discrimination de caste d'abord, de classe ensuite, de genre enfin. Seulement 10% d'entre elles reçoivent
ainsi une éducation. Nombre de jeunes filles Dalits sont forcées à la prostitution, certaines sont même
"offertes" au temple dans le cadre du système Devadasi et victimes des abus sexuels des hommes des
castes supérieures.
Sortir de l'extrême pauvreté dans de telles conditions est tout bonnement impossible ! Et le nouveau statut
de puissance émergente de l'Inde n'enraille en rien le phénomène, bien au contraire : l'écart entre les Dalits
et les non-Dalits augmente depuis le début des années 90, consacrant ainsi l'échec de politiques de
développement qui trop souvent ignorent le problème, quand elles ne le renforcent pas.
Ce système inégalitaire et hiérarchique, profondément enraciné dans les sociétés qui le pratique, doit être
éradiqué d'urgence ! Inhumain, humiliant, archaïque, il est en outre un obstacle considérable à la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
C'est pour toutes ces raisons qu'aujourd'hui le Parlement européen a, par l'adoption de cette résolution,
rappelé à l'Union européenne les obligations qui sont les siennes, ainsi que les outils diplomatiques et
commerciaux dont elle dispose pour mettre un terme à l'odieuse exclusion de millions de personnes. Nulle
volonté de jeter l'opprobre sur des pays qui, pour partie d'entre eux, ont mis en place des lois et des
politiques de discriminations positives, avec malheureusement des succès bien limités. Il s'agit bien plutôt
d'insister - au niveau européen - sur la nécessité de reconnaitre les discriminations fondées sur les castes
comme une forme distincte de discrimination ancrée dans le contexte social et / ou religieux. C'est en les
considérants comme un groupe bien défini, que ces victimes de ségrégation fondée sur la caste pourront
être mieux prises en compte dans les programmes de développement de l'Union européenne. L'efficacité
de l'aide ne pourra ainsi que s'en trouver renforcée.
La cohérence des politiques extérieures avec la politique de développement nous impose non seulement
d'évaluer l'incidence sur ces groupes des accords de commerce ou d'investissement conclus par l'Union
européenne. Mais bien plus encore d'y intégrer une clause relative aux discriminations fondées sur la caste.
Les récents événements survenus au Bangladesh ne nous permettent plus, à nous, Européens, de feindre
l'ignorance. Des entreprises européennes participent directement ou indirectement à la servitude d'êtres
humains coupables d'être simplement mal nés. Cela n'est pas supportable !
Dialogues politiques, négociations commerciales, stratégies et plans d'actions en matière de droits de
l'homme, sommets bilatéraux, réunions internationales, toutes les opportunités doivent être saisies et
utilisées par l'Union européenne pour promouvoir des initiatives communes visant à éradiquer les
discriminations fondées sur la caste.
D'une discrimination l'autre. Comment ne pas évoquer aussi nos propres responsabilités, notre propre
devoir à protéger et faire valoir les droits des populations discriminées, voire ostracisées, sur le sol
européen. Ceux des Dalits de la diaspora d'abord. La discrimination ignorant, elle, les frontières. Mais
aussi et surtout ceux de la Communauté Rom qui dans nombre d'États membres subit racisme, préjugés,
discriminations, mise à l'écart de la vie économique, politique, des systèmes éducatifs et de santé. Oui,
l'Union Européenne doit engager avec les pays tiers des discussions franches et constructives pour mettre
un terme à toutes les formes de discriminations qui sont un frein au développement. Mais les États
membres doivent aussi respecter les textes européens et utiliser convenablement les outils mis à leur
disposition par l'Union Européenne pour que s'arrête le cercle vicieux du racisme, de l'exclusion et de la
pauvreté. Ici et là-bas. Par humanité d'abord. Par souci de crédibilité ensuite.