L`anorexie mentale chez les adolescents et les jeunes adultes de

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Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
514–520
Revue
de
littérature
L’anorexie
mentale
chez
les
adolescents
et
les
jeunes
adultes
de
sexe
masculin
:
recension
des
écrits
Anorexia
nervosa
in
male
teenagers
and
young
adults:
Review
of
literature
L.
Corbeil-Serre,
D.
Meilleur
,
M.-È.
Turgeon
Laboratoire
des
troubles
de
la
conduite
alimentaire,
département
de
psychologie,
université
de
Montréal,
CP
6128
succursale
centre-ville
pavillon
Marie-Victorin,
H3C3J7
Montréal,
Québec,
Canada
Résumé
L’anorexie
mentale
a
été
la
cible
de
nombreux
efforts
en
recherche.
Ces
derniers
se
sont
cependant
principalement
concentrés
sur
l’étude
de
femmes.
Les
écrits
portant
sur
les
garc¸ons
atteints
d’anorexie
mentale
étant
actuellement
émergents,
la
présente
recension
des
écrits
propose
une
mise
en
commun
des
connaissances
concernant
cette
population
pouvant
être
dégagées
des
recherches
publiées
sur
une
période
de
15
ans.
Les
variables
spécifiquement
ciblées
sont
la
présentation
clinique,
les
conditions
préalables
au
trouble,
les
caractéristiques
de
la
personnalité,
l’orientation
et
l’activité
sexuelles,
l’identité
de
genre
et
les
troubles
comorbides.
La
mise
en
commun
et
les
comparaisons
des
résultats
des
24
études
constituant
la
recension
permettent
d’appuyer
des
constats
émis
par
des
recherches
antérieures
et
de
dégager
certaines
tendances,
dont
celle
qu’il
semble
exister
des
similarités
entre
la
symptomatologie
comportementale
des
garc¸ons
et
des
filles.
La
recension
résume
les
connaissances
actuelles
sur
les
différents
thèmes
à
l’étude
concernant
l’anorexie
masculine
et
souligne
la
pluralité
et
l’hétérogénéité
des
méthodes
de
recherche
tout
en
dégageant
des
aspects
spécifiques
des
recherches
supplémentaires
sont
nécessaires.
©
2014
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
Mots
clés
:
Anorexie
;
Garc¸ons
;
Tableau
clinique
;
Conditions
préalables
;
Personnalité
;
Orientation
sexuelle
;
Activité
sexuelle
;
Identité
de
genre
;
Troubles
comorbides
Abstract
Anorexia
nervosa
has
been
the
target
of
many
research
efforts.
However,
the
latest
studies,
are
mainly
focused
on
female
subjects.
The
literature
on
males
with
anorexia
nervosa
is
currently
emerging.
This
review
of
literature
suggests
pooling
knowledge
about
male
anorexia
nervosa
that
can
be
extracted
from
the
literature
over
a
period
of
15
years.
The
variables
that
are
specifically
targeted
are
clinical
presentation,
premorbid
conditions,
personality
characteristics,
sexual
orientation
and
activity,
gender
identity
and
comorbid
troubles.
The
comparison
and
the
pooling
of
the
results
of
24
studies
forming
the
review
allow
us,
in
some
cases,
to
support
observations
made
by
previous
research
and
to
identify
certain
trends.
Among
other
things,
there
appears
to
be
similarities
between
the
behavioral
symptoms
of
boys
and
girls.
The
review
gives
a
summary
of
the
current
knowledge
on
the
various
themes
of
the
study
concerning
male
anorexia
and
emphasizes
the
plurality
and
heterogeneity
of
research
methods
identifying
some
areas
where
further
research
is
needed.
©
2014
Elsevier
Masson
SAS.
All
rights
reserved.
Keywords:
Anorexia;
Males;
Clinical
presentation;
Premorbid
conditions;
Personality;
Sexual
orientation;
Sexual
activity;
Gender
identity;
Comorbidity
Auteur
correspondant.
Adresses
e-mail
:
(L.
Corbeil-Serre),
(D.
Meilleur).
1.
Introduction
L’anorexie
mentale
(AM)
a
suscité
beaucoup
d’intérêt
dans
les
écrits
scientifiques
[1].
La
majorité
des
connaissances
acquises
à
ce
jour
proviennent
d’études
réalisées
auprès
de
http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2014.07.005
0222-9617/©
2014
Elsevier
Masson
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Tous
droits
réservés.
L.
Corbeil-Serre
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
514–520
515
femmes
[2].
Certaines
études
sur
les
garc¸ons
atteints
de
troubles
de
la
conduite
alimentaire
(TCA),
dont
l’AM,
ont
été
effec-
tuées
;
leur
nombre
demeure
cependant
restreint
et
la
qualité
méthodologique
de
plusieurs
est
critiquée
[3].
