L`Etranger - Théâtre de Sète

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La Compagnie Pierre-Jean Peters et l'association MITOA présentent
d'après l'oeuvre d'Albert Camus
©Editions Gallimard
L'Etranger
"Réminiscences"
Dates et lieux de diffusion 2013 2014 et 2015
2013 Allemagne : Francfort Théâtre International (3 représentations complètes public)
Poitiers : Scène Nationale de Poitiers avec les ATP
Répétitions JAZZ EN L'R pour le festival d’Avignon :
- 3 jours du 25 au 27 Avril 2014
- 5 jours du 27 au 31 Mai 2014
FESTIVAL D'AVIGNON 2014 AVEC L'AJMI : Du 11 au 15 Juillet 2014
2014 VAUGARNI Le 4 Octobre 2014
LA TRONCHE : THEATRE DE LA FAÏENCERIE (2 représentations) Le 5 Décembre 2014
Période de répétions et représentations Jazz en l’R pour l’axe de Perpignan et Junas
- Répétitions du 8 au 10 Décembre 2014
- Représentations le 11 et 12 Décembre 2014
2015 ATP LES VOSGES EPINAL(2 représentations) Le 15 Janvier 2015
Installation et représentations pour Sète : Théâtre Molière
- Mars 2015
PREVISIONNEL 2015
LYCEE DE LODEVE : pour Fin Janvier 2015
ATP ORLEANS (1 représentation) 7 Avril Mai 2015
THEATRE SILVIA MONTFORT VAL D'OISE Direction Eric Checco Résidence 1 semaine du 13 au 19 Avril 2015
Partenaires :
Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau Direction : Yvon Tranchant - Théâtre des 13 vents,
Centre Dramatique National - Maison Louis Jouvet, Ecole Nationale Supérieure Art Dramatique
Montpellier Direction : Richard Mitou - Ville de Montarnaud (34) - Le collectif Jazz en L’R, Réseau en
Scène Languedoc Roussillon - AJMI : Association pour le Jazz et la Musique Improvisée - Société des Etudes
Camusiennes Présidente : Agnès Spiquel - MITOA : promotion et diffusion de toutes les formes d’expression du
spectacle vivant - L'A-Gens : Conseil et Accompagnement
Liens vidéos :
Version 10 mn l'Etranger
http://www.youtube.com/watch?v=xJJ7fvOZDCw&feature=youtu.be
Version 5 mn l'Etranger
http://www.youtube.com/watch?v=743umWY3RRY
Vidéomatons du OFF SACD 2013 http://www.youtube.com/watch?v=uObKQ0_SS9o&list=HL1378398079
L’étranger, Camus et moi
par Pierre jean Peters
Jeune adolescent timide, vivant dans un environnement
hostile, je dévorais des livres. Ce faisant, je fais trois
rencontres romanesques, aux conséquences majeures pour
moi à l’époque. J’habitais Montfermeil, quartier des Bosquets,
et je lis « Les Misérables ». Puis c’est « L’assommoir », qui
m’aide à oublier mon enchainement social et, ironie de mes
lectures, les cruelles utopies urbaines.
C’est à ce moment que je décide, orphelin révolté et
tremblant, de m’enfuir vers une terre dont je savais qu’elle
était ma source et ma liberté : La Méditerranée.
« Là où tout peut commencer ».
Celui qui m’attend à Marseille, c’est Camus, car il m’offre alors en guise de racines, mon premier
choc : « La Peste ». À quinze ans, toujours exilé, ne sachant ce que voulait dire « être un homme »,
Camus me donne un arbre immense à déchiffrer, une promesse qui ne me quittera plus :
« L’étranger ».
Gamin maudissant l’injustice, c’est ce livre et le théâtre ensuite je pense, qui m’empêchèrent, avec
l’aide de généreux « Louis Germain », de finir peut être aux Baumettes.
Avec les années, Albert Camus, repère intellectuel de l’enfant que j’étais, est devenu un camarade
spirituel. Une manière d’étoile toujours brillante, qui avec ce roman immense, a éclairé ma route
et quelque peu incliné mon destin.
Aujourd’hui, comme un juste retour des choses, je « travaille à m’approcher » de Meursault. Ce
personnage à la fois si loin et si proche, je tente de le donner, pauvre et nu, amoureux dans et
sous le soleil, guidé par sa jeune et seule liberté.
