4| LES MODIFICATEURS DE LA RÉPONSE BIOLOGIQUE POUR RÉDUIRE L’INFLAMMATION : PLEINS FEUX SUR LES RISQUES D’INFECTION
et les réponses inflammatoires ne sont pas aussi
efficaces. L’inhibition de cette réaction immunitaire
peut permettre la réactivation d’infections auparavant
contrôlées ou susciter une réaction immunitaire
inadéquate à de nouveaux pathogènes qui exigent
une immunité à médiation cellulaire.
Quelles infections sont plus fréquentes dans ce
contexte clinique?
Selon des données probantes substantielles, le
recours aux MRB (p. ex., thérapie anti-TNF-α) accroît
le risque de tuberculose et d’infections fongiques,
quelle que soit la maladie sous-jacente, même par
rapport à la thérapie immunosuppressive standard [2]-
[4]. Le risque est peut-être moins élevé chez les
patients atteints d’arthrite rhumatoïde en phase
précoce, qui n’ont jamais subi de traitement à l’aide de
méthotrexate ou de médicaments qui modifient
l’évolution de la maladie [5]. Les données n’indiquent
pas aussi clairement si le risque d’infections
bactériennes ou virales augmente en raison de
l’utilisation de thérapie anti-TNF-α par rapport au
risque chez les patients qui prennent une thérapie
standard aux corticoïdes, au méthotrexate, à
l’azathioprine, à la cyclophosphamide et à d’autres
agents [6]-[9]. Le risque que d’autres MRB réactivent la
tuberculose n’a pas fait l’objet d’autant d’études, mais
il est probablement similaire à celui posé par la
thérapie anti-TNF-α.
Des rapports font état d’une augmentation de
l’incidence et de la gravité des infections causées par
d’autres mycobactéries (p. ex., lèpre et autres
mycobactéries non tuberculeuses) associées aux
MRB, à l’instar des infections à moisissures ou à
champignons endémiques, telles que l’Histoplasma
capsulatum, la Blastomyces dermatidis ou le
Coccidioides immitis, et des bactéries intracellulaires
comme le Listeria monocytogenes. Il faut également
envisager la réactivation du Strongyloides chez les
patients provenant de régions endémiques.
Il existe des rapports de cas d’adultes chez qui des
infections virales chroniques comme l’herpès simplex,
le virus varicelle-zona et l’hépatite B sont réactivés
pendant une thérapie anti-TNF-α [3][7]. On ne saisit pas
exactement le rôle des MRB dans la réactivation
potentielle de l’infection par le virus d’Epstein-Barr, qui
s’accompagne d’un potentiel de lymphome, mais il y a
des rapports de cas à cet effet.
Le risque d’infection semble lié à la durée du
traitement. Étant donné la longue demi-vie de certains
médicaments (qui varie de trois à 24 jours), le risque
accru d’infection pourrait persister pendant des
semaines ou même des mois après l’arrêt de la
médication.
Au sein des populations étudiées jusqu’à présent,
l’augmentation du risque d’infection par des
pathogènes bactériens plus courants, tels que le S.
pneumoniae, ne semble pas significatif. Même s’il
n’existe pas d’études publiées sur les enfants, le
risque d’infections bactériennes en période
postopératoire ne semble pas augmenter chez les
adultes qui prennent des MRB. On ne connaît pas les
effets à long terme des MRB sur le système
immunitaire du fœtus lorsqu’ils sont administrés
pendant la grossesse. De plus, on possède encore
peu de données probantes, sinon aucunes, sur
l’accroissement du risque d’infections chez les enfants
de femmes qui ont pris des MRB pendant la grossesse
ou l’allaitement.
La prévention des infections
La tuberculose
Avant d’amorcer un traitement aux MRB, tous les
patients asymptomatiques devraient faire l’objet d’une
évaluation d’infection tuberculeuse latente (ITL). Il est
important d’obtenir les antécédents épidémiologiques
détaillés, notamment les expositions au
Mycobacterium tuberculosis. Il faut procéder à un test
cutané à la tuberculine (TST) et à une radiographie
pulmonaire (tableau 2). On utilise le seuil d’induration
de 5 mm comme résultat positif du TST. On peut
également utiliser des tests sanguins pour dépister la
TB (tests de libération d’interféron-γ), car selon
certaines données, ils seraient plus sensibles que le
TST chez les patients immunosupprimés. Si la
présomption clinique d’ITL est élevée, certains experts
recommandent d’administrer un traitement empirique
pour la contrer, normalement au moyen d’un traitement
à l’isoniazide pendant neuf mois. Il faut reporter le
traitement aux MRB jusqu’à ce qu’une prophylaxie ait
été administrée pendant au moins un mois.
Il faut effectuer rapidement des examens auprès des
patients dont le tableau clinique est évocateur d’une
tuberculose pulmonaire ou extrapulmonaire, en
collaboration avec des spécialistes des maladies
infectieuses.
D’autres infections
À; l’heure actuelle, il faut une forte présomption
clinique pour diagnostiquer les maladies infectieuses