Protéger les implants (et les dents naturelles) ou

Protéger les implants
(et les dents naturelles) ou...
mieux vaut prévenir que guérir !
CLINIC FOCUS
L
a liste des signes et symptômes est longue : usu-
res dentaires, facettes dabrasion, bords libres usés,
dentelés, biseautés, mylolyses, fêlures, fractures de
dents naturelles ou restaurées, obturations ou protses à
re-sceller ou à refaire gulièrement, marques des dents
sur les bords de la langue, signes de morsure dans la face
interne des joues, sensibilités voire douleurs atypiques au
niveau des dents
Au niveau de l’ATM, on notera les bruits (claquements,
crépitations), ressauts, douleurs et gênes à l’ouverture de
la bouche, latéro-déviations à lélévation/abaissement de
la mandibule, etc.
Sajoutent des signes et symptômes habituellement
moins relevés lors dun examen clinique en cabinet den-
taire, notamment la cervicalgie, une musculature mas-
ticatoire très développée, en particulier les masséters et
chefs antérieurs des muscles temporaux, la sensibili à
la palpation de ces mes muscles ainsi que celle des
muscles de la nuque et du cou (le SCOM = Sterno-Cléi-
do-Occipito-Mastoïdien).
Il arrive que certains patients nous décrivent des si-
gnes hors du champ de nos compétences habituelles
strictement buccales, qui nous mettent sur la piste dun
SADAM. Comme lavait déjà décrit le fameux ORL
américain Costen dans les années 1930, à la liste ci-des-
sus peuvent s’ajouter les problèmes de l’équilibre, ver-
tiges, nausées, acouphènes, douleurs sinusiennes chro-
niques, voire desphalées dites « du type tensionnel »,
douleurs migraineuses
Évidemment, chacun de ces symptômes peut avoir une
étiologie différente et il sera donc nécessaire détablir un
diagnostic différentiel en faisant appel à des confrères
des difrentes disciplines conceres. Cependant, plus
la liste des signes précités chez un patient particulier est
longue, plus il y a de chances que sa para-fonction mus-
culaire y joue un le, voire en soit à l’origine.
Dans la pratique quotidienne au cabinet dentaire, ceci
se traduit par un « screening » (anglais : criblage) ra-
pide de l’état dentaire et musculaire de chaque patient
(à risque) en amont de tout traitement, et notamment, de
ceux susceptibles d’avoir un traitement prothétique ou
implantaire. Il convient donc d’ingrer certains signes
et sympmes dans ses fiches d’anamnèse, d’établir une
check-list, d’étudier les publications sur le sujet, voire de
suivre des formations scialisées.
Cest par l’exrience que le praticien développera ses
« sens » par rapport aux facteurs à risque et aux typo-
logies de patients principalement concernés. Bientôt, il
reconnaîtra la majori des « candidats » s leur arrivée
au cabinet en remarquant lhypertrophie des muscles é-
vateurs ou leur posture par exemple.
Pour les SADAM, la démarche préventive cessite une
vision plus large du sujet, ce qui peut, aubut, paraître
déroutant aussi bien pour le praticien que pour le patient :
le chirurgien-dentiste qui s’inresse au mode de vie du
patient, qui pose des questions sur son « stress » et son
environnement, en interpellera certains. Pourtant, en de-
hors de l’unanimi au niveau international sur l’impor-
Fig. 1 : Facettes d’Abrasion.
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Fig. 3 : Bords libres abîmés et usés.
LE FIL DENTAIRE
< < N°34 <juin 2008
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En parlant d’implants, on ne peut éviter un sujet épineux : la gestion des patients « bruxomanes »
et la protection de nos travaux implantaires et prothétiques. Si nous admettons le caractère
de risque que représente le fait de serrer et/ou de grincer des dents pour la longévi de nos
travaux, cest précisément cette malheureuse habitude qui est à lorigine même du besoin de
leur alisation. Autrement dit, la prise en charge précoce et préventive du bruxisme pourrait
épargner à bien des patients la réparation ultérieure des dommages causés. Pvenir, c’est surtout
(apprendre à) reconnaître les patients « à risque » et les prendre en charge le plus tôt possible.
Dr Bernard LAZAROO
n Implantologue
n D.U. d’Anatomie
cranio-cervico-faciale
n D.U. de Douleur
oro-faciale
n Attaché d’anatomie
à l’Université Paris V
n Enseignant SAPO
(Société d’Anatomie
et de Pathologie
Oro-faciale)
Dr Gilles PHAM
n Omnipraticien,
soins et protses
n Diplô de la Faculté
de Chirurgie dentaire
de Paris V
Fig. 2 : Myloses. Fig. 4 : Abrasions.
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tance des facteurs psychologiques derrière le phénone
du bruxisme, nous saurons tous identifier, sans trop cher-
cher, quelques cas de patients dans nos cabinets à forte
tendance à la somatisation de leurs problèmes d’ordre
psychoaffectif, de stress, de nervosité...