Comme de trop rares esprits, Camus a toujours su faire entendre les « petits et les simples ». Il a
toujours veillé à ne jamais oublier d’où il venait. A cause de cela sans doute, je sens une étrange
familiarité qui me lie à lui aussi bien qu’à son personnage. Je sais qu’on peut croire en Camus qui
est le juste défenseur de nos solitudes. Désormais, il est plus facile maintenant pour moi « de me
faire » une solitude. D’accepter comme Meursault, « La tendre indifférence du monde ». Et de
comprendre aussi avec Camus ce que veux dire « Être un homme ».
Je voudrais enfin dédier ce travail à tous les condamnés à mort où qu’ils soient dans le monde.
Pierre jean Peters
La Création
L’Etranger proposé pendant le festival d’Avignon 2013, est la quatrième et ultime version d’une aventure
personnelle et théâtrale autour du chef d’oeuvre d’Albert Camus et de son personnage Meursault, que je
joue de par le monde depuis presque 10 ans.
"Réminiscences" est aussi pour moi un prétexte pour mettre en avant, sur scène pour la première fois, la
figure de l’écrivain dans son roman et dans son temps, côte à côte avec son héros, dans la beauté
Algérienne.
Nous avons ici deux interprétations pour le regard du public : celle de Camus l’écrivain et son objectivité
créatrice, et celle de Meursault le héros « sacrifié » avec sa subjectivité.
Après trois adaptations et trois metteurs en scène, je considère que ce travail n’est pas encore totalement
abouti, et qu’il me faut une dernière fois entamer « une dernière traversée », à la fois sublimée et
définitive.
Présentation création musicale
Réminiscences a fait l'objet d'une commande d'écriture musicale à Jean-Pierre Jullian, Adrien Dennefeld
et Guillaume Séguron.
Commande musicale dans la fidélité à Camus, à son époque, et à la restitution des univers d'Alger.
Et c'est tout naturellement vers le jazz et les musiques improvisées que la création s'est effectuée.
"Je tenais à cette présence sur le plateau des musiciens, ils étaient pour moi présence essentielle, ils
portaient à ma mémoire le pays, la cruauté aussi.
Création musicale, oui certainement, environnement
sonore aussi. Puisque le monde est pluriel, je les
inviterai sur le plateau..."
L'instrumentation,
batterie-percussions,
guitare
électrique et contrebasse, peut faire penser aussi bien
à un trio de jazz, qu'à une formation de rock (King
Crimson).
La musique ne se pose pas en tant qu'illustration du
texte, elle souligne, suggère, rappelle des moments,
des sentiments... propres à l'auteur. Mais surtout,
comme Albert Camus écrivain, penseur, homme
engagé, les sonorités musicales vont, tout au long du
spectacle, déployer leur(s) identité(s) propre(s), leur(s)
singulière(s) revendication(s) pour entrer en résonance
avec les mots, avec les non-dits, avec les gestes de
Camus/Meursault/Pierre-Jean Peters.
L'adaptation
par Olivier Malrieu
Réussir une adaptation de l’Etranger est une
chose peu banale, le texte, ce monument de la
littérature se suffit à lui même, et la scansion
métronomique de sa langue reste imprimée
dans la conscience de tout lecteur.
Mais ce basculement de la littérature vers la
scène est intimement liée à l’œuvre de Camus,
qui consacra les dernières années de sa vie au
théâtre, et plus particulièrement à de
monumentales adaptations de Faulkner, Lope
de Vega, ou Dostoïevski.
Une adaptation ne peut naître sans fulgurance,
c’est un exercice jubilatoire, une construction
ramassée, incisive, de l’œuvre que l’on doit
sublimer et condenser à l’extrême, ce n’est en aucun cas un pâle résumé ou un piètre découpage pour
spectacle de patronage.
La présence d’un public et de la scène bouleversent radicalement le rapport à l’œuvre, on fait œuvre de
théâtre ou l’on abandonne.
Pour moi, tout s’est éclairé très vite. Le basculement du roman vers la scène avait son entrée, sa porte
principale inscrite dans les mots même de l’auteur :
“Mon affaire était inscrite à la dernière session de la cour d'assises, À sept heures et demie du matin, la
voiture cellulaire m'a conduit au Palais de justice, Ils m'ont ôté les menottes. Ils ont ouvert la porte et m'ont
fait entrer dans le box des accusés Je me suis assis et les gendarmes [119] m'ont encadré. C'est à ce moment
que j'ai aperçu une rangée de visages devant moi *.
Tous me regardaient : j'ai compris que c'étaient les jurés.”
C’était évident, mon adaptation pouvait basculer dans la contrainte même imposée par Camus :
“La salle était pleine à craquer. On avait laissé les vitres closes. Malgré les stores, le soleil s'infiltrait par
endroits et l'air était déjà étouffant.”
