Dossier_L`Etranger-Reminiscences#13

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L’ÉTRANGER
Réminiscences
d’après l’Étranger d’Albert Camus © Éditions Gallimard
il s’est alors levé il a repoussé les assiettes il a soigneusement essuyé la toile cirée de la table il a pris dans un tiroir de sa table de nuit une feuille de papier quadrillé une enveloppe jaune un petit porte-plume de bois rouge et un encrier carré d’encre violette
Dossier de Présentation
Sommaire
Page 02 // Intention
Page 03 // Distribution, soutiens & partenaires, remerciements
Page 04 // Dates & lieux de diffusion
P a g e 0 5 / / C r é a t i o n # 1 - Av a n t p r o p o s
Page 06 // Création #2 - Carnet (s)
P a g e 0 9 / / C r é a t i o n # 3 - L’e n d r o i t ( d u s o n )
Page 10 // Les artisans
Page 13 // Dossier de presse
Page 19 // Entretiens
Page 21 // Contacts - Crédits
Liens
http://salon.io/l-etranger
h t t p : / / w w w. c i t i z e n j a z z . c o m / L e s - M i n i d o c s - L - E t r a n g e r. h t m l
L’ Étranger - Réminiscences || Page 1
Intentions
Ce projet initié par Pierre-Jean Peters est le résultat de la relation intime que
le comédien entretient depuis plus de dix ans avec ce monument littéraire.
Ce trajet introspectif l’a conduit - peu à peu - au travers de multiples expérimentations, à incarner autant la figure d’Albert Camus (l’homme écrivant) que celle de
son héros Meursault et de tous les autres protagonistes du roman.
Pierre-Jean Peters impose une lecture vertigineuse tout en jeu de miroirs qui emmène notre réflexion sur le son et la relation intime que nous entretenons avec la
lecture : Qui parle ? D’où me parle-t-on ?
La dislocation des dialogues du roman prend corps devant la question posée - par le
comédien - de la lecture intérieure : cette voix - en nous - qui relit et joue tous
les personnages.
Grâce au fruit d’un travail orchestral et intuitif, entre l’adaptation théâtrale
d’une œuvre littéraire et la musique, Pierre-Jean Peters porte cette voix pour (re)
composer un quartet avec les musiciens.
La musique est une présence, une réponse essentielle qui fixe le ton et installe des
mouvements parallèles ordonnés en séquences organiques. Elle est un complément lyrique planté dans la dramaturgie.
Cette forme hybride met en lumière le sens profond du texte ainsi que les thèmes
chers à Albert Camus : L’ Algérie et la justice, la révolte et l’absurde.
L’ Étranger - Réminiscences || Page 2
Distribution
Pierre–Jean Peters // Voix & jeu // Idée originale
Adrien Dennefeld // Guitare & violoncelle
Guillaume Séguron // Contrebasse & basse // Direction artistique
Jean–Pierre Jullian // Batterie & percussions
Pierre Vandewaeter // Son // Régie générale
Eric Bellevègue // Création lumière
Olivier Malrieu // Adaptation
Soutiens & partenaires
La Société des Études Camusiennes
Le Collectif JAZZ-LR
L’AJMI - Jazz et musiques improvisées
L’ADAMI
La SPEDIDAM
M’hamed Sedrati
Hind Sedrati
L’Association MITOA
Société LCB, Montpellier
Studio Lakanal, Montpellier
Citizen Jazz
Remerciements
Les Éditions Gallimard
Maison Louis Jouvet - ENSAD, Montpellier
Philippe Dalban
Jacques-Marie Bernard
L’ Étranger - Réminiscences || Page 3
Dates & lieux de diffusion
2013
Du 8 au 31 juillet // Théâtre du Roi René // Festival d’Avignon
25, 26 & 27 novembre // Théâtre International // Francfort
17 décembre // ATP & Scène Nationale // Poitiers
2014
Du 26 au 30 Mai // Résidence #1 Jazz LR // Théâtre de Vergèze
Du 11 au 15 Juillet // Têtes de Jazz - AJMI // Festival Avignon (Préférences du IN)
4 & 5 octobre // Théâtre de Vaugarni
26, 27 & 28 novembre // Théâtre International // Francfort
5 décembre // Théâtre de la Faïencerie // La Tronche
Du 8 au 10 décembre // Résidence #2 Jazz LR // Centre Culturel de Cabestany
11 décembre // Jazzèbre & Centre Culturel // Cabestany
12 décembre // Jazz à Junas & La Maison de l’Eau // Allègre les Fumades
2015
15 Janvier 2015 // ATP Les Vosges & Auditorium de la Louvière // Epinal
31 janvier 2015 // ATP Les Terres du Sud & Arthémia // Le Grau du Roi
12, 13 & 14 Mars 2015 // Théâtre Molière - Scène nationale // Sète
21 Avril 2015 // ATAO & Théâtre Gérard Philippe // Orléans
27 septembre 2015 // Théâtre // Pézenas
12 Novembre 2015 // Festival D’JAZZ // Nevers
2016
Du 14 au 19 mars // Résidence de création L’Étranger - Réminiscences (Opus#2) // AJMI
Du 21 au 24 mars // Résidence de création L’Étranger - Réminiscences (Opus#2) //
La Garance - Scène nationale // Cavaillon
25 mars // Création L’Étranger - Réminiscences (Opus#2) // La Garance - Scène nationale //
Cavaillon
er
30, 31 mars & 1 et 2 avril // TAPS - La Laiterie // Strasbourg
L’ Étranger - Réminiscences || Page 4
Création #1
Avant propos
(...)
La version de L’Étranger qui fut proposée pendant
le festival d’Avignon 2014, est la quatrième version d’une aventure personnelle et théâtrale autour du roman d’Albert Camus et de son personnage
Meursault.
« Réminiscences » est pour moi la mise en avant de
la figure de l’écrivain dans son roman et dans son
temps, côte à côte avec son héros, dans la beauté
Algérienne.
Nous avons ici deux interprétations pour le regard du public : celle de Camus l’écrivain et son
objectivité créatrice, et celle de Meursault le
héros « sacrifié » avec sa subjectivité.
Après avoir travaillé sur trois adaptations différentes de L’Étranger, j’ai considéré que ce cheminement n’était pas totalement abouti, et qu’il
me fallait encore une fois entamer « une nouvelle
traversée ».
L’Étranger - Réminiscences est dit à la première
personne. Un « Je » de celui qui raconte identique
à celui de l’acteur ou musicien qui s’exprime dans
et par ce « Je / Jeu ».
Pierre-Jean Peters
(...)
Pour la musique, il me fallait certainement partir
de cette immédiateté du « dire » du héros.
Trouver dans cette proximité des mots, la voix qui
convient. Épuiser cette relation sans être dans la
paraphrase, ni l’illustration.
Je devais aussi rendre compte de certains
contre-chants, mettre entre parenthèse le silence, en évidence la lucidité poétique qui irradie l’œuvre.
