigorre par exemple.
Croquis A. Freytet, paysagiste conseil de la Diren Auvergne, 07.2007
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Nom du site : Château de Vachères et ses alentours
Commune : Présailles
Site visité le : 18 Juillet 2007
N° : 153
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1945
Critères d’inscription : « Ensemble urbain pittoresque ». La description du rapport d’inscription insiste
fortement sur le bâtiment lui-même et l’installation au XVIIIe d’une maîtresse de Louis XV, qui l’envoya
dans le Velay avec une dote et un château (le château de Vachères) pour se détacher d’elle. L’intérieur du
château a été, à l’époque, rénové et décoré par les tapissiers, menuisiers… de Versailles, ce qui lui
confère un grand intérêt selon le rapporteur. La seule phrase replaçant le château dans son site est la suivante : « Cette magnifique résidence se dresse au milieu d’un bouquet d’arbres, bâtie sur un petit mamelon ».
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : Aucune information
Délimitation : Le site englobe le château, son parc et ses fermes.
Superposition MH : Site entièrement couvert par le périmètre MH du château (Cl. M.H. 1958) + la croix
XVIè siècle monumentale est protégée ISMH depuis le 11 Juin 1930 (située près du parc du château).
Superposition avec délimitations espaces naturels : Hors limite de ZNIEFF de type II (plateau du Mézenc).
Superficie : 2,65 ha
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription : Le dossier de l’époque indique qu’il « faut veiller à
ne pas couper les arbres qui entourent le château de Vachères ». Il s’agit certainement des arbres de l’entrée sud qui existent encore et sont magnifiques. Ou alors de la terrasse sud, les photos de l’époque semblant indiquer la présence d’un arbre intéressant. Aujourd’hui, des arbres indigènes ont poussé sur cette
terrasse et l’effet est très positif. Le bois de résineux qui constituent le parc du château dans sa partie
nord-nord-ouest semble plus récent (si l’on se réfère à une image de la banque Mérimée). Il est exploité
pour le bois. La zone de l’entrée sud est plantée de très beaux chênes et de frênes. Des haies basses taillées en sous-bois bordent l’allée d’entrée.
LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Site privé, ne se visite pas, exploitation du bois de résineux.
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : Le château apparaît audessus du bois de son parc depuis la petite route au nord menant au lieu-dit La Cistrouze. La promenade
dans le parc est le meilleur moyen d’en apprécier la grande qualité des différentes ambiances. Si la visite
de l’intérieur du château était possible, le contraste des décorations avec la région « dure et pauvre » alentour serait frappant. L’arrivée au sud sur la route venant du lieu-dit Genève permet d’apprécier les tours et
la terrasse du château dans un cadre champêtre.
Signalétique : Aucune
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Vue sur le château et son bois côté nord
Entrée Nord, dans le bois de conifères
Alignement de maisons du village
Prairies humides à l’est
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Entrée Sud
Grands chênes de l’ntrée sud
Dans la fontaine du village...
Mur ouest
Toit de chaume dans le village
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LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Site privé
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : Différentes ambiances fortes liées à la
présence claire des éléments naturels dans le parc : 1. Le bois sombre d’épicéas ou autres conifères ; 2. Le
mur de limite du bois recouvert de mousses, lichen et orpins le long de la route ; 3. La prairie humide au
sud dans une légère dépression ; 4. Le petit cours d’eau qui rend la prairie humide ; 5. Les arbres sur la
terrasse du château ; 6. Les ruines du « bassin » au centre de la prairie ; 7. La zone de grands chênes encadrant un petit pré au sud ; 8. Les frênes répandus un peu partout dans la partie sud du parc ; 9. L’allée
d’arbres menant au château par l’entrée sud, bordée d’une haie basse taillée ; 10. La végétation de sousbois de cette même zone
Hors parc du château : 11. Les champs alentours ; 12. Le chaume de la chaumière ; 13. La fontaine sur la
place du village avec ses poissons rouges ; 14. Les vaches dans les prés ; 15. Le reste de double alignement sur la route qui vient de Genève.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Aucune
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Si le périmètre englobe déjà le château, son jardin et ses fermes, « un ensemble historique
cohérent » comme l’écrit le Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine, il oublie la relation
que tout château pouvait avoir avec le village. D’autant qu’à Vachères, son organisation est de grande
qualité urbanistique et d’un grand intérêt (série de fermes-bloc attenantes devant la place triangulaire, face
au château, village rue). La présence d’un toit de chaume rappelle aussi la proximité de la zone du Mézenc et des autres sites inscrits pour cette raison. Le périmètre pourrait donc être élargi à l’ensemble du
village.