Quelques raies de lumières, une simple découpe qui fait sortir du public une dizaine de spectateurs
anonymes, (*les jurés !) et le tour était joué. J’imposerais au public de fusionner avec l’œuvre comme
l’aurait souhaité Camus. Le public enfermé dans ce huis clos camusien allait juger Meursault, public
imaginaire de l’œuvre et public réel du théâtre ne feraient qu’un.
Je pouvais commencer à réécrire. Convoquer à la barre, les témoins de l’enterrement de sa mère, ses amis,
son amour, la narration camusienne toute entière avec sa mécanique implacable auquel personne ne peut
échapper.
Présentation L’Equipe
Pierre-Jean Peters
Pierre-Jean Peters a débuté le théâtre à l'âge de 13 ans, avec
le théâtre burlesque de Jean Franchesquin (Marseille) ; a
cheminé d'un directeur d'acteur et metteur en scène à l'autre,
aussi bien en France qu'au Québec.
Plusieurs rencontres ont profondément influencé sa formation
: Serge Ouaknine (Grotowsky-UQAM Montréal), Sandra
Mladenovidch (Théâtre du mouvement de Jacques LecoqParis), Michel Chapdelaine (Actor's Studio-Vitez-Montréal).
Mais c'est surtout avec Michel Chapdelaine, qu'il entreprend
à Montréal pendant plusieurs années, un travail basé
essentiellement sur l'acteur, l’espace vide, la création
instantanée- Le projet CRÉATION EN DIRECT©-. Ce processus
sera présenté devant le public pour la première fois en
septembre 2002 a Montréal (Québec).
Polyvalent, il multiplie les expériences professionnelles à Paris
et à Montréal. D'abord au théâtre avec notamment Henri
Bonnias (Le 9 Thermidor ou la mort de Robespierre), E.
Ionesco (Jeu de massacre), Diderot (Jacques et son maitre),
Artaud-Michaud(Virage obscur des surréalistes),Shakespeare
(Henri VI), M. De Ghelderode (Don Juan),Alban Berg(Lulu), Feydeau (L'Homme de paille) .
Il a travaillé en Radio-théâtre et comme lecteur de nouvelles (Radio-Canada), joué dans plusieurs courtsmétrages dont "Le casting"d'Alain Zef, "Pierrot la haine" de Husky Kihal et Michel Capaldi, le " Projet
Gamma " de David Sarrio, "Alcor 3 " et "Cayenne coco" de Jean Luc Casanova.
Depuis l'an 2000, il travaille aussi en Corse où se fait la rencontre avec Robin Renucci lors des 3èmes
Rencontres Internationales de Théâtre. C'est là qu'il joue " Pascal Paoli " mis en scène par Paul Grenier et
qu'il contribue avec Gérard Gélas à l'écriture collective de la pièce, "Qui a dit que nous étions morts?"
Il vit maintenant à Montpellier où depuis 2005, il travaille avec
plusieurs compagnies. Il a joué « L’étranger » d'après l'œuvre
d'Albert Camus (ms Avner Perez) pour la première fois en 2006. Il
travaille aussi avec la compagnie Théâtre au Présent d'Yves
Gourmelon et Lydie Parisse, avec qui il joue en 2009 le
Malentendu d'Albert Camus et Réalitarium de Lydie Parisse ainsi
que « La Matrice » de la même auteure. Il joue une nouvelle
adaptation de « L’étranger » d’Albert Camus, au festival
d’Avignon 2009, mis en scène par Yves Gourmelon et Lydie
Parisse.
Il travaille avec La compagnie de la Mer de Moni Grégo et Yves
Ferry, sur une troisième version de L’étranger, mise en scène par
Moni Grégo à Montréal (Québec) en 2010, puis sur Dom Juan
Révolution de Moni Grégo. En 2011,il joue « Place des héros »
mis en scène par Jean Michel Potiron. En 2013 débute le projet «
Le manuel de l'amour moderne » de Lydie Parisse, joué à
Toulouse.
Les musiciens
Jean-Pierre Jullian
Diplôme d'Etat de Professeur de musique Jazz en 87,
Jean-Pierre Jullian est batteur-percussionniste depuis plus
de 25 années où de grands artistes jazz ont croisé sa
route, tels Michel Petrucciani, Barre Philipps, Claude
Tchamitchian, Raymond Boni, Rémi Charmasson, ...
