N° 18 - Février 2013
L’ESS face à la concurrence et au marché
La Nouvelle Alternative? - Enquête sur l’ESS - Alternatives
Economiques, Les Petits matins - 2011, Philippe FRÉMEAUX
Voir document
Quel potentiel de développement pour l’Economie Sociale et
Solidaire ? - Alternatives Economiques - Janvier 2012,
Cette note est la synthèse
de 2 documents :
Economie Sociale et Solidaire
Quelle est la cohérence de la notion d’ESS, peut-on
mesurer son potentiel de développement afin de le
confronter au discours de ses défendeurs? L’ESS
constitue-t-elle une alternative possible au système actuel
ou présente-elle les composants d’une société où
cohabitent différentes dynamiques économiques et
sociales ? A-t-elle vocation à s’étendre et se généraliser
au-delà de ses champs actuels ?
Les faiblesses de l’Economie Sociale et Solidaire
Bien que présentes dans de nombreux secteurs, les
structures de l’ESS se confondent avec le reste de
l’économie et peinent à afficher leur « différence ». De plus,
elles n’ont pas le monopole de l’utilité sociale.
Des perceptions différentes de ce qu’est l’ESS
Le premier obstacle relevé par Ph. Frémeaux est la très
forte hétérogénéité des structures qui composent l’ESS et
leurs intérêts différents voire divergents. Le « secteur » n’a
pas de vision unique et commune : pour certains il s’agit
d’un mouvement social pour une société avec plus de
justice, pour d’autres, la volonté d’avoir une économie plus
démocratique,...
La faible visibilité de l’ESS
Un développement sectoriel hétérogène
L’ESS est présentée comme transversale à l’économie ;
de fait, seules les SCOPS (Sociétés Coopératives et
Participatives) sont réellement présentes dans un nombre
important de secteurs, les autres structures étant plutôt
limitées à certains pans de l’économie (agriculture, action
sociale, éducation, santé, culture, loisirs, activités
bancaires et financières). Cela empêche également l’ESS
de constituer un modèle d’ « autre économie » dans la
mesure où elle ne peut se substituer au modèle
économique en place.
Ainsi, l’ESS peine à s’affirmer en tant que mouvement
social, alors qu’elle se voudrait une force politique. Sa
puissance est en partie « illusoire » selon l’auteur, car, si en
termes d’emploi l’ESS a un poids important, ces acteurs
n’ont parfois pas conscience d’appartenir à un tel
mouvement. Les adhérents à une mutuelle ou association
ne se sentent pas forcément porteurs d’un projet de société
avec une visée politique. Un défaut de mobilisation et de
conscience qui nuit à la solidarité entre acteurs de l’ESS.
Pour P. Frémeaux, tant que l’ESS ne pourra pas offrir un
projet et une vision partagée de l’intérêt général, les chiffres
la concernant perdront de leur sens.
De plus en plus fréquemment, les manageurs de l’ESS
contraints par les lois de la concurrence et du marché,
doivent s’aligner sur les normes imposées par les
sociétés de capitaux, les comportements vertueux de
l’ESS étant en effet pénalisants sur le marché pour leurs
dirigeants.
Une dépendance des pouvoirs publics
Si l’on se concentre sur les organisations, le constat que
fait Frémeaux est qu’il est peu probable que l’ESS
parvienne à mobiliser à cause de son fonctionnement en
réseau fermé. Et cette incapacité de mobilisation des
acteurs résulte de la priorité donnée à la défense des
valeurs et intérêts propres à chacun auprès des pouvoirs
publics. Or, cette proximité inévitable avec les pouvoirs
publics est indispensable afin d’assurer leur pérennité
(dépendance aux subventions et dépenses publiques).
Une difficulté à proposer une solution globale
L’économie sociale et solidaire est caractérisée par une
logique d’initiatives décentralisées qui se généralisent (du
bas vers le haut) mais peine à proposer des réponses
globales aux problèmes économiques, sociaux et
environnementaux auxquels est confrontée la société.
Le problème majeur de l’ESS est sa difficulté à faire, au
niveau macro-économique, des propositions de réforme
relatives au le rôle du marché, à la liberté des agents
économiques, au rôle de l’Etat garant de la cohésion sociale
et de l’intérêt collectif,…
Cette répartition sectorielle disparate tient au fait que
l’ESS ne s’est pas développée partout de la même
manière : elle s’est développée principalement là où les
pouvoirs publics comme les acteurs privés ne
parvenaient pas à apporter une réponse appropriée aux
besoins sociaux. Cependant, son rôle essentiel dans le
processus de réforme n’est pas remis en question ; l’ESS
a bien œuvré à réduire l’exclusion sociale liée au
chômage de masse et participe à la réflexion sur les
moyens possibles pour modifier les modèles
économiques en place (surtout dans l’agriculture et le
sanitaire et social).
Les nombreuses initiatives nées dans les structures de
l’ESS subissent la loi de la « récupération, banalisation,
instrumentalisation », c'est-à-dire que de nombreuses
idées et initiatives nouvelles sont créées et se
développent dans l’ESS, puis l’idée est reprise par
d’autres jusqu’à être généralisée et devenir un
instrument, un outil des politiques publiques voire un
substitut aux politiques de solidarité.
Mieux comprendre
Document publié : février 2013
Note de lecture n°18