
foie, influent sur un certain nombre de processus cérébraux, comme les dépôts amyloïdes, l'intégrité
du cytosquelette, et l'efficacité de la réparation neuronale. Le rôle de l'apolipoprotéine E dans la
maladie d'Alzheimer devient plus certain. La protéine présente 3 formes alléliques dénommées 2, 3,
et 4, avec pour conséquence 6 génotypes : 2/2, 2/3, 2/4, 3/3, 3/4, et 4/4. Le risque de
maladie d'Alzheimer est franchement augmenté chez les personnes ayant 2 allèles 4, qui ont
davantage de risque de développer la maladie entre 60 et 75 ans. L'incidence peut être diminuée chez
ceux qui présentent l'allèle 2. Comme environ 40 % des personnes qui atteignent l'âge de 85 ans
développent certaines formes patentes de démence, indépendamment de la nature des apo E, ce test
génétique n'est pas très utile pour prédire si une personne développera au cours de sa vie la maladie
d'Alzheimer. Le test est disponible sur le marché. Son utilité comme test diagnostique supplémentaire
(plutôt que comme test prédictif) pour la maladie d'Alzheimer est l'objet d'études.
De nombreuses protéines sont anormalement augmentées dans l'encéphale, et apparaissent dans le
LCR. Il n'est pas certain qu'elles soient des agents causaux ou des marqueurs de la maladie. La
protéine tau (d'origine neurofibrillaire) présente une haute spécificité mais une basse sensibilité pour
identifier une démence comme la maladie d'Alzheimer ; un type différent de protéine tau s'accumule
également chez les patients souffrant de paralysie supranucléaire évolutive (v. Ch. 179). La choline
acétyltransférase est réduite de façon marquée, avec par suite une réduction de la disponibilité de
l'acétylcholine. La somatostatine, le facteur de libération de la corticotrophine, et d'autres
neurotransmetteurs sont également réduits de manière significative.
Symptomatologie
La maladie d'Alzheimer peut être divisée en divers stades cliniques. Néanmoins, les patients
présentent une grande variabilité, et l'évolution de la maladie n'est pas aussi régulière qu'indiqué dans
la description suivante. La maladie évolue graduellement, bien que parfois les symptômes semblent
rester en plateau pendant un certaine période.
La phase initiale est caractérisée par une perte de la mémoire récente, une incapacité à apprendre et
retenir de nouvelles informations, des problèmes de langage (en particulier pour retrouver les mots),
des changements d'humeur, et des troubles de la personnalité. Les patients peuvent présenter une
difficulté évolutive à effectuer leurs activités quotidiennes (p. ex. gérer leur chéquier ou retrouver leur
chemin aux alentours ou se souvenir où ils ont placé leurs affaires). La pensée abstraite et leur propre
jugement sont réduits. Les patients peuvent réagir à la perte du contrôle et de la mémoire par de
l'irritabilité, de l'hostilité, et de l'agitation. Certains patients présentent une aphasie isolée ou des
difficultés visio-spatiales. Bien que le stade initial ne compromette pas la sociabilité, les parents se
rendent compte des comportements inhabituels (p. ex. le patient se perd sur le chemin du
supermarché ou oublie le nom d'un hôte récent), associés à l'apparition d'une labilité émotionnelle.
Au stade intermédiaire, les patients deviennent incapables d'apprendre et de se rappeler les nouvelles
informations. La mémoire à long terme est altérée mais non totalement perdue. Les patients peuvent
nécessiter une assistance pour se laver, pour manger, pour s'habiller ou pour les soins corporels. La
désorganisation du comportement peut être caractérisée par le vagabondage, l'agitation, l'hostilité,
l'absence de coopération ou l'agression physique. A ce stade, les patients perdent tout sens du temps
et de l'espace, parce que les références environnementales et sociales sont gérées de manière
inefficace. Les patients se perdent souvent au point de ne plus retrouver leur propre chambre ou la
salle de bain. Bien que la capacité de marcher soit conservée, ils risquent de chuter ou d'être victimes
d'accidents en rapport avec leur état confusionnel.
Dans les stades sévères, les patients sont dans l'incapacité de marcher ou d'effectuer n'importe quel
type d'activité quotidienne, et généralement sont complètement incontinents. La mémoire à court
terme et à long terme est totalement perdue. Les patients peuvent être incapables d'avaler et de
manger, et risquent la malnutrition, la pneumonie (en particulier par inhalation) et des escarres de
décubitus. L'hospitalisation dans des structures de soins de long séjour deviennent nécessaires du fait
qu'ils sont totalement dépendants des autres pour les soins. A la fin, les patients deviennent mutiques.
Puisque de tels patients ne sont pas en mesure d'expliquer les symptômes au médecin et du fait que
les personnes âgées n'ont souvent pas de réactions fébriles ou de réponse leucocytaire à l'infection,
le médecin devra se baser sur son expérience et sur son intuition lorsque le patient semble malade.