2012 : plutôt favorable pour la santé de nos
forêts
Environnement - Décembre 2012
Compte tenu de la faible pluviométrie de l?hiver dernier, l?année 2012 s?annonçait sous de mauvais augures
pour nos forêts. Mais, en définitive, les conditions météorologiques de la saison de végétation en Pays de
la Loire ont été globale- ment propices au bon développement des arbres. Toutefois le changement
climatique annoncé doit conduire à essayer de l?anticiper au mieux en intégrant cette contrainte dans
l?appréciation des interventions à pratiquer dans sa forêt.
Un début d?année sec suivi d?une période estivale favorable
L?année de végétation 2012 a débuté avec de maigres réserves en eau dans les sols, un hiver alternant le
chaud et le froid et un mois de mars exceptionnellement sec. Le démarrage de la végétation en a été
contrarié aboutissant à une dynamique de croissance irrégulière des feuillages. Cela s?est traduit, en début de
saison, par un aspect relativement clair des houppiers, en particulier chez les chênes. Cette situation s?est
souvent maintenue jusqu?au milieu de l?été, ce qui a suscité quelques inquiétudes chez les forestiers.
Heureusement pour le bien-être des arbres, mais au grand dam des vacanciers ligériens, la suite de la saison,
et particulièrement l?été, s?est caractérisée par des températures modérées, (une seule semaine de chaleur
marquée), et de faibles pluies fréquentes et régulières qui ont permis d?atteindre des cumuls parfois du
double de la normale.
Ainsi, les croissances ont été généralement satisfaisantes. Il a même été constaté la reconstitution de
houppiers, notamment de chênes pédonculés, fortement mis à mal depuis la canicule de 2003, les faibles
précipitations de ces trois dernières années, n'ayant pas rendu possible une refoliation satisfaisante.
Courant octobre les averses soutenues permettent d?espérer la recharge des réserves en eau des sols en
profondeur qui nous faisait défaut depuis longtemps.
L?importance du sol pour assurer un approvisionnement régulier en eau aux arbres
Si les forestiers subissent les conditions météorologiques et en constatent les effets, l?observation du
comportement des essences est une source essentielle d?enseignements pour installer ou favoriser les arbres
sur les terrains, et sous le climat, qui pourront répondre à leurs besoins futurs. Dans cette optique, la capacité
du réservoir d?eau que constitue le sol est une don- née essentielle pour les arbres. Chaque espèce ayant ses
besoins propres, au forestier de vérifier que la capacité de stockage est suffisante pour le bon développement
de l?essence choisie.
Des différences notables ont ainsi été observées cette année sur des peupliers pourtant installés en
situation apparemment favorable. Les parties de parcelle un peu trop éloignées de l?eau apportée par la
nappe de la rivière voient leur croissance régulièrement pénalisée lorsque la pluviométrie n?apporte pas le
complément nécessaire. Affaiblis, ces peupliers sont d'autant plus sensibles à la rouille (champignon qui
noircit les feuilles et provoque leur chute précoce) ce qui accentue encore leur fragilité. Au bout du compte,
leur croissance se ré- duit de plus d?1/3 par rapport aux autres et des mortalités commencent à apparaître sur
cette partie.
Le forestier doit maintenir en bon état son "réservoir sol", en évitant les tassements au moment des
exploitations. Un sol compacté, réduit la capacité de stockage et nuit au bon fonctionnement des racines.
Cela fragilise le peuplement et le rend plus sensible aux maladies. Ainsi, par exemple, sur le châtaignier et le
chêne rouge d?Amérique, des mortalités dues au champignon de l?encre sont très souvent liées à des sols
compactés lors des exploitations.
Mettre en ?uvre des opérations sylvicoles adaptées
Au-delà des contraintes liées à l?adaptation des essences au sol et au climat, la saison 2012 n?a pas posé de
problèmes sanitaires particuliers. Seuls, la maladie des bandes rouges sur les aiguilles de pin laricio et, dans
une moindre mesure, l?oïdium sur feuille de chêne ont parfois pénalisé la croissance des arbres atteints.
La progression vers le nord de certains insectes parasites comme le bupreste sur chêne ou la chenille
processionnaire sur les pins, témoignages du réchauffement climatique, se poursuit. De nouvelles espèces
exotiques ravageuses (capricorne asiatique sur feuillus à bois tendres, cynips sur châtaignier, chalarose sur le
frêne par exemple) inconnues jusqu?il y a peu apparaissent aussi.
Les propriétaires forestiers et leurs gestionnaires ne sont pas totalement impuissants face à ces difficultés. Le
moyen le plus immédiatement efficace est de mettre les peuplements en situation de pouvoir résister le
mieux possible. Le passage régulier en coupe d?éclaircie réduit la compétition entre les arbres et renforce la
vitalité de ceux qui sont conservés.
Pour les peuplements âgés, trop denses, les solutions sont réduites. Ils sont les plus sensibles aux extrêmes
climatiques et aux attaques des parasites. De plus, le risque de les voir dépérir ou être renversés augmente
notablement avec l?âge. Le renouvellement de ces peuplements mûrs est un bon moyen pour éviter d?avoir à
agir sous la contrainte des évènements. C'est aussi l'occasion de bien vérifier la bonne adaptation à long
terme de l?essence en fonction de l?évolution annoncée du climat.
2012 : une saison de végétation salutaire
Le printemps et l?été pluvieux et frais ont permis d?éviter des dégâts de sécheresse qui auraient pu être
très importants compte tenu de l?absence d?eau dans les sols à la sortie de l?hiver. Cette alerte doit nous
conforter dans la nécessité de mettre nos forêts en situation de mieux pouvoir résister à ces aléas en
dynamisant la conduite des peuplements et en planifiant le renouvellement de ceux qui sont âgés avant qu?ils
ne le deviennent trop et de ce fait, davantage vulnérables.
Bruno Longa
Technicien CRPF
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