Les musiciens et l’acteur sont parfois ensemble
comme un chœur antique, composant une unique entité mais ils peuvent éclater et devenir quatre voix
indépendantes les unes des autres, comme autant
de personnes composant la foule. Celle du public
lors du procès, le bruit des journalistes, celui
de la salle :
« J’ai senti alors, quelque chose qui soulevait
toute la salle, et pour la première fois j’ai compris que j’étais coupable. »
Guillaume Séguron
L’ Étranger - Réminiscences || Page 5
Création #2.1
Carnet (s)
Avignon 2013
En tant que musicien, jouer 25 fois la pièce nous
a imprégné du texte, de l'ambiance de l'adaptation d'Olivier Malrieu, des intentions, inflexions,
du rythme de Pierre-Jean Peters. Nous avions une
connaissance " littéraire " de l’œuvre, mais après
cette étape, nous avions celle de la matière, de
l'expérience du jeu, du combat, du plateau. Celle
des sons. Une compréhension du rythme de l'adaptation.
Au départ de notre travail, la musique était principalement construite sur des canevas et des séquences improvisées. Les séquences étaient déjà
très découpées. L'orchestration était alors acoustique, percussions, guitare et contrebasse.
Le texte porté par l'acteur est une voix musicale
parmi les autres. La pensée n’est plus en termes
de mots, de sens, mais de sons. Et dans les voix
de tous les personnages incarnés, il y a autant de
timbres à exploiter. Le son de nos voix, le son
du groupe...
Notre objectif commun était bien dans l’interprétation des mots de Camus. Et nous avions tous
conscience d’en n’être qu’aux prémisses...
Décembre 2013
Pierre-Jean souhaite quitter les modèles balisés,
il veux être poussé dans d'autres retranchements,
mettre le texte autrement.
De là naît cette volonté de se retrouver encore plus
confronté à la musique, à la manière et à l'énergie des musiciens, pour lui donner une forme plus
"concert", en faire un "vrai" quartet - presque au
sens "Coltranien" du terme -, un leader (comme un
chanteur) et un trio qui (le) pousse, qui pose les
climats. Puis pouvoir changer d'instrument, comme
Pierre-Jean change de personnages.
Sur la route nous évoquons Bashung, Gainsbourg,
Ferré et certaines formes du 20ème siècle (Opéra,
théâtre musical, etc). C’est à partir de là que
l'emprise de Camus s'est éloignée, que nous avons
perdu la timidité d'affronter ce poids, cette
masse littéraire, et que son fantôme est devenu
central, que sa présence s'est incarnée.
Il nous fallait s'affranchir de l'origine du projet pour y revenir et le servir au mieux...
L’ Étranger - Réminiscences || Page 6
Création #2.2
Avril / mai 2014
Le projet L’Étranger / Réminiscences est sélectionné pour les résidences du Collectif JazzLR.
Guillaume prend en charge la direction musicale
ainsi que l’écriture de nouvelles pièces.
L’orchestre se dédouble : Adrien joue le violoncelle et la guitare, Guillaume, la contrebasse et
la basse électrique.
Nous passons de l’acoustique à l’électrique, combinons les timbres et les intensités, varions les
climats par l’emploi de certains effets. Nous utilisons tous ces possibles pour coller à la multiplicité des voix.
Durant trois jours le trio déchiffre les compositions, les travaille et les joue comme des pièces
seulement musicales. Guillaume n’a rien dit quant
à leurs places dans le spectacle, il s’avère que
chacun les reconnaîtra aux exacts moments prévus.
Camus semblait planer au-dessus de toutes nos influences musicales.
Situation complémentaire à celle de l’acteur, pont
entre deux univers... La musique devient une voix
autonome, qui comme le récit, trace un chemin.
Elle propose à l’acteur de donner le texte de manière plus vibrante, plus intense. Elle accentue
le climat de tension tel que l’on peut le trouver
au cinéma, car il y a bien un point de vue cinématographique de type policier dans cette adaptation
de l’Étranger.
La forme prend donc un tout autre sens, Albert
était là dans son passé, confronté à des styles et
des genres musicaux extérieurs à son époque, nouvelle expérience du passé dans le présent.
Le présent dans la voix du texte, dans le présent
de celui qui joue ; le passé de Camus et de ceux
qui lui en rendent compte aujourd’hui.
Mai 2014 : au théâtre de Vergèze (Résidence #1
Jazz LR avec le soutien de Jazz à Junas), Pierre
Vandewaeter rejoint l’équipe pour la mise en espace du son, la diffusion, l’équilibre et la présence de la voix face à un orchestre qui joue sur
le rapport acoustique / amplifié.
Les sons soulignent, suggèrent, rappellent des moments, des sentiments propres à l’auteur. Mais
surtout, comme Albert Camus - écrivain, penseur,
homme engagé - ces sonorités musicales vont, tout
au long du spectacle, déployer leur(s) identité(s)
propre(s), leur(s) singulière(s) revendication(s)
pour entrer en résonance avec les mots, avec les
non-dits, avec les gestes de Camus / Meursault /
Pierre-Jean Peters.
Nous apprenons que le IN du Festival d’Avignon
(Olivier Py) a sélectionné L’Étranger / Réminiscences dans ses préférences. La pièce dans sa
forme concert est jouée à l’AJMI durant Têtes de
Jazz 2014.
L’ Étranger - Réminiscences || Page 7
Création #2.3
Octobre - décembre 2014
Éric Bellevegue nous retrouve pour les représentations au théâtre de Vaugarni. La création lumière
se fait sur la route, au fil des spectacles... Nous
apprenons à créer l’espace plateau au fur et à
mesure, dans l’urgence, durant les balances. La
scénographie se dessine de nos expériences, elle
est le résultat visible de l’endroit où nous en
sommes. Une autre trace en perpétuelle évolution.
En décembre (Résidence #2 Jazz LR, avec le soutien
de Jazzèbre), les lumières deviennent une part
importante du spectacle jusqu’à devenir une voix
supplémentaire. Elles découpent l’espace, fixent et
orientent le regard et proposent de rendre palpable
les différents lieux, les multiples situations.
Tout en imposant le mouvement, la lumière incarne
le temps et décortique les espaces de jeu pour
Pierre-Jean Peters.
L’Étranger - Réminiscences parvient - à ce stade
- à questionner le temps. Celui du présent du spectacle, celui de l’écrivain, celui des personnages,
celui du lecteur, celui du spectateur.
Un temps en contre jour.
Mars 2015 - et suite
Les trois jours de représentations dans la petite
salle du Théâtre Molière (Scène nationale de Sète)
nous imposent de revisiter le projet.
Des contraintes techniques ne nous permettent pas
de jouer la pièce en l’état.
Pierre-Jean et Guillaume profitent de l’occasion
pour requestionner les imaginaires. L’Étranger Réminiscences s’ouvre à d’autres textes d’Albert
Camus.