Son parcours professionnel est riche d'expériences, de
rencontres, de créations, où il a œuvré au sein de divers
groupes, tant en France qu'à l'étranger : Chine, Vietnam,
Mexique, Amérique Centrale, Belgique, Suisse,
Allemagne, Finlande, Estonie,..., pour des créations
théâtrales : Je voudrais pas crever (Boris Vian), Le Jardinier (ms JC Giraudon), Proschée...), des musiques de
films et autres rencontres performances : Acte Kobe France.
En tant que compositeur, il crée des pièces musicale pour le théâtre, la danse, et collabore avec l'Opéra
Comédie de Montpellier, les chorégraphes : Luc Maubon, Mitia Fedotenko , ainsi que Claude Tchamitchian,
Aurélien Besnard...
Adrien Dennefeld
Improvisateur, Compositeur, Guitariste et Violoncelliste,
Adrien Dennefeld est musicien depuis ses sept ans, il joue
dans des contextes variés et fait de nombreuses rencontres
d'improvisation et des résidences de création musicale. Il a
participé à plusieurs projets de théâtre et de danse, et
compose de plus en plus pour le cinéma.
Professionnel depuis 10 ans reconnu pas ses pairs, lauréat
de nombreux prix et distinctions musicales : Meilleur groupe
au Concours Jazz à la Défense 2006, Lauréat Culture France
2007, Lauréat Jazz Migration 2009, il collabore régulièrement avec des maisons de productions et des labels
de musique.
Près de 500 concerts en Europe et dans le monde jalonnent son parcours scénique depuis 2005,
témoignant d'une activité intense, de son goût pour le voyage et les autres cultures. On retiendra
notamment les Festivals de Jazz d’Orléans, Reims, Nantes, Montpellier (Radio-France), Strasbourg, Berlin
(Allemagne), Rome (Italie), Londres (Angleterre), Varsovie et Wroclaw (Pologne), Bruxelles (Belgique),
Prague (Tchéquie), Zurich (Suisse), Riga (Lettonie), Vilnius (Lituanie), Pula (Croatie), Vienne (Autriche),
Minsk (Bélarus), Luxembourg,... Ainsi que des tournée en Suède, Norvège, Burkina Faso (Afrique de
l'Ouest), Népal, Inde, Canada, ...
Guillaume Séguron
De l’acoustique à l’électrique, de l’écriture à l’improvisation, du solo aux
grands orchestres, Guillaume Séguron a toujours privilégié la pluralité
stylistique. La musique est pour lui un espace ouvert dans lequel
s’imbriquent des techniques instrumentales protéiformes et de multiples
influences [cinéma, peinture, histoire…]
Il traverse les univers et les pratiques musicales avec la détermination de
celui qui se pose, avant toute autre chose, la question du « comment ».
Plus par attitude que par doute, Guillaume Séguron explore tôt plusieurs
directions.
Il mène conjointement un cursus universitaire d’histoire de l’art et
d’archéologie, une activité de plasticien et des études musicales au
conservatoire de Nîmes avec Georges Roques puis à Paris avec Bernard
Cazauran et Jean–François Jenny–Clark.
Très vite arrivent les premiers groupes de Jazz et de musiques improvisées, les orchestres classiques, les
opérettes… On le retrouve ainsi se confrontant à des univers forts différents, allant du rock à la musique
contemporaine, et du théâtre à la danse. Actif sur la scène Jazz et des musiques improvisées, il se partage
entre une activité d’instrumentiste au sein de multiples ensembles et à ses propres projets.
Il s’est produit dans de nombreux festivals et scènes, en France comme à l’étranger : Cité de la musique,
Opéra de Montpellier, Atelier du Plateau, Festival Africolor, Festival Avignon, Cannes, Opéra Bastille, Opéra
Comique, Festival Radio France, Nevers, Sons d’hiver, Cotonou, Tempere, Pointe Noire, Trieste, Sorrento,
Helsinki, Roccella, Tallinn, Poitiers, Printemps de Bourges, Montreuil, Nantes, Lille...
Presse
Lors de la représentation à la Scène Nationale de Poitiers le 17 décembre 2013
LE BLOG A EMILE (Lansman)
Emile Lansman, éditeur et observateur privilégié du théâtre et de la littérature (dramatique)
francophones, souhaite vous faire partager une part de ses activités de terrain, attirer votre attention sur
des informations qui pourraient vous intéresser et dévoiler ses coups de coeur : lieux visités, spectacles,
lectures, événements, personnalités... Voir également les autres blogs associés (CED-WB, PromotionThéâtre...)
lundi 8 juillet 2013
14h10 : L'ETRANGER / REMINISCENCES,
d'après Albert Camus.
