Note du metteur en scène
Françoise Ostermann
J’ai rencontré Philippe Dorin et découvert le texte « Bouge plus ! » lors d’un travail avec des enfants d’une dizaine
d’années autour du projet « pièces à lire, pièces à entendre », projet qui invite de jeunes enfants à découvrir l’écriture
dramatique d’aujourd’hui à travers la lecture à haute voix. Ce qui m’a frappé c’est la difficulté qu’éprouvaient les enfants
pour lire le texte mais avec quelle aisance ils le jouaient dès qu’ils étaient en situation théâtrale. C’est à ce moment là
que j’ai compris que l’écriture de Philippe Dorin crée du «jeu».
Le caractère propre à l’écriture de l’auteur réside dans une étonnante économie de mots et exprime des situations qui sont
ramenées à l’essentiel. Le jeu est au centre du texte, un jeu burlesque et souvent absurde. Les mots et les phrases
empruntés sont extrêmement simples et précis, ce choix permet d’illustrer avec une grande clarté la profondeur du propos
sur la famille où les situations apparaissent d’une évidence déconcertante. L’auteur s’amuse avec peu de mots, des mots
simples qui laissent toute sa place au silence qui appelle irrésistiblement le jeu.
Le silence est l’endroit où tout se joue, au théâtre bien sûr mais aussi au sein même de la famille où les choses les
plus simples ne parviennent pas toujours à être dites, où les non-dits sont de mises, entre les mots les silences
jouent. Car il s’agit bien d’une histoire de famille ou plutôt d’une succession d’histoires autour de la famille et ce qui
me plaît c’est que cette pièce s’adresse tout aussi bien aux grands qu’aux petits. Chacun se sent d’autant plus
concerné qu’il a l’impression que les évènements se créent au moment même où ils se mettent en places.
Le texte de Philippe Dorin nous rappelle une partition de musique avec ses rythmes, ses silences, ses mots qui
sonnent tels des notes, les reprises de courtes phrases, de mots qui se répètent. L’ouverture de la pièce
commencera tel un orchestre symphonique qui s’accordent, des bribes de textes, des notes de piano s’entremêlent,
et … “Là, ça va commencer !”
Sur le plateau un espace de jeu délimité par un praticable incliné nous donne l’impression du déséquilibre, du
danger, tel un ring. A l’arrière scène, l’espace du hors jeu est visible par le public, les acteurs attendent le moment de
« jouer », d’entrer en piste, de lancer leurs répliques comme ils abattraient des cartes. Ils jouent à la famille, à se
distribuer les rôles : père, mère, enfant, chaise, table, fleurs. Les objets ont eux aussi un rôle, une existence. La
famille tente désespérément de se figer l’instant d’une photo. Chacun cherche sa place, allume ou éteint la lumière,
recommence sans cesse le jeu. La succession des scènes courtes à la fois cruelles et pleines d’humour nous
entraînent dans ce jeu de la vie.
Une ouverture vers le jeune public
En prolongation du spectacle, une rencontre avec les jeunes collégiens et lycéens pourra être proposée, il s’agira
d’une sensibilisation à l’écriture de Philippe Dorin et à la thématique abordée : celle de la famille et les relations qui
en découlent, de l’incommunicabilité des êtres, de la place et le rôle que l’on tient au sein de la famille et de la
représentation que l’on s’en fait.
L’équipe artistique
Françoise Ostermann, metteur en scène.
Elle se forme à Paris à l’école du théâtre de la main d’or dirigée par J.C Grinevald et suit régulièrement des stages.
Elle rencontrera différents formateurs tels que Michel Cerda, Ludovic Lagarde, Joël Pommerat, En 1997, elle
rencontre Solange Oswald et intègre le groupe Merci à Toulouse avec lequel elle jouera de nombreux spectacles :
« De quelques choses vues la nuit », « Les tristes champs d’asphodèles », « la mastication des morts » de
P.Kermann, « les européens » de H. Barker,… Elle joue également avec la Cie 198 os dans « Notes de cuisine » et
« Fallait rester chez vous, têtes de nœud » deux pièces de Rodriguo Garcia et avec la Cie « Pupella Noguès » de
Toulouse dans : « Je ne sais pas pourquoi mais parfois tu m’énerves ! ».
Elle intervient par ailleurs en milieu scolaire en collaboration avec le Théâtre National de Toulouse :
« Pièces à lire, pièces à entendre » et dans le cadre de l’option théâtre au lycée. Elle joue et met en scène
« Petit-bleu Petit-jaune » de L.Lionni avec la Cie « la patte de lièvre ».