MODIFICATION DE STATUT : S’il est attesté que le site est un site de qualité exemplaire, non seulement historique mais aujourd’hui aussi, comme un ensemble d’éléments semblent le montrer
(organisation du village, présence d’un toit de chaume, qualité des ambiances du parc et de sa facture,
qualité intérieure et histoire du château, rapport du château au milieu dur de cette région reculée de la
Haute-Loire…), le site devrait être classé avec élargissement du périmètre comme indiqué ci-dessus.
GESTION ET DEVENIR : Le parc est considéré comme sans intérêt historique par l’inventaire mené par
la DRAC en Haute-Loire. Car il ne répond à aucun des critères utilisés pour cette évaluation des jardins
historiques. On peut quand même se demander si les investigations ont été suffisamment poussées. Si l’on
partait d’un principe qui consiste à dire que la qualité d’un jardin historique est peut-être à chercher dans
sa capacité à évoluer et à générer de nouvelles ambiances sur des bases anciennes, le jardin du château de
Vachères remplit clairement cette qualité : ce qui est peut-être troublant pour évaluer ce parc est justement un élément de très grande qualité qui peut être aujourd’hui relativement exemplaire quant à une manière de faire un jardin : la présence essentiellement d’espèces indigènes (chênes, frênes, prairie humide,
plantes de sous-bois…) ou d’espèces d’exploitation (bois de conifères de l’entrée). Le milieu naturel semble avoir reconquis ces espaces tout en étant plus ou moins contrôlé par l’activité humaine. Ce qui fait la
qualité de ce parc, c’est la relation ambiguë qu’il entretient avec le milieu environnant. On peut se demander à quel point, sans avoir réellement des intentions de ce genre, le jardin qui devait exister à l’époque de
l’installation de la maîtresse de Louis XV n’était pas déjà soumis à la pression du milieu, à la rudesse du
climat du plateau du Mézenc. Un réseau de sites et jardins exprimant ce rapport doit être exploité car il
reflète une problématique très contemporaine.
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Nom des sites : (1) Vallat de Lamothe + (2) Château féodal et ses abords + (3) Grande Rue avec les
maisons qui la bordent + (4) Théron et ses abords + (5) Couvent et ses abords
Commune : Lamothe
Sites visités le : 17 Août 2007
N° : (1) 111 + (2) 107 + (3) 109 + (4) 110 + (5) 108
DONNEES DE CLASSEMENT
Année d’inscription : 1943
Critères d’inscription : Sites pittoresques.
(1) « Le mot Vallat vient de Vallatus, participe passé de palissades, d’enceintes, retrancher. On trouve en
Auvergne quelques Vallats (à Saint Nectaire et Blesle). Le Vallat de Lamothe est parmi les plus caractéristiques ».
(2) « Vu de très loin […] ce site étonne car il semble venu tout droit du Moyen-âge. C’est pourquoi il doit
être préservé. » « Le château de Lamothe forme un ensemble curieux. Cet énorme édifice, visible de très
loin […]. »
(3) Ce ne sont pas des maisons de gens élevés socialement mais d’artisans ruraux. Elles datent du XIVe et
XVe siècle, sont « en torchis avec étage surplombant ». « C’est une rue du Moyen-âge subsistant dans ce
petit bourg enserré dans son vallat, autour du château. Une quinzaine de maisons ont conservé leurs éventaires et leur taule ». Autrefois, Lamothe était un centre d’artisans qui travaillaient pour fournir les populations rurales.
(4) « Sis au lieu-dit du faubourg, en bas de la grande rue de Lamothe, le Théron qui est l’une des ouvertures de la dernière enceinte de contrebas présente un arrangement intéressant […] L’une des tours est
transformée en chapelle à Notre-Dame de Bonne rencontre. »
(5) « Le couvent fut reconstruit au XVIIe siècle. Il en a gardé l’aspect. Il se dresse sur une éminence, en
face de l’énorme bâtiment de l’ancien château. Le ravin était entre eux. »
Contexte social de l’inscription (désaccords, pressions…) : La raison de cette inscription est exprimée
en termes simples : « Cet ensemble peu connu est menacé par un plan d’embellissement. On voudrait
tracer dans ce village ceinturé de son vallat des rues droites qui feraient disparaître les vieilles maisons,
témoins de la vie d’autrefois ».
Délimitation : Les périmètres, très ponctuels, sont relatifs aux bâtiments ou constructions en jeu.
Superposition MH : Château (Inv. M.H. : 1988).
Superposition avec délimitations espaces naturels : non
Superficie : 1,86 ha.
ETAT DES LIEUX
Etat du site par rapport à l’époque d’inscription : Déjà, à l’époque de l’inscription, l’état n’était pas
très bon. En ce qui concerne le château, par exemple, voici ce qui était dit : « Etat lamentable. Faute
d’entretien, la partie nord surplombant l’abrupt s’est effondrée ».