Nous examinons la périphérie. Les lignes bougent.
Nouveaux textes, nouvelles musiques.
Guillaume fabrique des blocs de texte / musique
pour chaque soir. La journée l’équipe met en forme
ces propositions afin que tous les soirs un nouveau
spectacle soit donné, afin que chaque spectateur
ait la sensation de participer à un « tout» dont il
ne voit qu’un fragment.
Cette expérience donnera lieu à un Opus #2.
L’ Étranger - Réminiscences || Page 8
Création #3
L’endroit (du son)
Le travail du son dans cette création s'accorde à
un mixage de concert dans la forme et le rapport
qu’il entretient avec le public. Le son se doit
d’être d’abord la reproduction réaliste des intentions du comédien dans le déroulement du récit.
Le texte doit toujours être compréhensible et naturel bien que sonorisé, quelle que soit l'interprétation des musiciens et du comédien.
Le mixage est permanent et retranscrit toutes les
nuances sonores. Cela permet aux musiciens de
jouer dans un contexte proche du concert lorsque
l'écriture le veut, d’ajouter une nouvelle dimension sonore pour le spectateur et de permettre des
arrangements plus libres pour le compositeur.
L'idée motrice est d'unifier ces deux formes du
spectacle vivant, les musiciens et le comédien
sont égaux, la musique, le jeu du comédien et la
scénographie se mixent entre eux, personne n'est
le prétexte de l'autre.
Le travail de Pierre-Jean Peters sur cette pièce
de concert est confondant, sa faculté d'engager
le texte dans les compositions originales et son
occupation de l'espace ne laissent aucun doute sur
la nature de la pièce.
La musique, quant à elle, n’illustre pas, elle
vit et se nourrit de la magnétosphère du texte de
Camus.
Le son bien que toujours présent devient invisible
par l’oubli et réapparaît le plus naturellement
possible sur les scènes de concert.
Le travail sur le son met en œuvre ces choix artistiques pour confondre le spectateur dans une forme
mixte, le théâtre - concert.
Pierre Vandewaeter
L’ Étranger - Réminiscences || Page 9
Les artisans
Il a joué « L’Étranger » d’après l’œuvre d’Albert
Camus (mise en scène d’Avner Perez) pour la première fois en 2006.
Il travaille aussi avec la compagnie Théâtre au
Présent d’Yves Gourmelon et Lydie Parisse, avec
qui il joue en 2009 « le Malentendu » d’Albert
Camus et Réalitarium de Lydie Parisse ainsi que
« La Matrice ».
Il joue une nouvelle adaptation de « L’Étranger »
au festival d’Avignon 2009 (mise en scéne d’Yves
Gourmelon et Lydie Parisse).
Pierre-Jean Peters
Pierre-Jean Peters a débuté le théâtre à l’âge de
13 ans, avec le théâtre burlesque de Jean Franchesquin (Marseille). Puis il a cheminé d’un directeur
d’acteur et metteur en scène à l’autre, aussi bien
Il travaille avec La compagnie de la Mer de Moni
Grégo et Yves Ferry, sur une 3ème version de L’Étranger (mise en scène de Moni Grégo) à Montréal (Québec) en 2010, puis sur Dom Juan Révolution de Moni
Grégo.
En 2011, il joue « Place des héros » (mise en scène
de Jean-Michel Potiron).
En 2013 débute le projet « Le manuel de l’amour
moderne » de Lydie Parisse, joué à Toulouse.
en France qu’au Québec.
Plusieurs rencontres ont profondément influencé sa
formation :
Serge Ouaknine (Grotowsky-UQAM Montréal), Sandra
Mladenovidch (Théâtre du mouvement de Jacques Lecoq-Paris), Michel Chapdelaine (Actor’s Studio Vitez - Montréal), avec qui il entreprend pendant
plusieurs années, un travail basé essentiellement
sur l’acteur, l’espace vide, la création instantanée - Le projet CRÉATION EN DIRECT, présenté devant le public pour la première fois en septembre
2002 à Montréal (Québec).
Polyvalent, il multiplie les expériences professionnelles :
au théâtre : Henri Bonnias (Le 9 Thermidor ou la
mort de Robespierre), E. Ionesco (Jeu de massacre),
Diderot (Jacques et son maître), Artaud-Michaud
(Virage obscur des surréalistes), Shakespeare
(Henri VI), M. De Ghelderode (Don Juan), Alban
Berg (Lulu), Feydeau (L’Homme de paille).
Il a travaillé en Radio - théâtre et comme lecteur
de nouvelles (Radio - Canada), a joué dans plusieurs courts-métrages :
« Le casting » d’Alain Zef, « Pierrot la haine » de
Husky Kihal et Michel Capaldi, le « Projet Gamma »
de David Sarrio, « Alcor 3 » et « Cayenne coco »
de Jean-Luc Casanova.
En 2000, il travaille en Corse où se fait la rencontre avec Robin Renucci lors des 3èmes Rencontres
Internationales de Théâtre, où il joue « Pascal
Paoli » mis en scène par Paul Grenier et contribue,
avec Gérard Gélas, à l’écriture collective de la
pièce, « Qui a dit que nous étions morts ? »
L’ Étranger - Réminiscences || Page 10
Jean-Pierre Jullian
Diplômé d'État de Professeur de musique Jazz en
87, Jean-Pierre Jullian est batteur-percussionniste depuis plus de 25 années où de grands artistes jazz ont croisé sa route, tels Michel Petrucciani, Barre Philipps, Claude Tchamitchian,
Raymond Boni, Rémi Charmasson...
Son parcours professionnel est riche d’expériences,
de rencontres, de créations, où il a œuvré au sein
de divers groupes, tant en France qu’à l’étranger : Chine, Vietnam, Mexique, Amérique Centrale,
Belgique, Suisse, Allemagne, Finlande, Estonie...
Il participe pour aux créations théâtrales : « Je
voudrais pas crever (Boris Vian), « Le Jardinier »
(Mise en scène de J-C Giraudon), « Proschée ».
Des musiques de films et autres rencontres performances : Acte Kobe France.
En tant que compositeur, il crée des pièces musicales pour le théâtre, la danse et collabore avec
l’Opéra Comédie de Montpellier, les chorégraphes :
Luc Maubon, Mitia Fedotenko, ainsi que Claude
Tchamitchian, Aurélien Besnard...
Guillaume Séguron
De l’acoustique à l’électrique, de l’écriture à
l’improvisation, du solo aux grands orchestres,
Guillaume Séguron a toujours privilégié la pluralité stylistique. La musique est pour lui un
espace ouvert dans lequel s’imbriquent des techniques instrumentales protéiformes et de multiples
influences (cinéma, peinture, histoire.)
Il traverse les univers et les pratiques musicales
avec la détermination de celui qui se pose avant
toute autre chose la question du « comment ».
