cytokine ou à une protéine, tels que les inhibiteurs du TNF-ɑ.
Les médicaments les plus récents de cette catégorie visent
d’autres cytokines pro-inflammatoires, tels que l’interleukine
(IL)-1, l’IL-6, l’IL-12 et l’IL-23, ou les protéines qui ciblent les
récepteurs des cytokines sur les lymphocytes. Les agents qui fig-
urent au tableau 1 sont à jour et incluent certains de ceux qui
sont les plus prescrits en pédiatrie. La liste complète des MRB
et la description détaillée de leur mécanisme d’action dépas-
sent la portée du présent point de pratique.
Les MRB sont administrés par voie intraveineuse ou sous-cu-
tanée toutes les semaines, toutes les deux semaines, tous les
mois ou tous les deux mois, selon la maladie traitée et la demi-
vie du médicament. La plupart sont administrés en association
avec d’autres immunosuppresseurs, tels que le méthotrexate,
afin d’en optimiser l’effet anti-inflammatoire.
Comment les MRB accroissent-ils le
risque d’infection?
Normalement, le TNF-ɑ ou les autres cytokines pro-inflamma-
toires produisent une réponse inflammatoire aux pathogènes.
Cet effet est particulièrement évident dans le cadre de la ré-
action immunitaire à médiation de lymphocytes T, essentielle
pour la destruction des cellules qui hébergent des pathogènes
intracellulaires, pour la formation des granulomes et pour
une réaction immunitaire à médiation cellulaire pertinente.
Grâce au maintien efficace de cette réponse inflammatoire, les
pathogènes contenus dans les cellules sont tués ou demeurent
dormants, et cette réaction immunitaire empêche la propaga-
tion des nouveaux pathogènes. Cependant, si la réponse in-
flammatoire est inhibée (p. ex., en présence de MRB), ce pro-
cessus est perturbé, et les réponses inflammatoires ne sont pas
aussi efficaces. L’inhibition de cette réaction immunitaire peut
permettre la réactivation d’infections auparavant contrôlées ou
susciter une réaction immunitaire inadéquate à de nouveaux
pathogènes qui exigent une immunité à médiation cellulaire.
Quelles infections sont plus fréquentes
dans ce contexte clinique?
Selon des données probantes substantielles, le recours aux MRB
(p. ex., thérapie anti-TNF-ɑ) accroît le risque de tuberculose et
d’infections fongiques, quelle que soit la maladie sous-jacente,
même par rapport à la thérapie immunosuppressive standard
(2-4). Le risque est peut-être moins élevé chez les patients
atteints d’arthrite rhumatoïde en phase précoce, qui n’ont
jamais subi de traitement à l’aide de méthotrexate ou de mé-
dicaments qui modifient l’évolution de la maladie (5). Les don-
nées n’indiquent pas aussi clairement si le risque d’infections
bactériennes ou virales augmente en raison de l’utilisation de
thérapie anti-TNF-ɑ par rapport au risque chez les patients qui
prennent une thérapie standard aux corticoïdes, au méthotrex-
ate, à l’azathioprine, à la cyclophosphamide et à d’autres agents
(6-9). Le risque que d’autres MRB réactivent la tuberculose
n’a pas fait l’objet d’autant d’études, mais il est probablement
similaire à celui posé par la thérapie anti-TNF-α.
Des rapports font état d’une augmentation de l’incidence et de
la gravité des infections causées par d’autres mycobactéries (p.
ex., lèpre et autres mycobactéries non tuberculeuses) associées
aux MRB, à l’instar des infections à moisissures ou à cham-
pignons endémiques, telles que l’Histoplasma capsulatum, la
Blastomyces dermatidis ou le Coccidioides immitis, et des bac-
téries intracellulaires comme le Listeria monocytogenes. Il faut
également envisager la réactivation du Strongyloides chez les
patients provenant de régions endémiques.
Il existe des rapports de cas d’adultes chez qui des infections
virales chroniques comme l’herpès simplex, le virus varicelle-
zona et l’hépatite B sont réactivés pendant une thérapie anti-
TNF-ɑ (3,7). On ne saisit pas exactement le rôle des MRB dans
la réactivation potentielle de l’infection par le virus d’Epstein-
Barr, qui s’accompagne d’un potentiel de lymphome, mais il y a
des rapports de cas à cet effet.
Le risque d’infection semble lié à la durée du traitement. Étant
donné la longue demi-vie de certains médicaments (qui varie
de trois à 24 jours), le risque accru d’infection pourrait persister
pendant des semaines ou même des mois après l’arrêt de la mé-
dication.
Au sein des populations étudiées jusqu’à présent, l’augmentation
du risque d’infection par des pathogènes bactériens plus cou-
rants, tels que le S. pneumoniae, ne semble pas significatif.
Même s’il n’existe pas d’études publiées sur les enfants, le risque
d’infections bactériennes en période postopératoire ne semble
pas augmenter chez les adultes qui prennent des MRB. On
ne connaît pas les effets à long terme des MRB sur le système
immunitaire du fœtus lorsqu’ils sont administrés pendant la
grossesse. De plus, on possède encore peu de données proban-
tes, sinon aucunes, sur l’accroissement du risque d’infections
chez les enfants de femmes qui ont pris des MRB pendant la
grossesse ou l’allaitement.
La prévention des infections
La tuberculose
Avant d’amorcer un traitement aux MRB, tous les pa-
tients asymptomatiques devraient faire l’objet d’une évalua-
tion d’infection tuberculeuse latente (ITL). Il est important
d’obtenir les antécédents épidémiologiques détaillés, notam-
ment les expositions au Mycobacterium tuberculosis. Il faut
procéder à un test cutané à la tuberculine (TST) et à une radi-
ographie pulmonaire (tableau 1). On utilise le seuil d’induration
de 5 mm comme résultat positif du TST. On peut également
utiliser des tests sanguins pour dépister la TB (tests de libéra-
tion d’interféron-ɑ), car selon certaines données, ils seraient
plus sensibles que le TST chez les patients immunosupprimés.
Si la présomption clinique d’ITL est élevée, certains experts
recommandent d’administrer un traitement empirique pour la
contrer, normalement au moyen d’un traitement à l’isoniazide
pendant neuf mois. Il faut reporter le traitement aux MRB
COMITÉ DES MALADIES INFECTIEUSES ET D’IMMUNISATION, SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE ç 3