Le bilan des sites protégés en Haute-Loire du SDAP en 2001 indique que « la double protection (sites
inscrits et abords MH) n’a pas empêché la disparition de maisons médiévales à pans de bois et le traitement des espaces publics au moyen de pavés autobloquants en béton. Les travaux sont souvent réalisés
sans solliciter l’avis conforme de l’ABF ».
De nombreux bâtiments ou maisons ont été rénovés, mais il en reste encore un bon nombre en mauvais
état et les aménagements des espaces publics du bourg ne sont pas vraiment de grande qualité. Ils vont
même parfois dans un sens antagoniste à la qualité du site (par exemple, la haie opaque près de l’église
qui atténue l’effet de plateau belvédère central sur laquelle elle est construite). La plupart des bâtiments
concernés sont en partie ou totalement privatisés.
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Belvédère de l’église
L’église et son socle
dans les années 40
Haie de thujas sur l’arête du socle de l’église
Reconquète végétale dans la pente
Vue du prieuré depuis l’église
Vue du théron
depuis l’église
1928 : rue du château
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Vue depuis l’église vers le sud : Brioude
Vue depuis l’église vers le sud ouest
Château :
propriété privée
Vallat
2007 : rue du château
Promenade autour du château :
végétation spontanée
Route de Brioude
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LOGIQUES EXTERNES D’EXPLOITATION TOURISTIQUE
Fréquentation, exploitation du site, gestion administrative actuelle : Une association tente de faire
vivre et mettre en valeur le patrimoine du village, notamment en faisant des visites guidées.
Modes d’appréciation (points de vue, parcours, panorama, restauration…) : Promenade dans la
grande rue et dans le bourg. Un point de vue sur la plaine de Brioude depuis le promontoire belvédère de
l’église. Un point de vue sur la masse du château depuis la D164 au Nord ouest.
Signalétique : Peu.
LOGIQUES INTERNES
Occupation du site par les habitants : Le rapport entre le privé et le public est ambigu. La plupart des
bâtiments qui font l’objet des inscriptions sont privés : Théron, couvent, partie de château, façades de la
grande rue…
Présence du vivant / formes de présence des éléments naturels : 1. Les plantes vagabondes sur le nouveau chemin faisant le tour du château ; 2. Les deux promontoires avançant sur la plaine de Brioude qui
embrassent le bourg et le promontoire central sur lequel est placée l’église ; 3. La vue sur la plaine de
Brioude depuis le belvédère de l’église ; 4. Les alignements de platane le long de la route menant à Lamothe et venant de Brioude ; 5. La haie de thuyas sur le belvédère promontoire de l’église ; 6. Les
« aménagements paysagers » de parking et de l’escalier menant au Vallat.
Relation entre les logiques internes d’occupation et l’intérêt commun : Aucune
PROPOSITIONS
PERIMETRE : Les périmètres sont localisés sur quelques points quand un grand périmètre intégrant l’ensemble du bourg et les deux promontoires l’encadrant aurait dû être tracé à l’époque. Car c’est l’implantation et le développement médiéval du bourg qui aurait pu faire l’objet d’une protection au titre des sites.
MODIFICATION DE STATUT : Comme le souligne l’architecte des bâtiments de France, les
« protections sont inadaptées pour protéger du bâti, et recouvrent le périmètre de protection du château. A
désinscrire car le site est désuet en ce qui concerne la politique des sites. Une ZPPAUP serait le meilleur
moyen de faire évoluer le bourg sans trop le défigurer mais, malgré la qualité de certains bâtiments et leur
intérêt historique, il est peut-être déjà trop tard. Il faudrait protéger les bâtiments au titre des monuments
historiques ».
GESTION ET DEVENIR : Il est nécessaire que les élus modifient leur point de vue sur les outils de la
politique de protection. Ils doivent s’en servir comme des outils leur permettant d’orienter une exploitation touristique du site par la fabrication d’une image de qualité.
Il faut en outre porter une attention très particulière à l’ensemble des platanes, bordant la roue qui mène à
Lamothe. De tels témoignages végétaux demeurent aujourd’hui très rares. Ils participent d’une mise en
scène très efficace de l’approche du site. Cet alignement mérite certainement une protection.
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Réalisation
Cyrille Marlin
Architecte - paysagiste DPLG
2 rue du pasteur Cadier
64000 Pau
Tel. 05 24 98 32 04
[email protected]
Alexis Pernet
Plasticien - paysagiste DPLG
Entremont
43100 St-Laurent-Chabreuges
Tel. 04 71 74 61 22
[email protected]
Juliette Tilliard-Blondel
Chargée de mission sites et paysages
DIREN Auvergne
65 bd François Mitterand
BP 163 - 63004
Clermont-Ferrand Cedex 1
Tel. 04 73 17 37 62
Observatoire Photographique des Territoires
du Massif central
27 rue Carnot
63160 Billom
Tel. 04 73 68 30 14
[email protected]
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