Adrien Dennefeld
Improvisateur, compositeur, guitariste et violoncelliste, Adrien Dennefeld est musicien depuis ses
sept ans, il joue dans des contextes variés et fait
de nombreuses rencontres d'improvisation et des
résidences de création musicale. Il a participé à
plusieurs projets de théâtre et de danse, et compose de plus en plus pour le cinéma.
Professionnel depuis 10 ans, reconnu par ses
pairs, lauréat de nombreux prix et distinctions
musicales : Meilleur groupe au Concours Jazz à la
Défense 2006, Lauréat Culture France 2007, Lauréat
Jazz Migration 2009, il collabore régulièrement
avec des maisons de productions et des labels de
musique.
Près de 500 concerts en Europe et dans le monde
jalonnent son parcours scénique depuis 2005, témoignant d’une activité intense, de son goût pour
le voyage et les autres cultures. On retiendra
notamment les Festivals de Jazz d’Orléans, Reims,
Nantes, Montpellier (Radio-France), Strasbourg,
Berlin (Allemagne), Rome (Italie), Londres (Angleterre), Varsovie et Wroclaw (Pologne), Bruxelles
(Belgique), Prague (Tchéquie), Zurich (Suisse),
Riga (Lettonie), Vilnius (Lituanie), Pula (Croatie), Vienne (Autriche), Minsk (Bélarus), Luxembourg,... Ainsi que des tournées en Suède, Norvège, Burkina Faso (Afrique de l’Ouest), Népal,
Inde, Canada...
Plus par attitude que par doute, il explore tôt
plusieurs directions. Il mène conjointement un
cursus universitaire d’histoire de l’art et d’archéologie, une activité de plasticien et des études
musicales au conservatoire.
Très vite arrivent les premiers groupes de jazz
et de musiques improvisées, les orchestres classiques, les opérettes... On le retrouve ainsi se
confrontant à des univers forts différents, du
rock à la musique contemporaine et du théâtre à la
danse, des documentaires radiophoniques à l’enseignement et actions pédagogiques...
Travaille avec les sons, les mots, la photo et les
recherches plastiques. Il questionne et bidouille
les outils et les genres sans jugement de valeur.
A la fois discret et très actif sur la scène européenne du jazz et des musiques improvisées, il se
partage entre ses activités d’instrumentistes au
sein de multiples ensembles ainsi qu’à ses propres
projets.
En décembre 2012, Franpi Barriaux lui consacrait
un entretient fleuve dans les colonnes de Citizen
Jazz, tandis qu’en mai 2013, Karl Lippegaus faisait de lui un portrait biographique de 50 mn sur
les ondes de la WDR de Cologne.
Son trio Solo Pour Trois a reçu le soutien de l’AJC
au travers du programme Jazz Migration, dont il en
a été lauréat en 2013.
Il s’est produit dans de nombreux festivals et
scènes, en France comme à l’étranger : Cité de la
musique, Opéra de Montpellier, Atelier du Plateau,
Festival Africolor, Festival Avignon, Cannes, Opéra Bastille, Opéra Comique, Festival Radio France,
Nevers, Sons d’hiver, Cotonou, Tempere, Pointe
Noire, Trieste, Sorrento, Helsinki, Roccella, Tallinn, Poitiers, Printemps de Bourges, Montreuil,
Nantes, Lille...
L’ Étranger - Réminiscences || Page 11
Éric Bellevegue
Concepteur lumière, créateur lumière, régisseur
lumière, plateau, formateur, scénographe et metteur en scène.
Régisseur lumière depuis 1989 pour plusieurs Compagnies et dans divers lieux. Il signe notamment
les créations lumière de la « Compagnie Amin » et
de la « Compagnie Les Epis Noirs » de 1990 à 1999.
Pierre Vandewaeter
Ingénieur du son depuis plus de quinze ans, il
touche à tout ce que l'oreille perçoit.
Avec la découverte des The Cure au collège puis le
bricolage de samplers, boites à rythmes et la manipulation de guitare et autres sons triturés, un
cursus scientifique Deug de physique Option Acoustique en poche, il intègre la faculté de Brest pour
Installé dans la région de Montpellier, Eric
Bellevegue rencontre Maripaule B et la « Compagnie
Maripaule B & Philippe Goudard ». Pour elle, il
éclaire deux spectacles : « Anatomie d’un clown »
et « Motusse et Paillasse » et participe à plusieurs évènements éphémères, de 2002 à 2009.
Par la suite il travaille avec plusieurs compagnies régionales, parmi lesquelles « Le Luna Collectif », théâtre de rue, depuis 2007 et la
« Compagnie Espace Nomade », création de spectacles engagés et populaires depuis 2000. Actuellement,il fabrique et crée les éclairages pour la
« Compagnie le théâtre de la grande poche », spec-
terminer ses études par l'obtention d'une Maîtrise
des Sciences et Techniques Image et Son.
tacle de marionnette « 20 000 lieux sous les mers
», et fait la création lumière et mise en scène
de leur nouveau spectacle « La légende d’après ».
Après être passé par les studios EDS Davout, Paris-Première et Radio-France, et conçoit plusieurs
régies pour des studios professionnels et est actuellement freelance au studio Lakanal à Montpellier où il mixe et enregistre pour de nombreux
artistes et labels (V2, Pias, Sony BMG, Discograph, Bee Jazz, Abeille Musique, Yolk, Tôt ou
Tard, Comet Records, Enja Records, Harmonia Mundi,
Nocturne, Nato...).
Il fait aussi partie, à l’année, de l’équipe de la
salle de concert VICTOIRE 2 en tant que régisseur
lumière. Il collabore, aux cours de résidences, à
la conception de l’éclairage de plusieurs groupes
de musique (LES ACCROBATES, THE CHASE, FANGA…) et
il est tuteur de formation auprès de stagiaires
dans le domaine de la Lumière.
Plusieurs disques pour lesquels il a contribué ont
été primés (Blues Music Award aux USA avec Billy
Branch & Kenny Neal, victoire de la musique ONJ,
Médèric Colignon) et ont reçu un accueil chaleureux de la presse (Inrocks, Jazz Mag,...).
Á la fois réalisateur de disque, preneur de son et
mixeur, il sonorise des concerts, du théâtre, de
la danse ou encore des performances et installations sonores.
L’ Étranger - Réminiscences || Page 12
Dossier de presse
Articles
Agnès Spiquel
(Présidente de la
Société des études
Camusiennes)
La page blanche de la scène.
Sur la marge de gauche, une petite table à laquelle viendra de temps en temps
s'asseoir celui qui écrit L'Étranger.
Sur la marge de droite, trois musiciens qui accompagnent les mots et le silence avec des sons aux nuances infinies.
Au milieu, un homme, seul et multiple : Pierre-Jean Peters est tous les personnages du roman – et, pour chacun, on dirait qu'il change de corps.