La
connaissance
de
l’AM
chez
les
garc¸ons
reste
donc
limitée
et
les
résultats
de
recherches
divergent
sur
plusieurs
aspects.
Cet
article
vise
à
faire
le
point
sur
les
connaissances
actuelles
sur
le
sujet
dans
le
but
d’informer
les
cliniciens
et
chercheurs
qui
s’intéressent
aux
garc¸ons
atteints
d’AM
et
d’orienter
les
recherches
futures
dans
le
domaine.
2.
Contexte
théorique
Selon
le
Manuel
statistique
diagnostique
des
troubles
men-
taux
(DSM-IV,
2004),
les
critères
diagnostiques
de
l’AM
sont
les
suivants
:
un
refus
de
maintenir
un
poids
corporel
d’une
valeur
minimale
normale
se
concrétisant
par
une
diminution
du
poids
en
dec¸à
de
85
%
du
poids
attendu
pour
la
taille
et
l’âge
;
une
peur
intense
de
prendre
du
poids
;
une
altération
significative
de
la
perception
de
son
corps
et
un
«
déni
de
la
gravité
de
la
maigreur
actuelle
»
malgré
les
pertes
de
poids
et
leurs
conséquences
;
et
pour
les
femmes
postpubères,
une
aménorrhée
depuis
au
moins
trois
mois
[4].
On
distingue
deux
types
d’AM,
soit
restrictif
(AM-R)
et
avec
crises
de
boulimie,
vomissements
et
prise
de
purgatifs
(AM-B)
[4].
La
proportion
de
la
population
générale
atteinte
d’AM
est
estimée
entre
0,5
%
et
3
%
[5].
Ce
trouble
se
développe
typique-
ment
durant
l’adolescence
et
atteint
son
apogée
entre
l’âge
de
14
et
18
ans
[5,6].
Il
est
admis
par
les
experts
que
l’étiologie
du
trouble
serait
issue
d’une
combinaison
de
facteurs
génétiques,
physiologiques,
développementaux,
socioculturels,
familiaux,
individuels,
comportementaux
et
cognitifs
[1,5,7].
Les
adolescents
présentant
des
symptômes
d’AM
sont
plus
à
risque
de
souffrir
d’autres
problématiques
psychologiques
ou
psychiatriques
tels
que
les
troubles
dépressifs,
anxieux,
obsessionnels-compulsifs,
de
l’humeur
et
certains
troubles
de
la
personnalité
[4,8–10].
Les
personnes
souffrant
d’AM-B
sont
plus
sujettes
aux
troubles
liés
au
contrôle
des
impulsions
(ex
:
abus
de
substances,
tentatives
de
suicide)
et
auraient
plus
de
caractéristiques
de
la
personnalité
limite
que
celles
atteintes
d’AM-R
[4].
L’AM
est
associée
à
un
taux
de
mortalité
élevé
(5-15
%)
[9,10]
qui
augmente
avec
la
durée
du
suivi,
passant
d’environ
5
%
lors
de
suivis
de
quatre
à
dix
ans
à
approximati-
vement
12
%
lorsque
le
suivi
dépasse
10
ans
[11].
Il
est
généralement
estimé
que
pour
l’AM,
le
ratio
est
d’environ
un
homme
pour
dix
femmes
chez
les
adultes
[4].
Chez
les
adolescents,
les
chiffres
sont
plus
variables.
Muise
et
al.
[12]
rapportent
un
ratio
d’un
garc¸on
pour
2,33
filles
chez
des
adolescents
prépubères,
tandis
qu’il
serait
d’un
garc¸on
pour
19
filles
chez
les
adolescents
postpubères.
Plusieurs
sont
d’avis
que
les
chiffres
disponibles
sous-estimeraient
le
pourcentage
réel
d’individus
de
sexe
masculin
atteints
AM
[13].
Les
critères
et
les
instruments
diagnostiques
plus
ou
moins
appropriés,
l’absence
de
marqueur
physique,
une
moins
grande
propension
des
garc¸ons
à
consulter
pour
cette
problématique
et
la
faible
suspicion
du
trouble
chez
les
garc¸ons
par
les
cli-
niciens
sont
des
hypothèses
avancées
pour
expliquer
le
faible
taux
d’AM
chez
cette
population
[2,12,14].
Malgré
ces
obs-
tacles,
la
problématique
de
l’AM
masculine
est
actuellement
reconnue
et
des
connaissances
spécifiques
à
ce
groupe
émergent
progressivement
des
écrits
scientifiques.
Bien
que
les
résultats
de
recherche
soient
très
hétérogènes,
les
écrits
scientifiques
relèvent
certaines
similitudes
entre
la
symptomatologie
de
l’AM
chez
les
garc¸ons
et
chez
les
filles.
