cultivés en conditions contrôlées et souvent sur de très brèves périodes (quelques mois à peine), on
observe généralement une augmentation de l'assimilation de CO2 (photosynthèse nette). Les résultats
obtenus sur différentes espèces forestières font aussi ressortir une augmentation de 46 % de la croissance
en biomasse avec un doublement de la concentration en CO2, mais on ne sait pas cependant si ce
phénomène continue à exister à long terme. Par contre les études dendroécologiques nous montrent que
la croissance radiale des arbres forestiers a augmenté depuis une centaine d'années sans qu'il soit pour
l'instant possible d'en déterminer précisément les causes (augmentation de température, augmentation du
gaz carbonique, augmentation des retombées azotées).
Le fait que chez beaucoup d'espèces, on observe une diminution de l'ouverture des stomates en
conséquence de l'augmentation de concentration en CO2 de l'air, a souvent été considéré comme un
facteur de réduction de l'évapotranspiration des peuplements forestiers ; en fait rien n'est moins sûr dans
la mesure où il convient aussi de prendre en considération l'importance des surfaces foliaires (index
foliaire) qui pourraient être augmentées, il pourrait alors en résulter un accroissement de
l'évapotranspiration au niveau global des peuplements. Par ailleurs toutes les espèces ne présentent pas
un réduction de l'ouverture des stomates, c'est le cas du hêtre, du bouleau et de l'épicéa de Sitka. A cet
égard, il semble que le mode de contrôle : évitement ou tolérance des pertes transpiratoires par les
espèces soit de nature à expliquer le type de réponse à l'augmentation de concentration en CO2. En
conclusion, dans l'état actuel des connaissances, il n'est pas possible de considérer le CO2 comme un
antitranspirant, lorsqu'on considère d'une part la variabilité des réponses des différentes espèces et d'autre
part quand on se place à l'échelle globale des peuplements .
En dehors des effets au niveau des échanges gazeux, l'augmentation de concentration en CO2 pourrait
avoir des effets variés : modification de l'importance et de la quantité de la biomasse forestière produite,
modification des relations arbres/insectes et arbres/champignons ravageurs, modification des processus
de floraison, de fructification et de régénération des peuplements. Lorsque l'on sait que la capacité de
croissance végétative et reproductrice d'un arbre dépend de la disponibilité en assimilats mais aussi de la
structuration spatio-temporelle (phénomènes de morphogenèse) des organes (vitesse d'apparition,
nombre, masse, disposition dans l'espace, sénescence) remplissant ces fonctions, on comprend que la
prévision des effets de l'augmentation du gaz carbonique est difficile et nécessite encore des recherches.
Essai de synthèse sur les possibles changements pouvant intervenir au cours du siècle prochain et
conséquences pour la sylviculture
Sur la base des indications des simulations climatiques et de la connaissance de l'écophysiologie des
principales essences forestières on pourrait s'attendre pour 2060 à :
une certaine possibilité d'extension vers la moitié nord de la France de certaines espèces : pin
maritime, pin d'Alep, chêne pubescent, chêne vert actuellement limitées au sud par les minima
thermiques hivernaux, mais capables de supporter des déficits hydriques importants. Inversement ces
espèces pourraient rencontrer des difficultés dans leurs zones actuelles en liaison avec l'augmentation des
déficits hydriques : le pin maritime en Aquitaine pourrait être affecté par une augmentation de la
sécheresse dans les sites à nappes perchées ou phréatiques déjà actuellement profondes, dans les régions
du midi méditerranéen le chêne pubescent et le chêne vert malgré leur grande résistance à la sécheresse
pourraient être aussi touchés à basse altitude et disparaître de certaines zones sur les sols particulièrement
squelettiques ;
une augmentation des contraintes hydriques pour les grandes essences sociales tant feuillues (chênes,
hêtre) que résineuses (épicéa, sapin pectiné, douglas) qui constituent la base des forêts de la moitié nord
de la France, contraintes hydriques de nature à mettre en cause leur niveau de production et même leur
existence. En particulier le hêtre pourrait être concerné, sur les sols superficiels à faible réserve hydrique,
par des dépérissements importants. Par contre en ce qui concerne le chêne sessile, les premiers résultats
obtenus font apparaître une réduction sensible de la transpiration avec l'augmentation de la teneur en
CO2.
Dans ce nouveau contexte écologique des espèces comme les cèdres et les sapins méditerranéens