Mais il est surtout Meursault et, puisque tout est vu depuis le procès,
un Meursault mûri et dense car déjà condamné à mort ; mais les moments de
bonheur passé sont intensément présents, par exemple en cet instant de pure
grâce où il esquisse des pas de valse dans l'évocation d'un dialogue avec
Marie.
Le texte de L'Étranger n'est pas donné en entier ; c'eût été trop long. Mais
le sens profond de l'œuvre, souligné par Camus lui-même, est mis en évidence
car tous les événements de la première partie sont directement confrontés à
ce qu'en fait le procès. Le va-et-vient entre les deux parties est à la fois
fidèle au roman et scéniquement efficace.
Dix ans de compagnonnage de Pierre-Jean Peters avec L'Étranger s'achèvent
ainsi.
Pierre-Jean Peters ne s'est pas approprié l'œuvre de Camus ; il s'est approprié à elle : il s'est rendu capable de nous donner ce Meursault-là.
10 / 10 / 2014
L’Étranger : Un très grand moment de théâtre
En accueillant, samedi et dimanche derniers, pour deux représentations
« L’Étranger », d’Albert Camus, en ouverture de leur saison théâtrale, la
Grange-théâtre de Vaugarni a frappé un grand coup. Olivier Malrieu a tiré
une superbe adaptation que l’immense Pierre-Jean Peters a très bien mise en
scène et qu’il interprète magnifiquement. Sous les yeux d’un public ravi et
conquis, il fait plus que jouer le personnage de Meursault, il le devient,
comme il devient tout à tour tous ceux qui vont le côtoyer. Avec un talent
consommé, il incarne, mime et imite : l’Aumônier, le président du tribunal,
son avocat et tous les témoins convoqués à son procès : le directeur de la
maison de retraite, Marie Cardona et son « ami » Raymond. C’est du grand et
beau théâtre, comme on aime et comme Camus l’aurait aimé.
En scène, Pierre-Jean Peters est accompagné de trois instrumentistes de jazz
(Jean-Pierre Jullian, Adrien Dennefeld et Guillaume Séguron). Leurs belles
improvisations expriment et soulignent parfaitement toute la tension du
drame qui se joue.
Les spectateurs, venus très nombreux, aussi bien soirée qu’en après-midi
(une troisième représentation aurait été nécessaire pour satisfaire la demande), ont fait un triomphe aux héros de cette belle soirée, avec une mention spéciale à la fragilité et l’humanité de Pierre-Jean Peters.
L’ Étranger - Réminiscences || Page 13
18 / 08 / 2014
Sophie Chambon
L’Étranger / Réminiscences, présenté et porté par le batteur Jean-Pierre
Jullian et le comédien Pierre-Jean Peters, a été sélectionné pour les résidences Jazz LR 2014, puis choisi par Olivier Py dans le cadre des « Préférences du In ». Sous le soleil d’Avignon, la tragédie camusienne prend
tout son sens. Meursault raconte sa vie avec neutralité, les sentiments
semblent absents du récit. Il déroute le public comme déjà le lecteur. Et
l’on ressent bien, à l’énoncé du texte, cette absence de logique, ou plutôt
cet illogisme. L’adaptation théâtrale, signée Olivier Malrieu, est précise,
pertinente, objective dans les choix des passages (il est impossible de
tout jouer en 1h15). Elle devient un jeu de miroir où les personnages, les
situations se répondent.
Cette version « concert » n’est pas une lecture avec fond sonore. Formidable
par son énonciation parfaite, son habileté à prendre de nombreux accents,
Pierre-Jean Peters tient le spectacle à bout de bras. Soudain, Meursault et
Camus trouvent leur incarnation dans cette tragédie grecque, solaire, azuréenne, où l’éblouissement du ciel méditerranéen rend fou. Évidemment, le
texte « tient » à la seule lecture, mais là, il est palpable. D’autant que
la musique du trio sur scène n’intervient pas toujours au même moment ni de
la même façon selon les représentations : les musiciens peuvent par exemple
suivre le comédien, selon le rythme du texte qui est musique.
Ainsi, ce que certains ont pu considérer naguère comme un « work in progress » confirme de réelles qualités de mise en place, et serait plutôt
aboutissement du travail entrepris l’an dernier en Avignon, au théâtre du
Roi René, pendant tout le mois de juillet. Citant le bassiste et contrebassiste Guillaume Séguron, qui a composé plusieurs pièces figurant cette
version-ci, pour l’Ajmi : « Nous avions une connaissance « littéraire » de
l’œuvre mais après cette étape, nous avons eu celle de la matière, de l’expérience du jeu, du plateau. Celle des sons. Une compréhension du rythme de
l’adaptation. »
Sur scène, il y a bien un trio et un acteur dont l’accord n’efface pas les
personnalités respectives. Le groupe est un support au soliste, corps danseur, en mouvement presque permanent. La musique fait passer l’ensemble d’un
état à un autre, à moins qu’elle ne s’adapte dans un extraordinaire travail
d’une lumineuse évidence, sans effets scéniques à la mode tels ces écrans
présentant des vidéos souvent dispensables. Le texte devient peu à peu une
voix musicale parmi les autres. Et dans les voix de tous les personnages
qu’incarne Pierre-Jean Peters, beaucoup de timbres sont à exploiter de par
le dispositif orchestral : Adrien Dennefeld joue du violoncelle et de la
guitare, Jean-Pierre Jullian des percussions et de la batterie, Guillaume
Séguron de la contrebasse et de la basse électrique.
Tout cela avec effets (distortion, delay, loops, arco, pizz, sans parler
des gongs et autres percussion). La forme prend alors un tout autre sens,
le texte original est confronté à des styles et genres musicaux extérieurs
à son époque (on reconnaît entre autre des inflexions à la King Crimson,
toute la culture rock des musiciens). Une autre expérience du passé dans
le présent, le présent de la voix du texte dans le présent des musiciens,
traduisant l’obsession de la négation du temps.
Guillaume Séguron me confie encore :
« Albert Camus avait un sens aigu du plateau, de la scène, de ce qui se
« dit » et se « fait » lorsque le rideau de la vie s’ouvre et que l’on ne peut
plus reculer. Dans l’instant et le lieu où tout se décide. Lorsque L’envers et l’endroit se confondent. Cette vision traverse son œuvre. C’est le
sens même de l’exercice de la musique, une preuve de vie. Peut-être est-ce
suffisant pour le geste de l’improvisateur… Quel est l’impact de l’environnement sonore sur la narration ? Qui sommes-nous dans cette proposition ?
Notre véritable rôle, notre fonction ? Certainement, nous devons partir de
cette immédiateté et trouver dans la « proximité » de ses mots, le son qui
convient. Essayer d’épuiser cette relation sans être dans la paraphrase, ni
L’ Étranger - Réminiscences || Page 14
l’illustration. En espérant que la musique pourra rendre compte de certains
contre-chants, mettre entre parenthèse le silence, et en évidence la lucidité poétique. »
Autant d’éléments qui laissent, parallèlement au texte, beaucoup de pistes
d’exploration pour le musicien, on le voit. Comment jouer, en effet, « Aujourd’hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas » ?