Les
garc¸ons
auraient
des
préoccupations
autour
du
poids
et
de
leur
image
corporelle
[2,15,16]
mais
ces
dernières
seraient
plus
centrées
autour
de
la
masse
musculaire
qu’autour
du
poids
[8,17–19].
Les
comportements
associés
à
la
perte
et
au
contrôle
de
poids
(restrictions,
vomissements,
laxatifs,
hyperactivité
phy-
sique)
chez
les
garc¸ons
seraient
aussi
variés
[2,16,17].
Des
auteurs
avancent
que
les
garc¸ons
seraient
moins
nombreux
que
les
filles
à
présenter
une
AM-R
[2]
Outre
les
aspects
portant
sur
la
symptomatologie,
d’autres
comparaisons
ont
été
effectuées
entre
les
sexes
et
ont
généré
des
résultats
souvent
très
divergents.
Parmi
les
variables
étu-
diées,
on
retrouve
l’âge
d’apparition
du
trouble
[2,15,16],
le
poids
antérieur
au
début
du
trouble
[2,15],
les
caractéristiques
de
la
personnalité
[20,21],
la
sexualité
[13,15],
l’identité
de
genre
[13,16]
et
l’orientation
sexuelle
[2,14,15,18].
L’objectif
de
cet
article
est
d’effectuer
une
recension
des
écrits
scientifiques
portant
sur
les
adolescents
et
les
jeunes
adultes
atteints
d’AM
afin
de
dégager
l’état
des
connaissances
actuelles
sur
le
sujet.
La
synthèse
des
résultats
devrait
permettre
d’approfondir
nos
connaissances
sur
le
sujet,
de
favoriser
une
meilleure
compréhension
du
trouble
et
de
proposer
des
pistes
de
recherches
futures.
3.
Méthodologie
La
recension
porte
sur
sept
variables
identifiées
comme
pertinentes
en
raison
soit
de
leur
récurrence
dans
les
écrits
scien-
tifiques,
soit
des
résultats
divergents
repérés
dans
les
recherches.
Les
variables
à
l’étude
sont
:
la
présentation
du
tableau
cli-
nique,
les
caractéristiques
préalables
au
trouble,
les
comorbidités
psychiatriques,
l’orientation
et
l’activité
sexuelles,
l’identité
de
genre
et
les
caractéristiques
liées
à
la
personnalité.
Les
articles
retenus
sont
ceux
présentant
des
études
empiriques
avec
ou
sans
groupe
témoin,
des
études
de
cas
et
des
observations
cliniques.
La
sélection
des
articles
a
été
effectuée
à
partir
de
la
base
de
données
informatisée
PsycINFO.
Les
études
recherchées
sont
celles
publiées
entre
1994
et
2011,
rédigées
en
anglais
ou
en
franc¸ais.
L’année
1994
a
été
déterminée
comme
limite
en
lien
avec
la
parution
du
DSM-IV
et
dans
le
but
de
favoriser
une
homo-
généité
des
critères
utilisés
pour
le
diagnostic
des
participants
dans
les
études.
Les
descripteurs
suivants
ont
été
utilisés
dans
PsycINFO
pour
identifier
les
articles
susceptibles
d’être
pertinents
:
Anorexia,
Anorec*,
Eating
Disorders,
Boys
et
Males.
Pour
être
sélection-
née,
une
étude
devait
satisfaire
aux
critères
suivant
:
avoir
été
publiée
entre
1994
et
2011
en
anglais
ou
en
franc¸ais
;
516
L.
Corbeil-Serre
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
514–520
traiter
de
populations
cliniques
masculines
(celles
incluant
des
filles
ont
été
retenues
si
elles
présentaient
une
partie
des
résultats
de
manière
distincte
pour
les
deux
groupes)
;
comporter
des
groupes
composés
d’adolescents
ou
de
jeunes
adultes
;
cibler
des
participants
ayant
rec¸us
un
diagnostic
d’AM
(les
études
incluant
d’autres
TCA
ont
été
retenues
si
elle
pré-
sentaient
des
résultats
séparés
pour
les
différents
groupes
diagnostiques).
Au
terme
du
processus,
24
articles
ont
été
retenus
[13,14,21,23–43].
Les
articles
sélectionnés
ont
été
analysés
à
l’aide
d’une
grille
élaborée
sur
la
base
des
sept
variables
d’intérêts.
Les
résultats
de
cette
analyse
ont
été
mis
en
commun
afin
de
dégager
des
tendances,
des
consensus
et
des
divergences.
L’ensemble
des
variables
n’étant
pas
abordé
dans
tous
les
articles,
nous
nous
sommes
retrouvés
avec
plusieurs
données
manquantes.
