
Neurostimulation 1119
Des stimulations directes du nerf pudendal ont été rap-
portées par Peters et al. [17] pour la prise en charge de
84 patients ayant des symptômes urinaires réfractaires : syn-
drome douloureux pelvien chronique/cystite interstitielle
(n= 42), incontinence par urgenturie (n= 26), rétention
chronique non-obstructive (n= 13) et syndrome vessie dou-
loureuse sans cystite interstitielle (n= 2). Il est important
de noter que 93 % de ces patients étaient en échec
d’une stimulation sacrée alors qu’ils ont répondu à la
stimulation pudendale. Une réponse positive avec amé-
lioration supérieure à 50 % a été observée dans 71,4 %
des cas. L’amélioration a été significative sur la pol-
lakiurie (p< 0,0001), le volume mictionnel (p< 0,0001),
l’incontinence (p< 0,0001) et l’urgenturie (p< 0,0001),
l’amélioration du score Interstitial Cystitis Symptom Index
and Problem Indices (ICSI-PI) (p< 0,0001) mais pas sur la
douleur évaluée par le score EVA (p=0,1336). La stimula-
tion direct du nerf pudendal semble donc intéressante encas
d’échec de la stimulation sacrée mais sa place reste encore
à définir. Cependant, les mêmes auteurs ont mis en évidence
dans les troubles fonctionnels urinaires une meilleure effi-
cacité de la stimulation tronculaire pudendal par rapport à
la stimulation radiculaire sacrée [18].
Neuromodulation tronculaire
Peu d’étude existe sur ce principe de stimulation direct d’un
nerf. Possover et al. [45] ont décrit une technique chez sept
patients ayant des douleurs pelviennes réfractaires de pose
directe par voie laparoscopique (LION) d’une électrode sur
un nerf somatique (majoritairement le nerf pudendal) avec
des résultats encourageants. De même, Groen et al.[46] ont
décrit une technique de stimulation direct du nerf puden-
dal avec un mini-neurostimulateur (BION) positionné sur le
nerf pudendal dans le canal d’Alcock pour le traitement de
l’hyperactivité vésicale.
Neuromodulation radiculaire sacrée
La neuromodulation des racines sacrées est un traitement
validé pour la rétention d’urine non-obstructive, la pollakiu-
rie, l’incontinence urinaire par hyperactivité vésicales. Elle
a débuté dans les années 1980 avec les travaux de Schmidt
et Tanagho [19] et est reconnue en France depuis 1994 avec
le marquage CE. Son mode d’action précis reste encore
assez mal connu. Le principe de la neuromodulation sacrée
consiste à mettre une électrode par voie percutanée, sous
contrôle radioscopique, sur la racine nerveuse, le plus sou-
vent S3, afin de créer une stimulation du tronc commun
pour recruter les afférences sensitives en créant ainsi un
équivalent de «gate control ». L’électrode est positionnée
de manière temporaire avec un boîtier externe. L’efficacité
du test est jugée ensuite en fonction des paramètres mic-
tionnels et/ou douloureux. Si la période test montre une
amélioration de la symptomatologie supérieure à 50 %, une
implantation définitive du neuromodulateur (boîtier défini-
tif) sous la peau est réalisée.
Beaucoup d’études ont rapporté l’efficacité de la neu-
romodulation des racines sacrées pour le traitement de
l’incontinence urinaire ou fécale ou pour des troubles
mictionnels, en revanche les études évaluant la neuromo-
dulation dans la prise en charge des douleurs chroniques
sont plus rares. De plus les problèmes pour l’évaluation de
ces études sont une grande discordance dans les critères de
sélections et les critères de jugement.
La durée de la phase test est classiquement de quatre à
sept jours pour le neuromodulation avant d’envisager une
implantation définitive. Cependant, on sait que pour la dou-
leur chronique ce laps de temps peut être insuffisant. Kessler
et al. [20] ont réalisé une étude prospective sur 44 patients,
ayant des troubles fonctionnels urinaires ou des douleurs,
avec des phases de test d’au moins 14 jours afin d’avoir une
meilleure évaluation. La durée moyenne de la phase test a
été de 30 jours (allant de 21 à 36 jours). Trente-deux patients
(73 %) ont eu une phase test positive avec une amélioration
des symptômes dont 31 (soit 97 % des patients répondeurs)
ont eu une implantation définitive du boitier. Le suivi moyen
a été de 31 mois, avec 5 % de complications durant la phase
test et 16 % durant le suivi. Aucune des complications n’a
été en rapport avec la prolongation de la phase test.
De même, le plus souvent, la neuromodulation est réa-
lisée à l’aide d’une électrode stimulant une seule racine
nerveuse. Pham et al. [21] ont comparé les résultats en
fonction d’une stimulation unilatérale ou bilatérale dans
le traitement des troubles urinaires réfractaires. Ils ont
revu de manière rétrospective 124 patients ayant eu une
neuromodulation : 55 patients (44 %) ont eu une stimulation
unilatérale et 69 (56 %) une stimulation bilatérale. Le taux
de succès de la neuromodulation a été de 58 % dans le groupe
unilatérale versus 76 % dans le groupe bilatérale (p= 0,03).
Il n’y a pas eu de différence en termes de complication en
particulier infectieuse entre les deux groupes (3,6 % dans le
groupe unilatérale versus 4,3 % dans le groupe bilatéral). Il
est également à noter que Zabihi et al. [22] ont fait des sti-
mulations caudales bilatérales de S2 à S4 avec des excellents
résultats (taux de succès de 77 %) même si pas compara-
tif avec des stimulations unilatérales. De même Feler et al.
[23] ont traité 40 patients avec un positionnement antégrade
d’une électrode quadripolaire soit en S2 soit en S3-S4. Ils ont
obtenu une amélioration des symptômes douloureux dans
55 % des cas.
Maher et al. [24] ont évalué les premiers de manière
prospective l’efficacité de la stimulation sacrée chez
15 patientes présentant une cystite interstitielle en échec
de traitement standard. Ils ont observé de manière signifi-
cative une amélioration du volume mictionnel (p< 0,0001),
de la fréquence mictionnelle diurne (p= 0,012), de la nyc-
turie (p= 0,007) et des douleurs vésicales (p< 0,001). Une
implantation permanente a été réalisée dans 73 % des
cas.
Siegel et al. [25] ont réalisé chez dix patients une neuro-
modulation sacré pour des douleurs pelviennes chroniques
réfractaires. Neuf patients (soit 90 %) ont eu une diminu-
tion des douleurs en termes de sévérité, de fréquence et
d’intensité. Avec un recul moyen de 19 mois, six patients
(soit 60 %) ont noté une amélioration significative des dou-
leurs pelviennes.
Everaert et al. [26] ont rapporté une série de
111 patients pris en charge pour des douleurs pelviennes
chroniques. Un test de neuromodulation a été réalisé
dans 26 cas du fait d’un échec aux traitements stan-
dards. Le test a été efficace dans 16 cas (61,5 %) mais
seulement 11 ont eu une implantation d’un boîtier défi-
nitif. Avec un recul de 32 mois, neuf des 11 patients