12 / 07 / 2014
Philippe Méziat
17 / 12 / 2013
Ceux qui me lisent savent combien la question des rapports entre les arts
me titille, mais aussi combien je suis méfiant vis à vis de la mise en œuvre
effective de ces relations.
Peu de spectacles réussissent à maintenir l'équilibre entre des expressions
diversement sensibles, diversement "branchées" sur des sens (nos sens), qui
n'ont, en eux-mêmes, strictement rien à se dire, sinon à s'exercer en même
temps. Autrement dit, pour moi, il y a la musique, et puis ailleurs d'autres
expressions de l'esprit, et les mélanges refendent un sujet déjà suffisamment
barré. Et qu'on ne me demande pas de choisir.
Basé sur "L'Étranger" de Camus, "Réminiscences" offre au moins cette qualité
que ce n'est pas un monologue accompagné de ci et de là par un trio de musiciens, mais le résultat du travail d'un quartet. On assiste au procès de
Meursault à travers sa propre voix mais aussi à travers les voix des autres
personnages du roman. Bien découpé, le texte est soutenu magnifiquement par
l'auteur du projet, et ponctué par une musique forte, dense, qui a toute sa
part dans la dramaturgie.
Un "work in progress" promis à de belles évolutions encore.
L’Étranger de Camus : Seul face à l’absurde
Dans le noir, sous un faisceau de lumière crue un homme installé devant
une table écrit un journal intime. Il fume. C’est Meursault, l’antihéros de
l’Étranger (...)
Dans un jeu très étudié Peters fait ressortir l’absurdité de la situation du
personnage face à une vérité toujours subjective. Étranger aux convenances
sociales, il ne sait pas mentir (...)
La présence sur scène de trois musiciens conjuguées à de judicieux jeux de
lumière donne le tempo et crée une atmosphère particulière pour chacune des
séquences. C’est très bien vu pour servir un texte non destiné à la scène.
Et faire redécouvrir Camus le centenaire.
08 / 07 / 2013
http://emile08.
blogspot.
fr/2013/07/
Ém il e La ns ma n
14h10 : L'Étranger / Réminiscences, d'après Albert Camus.
J'ai déjà vu plusieurs adaptations du roman portées à la scène.
J'ai aimé celle-ci pour la qualité du "montage", pour la manière dont le
comédien nous livre cet étrange récit multi-sens sans en faire trop, pour la
présence aussi d'un trio musical qui, sans être trop envahissant, sert bien
la création des atmosphères des différentes séquences.
A conseiller à ceux qui aiment l'auteur ou qui ont envie de redécouvrir ce
roman qui reste dans la mémoire littéraire collective... mais qu'on ne lit
plus forcément beaucoup.
L’ Étranger - Réminiscences || Page 15
24 / 07 / 2013
« Nous sommes tous des condamnés à mort »
Pier Patrick
Alger. 1942. Procès d’assises. Meursault, l’antihéros par excellence, – ici,
le narrateur sacrifié, – est confronté à ses juges… et au regard des jurés,
en l’occurrence les spectateurs.
Meursault, le bel indifférent pourrait-on dire…
Indifférent à tout, à la mort de sa mère, à l’amour de Marie et même à son
propre destin.
Olivier Malrieu signe là une superbe adaptation du chef d’œuvre d’Albert
Camus, adaptation interprétée par Pierre-Jean Peters qui signe également une
solide mise en scène laissant la part belle au texte d’une force poignante et
qui joué dans le désordre n’en est que plus percutant. Le comédien dans un
jeu hallucinant de vérité, endosse tour à tour l’ensemble des personnages,
du Procureur Général à l’avocat de la défense en passant par Camus lui-même.
Le tout ponctué par une ambiance musicale étonnante assurée par trois bons
musiciens, aux guitare et percussions, Jean-Pierre Jullian, Adrien Dennefeld
et Guillaume Séguron.
Appartenant avec Le Mythe de Sisyphe ainsi que les pièces de théâtre Caligula et Le Malentendu au cycle de l’absurde, cette œuvre superbement adaptée
et réalisée ne laisse personne dans l’indifférence. C’est du lourd ! Le
public l’a bien compris qui longtemps applaudira.
Entretiens #1
22 / 01 / 2015
Pierre Jean Peters : un « passeur » de l’œuvre de Camus
Marie
Der Gazerian
Etranger, Pierre Jean Peters ne l’est plus à l’œuvre de Camus. Passionné et
profondément touché par l’auteur, le comédien et metteur en scène a choisi
d’adapter L’Étranger dans une pièce du même nom, sous-titrée « Réminiscences », programmée à la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau du 12
au 14 mars prochains. Le long travail de réflexion et de maturation de l’œuvre
de Camus permet à l’artiste d’offrir une adaptation personnelle mais fidèle,
dans laquelle il incarne seul tous les personnages. Il est accompagné sur
scène par trois musiciens : Jean-Pierre Jullian, Adrien Dennefeld et Guillaume Séguron. Rencontre avec ce « passeur » de l’œuvre de Camus.
Depuis 2006, vous avez incarné trois fois Meursault sous la direction de
différents metteurs en scène. Comment diriez-vous que votre adaptation se
distingue de ces dernières ?
L’adaptation que j’ai faite se distingue de celle des autres dans sa
construction et dans son sens. Je suis revenu sur l’adaptation par la musique par exemple. La mise en scène est aussi très différente car elle prend
comme architecture centrale la deuxième partie du roman, plus ou moins à
partir de ce qu’est le procès, les interrogatoires et la dispute avec l’aumônier de la prison. À partir de là se dessinent des flashbacks et souvenirs.
L’histoire commence à la fin.
Pourquoi avez-vous choisi d’ajouter le sous-titre « Réminiscences » ? « Réminiscences » signifie pour moi échos du passé et des souvenirs. C’est
L’ Étranger - Réminiscences || Page 16
un terme symbolique pour une œuvre située dans un temps ancien pour nous
mais tôt dans la carrière de Camus. C’est donc une réminiscence par rapport à l’écriture du roman. C’est aussi une référence aux instants qui nous
échappent et ressemblent à des moments de rêve. Le titre L’Étranger se suffit
à lui-même mais il faut le dépasser pour lui donner quelque chose d’original. Réminiscence est approchant et le mot juste pour exprimer ce que je
souhaitais faire.
Qu’est-ce-qui vous a motivé à incarner l’œuvre seul et à vous entourer uniquement de trois musiciens à vos côtés sur scène ?
Ce jeu solitaire était mûrement réfléchi avant même d’attaquer la quatrième
version de L’Étranger. Dans la première version, il y a dix ans, j’étais
déjà seul avec une musicienne qui jouait par moment le rôle de Marie. J’avais
accepté cette version singulière car c’était celle qui me paraissait la plus
évidente pour la mise en scène. L’Étranger a été écrit à la première personne, ce qui justifie cette solitude. La présence des musiciens était à la
base du projet, et sans cela il n’y aurait pas eu de projet. C’était très
important de m’entourer d’une valeur sonore, d’un univers très précis et de
vrais artistes.