Pour
pal-
lier
à
cette
réalité,
les
résultats
sont
présentés
en
pourcentage
de
fréquence
basé
uniquement
sur
le
nombre
de
participants
pour
lesquels
des
informations
étaient
disponibles.
Ainsi,
le
lecteur
pourra
constater
que
les
pourcentages
ne
totalisent
pas
toujours
100
%.
4.
Résultats
Cette
section
présente
les
résultats
de
la
recension
qui
ont
été
regroupés
en
rubriques
correspondantes
aux
variables
étu-
diées.
Au
début
de
chacune,
il
est
précisé
pour
quel
pourcentage
de
l’échantillon
total
l’information
est
disponible
pour
cette
variable
donnée.
Les
pourcentages
subséquents
sont
issus
de
ce
premier
pourcentage
de
l’échantillon
total.
5.
Descriptions
des
participants
et
méthodologies
La
recension
porte
sur
24
articles
regroupant
279
participants
de
sexe
masculin
âgés
entre
11
ans
et
36
ans.
L’âge
moyen
est
estimé
à
18,4
ans
avec
un
écart-type
de
4,38.
La
presque
tota-
lité
des
participants
aux
études
(99,3
%)
a
été
recrutée
durant
ou
après
leur
passage
dans
des
unités
de
traitement
en
milieu
hospitalier.
Des
24
articles,
13
sont
des
études
de
cas
ayant
entre
un
et
cinq
participants
(54,2
%
des
études,
n
total
=
19)
[21,25,28,29,32,33,35–38,40,42,43].
Neuf
sont
des
études
descriptives
dont
la
taille
de
l’échantillon
varie
entre
sept
et
62
participants
(37,5
%
des
études,
n
total=
213)
[13,26,27]
:
parmi
celles-ci,
six
ont
un
groupe
de
comparaison
[14,23,24,30,34,41].
Les
deux
dernières
sont
des
études
rétros-
pectives,
l’une
a
un
groupe
de
comparaison
(8,3
%
des
études,
n
total
=
46)
[31,39].
Pour
répondre
à
leurs
objectifs,
onze
études
(45,8
%
des
études,
n
=
154)
ont
utilisé
des
instruments
psy-
chométriques
[21,23–27,31,32,34,39,41].
Dans
l’ensemble,
12
questionnaires,
cinq
entrevues
semi-structurées,
un
test
pro-
jectif,
deux
tests
comparant
la
silhouette
réelle
à
la
silhouette
perc¸ue
ainsi
qu’un
test
évaluant
la
personnalité
sur
la
base
de
performance
motrice
ont
été
utilisés.
Environ
les
deux
tiers
des
questionnaires
ont
fait
leurs
preuves
au
plan
de
leurs
qualités
psychométriques,
celles-ci
étant
soit
rapportées
par
les
auteurs
ou
accessibles
dans
les
écrits
scientifiques.
Concernant
les
autres
outils
de
mesure,
plus
de
la
moitié
ont
été
validés
par
au
moins
une
étude
et
sont
reconnus
dans
la
recherche.
Pour
l’autre
moi-
tié,
aucune
information
sur
les
qualités
psychométriques
n’est
disponible.
6.
Présentation
clinique
Le
poids
est
abordé
pour
65,5
%
des
participants
(15
articles,
n
=
182).
Pour
la
majorité
d’entre
eux,
les
données
indiquent
ou
permettent
de
calculer
soit
l’indice
de
masse
corporelle
(IMC),
soit
le
poids
exprimé
en
pourcentage
selon
les
normes
attendues
pour
l’âge
et
la
taille.
L’IMC
moyen
des
participants
pour
les-
quels
cette
donnée
est
disponible
est
de
16,1,
ce
qui,
selon
les
normes
d’interprétation
de
cet
indice,
les
situent
dans
un
état
de
dénutrition.
Quant
aux
participants
pour
lesquels
le
poids
est
rapporté
en
pourcentage,
ils
sont
en
moyenne
à
78,25
%
du
poids
attendu,
soit
en
dec¸à
du
poids
attendu
pour
leur
âge
et
leur
taille.
L’attitude
quant
au
poids
est
abordée
pour
26,6
%
des
participants
(13
articles,
n
=
74).
Les
informations
disponibles
permettent
d’estimer
que
48,6
%
de
ceux-ci
ont
peur
de
prendre
du
poids
et
de
devenir
gros
et
que
46
%
des
participants
sont
insatisfaits
de
leur
poids
et
souhaitent
en
perdre.
On
dispose
d’information
concernant
l’attitude
face
à
l’image
corporelle
pour
33,1
%
des
participants
(9
articles,
n
=
92).
