Jean Allouch a beau répondre dans une longue lettre très argumentée, à la verve
cinglante : « Le mieux, Monsieur le Directeur, serait de me permettre de mettre ce
malencontreux paragraphe à la poubelle, en le versant ainsi au compte d’une bêtise
commise en un instant d’égarement. Permettez-nous de l’oublier définitivement », le
directeur des PUF maintient l’interdiction et préfère « pour éviter tout risque de polé-
mique inutile, ne pas commenter le style [qu’il] trouve inutilement agressif et mépri-
sant ».
Pour saisir cette triste affaire en détail, je recommande de lire ce supplément très
instructif. Il a fait irruption dans ce que j’étais en train d’écrire et m’a arrêtée pendant
un temps : Janine Altounian, l’auteur du livre que j’étais en train de présenter et cri-
tiquer, fait justement partie de cette équipe éditoriale dirigée par André Bourguignon
– Pierre Cotet – et Jean Laplanche comme directeur scientifique. Elle le mentionne
explicitement dans l’avant-propos de son ouvrage. Je me suis demandé quelle
aurait/avait pu être la position de J. Altounian dans ce conflit sur l’exclusivité des tra-
ductions opposant son équipe et L’Unebévue. Question à laquelle je ne peux pas répon-
dre et qui me semble maintenant superflue.
Je remarque cependant l’importance des précautions avancées par J. Altounian à
propos des « échanges passionnés, pour ne pas dire passionnels sur les problèmes de
la traduction de Freud… ». Maintes précautions de sa part, qui peuvent résonner
comme des dénégations, ses visées n’étant « nullement polémiques », elle précise
aussi que ce regroupement d’articles écrits entre 1988 et 2003 n’est pas « une défense
ou illustration » de l’entreprise à laquelle elle collabore. Peut-être ses précautions
émanent-elles d’un réel souci de se dégager des rigidités de ceux avec qui elle tra-
vaille depuis si longtemps. Je ne dispose pas des éléments qui me permettraient de
trancher.
Je me suis retrouvée devant un choix subjectivement difficile : faire comme si rien
n’était arrivé entre les PUF, l’équipe de traduction de Laplanche d’un côté et
L’Unebévue de l’autre ; suspendre la rédaction de l’article, ce qui a été mon choix pen-
dant un temps ; ou encore, faire état aussi correctement que possible, dans le cadre de
la revue du Quid pro quo, à la fois de ma lecture de ce supplément et du livre de
J. Altounian.
« Trente ans de traversée : avis aux simplificateurs »
Le sommaire de cet ouvrage de J. Altounian est divisé en trois grandes parties :
« La psychanalyse s’est pensée et écrite en langue allemande », « Inscription d’une
traversée traumatique et traduction », « Corps textuel et théorisation ». L’ouvrage ras-
semble treize articles de l’auteur parus entre 1988 et 2003 dans diverses revues de
psychanalyse dont nous avons la liste à la fin de l’avant-propos.
La « Bibliothèque de psychanalyse » des PUF les a réunis en un seul volume.
Dans cet ensemble, très hétérogène, existe-t-il une cohérence suffisante pour justifier
ce rassemblement ? À la simple lecture du sommaire apparaissent en caractères gras,
très visibles, une série de noms propres : Jean Améry, Freud, Luther, Wagner,
Schreber, Lou Andreas-Salomé. La trop grande hétérogénéité du contenu de ces textes
4