Vous donnez alors à la musique un rôle presque aussi important qu’au texte ?
Son rôle n’est pas aussi important que celui du texte : le texte guidera
toujours l’adaptation. La musique est compagne et compagnon au même titre
que moi. Moi, je mets ma valeur, mon talent d’acteur et de virtuose au service du texte. Je me mets au service de Camus, je suis un passeur. Je fais
de L’Étranger une invention charnelle dans l’espace, mais ce qui est écrit,
nommé et imaginé, c’est Camus. Je joue plusieurs rôles dans L’Étranger dont
celui de l’écrivain.
Vous jouez tous les personnages de L’Étranger ?
Oui, la difficulté était d’incarner les autres personnages. C’est un travail
classique de l’acteur que d’être capable d’incarner plusieurs personnages
à la fois.
Votre adaptation est donc un moyen de continuer à faire exister l’œuvre ?
Oui bien sûr. Je veux diffuser l’idée du texte. Quand on aime le texte, on
se bat pour que l’adaptation soit vue et partagée. La plupart du temps, les
gens connaissent très bien le roman, ou pas du tout, et sont attirés par le
nom de l’événement. Quand ils sortent de la salle, ils n’ont qu’une envie :
retourner dans le roman. D’autres sont poussés vers lui avant de venir voir
le spectacle. Je permets un peu aux gens de se replonger dans la lecture de
Camus, dans L’Étranger ou autre chose d’ailleurs. Camus compte énormément
pour les gens, de façon mystérieuse ou évidente. Il y a un amour sincère.
Peut-être simplement pour l’avoir écouté, pas forcément beaucoup lu, mais
écouté à une certaine époque. Même pour les jeunes. Plus les jeunes générations lisent Camus plus ils aiment Camus. Quelque part, ils se reconnaissent
dans sa pensée.
En 2002, vous participiez au « Projet Création en Direct » à Montréal qui
consiste en un travail basé sur le corps de l’acteur dans un espace vide
pour une création instantanée. Cette pratique est-elle employée dans votre
adaptation ?
J’ai reçu cet enseignement d’un grand monsieur du théâtre au Québec, Michel
Chapdelaine. Il a été très important dans ma formation. Le travail initié
là-bas se retrouve dans mon travail aujourd’hui : j’en ai des réminiscences.
C’est un type de travail intégré qui fait partie de moi et m’a permis de
traverser des zones d’ombres par rapport à un type de travail ou l’incarna-
L’ Étranger - Réminiscences || Page 17
tion de certains personnages.
Pouvez-vous nous dire deux mots à propos du travail en lui-même ?
Il faudrait consacrer une émission entière pour parler de ce travail (rires).
En quelques mots, c’est la capacité à amener l’acteur au-delà de lui-même,
dans quelque chose qui n’a jamais été fait. Après sa formation « normale »,
l’acteur a des dispositions pour travailler un texte, qu’elles soient orales
ou physiques. La Création en Direct est une formation de 5 ans qui permet à
l’acteur de créer un mode de travail différent et indépendant qui rejoint
toutes les formes de théâtre (jeu de masques, gestuelle du corps, travail
du texte). C’est l’acteur qui le produit de manière instantanée et libre.
Il est son propre metteur en scène, son propre scénographe et son propre
musicien. C’est cette capacité à être dans un espace vide et une conscience
vide de ce que l’on doit faire. C’est la possibilité d’arriver sur scène
devant un public et d’être capable de produire quelque chose instantanément,
au delà de toutes les peurs. C’est un véritable événement, pas seulement un
spectacle. Chaque présentation est unique et à durée très variable.
La solitude sur scène est-elle aussi une manière de faire écho aux thèmes de
la solitude et de la marginalité qui se retrouvent dans l’œuvre de Camus ?
Oui, bien sûr. Je ne pensais pas particulièrement à cette marginalité mais
elle sort naturellement de l’œuvre. Meursault vit seul mais il est aussi
avec les autres. Par exemple, il fréquente Marie avec qui il a des rapports
amoureux. Psychologiquement, c’est ce qui nous perd un peu et c’est voulu
de la part de Camus : on ne sait pas. On ne sait pas ce que Meursault pense
mais il nous fait comprendre cette forme de solitude. Elle n’a pas imprégné
mon travail de mise en scène, mais plutôt mon travail sur le héros. C’est une
valeur que je trouve et rejoins chez Camus, dans L’Étranger et dans d’autres
œuvres. Camus est seul lui aussi dans son travail. Mais je dirais que cette
solitude de l’écriture est un temple, pas forcément un lieu où l’on se perd.
Vous avez découvert Camus à 15 ans. Vous souvenez-vous de cette « rencontre
» ? Que perceviez-vous de l’auteur à cette époque ? Cette perception a-telle évolué avec les années ?
Je l’ai immédiatement perçu comme un immense auteur. Je n’étais pas encore
dans mes années où je lisais beaucoup, j’avais des lectures diverses. J’ai
commencé Camus par La Peste. J’ai vieilli avec l’œuvre de Camus. J’ai lu
beaucoup de textes poétiques de lui, j’ai beaucoup lu et vu des choses sur
lui. Ma découverte de l’époque a beaucoup évolué. Je ressens une immense
amitié pour cet auteur, une solidarité humaine précoce. Déjà La Peste était
un roman sur la solidarité des hommes face à la catastrophe, l’innommable.
C’est un roman qui m’a vraiment bouleversé. L’Étranger est venu après. Je
le considérais comme un labyrinthe policier, un fait divers qui a mûri. Je
relis ses œuvres sans arrêt. Chez Camus, ce qui est extraordinaire, c’est
qu’on ne s’arrête pas et c’est vrai pour tout le monde. On est sans cesse
nourri par Camus. Quand on cherche quelque chose de très juste par rapport
à un thème particulier on peut lire Camus. C’est un référent universel qui
nous rejoint au plus profond de nous-même. Il n’est pas un guide, mais plutôt un homme dont l’écriture nourrit et ne laisse jamais indifférent. Il
répond à des questions que l’on se pose maintenant. Maintenant, alors qu’il
écrivait il y a longtemps. Il était déjà visionnaire dans sa façon d’écrire,
ses idées et les thèmes sur lesquels il s’est penché. Il m’accompagne et
m’accompagnera tout le temps. J’ai beaucoup à lire et à relire. C’est une
source inépuisable.
Enfin, avez-vous déjà songé à mettre en scène d’autres textes de l’auteur ?