Dans
l’ensemble,
ils
sont
insatisfaits
de
leur
corps.
Pour
la
majorité
(61,9
%),
l’insatisfaction
est
liée
à
un
désir
d’avoir
une
masse
musculaire
plus
importante
tout
en
diminuant
le
gras
corporel.
Des
données
concernant
la
perception
du
corps
sont
dis-
ponibles
pour
21,2
%
(8
articles,
n
=
59)
des
participants
et
permettent
de
constater
que
86,4
%
d’entre
eux
présentent
une
perception
altérée
de
leur
corps.
L’âge
moyen
d’apparition
du
trouble
est
abordé
pour
50,7
%
des
participants
(13
articles,
n
=
141).
Il
est
estimé
à
18,8
ans
et
varie
entre
11
ans
et
21
ans.
Le
type
d’anorexie
est
spécifié
pour
7,2
%
des
participants
(4
articles,
n
=
20).
De
ceux-ci,
35
%
présentait
une
AM-R
et
65
%
une
AM-B.
Les
stratégies
mises
en
place
pour
perdre
du
poids
et
les
comportements
associés
à
l’AM
sont
précisés
pour
47,8
%
des
participants
(14
articles,
n
=
133).
De
ceux-ci,
20,3
%
des
participants
ont
des
comportements
caractéristiques
de
l’AM-R
(diètes,
jeûnes
et
consommation
d’aliments
faibles
en
calories).
La
pratique
excessive
d’exercice
physique
est
notée
chez
60,2
%
des
participants
et
une
grande
consommation
de
liquide
est
rapportée
par
14,3
%
de
l’échantillon.
Les
vomis-
sements
sont
utilisés
par
34,6
%
des
participants
et
les
laxatifs
par
27,8
%
d’entre
eux.
Les
rituels
autour
de
l’alimentation
sont
notés
chez
37,6
%.
7.
Caractéristiques
préalables
au
trouble
Des
données
sur
les
caractéristiques
présentes
avant
ou
au
moment
de
l’apparition
du
trouble
sont
fournies
pour
32,4
%
de
l’échantillon
(18
articles,
n
=
90).
De
l’obésité
prémorbide
était
présente
chez
14,4
%
des
participants
et
un
poids
supé-
rieur
au
poids
attendu
chez
4,4
%
;
ces
conditions
seraient
plus
L.
Corbeil-Serre
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
514–520
517
caractéristiques
des
garc¸ons
atteints
de
boulimie.
Des
anté-
cédents
familiaux
d’obésité
ou
de
surpoids
sont
également
notés
chez
25
%
des
participants.
Au
plan
social,
il
est
rapporté
que
15,6
%
des
participants
ont
été
victimes
de
moqueries
ou
d’intimidation
par
leurs
pairs
et
que
3,3
%
ont
souffert
ou
souffrent
d’isolement
social.
Au
plan
familial,
des
antécédents
psychologiques
sont
rapportés
chez
28,9
%
des
participants
(trouble
obsessionnel
compulsif,
AM,
alcoolisme).
Dans
11,1
%
des
cas,
des
sépa-
rations,
des
pertes
ou
l’absence
d’un
membre
de
la
famille
sont
mentionnées.
Au
niveau
psychologique,
les
troubles
les
plus
fré-
quemment
rapportés
avant
l’épisode
d’AM
sont
ceux
suggérant
des
processus
psychotiques
(14,4
%).
Une
proportion
de
4,4
%
a
présenté
des
difficultés
alimentaires
durant
l’enfance.
8.
Troubles
comorbides
La
question
de
la
comorbidité
est
abordée
pour
28,8
%
de
l’échantillon
(15
articles,
n
=
80).
Le
trouble
concomitant
le
plus
fréquemment
mentionné
est
la
dépression
(27,5
%),
suivi
par
les
caractéristiques
obsessionnelles
(17,7
%),
l’abus
de
substance
(11,25
%)
et
les
troubles
de
la
personnalité
(7,7
%,
répartis
dans
les
trois
Clusters
du
DSM).
9.
Orientation
sexuelle
L’orientation
sexuelle
est
considérée
pour
19,4
%
des
par-
ticipants
(11
articles,
n
=
54).
De
ceux-ci,
25,9
%
sont
décrits
comme
étant
hétérosexuels
et
13
%
homosexuels.
La
présence
d’asexualité,
définie
par
les
auteurs
comme
«
l’absence
d’intérêt
sexuel
pour
l’un
ou
l’autre
des
deux
sexes
depuis
au
moins
un
an
»,
est
relevée
pour
35,2
%
des
participants.
10.
