La performance par la psychologie
Par Lysanne Goyer, Ph.D., GEO PLEIN AIR - SANTÉ GLOBALE- mai-juin 2013 p.75
En compétition, notre préparation mentale peut faire toute la différence. L’important, alors, n’est pas de gagner, mais
d’avoir le sentiment d’avoir fait son mieux dans le plaisir. La psychologie peut nous y aider.
Je me demande souvent pourquoi l’école ne nous enseigne pas à être plus conscients de ce qui se passe à l’intérieur de nous,
et à orienter nos pensées pour nous aider à être au mieux dans nos performances sportives et dans toutes les autres sphères
de notre vie. Savoir reconnaître le fil de nos pensées alors qu’elles se manifestent, savoir évaluer leur pertinence puis les
modifier quand elles sont erronées, disproportionnées et irréalistes, n’est-ce pas essentiel pour atteindre le meilleur de nous-
mêmes ? Qui serions-nous comme individus et comme société si nous avions la chance d’être éduqués à la pleine conscience
de soi ? Je me le demande.
J’ai la chance d’être psy. J’ai donc appris à utiliser des techniques en psychologie pour aider les gens à améliorer leur bien-être
et leurs performances grâce à des outils qui agissent sur leurs comportements. D’ailleurs, la thérapie cognitive-
comportementale, qui est au cœur de mes interventions, a démontré sa grande efficacité en recherche clinique pour réduire de
nombreuses difficultés psychologiques et aussi pour améliorer les performances sportives. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que
penser à ajuster notre comportement pour maximiser notre santé engendre des bienfaits dans tous les secteurs de notre vie.
Les employeurs commencent à comprendre, parce qu’ils constatent le coût engendré par les problèmes de santé physique et
psychologique. Les équipes sportives de haut niveau aussi. Avoir un psy au sein de son équipe, c’est avoir un avantage
compétitif sur les autres.
VISUALISER LA PERFORMANCE
Au fil des ans, j’ai compris qu’en utilisant mes outils de psy pour me préparer à mes compétitions et mes défis sportifs, je
performe vraiment mieux. Quand je ne me prépare pas, quand je n’ai pas le goût de relire mon journal de bord qui relate avec
précision mes pensées et les comportements que j’ai adoptés avant et pendant mes courses précédentes, quand je ne visualise
pas ma course et les défis psychologiques que j’affronterai à divers moment du parcours, quand je ne prépare pas mon cerveau
à remplacer mes pensées négatives par des pensées motivantes, ma concentration n’est pas optimale et je performe moins
bien. Ce n’est pas ma mauvaise performance qui me déçoit, puisque je ne suis pas une athlète de haut niveau, mais c’est le fait
de savoir que je n’ai pas bien affûté mon cerveau pour le défi que je m’apprêtais à relever.
Quand, au troisième quart de course, je me dis « Je n’en peux plus » et que je ne suis pas préparée, je sais que je perds de
précieuses secondes à m’apitoyer sur mon sort. Quand je suis préparée, je sais que ce moment de découragement profond
viendra inévitablement. Je l’accueille en me disant : « Bon, te voilà. Je t’attendais et je sais que c’est ici que ma vraie course
commence. Je suis prête.»
Voici quelques outils qui peuvent vraiment améliorer vos performances sportives, si vous les mettez en application. Vous ne
gagnerez pas 10 minutes sur votre temps total, mais vous gagnerez de précieuses secondes et, surtout, vous gagnerez en bien-
être intérieur. Ces outils peuvent être transposés à tous les défis de votre vie : un projet exigeant, une situation de vie
stressante, un voyage fatiguant, un défi de taille, etc.
DES OUTILS POUR MIEUX PERFORMER
1. Faire une liste des pensées qui nous ralentissent durant nos défis et imaginer où cela se produit sur le parcours.
Ensuite, remplacer ces pensées par des phrases motivantes (des affirmations). Prenons l’exemple d’une course. Se dire «Oh,
j’ai mal, j’ai le goût de lâcher» sera remplacé par «Ce n’est pas de la douleur, c’est du travail intense et c’est ici que se joue ma
course. Je donne mon max, sinon je le regretterai à la fin».