Oui j’ai songé à mettre en scène Caligula. J’ai déjà joué dans une autre
pièce, Le Malentendu, c’était très beau. Et j’ai toujours comme projet de
L’ Étranger - Réminiscences || Page 18
monter Caligula un peu comme L’Étranger mais c’est déjà une pièce et non
un roman, ce qui est très différent. Dans la solitude aussi, mais avec des
moyens technologiques puissants. J’ai aussi envie de monter Noces ou L’Été.
Entretiens #2
07 / 01 / 2015
Sabine Lesur
Le 15 janvier, les ATP accueillent « Réminiscences », un spectacle original
sur Camus d’après l’Étranger avec Pierre-Jean Peters et trois musiciens. Une
mise en abyme d’un texte fondamental sur l’humain.
Comment avez-vous abordé le livre d’Albert Camus : l’Etranger et pourquoi ?
Quand j’étais jeune, à l’âge de 15 ans, j’ai lu l’Étranger qui m’a beaucoup
marqué. Et puis, comme beaucoup de jeunes, je l’ai oublié. Ce n’est que plus
tard, quand j’ai fait le choix d’être comédien, que tout ça a rejailli. Ça a
été tellement fort. En 2006, j’ai eu envie de mettre en scène le romain. Je
l’ai fait à trois reprises avec différentes mises en scène. Mais là, j’avais
envie d’être seul en scène pour livrer mes souvenirs et réminiscences de
Camus car l’Étranger, c’est un roman et pas une pièce. Ce n’est pas forcément simple à adapter.
Vous êtes donc seul en scène avec trois musiciens… La musique s’est imposée
à vous. Comment ?
L’écriture de Camus distille une véritable musicalité. Il suffit juste de la
capter. J’aime la musique de ses morts : ils génèrent une véritable vibration. Je suis donc allé spontanément vers le jazz qui est une musique que
j’affectionne. Ensuite les musiciens qui m’accompagnent – Jean-Pierre Jullian à la batterie et aux percussions, Guillaume Séguron à la contrebasse
et à la basse électrique et Adrien Dennefeld à la guitare et au violoncelle
– ont fait leurs propres propositions. Nous avons également inclus du rock
(King Krimson, entre autres) et des compositions. La musique soulève la
pièce et génère une tension inhérente au texte. Elle n’habille pas le texte
mais a un rôle central comme dans un opéra où la partition théâtrale et la
musique se complètent et s’équilibrent.
Est-ce habituel pour vous la de travailler avec la musique ?
Oui, j’aime assez mais pas sous cette forme. Là, j’ai souhaité m’inspirer de
Peter Brook et de Mnouchkine qui utilisent la musique en direct en lui donnant un rôle majeur. J’ai moi-même été formé au jazz très jeune et l’espace
sonore est très important à mes yeux.
L’œuvre de Camus, dont on a fêté le centenaire de la naissance l’an dernier,
habite votre travail depuis longtemps. Pourquoi ?
J’ai été marqué par la pensée de l’écrivain, qui donne une vision humaniste
du monde. Son œuvre rejoint mes préoccupations artistiques et humaines.
C’est pourquoi Camus apparait aussi dans la pièce, fumant cigarette sur
cigarette car, en 2013, lors du centenaire de sa naissance, il m’apparaissait fondamental de mettre en avant le personnage. D’ailleurs, auparavant,
j’avais conçu mes pièces d’après l’ordre chronologique. Là, j’ai pris le
contre-pied en commençant par la fin.
Y aura-t-il une vie après Camus ?
Oui, j’ai envie de travailler sur un autre auteur phare qui a été marquant
pour moi : Antonin Artaud. J’aime sa pensée et sa révolte. C’est un auteur
L’ Étranger - Réminiscences || Page 19
très actuel comme Victor Hugo que j’aimerais aussi aborder. J’aime le théâtre
de l’homme pour l’homme qui par la pensée amène une traîne profondeur.
Cette pièce va toucher le jeune public comme vous ?
Oui, sans doute. Il y a une vitalité dans l’œuvre de Camus qui ne peut que
toucher et parler aux jeunes générations. Son héros Meursault est épris de
liberté ; il interpelle ça sa vie bascule soudainement suite à un fait divers. C’est une sorte de chemin initiatique qui évoque la vie, l’amour, la
mort, la famille, la mère et touche tout le monde par son universalité.
« Il s’est alors levé.
Il a repoussé les assiettes.
Il a soigneusement essuyé la toile cirée de la table.
Il a pris dans un tiroir de sa table de nuit une feuille de papier quadrillé, une enveloppe jaune, un petit porte-plume de bois rouge et un encrier
carré d’encre violette. »
L’ Étranger - Réminiscences || Page 20
Contacts
Crédits
Artistique /
Photos /
Pierre-jean Peters
+ 33 (0)6 31 13 10 82
[email protected]
Catherine Raynaud,
Pierre Vandewaeter
&
Guillaume Séguron
Guillaume Séguron
+33 (0)6 77 11 29 66
[email protected]
Régie Générale /
Pierre Vandewaeter
+ 33 (0)6 14 23 50 90
[email protected]
Administration /
MITOA
SIRET : 501 441 463 000 12 CODE APE : 9001Z
Licence d’entrepreneur de spectacles : 2-1053251
3-1053252
288 bis rue du pré long
34 570 Montarnaud
L’ Étranger - Réminiscences || Page 21
Conception graphique /
SundanceKid Studio // 2015
PROJET JOSEPH VERNET 2015 / 2016
INTERVENANTS
Pierre-Jean PETERS // voix & jeu // Idée originale
Guillaume SEGURON // Contrebasse & basse // Direction artistique
PROJET / ESQUISSE
L’adaptation du roman d’Albert Camus, L’Etranger,
repose sur le choix de certains passages. Nous
proposons comme principe d’explorer au travers de
ces ateliers et en vue de cette création, les passages que nous n’avons pas retenu, afin d’en faire
le miroir de la pièce l’Etranger Réminiscences.
Cette proposition permet de situer les élèves dans
un rapport entre le texte et la musique, et donc
entre le comédien et le musicien.
En travaillant des passagers non choisis dans la
pièce Réminiscences, cela permet aux élèves de
proposer une nouvelle interprétation musicale de
ce roman.
L’ Étranger - Réminiscences || Page 22
PROJET JOSEPH VERNET 2015 / 2016
PLANNING
24 mars 2016
Représentation en première de la générale
début mars
Répétition générale
début mars
Séance de travail sur une pièce
février
Séance de travail sur une pièce
février
Séance de travail sur une pièce
janvier
Séance de travail sur une pièce
décembre
Première séance de prise de contact entre les
élèves et les intervenants
novembre
Travail sur la matière musicale et textuelle avec
les documents et pistes fournis par les intervenants
BUDGET
CACHET INTERVENANTS
6 séances 100€ net = 205€ TCC x 6 = 1500€
/ intervenants
TRANSPORT
6 x (6,36€ x 2) = 76,32€
/ intervenants
TRANSPORT ELEVES
24 mars
transport de Joseph Vernet à La Garance (AR)
L’ Étranger - Réminiscences || Page 23
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