Activité
sexuelle
En
raison
du
nombre
restreint
de
données,
de
la
quantité
de
données
manquantes,
de
l’absence
de
définition
précise
des
concepts
ainsi
que
du
manque
d’information
nécessaire
pour
modérer
les
résultats
en
fonction
de
l’âge
des
participants,
aucune
conclusion
ne
peut
être
tirée
pour
cette
variable.
11.
Identité
de
genre
Des
données
sur
cette
variable
sont
disponibles
pour
peu
de
participants
(n
=
14,
soit
5
%
de
l’échantillon
total).
Les
résul-
tats
suggèrent
des
troubles
ou
des
particularités
au
niveau
de
l’identité
de
genre
pour
la
majorité
d’entre
eux
(92,8
%).
12.
Personnalité
Les
caractéristiques
de
la
personnalité
sont
traitées
pour
28,4
%
des
participants
(10
articles,
n=
79).
Les
résultats
sont
issus
de
recherches
adoptant
des
approches
théoriques,
des
méthodologies
et
des
instruments
variés.
Afin
de
favoriser
une
mise
en
commun
des
résultats,
et
ce
malgré
les
limites
que
cela
peut
représenter,
ils
ont
été
regroupés
en
trois
catégories
:
structure
de
personnalité
et
mécanismes
de
défense,
représen-
tation
d’objet
et
traits
de
personnalité.
Plusieurs
articles
traitant
de
la
personnalité
n’abordent
qu’une
seule
de
ces
caractéris-
tiques.
Ainsi,
les
données
sont
partielles
et
ne
permettent
pas
une
répartition
complète
des
participants
pour
chacune
des
caracté-
ristiques.
La
structure
de
personnalité
et
les
mécanismes
de
défense
sont
abordés
pour
38
%
des
participants
concernés
par
cette
variable.
La
structure
de
personnalité
psychotique
est
identifiée
chez
15,1
%
de
ceux-ci
et
a
été
évaluée
par
entrevue
clinique
;
aucune
comparaison
à
des
normes
n’est
disponible
dans
les
études.
Pour
ce
qui
est
des
mécanismes
de
défense,
un
faible
niveau
d’expression
de
l’anxiété
et
de
l’angoisse
et
une
faible
utilisation
de
la
rationalisation
sont
rapportés
chez
13,9
%
des
participants.
Les
mécanismes
de
défense
ont
été
évalués
à
l’aide
d’observations
cliniques
et
de
mesures
objectives
et
projectives.
La
représentation
d’objet
est
abordée
pour
10,1
%
des
parti-
cipants.
Les
résultats
de
l’étude
situent
les
participants
dans
la
norme
en
ce
qui
a
trait
au
niveau
des
relations
d’objet.
Les
résul-
tats
sont,
cependant,
hétérogènes
à
l’intérieur
de
cet
échantillon
restreint.
Les
traits
de
personnalité
sont
abordés
pour
53,2
%
des
parti-
cipants
concernés
par
cette
variable.
Chez
12,7
%
d’entre
eux,
on
note
la
présence
de
traits
obsessionnels,
compulsifs
ou
rigides.
Les
résultats
révèlent
une
tendance
à
maintenir
un
comportement
engendrant
des
frustrations,
une
faible
acceptation
de
soi
et
une
faible
capacité
à
diriger
ses
comportements
vers
des
objectifs
chez
35,7
%
des
participants.
13.
Discussion
Pour
faciliter
la
discussion,
les
résultats
ont
été
regroupés
sous
les
rubriques
suivantes
:
portrait
clinique,
caractéristiques
psychologiques
(conditions
préalables,
troubles
comorbides
et
personnalité),
orientation
sexuelle
et
identité
de
genre.
Un
constat
général
qui
émane
des
résultats
de
la
recension
est
qu’il
est
encore
difficile
de
se
prononcer
avec
certitude
sur
plusieurs
caractéristiques
associées
à
l’AM
chez
les
adolescents
et
jeunes
adultes
de
sexe
masculin.
Il
est
toutefois
possible
de
dégager
des
tendances
concernant
les
variables
à
l’étude.
13.1.
Portrait
clinique
L’analyse
des
résultats
suggère
que
les
garc¸ons
atteints
d’AM
présentent
une
perte
de
poids
cliniquement
significative.
La
majorité
des
participants
a
été
recrutée
dans
des
milieux
hospi-
taliers
suite
à
une
intervention
pour
AM.
Ce
constat
assure
une
certaine
validité
quant
au
diagnostic
mais
impose
de
limiter
nos
conclusions
aux
garc¸ons
souffrant
d’une
AM
sévère.
Puisque
les
données
disponibles
pour
la
variable
poids
touchent
un
pourcen-
tage
élevé
de
l’échantillon
(65,5
%),
cette
conclusion
est
émise
avec
certitude.