2. Visualiser régulièrement le déroulement du défi dans tous ses détails, du début à la fin, avec ressenti. Il faut ressentir
les émotions comme si on y était. Fermer les yeux, imaginer le matin du départ, voir la course, imaginer son attitude, les points
d’eau, les moments où ça devient intense (et comment on compose avec ces situations), puis la fin de la course, où on donne
son maximum. Le pouvoir de la visualisation est très grand pour tous les athlètes (même les grands orateurs l’utilisent ! ).
3. Anticiper et préparer les moments difficiles en fonction des expériences passées. Avec le temps, on apprend à se
connaître et, à partir de là, on est prêt pour le point 4.
4. Regarder la carte du parcours et le pointer du doigt, la veille de la course. Ce faisant, et à voix haute, alors qu’on avance
sur la carte, on explique sa stratégie, ce qui se passe et comment on compose avec les défis qui augmentent, en utilisant ses
affirmations.
5. Être réaliste sur ses capacités de performer le moment venu. En fonction de son corps, des blessures possibles, de la
température extérieure, de circonstance X, on ajuste ses attentes et sa stratégie.
6. Savoir comment composer avec les imprévus. Une course, c’est comme la vie : on ne peut pas tout prévoir. «Je me suis
bien préparé, alors j’accepterai les imprévus du mieux que je peux en dépensant le moins d’énergie possible à souhaiter que
les choses soient différentes. Je m’ajusterai le plus rapidement possible.»
7. Préparer un petit carton d’affirmations qu’on relit souvent durant les deux jours précédant l’événement. On l’utilise
quand on se met à stresser, et ça devient un guide de pensée le jour avant et le matin même.
8. Au fil de départ, on se rappelle qu’on a choisi ce défi et on est reconnaissant d’être là. Ainsi, on subit moins de stress et
on libère davantage d’endorphines…
9. Revenir au moment présent quand on se dit qu’on ne sera pas capable de se rendre au fil d’arrivée. On se dévitalise
tellement à s’imaginer le reste du parcours lorsqu’on est aux trois quarts d’une course. Revenir à l’instant. Souvent, l’instant est
encore très facile à gérer.
10. Diviser le dernier quart du parcours en blocs gérables. Au lieu de se dire «Il me reste X km», se dire plutôt «il me reste X
tours de pistes» ou encore, «Je rattrape le chandail bleu» ou «Je suis capable de me rendre au prochain coin de rue».
11. Se rappeler qu’on est là pour le plaisir de se dépasser. On est là parce qu’on voulait vivre ce moment. Il faut le vivre
pleinement. Courir, ressentir l’intensité, le privilège d’être là, en cet instant, avec d’autres coureurs qui partagent ce plaisir.
12. Diminuer les attentes perfectionnistes qui réduisent le plaisir. «L’important, pour moi, ce n’est pas de gagner, mais de
donner le meilleur de moi et vivre pleinement ce moment de ma vie qui ne reviendra pas.»
13. Rester concentré même si le chrono me déplaît. Ça ne sert à rien de se flageller parce que le chrono ne correspond pas
à ses attentes. Mieux vaut rester concentré, retourner à ses sensations internes, ajuster sa course, reprendre ses affirmations.
Peut-être qu’on peut rattraper le temps. Sinon, au moins, on aura donné le meilleur qu’on avait à donner cette journée-là !
14. Écrire dans un journal après chaque course. Raconter comment on s’est préparé la veille et le matin même. Écrire son
état d’esprit et comment on a planifié sa course, puis la décrire. Quelles étaient nos pensées ? Quels ont été nos moments
difficiles ? Comment a-t-on composé avec les situations ? Qu’a-t-on mangé, bu, etc.? Finalement, écrire ce qu’on a appris.
Qu’est-ce qui nous a aidé et nui durant cette course ? En ce qui me concerne, avant chaque course, je relis mes notes sur mes
anciennes courses ; ça me replonge dans mes comportements lors de ces courses et ça m’aide à mieux me préparer à rester
centrée sur l’essentiel.
Qu’on gagne ou non, qu’on obtienne ou non le résultat souhaité en regard des efforts déployés, ce n’est jamais aussi
satisfaisant que d’avoir pu donner le meilleur de soi et d’avoir ressenti la reconnaissance de vivre cet instant, quel qu’il soit.
Oui, la pleine conscience de soi nous permet d’aller plus loin parce qu’elle nous apprend à nous recentrer sur l’essentiel, à
diminuer les attentes nuisibles (les nôtres et celles des autres et à faire les ajustements qui s’imposent.
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