J'ai déjà vu plusieurs adaptations du roman portées à la
scène. J'ai aimé celle-ci pour la qualité du "montage",
pour la manière dont le comédien nous livre cet étrange
récit multi-sens sans en faire trop, pour la présence aussi
d'un trio musical qui, sans être trop envahissant, sert
bien la création des atmosphères des différentes
séquences. A conseiller à ceux qui aiment l'auteur ou qui
ont envie de redécouvrir ce roman qui reste dans la
mémoire littéraire collective... mais qu'on ne lit plus
forcément beaucoup.
http://emile08.blogspot.fr/2013/07/
Mis en ligne le 24 juillet 2013
« Nous sommes tous des condamnés à mort ».
Alger. 1942. Procès d’assises. Meursault, l’antihéros par excellence, – ici, le narrateur sacrifié, – est
confronté à ses juges… et au regard des jurés, en l’occurrence les spectateurs.
Meursault, le bel indifférent pourrait-on dire…
Indifférent à tout, à la mort de sa mère, à l’amour de Marie et même à son propre destin.
Olivier Malrieu signe là une superbe adaptation du chef d’œuvre d’Albert Camus, adaptation interprétée
par Pierre-Jean Peters qui signe également une solide mise en scène laissant la part belle au texte d’une
force poignante et qui joué dans le désordre n’en est que plus percutant.
Le comédien dans un jeu hallucinant de vérité, endosse tour à tour l’ensemble des personnages, du
Procureur Général à l’avocat de la défense en passant par Camus lui-même.
Le tout ponctué par une ambiance musicale étonnante assurée par trois bons musiciens, aux guitare et
percussions, Jean-Pierre Jullian, Adrien Dennefeld et Guillaume Séguron.
Appartenant avec Le Mythe de Sisyphe ainsi que les pièces de théâtre Caligula et Le Malentendu au cycle
de l’absurde, cette œuvre superbement adaptée et réalisée ne laisse personne dans l’indifférence. C’est du
lourd !
Le public l’a bien compris qui longtemps applaudira.
PierPatrick
http://www.madmoizelle.com
Alfrédette à Avignon, jour 2 – l’Etranger de Camus et les aléas de la
technique
Pondu par Alfredette le 11 juillet 2013
À Avignon, Alfrédette a assisté à une formidable adaptation de
l’Étranger de Camus, perturbée par des soucis techniques.
L’occasion de demander aux professionnels du théâtre s’ils ont
connu ce genre d’aléas drôles et originaux !
Il est des spectacles que l’on oublie, et d’autres dont on se souvient à peine. Avignon est ainsi fait :
souvent, les détenteurs d’une accréditation passent plus d’heures à s’abreuver de spectacles qu’à
dormir, et le souvenir de certaines représentations ne dure que ce que durent les roses (surtout
quand on oublie de les mettre dans de l’eau). Mais certaines représentations demeureront gravées
en nos tripes. En sortant hier de celle de l’Étranger de Camus*, j’ai senti que je venais de vivre
une heure mémorable de théâtre– voici donc le récit d’un après-midi singulier.
La représentation a commencé comme commencent toutes les représentations. Le public est
entré, le noir s’est fait dans la salle. Côté jardin, Pierre-Jean Peters, comédien, incarnait tout à la
fois un procureur sadique, un Raymond Sintès drolatique, un confesseur apeuré, un Meursault
d’une humanité remarquable.
Côté cour, trois musiciens, guitaristes, percussionnistes et contrebassistes faisaient de la pièce de
théâtre une oeuvre cinématographique. L’adaptation d’Olivier Malrieu, auteur de théâtre, était
d’une extrême fidélité au texte de Camus, et je me délectais de voir s’incarner l’Etranger avec
justesse et passion.
C’est alors que toutes les lumières se sont éteintes au beau milieu d’une scène. Dans la
salle, l’on ne distinguait plus rien. Seuls les bips réguliers d’un ordinateur en état de bug chronique
remplaçaient les éclairages défaillants. Lorsque les lumières sont revenues, elles n’étaient jamais
au bon endroit : elles éclairaient tantôt le public, tantôt des parties vides de la scène, tantôt rien du
tout.
Un malaise s’est ressenti dans la salle, et alors que l’on pensait que le spectacle s’arrêterait
net, Pierre-Jean Peters a continué de jouer, imperturbable, en dépit des lumières aléatoires,
des bruits de l’ordinateur qui ponctuaient le monologue, de la rumeur qui montait du public. À la fin
du spectacle, Pierre-Jean a croulé sous les applaudissements. Malgré le noir forcé dans lequel la
salle avait été plongée, l’Étranger était un triomphe.
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