Sensuit un travail aussi important que, parfois, délicat
qui consiste à motiver le patient à la nécessité dagir.
Cette étape passe déjà par la simple information et la
prise de conscience du patient, des conséquences de son
habitude inconsciente, ce qui, en soi, peut souvent avoir
des effets surprenants et réduire sensiblement l’incidence
du problème.
Dans les autres cas, il faudra trouver, avec le patient,
« le traitement » le plus adap à sa situation. Comme le
facteur psychoaffectif s’avère souvent très important, le
traitement consistera fréquemment en une gestion plus
efficace de ses problèmes et de son « stress » (aide psy-
chologique adape, activi physique, techniques de re-
laxation, …).
Pour la partie dento-dentaire, le praticien proposera -
néralement un traitement avec gouttre de relaxation
NTI-tss, éventuellement assorti ou suivi d’un traitement
déquilibration occlusale, prothétique ou orthodontique.
Pour certains cas, le dentiste impliquera des confrères
dautres disciplines pour aider le patient à rompre avec
son habitude de bruxisme.
Car si la gouttre de relaxation aidera dans la gestion
des sympmes et contribuera ainsi à l’amélioration de
quali de vie du patient, il ne réglera généralement pas le
fond du problème, autrement plus complexe.
Cas pratique
Le patient M. P. est à la fois un cas tragique et typique : ty-
pique, car nous en voyons régulrement au cabinet, tragi-
que, parce que son bruxisme important na pas été pris en
charge s le part, ce qui aurait pu nous (et lui !) épargner
au moins une partie des interventions ultérieures.
M.P. est suivi au cabinet depuis 1993. En 1994, une couron-
ne a été réalie sur la 14. Avec le temps, cette couronne
a fait l’objet de plusieurs interventions durgence, notam-
ment des rescellements répétés avec tentative daméliorer
la rétention radiculaire en 1999, 2001, 2003. En 2005, les
probmes sacrent et atteignent un degré de gravité
tel, quil en résulte finalement l’extraction de la racine.
En 2006, le patient roit un implant avec prothèse, limitant
ainsi l’incidence sur les dents avoisinantes. Malheureuse-
ment, peu après, on perd une couronne sur la 25, et il est
décidé de refaire une autre couronne sur inlay core. Mais
les probmes de descellement ne cessent pas et courant
2007, nous finissons par découvrir une fracture radiculaire !
Début 2008, la racine de 25 doit être extraite et plus tard, le
patient reçoit son deuxième implant pour remplacer sa 25.
Histoire inévitable, typiqueme pour certains patients
« malchanceux » ? Rien n’est moins sûr !
Dans le cas précité, le patient roit, bien que tardive-
ment, une gouttre de relaxation pour protéger les dents
et les reconstructions délicates. Parallèlement, le patient
sest engagé à envisager une aide psychologique et à pra-
tiquer une activité sportive pour se décontracter.
Suite aux échecs répétés avec des gouttres de recou-
vrement, qui sont souvent mal toes par les patients,
fastidieuses à aliser et à gler, nous avons op pour
un NTI-tss modèle réduit posé à la mandibule. Hormis
sa petite taille, son excellente acceptation par les patients
et la facilité de sa mise en oeuvre, ce petit dispositif pré-
sente un autre avantage, son faible coût pour le patient, ce
qui le rend facile à « vendre ». Après quelques réglages
(notamment la diminution de la DVO au strict minimum
nécessaire pour éviter tout contact canin ou molaire), il
permet en quelques jours, ou quelques semaines tout au
plus, de despasmer les muscles masticateurs du patient
afin d’envisager un traitement de fond si besoin (Fig.9).
Pour M.P. le sucs est encourageant : depuis la mise en
place de sa gouttière de relaxation, le patient remarque
la diminution de la tension musculaire des masticateurs
au matin et ressent la nécessité et le besoin du port de sa
gouttre pour la protection de ses dents.
Conclusion
Dans le cas de M.P. comme dans bien d’autres, le dia-
gnostic précoce de la surcharge occlusale et de la para-
fonction musculaire ainsi que leur traitement préventif,
aurait permis d’éviter une bonne partie des problèmes
rencontrés ulrieurement.
Aussi est-il évident que, sans protection occlusale, les ris-
ques au niveau des restaurations sont énormes, et qu’une
protection efficace simpose. Le tout nécessite un accom-
pagnement, qui va bien au-de du seul problème dento-
dentaire. Dans notre expérience, le traitement préventif et
protecteur avec une gouttière de relaxation du type NTI-
tss est peu cteux, facile à réaliser, bien accep par les
patients et, surtout, efficace. Souvent il peut donc nous
épargner et également, à nos patients, bien des ennuis
et des dépenses ! u
www.lefildentaire.com >13
Fig. 5 : Racine de la 14.
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Fig. 6 : Implant de 14 posé.
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Fig. 8 : Prothèse en bouche.
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Fig. 7 : Prise de teinte. Fig. 9 : NTI-tss en bouche sur le patient MP.
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