2 adsp n° 79 juin 2012
éditorial
Bruno Grandbastien
HCSP, président
de la commission
spécialisée
Sécurité des patients
L’Organisation mondiale delasanté (OMS) afait delasécurité despatients
unedesespriorités. En témoignent lesdés mondiaux pourlasécurité despatients
tout d’abord centrés sur l’hygiène desmains (« Clean care is safer care »), puis sur
lasécurité aubloc opératoire (« Safe surgery saves lives »). La France s’est largement
engagée danscesactions del’OMS ; c’est même lepays ayant inscrit leplus grand nombre
d’hôpitaux etcliniques dansle premier dé mondial enpromotion del’hygiène desmains.
De nombreuses actions ont ainsi été menées, avecsuccès si l’on regarde lasécurité
infectieuse associée auxsoins oulasécurité liée àl’usage desproduits sanguins labiles,
avecencore desprogrès attendus si l’on regarde lesrisques liés àl’usage desmédicaments.
De nombreuses disciplines se sont également engagées très activement danslasécurité
despatients (les anesthésistes, leschirurgiens orthopédiques…). Sur leterrain, auprès
despatients, c’est uneréalité quiprend corps.
Le paysage réglementaire abeaucoup changé cesderniers mois (la loi « Hôpital, patients,
santé etterritoires » etsesdécrets d’application) ; danslesétablissements desanté,
lacommunauté médicale (au travers desCME) est enpremière ligne ; leconcept
de« coordination delagestion desrisques » atrouvé unedéclinaison opérationnelle
danschaque établissement avecunprofessionnel désigné àcet effet… Des outils d’aide
àlamise enplace opérationnelle decesnouvelles organisations ont également été diffusés.
Les fondations d’une démarche renforcée desécurité despatients sont ainsi aujourd’hui
plussolides.
Le Haut Conseil delasanté publique (HCSP) nepouvait être absent delaréexion sur
cesujet. Son organisation même, avecunecommission spécialisée dédiée àlasécurité
despatients, légitime cette implication danslaréexion actuelle. Pour cette expertise,
desexpériences d’autres pays ont guidé cestravaux. Un rapport duHCSP, Pour unepolitique
desécurité despatients, globale etintégrée, aété publié ennovembre 2011 (les grandes
lignes ensont rappelées danscedossier). Outre l’afchage fort d’une politique desécurité
despatients, lesdés majeurs aujourd’hui résident dansl’identication desévénements
indésirables liés auxsoins avecleurgestion auplus proche, laformation desprofessionnels,
larecherche etl’innovation. La sécurité despatients est deplus enplus lisible
danslesétablissements desanté ; denouvelles organisations visant àcasser lesbarrières
despécialités et à davantage coordonner lesactions (de l’identication desévénements
indésirables àleurgestion, sans oublier laformation…) vont se mettre enplace. Mais,
pourlesétablissements médico-sociaux, lessoins ambulatoires, desactions spéciques
doivent être imaginées ; lesétudes Eneis ont rappelé l’importance desévénements
indésirables àl’origine d’une hospitalisation. Plus globalement, tout leparcours desoin
etenparticulier toutes lesinterfaces entre laville etl’hôpital, entre lesdifférents acteurs
desanté, aveclepatient lui-même acteur desasécurité doivent être lacible denos
préoccupations.
Une prise deconscience àlafois duconstat, maissurtout dessolutions quidoivent être
mises enplace par tous les acteurs denotre système desanté – soignants, managers,
maisaussi usagers – est unenjeu important aujourd’hui. Il nous faut maintenant partager très
largement cette culture forte desécurité despatients. Les priorités posées parleministère
danslecadre d’un programme national sur lasécurité despatients vont aider àcette
appropriation laplus large possible etdynamiser toutes cesexpériences. Ce dossier,
Sécurité despatients : mieux connaître etréduire lesrisques, se veut unecontribution forte
audéveloppement decette culture etàladiffusion decespriorités pour les enseignants,
lesétudiants, et naturellement l’ensemble des professionnels de santé et des usagers. E
La sécurité des patients :
unnouvelenjeu en 2012
Voir aussi Pariès J.,
RomeF., Nyssen A.S.
« Les expériences natio-
nales et internationales
pour promouvoir ou
améliorer la sécurité des
patients », adsp, n° 71,
juin 2010.