Il
apparaît
toutefois
pertinent
de
poursuivre
les
investigations
sur
cet
aspect
du
portrait
clinique
afin
de
statuer
sur
son
importance
dans
la
reconnaissance
du
trouble
chez
cette
population,
en
incluant
des
informations
telles
que
le
rythme
et
le
pourcentage
de
perte
de
poids.
518
L.
Corbeil-Serre
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
62
(2014)
514–520
La
recension
soulève
aussi
que
les
garc¸ons
atteints
d’AM
sont
insatisfaits
de
leur
poids
et
souhaitent
en
perdre,
qu’ils
ont
peur
de
devenir
gros
et
présentent
une
perception
altérée
de
leur
corps.
Ces
résultats
appuient
ceux
trouvés
dans
d’autres
études
portant
sur
ces
variables
[2,15].
Ils
suggèrent
la
présence
de
similarités
entre
les
garc¸ons
et
les
filles
quant
aux
symptômes
décrits
par
le
DSM,
outre
le
critère
concernant
l’aménorrhée.
Ce
dernier
critère,
qui
a
fait
l’objet
de
plusieurs
critiques
au
fil
des
années,
a
été
retiré
dans
la
nouvelle
version
du
DSM-V,
ce
qui
devrait
faciliter
l’application
des
critères
diagnostiques
de
l’AM
aux
garc¸ons.
Par
ailleurs,
on
ne
peut
exclure
que
le
niveau
de
sévérité
du
trouble
chez
les
participants
de
l’étude
peut
avoir
eu
pour
effet
de
minimiser
les
différences
possibles
entre
les
sexes
dans
des
présentations
cliniques
plus
légères
[22].
Cependant,
une
similarité
entre
les
garc¸ons
et
les
filles
sur
les
aspects
comportementaux
observables
du
trouble
ne
permet
pas
de
conclure
à
une
telle
ressemblance
au
plan
intrapsychique
ou
sur
d’autres
aspects
du
trouble
inexplorés
jusqu’à
présent
chez
les
garc¸ons.
Les
résultats
indiquent
que
les
garc¸ons
sont
insatisfaits
de
leur
image
corporelle,
appuyant
les
résultats
d’études
antérieures.
Toutefois,
l’insatisfaction
des
garc¸ons
est
plus
particulièrement
liée
à
la
masse
musculaire
qu’au
poids.
Cette
motivation
peut
être
associée
aux
standards
sociaux
de
beauté
masculine
[19].
Les
résultats
de
la
recension
soulèvent
aussi
la
présence
impor-
tante
d’obésité
et
de
surplus
de
poids
prémorbide
chez
les
garc¸ons
anorexiques
ainsi
que
dans
leur
famille,
appuyant
éga-
lement
les
conclusions
de
travaux
antérieurs
[2,15].
On
peut
émettre
l’hypothèse
que
pour
certains
garc¸ons,
l’insatisfaction
proviendrait
d’une
réelle
discordance
entre
l’image
corporelle
et
l’idéal
social,
ce
qui
les
mettrait
ainsi
plus
à
risque
de
déve-
lopper
un
TCA.
Par
ailleurs,
le
fait
que
l’AM
transforme
le
corps
des
garc¸ons
d’une
manière
qui
les
éloigne
de
leur
idéal
musculaire
met
en
lumière
la
nécessité
de
poursuivre
les
travaux
sur
l’étiologie
du
trouble
puisque
celle-ci
ne
peut,
à
notre
avis,
être
uniquement
restreinte
au
désir
d’atteindre
un
idéal
social.
La
recension
fournit
aussi
certaines
pistes
de
réflexion
sur
des
caractéristiques
du
portrait
clinique
chez
les
garc¸ons
autres
que
celles
évoquées
dans
le
DSM.
Les
résultats
rapportent
un
nombre
plus
important
de
garc¸ons
atteints
d’AM-B
que
d’AM-R,
ce
qui
impose
d’associer
l’ensemble
des
résultats
plus
spécifique-
ment
à
cette
population.
Les
résultats
de
la
recension
mettent
aussi
de
l’avant
une
comorbidité
fréquente
avec
la
dépression
et
l’abus
de
substance
ainsi
que
la
présence
de
traits
de
per-
sonnalité
antisociaux
et
explosifs
chez
plusieurs
garc¸ons
[23].
Ces
caractéristiques
s’apparentent
à
celles
identifiées
chez
des
filles
boulimiques
dans
d’autres
études
[8,10].
On
peut
ainsi
s’interroger
si
la
problématique
des
garc¸ons
anorexiques
ne
s’inscrirait
pas
dans
un
ensemble
plus
large
de
troubles
des
conduites
comme
l’ont
suggéré
certains
auteurs
[13].
Cependant,
il
est
aussi
possible
que
l’AM
soit
plus
fréquemment
dépistée
chez
des
garc¸ons
présentant
des
troubles
externalisés,
à
cause
de
l’aspect
dérangeant
de
ces
derniers.
Pour
approfondir
cette
hypothèse,
il
faudrait
effectuer
des
études
auprès
d’échantillons
cliniques
des
deux
sexes,
en
contrôlant
le
type
d’AM
et
dans
lesquelles
des
mesures
comportementales
et
de
personnalité
seraient
incluses.
L’âge
d’apparition
du
trouble
chez
les
participants
de
notre
échantillon
(18,8
ans)
est
similaire
à
celui
rapporté
dans
d’autres
études
[15].
Il
doit
par
contre
être
interprété
avec
prudence
car
il
est
issu
d’un
échantillon
d’études
variées
et
mixtes
(adoles-
centes
et
jeunes
adultes),
présentant
une
grande
étendue
d’âge.
Il
faut
également
mentionner
la
présence
d’une
certaine
confu-
sion
dans
plusieurs
études
entre
l’âge
d’apparition
du
trouble
et
l’âge
d’entrée
dans
les
services.
Dans
le
but
de
mieux
déter-
miner
la
clientèle
à
cibler
par
les
programmes
de
prévention
et
de
dépistage,
il
serait
souhaitable
d’étudier
plus
précisément
l’âge
d’apparition
des
premiers
symptômes
dans
les
recherches
futures.
13.2.
Caractéristiques
psychologiques
de
l’anorexie
chez
les
gar¸cons
Les
résultats
suggèrent
qu’un
taux
considérable
de
partici-
pants
a
déjà
vécu
différents
troubles
évoquant
des
processus
psychotiques
avant
l’épisode
d’AM
(14,4
%)
ou
présente
une
structure
de
personnalité
qualifiée
de
psychotique
(15,1
%).
Pour
certains
auteurs,
les
conduites
restrictives
permettraient
de
maintenir
un
contrôle
sur
les
tendances
à
la
défragmentation
psy-
chique
[24].
Ces
constats
vont
dans
le
sens
d’écrits
scientifiques
qui
avancent
que
les
garc¸ons
atteints
d’AM
seraient
atteints
d’une
pathologie
générale
plus
sévère
que
les
filles
[21]
et
poten-
tiellement
le
prodrome
d’un
trouble
de
nature
psychotique
ou
schizophrénique.
Les
résultats
concernant
les
antécédents
de
nature
psychotique
doivent
cependant
être
modérés
puisqu’ils
sont
issus
d’environ
du
quart
de
l’échantillon
et
d’études
ayant
eu
recours
à
des
méthodologies
très
variables.
13.3.
Orientation
sexuelle
et
identité
de
genre
Les
résultats
de
la
recension
indiquent
un
taux
d’homosexualité
de
13
%
chez
les
participants,
taux
lar-
gement
supérieur
à
celui
rapporté
pour
la
population
générale
et
pour
les
filles
anorexiques
(3
à
5
%)
[15].
Certains
auteurs
ont
élaboré
des
hypothèses
quant
au
lien
entre
l’homosexualité
et
l’anorexie.
Parmi
celles-ci,
on
retrouve
la
possibilité
que
la
valorisation
de
l’apparence
physique
présente
dans
les
commu-
nautés
homosexuelles
puisse
aggraver
le
trouble
une
fois
que
celui-ci
est
présent
et
engendrer
une
surreprésentation
des
patients
homosexuels
dans
les
unités
de
traitement
[2,14,15,18].
Une
autre
hypothèse
suggère
que
l’AM
serait
un
moyen
de
retarder
les
enjeux
sexuels
pour
des
individus
à
l’orientation
homosexuelle
conflictuelle
[2,14,15,18].
En
lien
avec
cette
hypothèse,
certains
auteurs
ont
déjà
relevé
que
le
pronostic
de
leurs
clients
était
plus
favorable
si
ces
derniers
avaient
déjà
eu
des
relations
sexuelles
avant
le
début
de
leur
trouble.
Il
pourrait
être
pertinent
d’examiner
plus
systématiquement
l’activité
sexuelle
actuelle
et
préalable
au
trouble
chez
les
garc¸ons
atteints
d’AM.
La
recension
a
permis
de
constater
que
dans
plusieurs
études
l’information
concernant
l’orientation
sexuelle
a
été
récoltée
de
manière
non
explicite
et
ne
semble
pas
avoir
été
rigoureuse-
ment
contrôlée.
De
plus,
dans
certains
cas,
elle
n’est
rapportée
que
pour
une
partie
des
participants
à
l’étude.
Le
constat
selon
1 / 7 100%

L`anorexie mentale chez les adolescents et les jeunes adultes de

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