La schizophrénie Filipe Galvão – DES psychiatrie Etymologie : Terme créé par Bleuler en 1911 Schizein : couper Cerveau divisé Phren : cerveau, pensée } Altération des relations entre pensée, émotion et comportement Fausses idées reçues Schizophrénie = Dédoublement de la personnalité Individus potentiellement dangereux Clinique Trépied diagnostique : Dissociation Délire Repli « autistique » Schizophrénie Syndrome Dissociatif = Désorganisation Syndrome Délirant = Dimension « positive » Repli Autistique = Dimension « négative » Dissociation Rupture de l'unité psychique provoquant un relâchement des processus associatifs qui permettent le fonctionnement mental : Le fonctionnement intellectuel L’affectivité Le comportement Ces fonctionnement apparaissent incohérents et disharmonieux Dissociation intellectuelle Altération du système de logique : Diffluence : pensée désorganisée, sans fil conducteur, nombreux coq-à-l’âne Tendance au symbolisme et au proverbialisme : emploi inapproprié de symboles ou proverbes obscurs Rationalisme morbide : établissement de liens de causalité déficients, absurdes (ex : « je vais mal car ils ont envoyé un nouveau satellite dans l’espace ») Dissociation intellectuelle Troubles du cours de la pensée : Barrages : suspension brutale du discours, reprise spontanée du discours sur un thème identique ou différent Fadings : extinction progressive du flux des paroles, suivie d’une reprise du discours Pensée tantôt ralentie (bradyphémie, stéréotypies, persévérations) tantôt accélérée (tachyphémie) Dissociation intellectuelle Altérations du langage : Écholalie : répétition en écho des dernières paroles de l’interlocuteur (et échomimie) Altération du champ sémantique : Néologismes : emploi de mots inexistants pour qualifier un concept flou, connu du patient seul Barbarismes : emploi d’un mot inexistant à la place d’un autre Paralogismes : emploi impropre d’un terme existant Glossolalie : langage entièrement nouveau, propre au malade Dissociation intellectuelle Exemples Néologisme : « La télévision est bourrachée de choses désabusives » Patient de Deshaies Paralogisme : « Une douleur philosophique », définie comme « quelque chose de plus cérébral qu’une douleur, une aigreur de la vie » Patiente de Baruk Dissociation intellectuelle Altérations du langage : Schizophasie : Langage incohérent, hermétique Constitué par un groupement incompréhensible de mots généralement existants Vocabulaire typiquement abstrait, varié et recherché Valeur sémantique réduite du fait d'un enchaînement fondé sur l'allitération, l'assonance Dissociation affective Déconnexion entre : Le contenu de la pensée Le vécu affectif Absence de conscience de cette discordance Menant à une ambivalence affective Dissociation affective Émoussement affectif Froideur du contact Indifférence aux réactions d'autrui Athymhormie : perte de l’élan vital Réactions émotionnelles inadaptées au contexte (ex : sourire immotivé) Sexualité « désaffectivée » Dissociation comportementale Conduites psychomotrices Inadéquates Surchargées Appauvries Dissociation comportementale Bizarrerie : comportement inadapté Maniérisme : comportement exagéré, surfait Syndrome catatonique Négativisme, oppositionnisme Catalepsie : absence de mouvement spontané, maintien « cireux » des attitudes imposées Hyperkinésies : impulsions verbales et/ou gestuelles, décharges motrices… Délire Définition : Trouble du contenu de la pensée, caractérisé par la présence d’idées en désaccord avec les faits objectifs Classiquement dans la schizophrénie : « délire paranoïde » Délire Caractérisation d’un délire : Ancienneté : < ou > à 6 mois Mécanismes Thèmes Systématisation Réaction affective Adhésion/critique Délire Caractérisation d’un délire : Ancienneté : < ou > à 6 mois Mécanismes Thèmes Systématisation Réaction affective Adhésion/critique Délire Mécanismes multiples : Hallucinations : « perception sans objet », accessible au patient seul Accoustico verbales essentiellement Autres sphères sensorielles : olfactive, visuelle, cénesthésique, gustative Intuitif et imaginatif : idées délirantes « ressenties » (intuition) ou « sues » (imagination) sans support logique réel Interprétatif : conclusions erronées « délirantes » tirées de faits réels Délire Au maximum : Automatisme mental : Impression que les pensées sont dictées, répétées en écho, commentées par un intervenant extérieur Les actes sont commentés ou imposés par des ordres extérieurs Délire Caractérisation d’un délire : Ancienneté : < ou > à 6 mois Mécanismes Thèmes Systématisation Réaction affective Adhésion/critique Délire Multiples et associés à des degrés variables : Persécution : le plus fréquent Mégalomanie Influence Mystique Hypochondriaque Syndrome d’influence : impression d’emprise Délire Caractérisation d’un délire : Ancienneté : < ou > à 6 mois Mécanismes Thèmes Systématisation Réaction affective Adhésion/critique Délire Systématisation : degré de cohérence interne du délire Dans la schizophrénie : Délire non systématisé : fluctuant, incohérent, désorganisé, sans fil conducteur Délire Caractérisation d’un délire : Ancienneté : < ou > à 6 mois Mécanismes Thèmes Systématisation Réaction affective Adhésion/critique Délire o Vécu affectif du délire variable : Le plus souvent pauvre, vécu avec indifférence Parfois intense, avec des manifestations émotionnelles riches Délire Symptômes de dépression souvent présents lors des phases aigues Forme particulière de la maladie : la schizophrénie dysthymique (association au trouble schizophrénique d’une alternance de phases de dépressives et maniaques) Délire Caractérisation d’un délire : Ancienneté : < ou > à 6 mois Mécanismes Thèmes Systématisation Réaction affective Adhésion/critique Délire Adhésion : degré de conviction porté par le patient aux idées délirantes L’adhésion est le plus souvent totale : le délire n’est absolument pas remis en cause Parfois fluctuante, avec des moments de critique Repli autistique Perte de contact vital avec la réalité, survenant à un stade plus ou moins avancé de la maladie : Abolition progressive des conduites sociales Isolement Incurie : le sujet ne se lave plus, ne mange plus Repli vers un monde intérieur, hermétique Symptômes négatifs et positifs Symptômes positifs Symptômes négatifs Perte de fonction Repli autistique Désorganisation affective Gain de fonction Délire, hallucinations (Désorganisation de la pensée) Diagnostic Association de symptômes à des degrés variables Évolution chronique : > 6 mois Retentissant sur le fonctionnement individuel Bilan organique négatif : imagerie cérébrale, bilan biologique (recherche de toxiques) Définition du DSM-IV TR Critère A -Symptômes caractéristiques- ≥ 2 des manifestations suivantes pendant ≥ 1 mois : Idées délirantes Hallucinations Discours désorganisé Comportement désorganisé ou catatonique Symptômes négatifs (émoussement affectif, alogie, aboulie) Critère B : Dysfonctionnement social. Critère C : Durée > 6 mois (dont critère A > 1 mois) Critères D et E : Exclusion d’autres troubles Les formes de schizophrénie 1. 2. 3. 4. 5. 6. Paranoïde Hébéphrénique Catatonique Dysthymique ou trouble schizo-affectif Simple Résiduelle Les formes de schizophrénie Paranoïde : Forme la plus fréquente Délire au premier plan Pronostic plutôt favorable sous traitement Les formes de schizophrénie Hébéphrénique ou « désorganisée » : Dissociation et repli autistique au premier plan Délire pauvre voire absent Pronostic souvent défavorable Désinsertion socio-professionnelle habituelle Les formes de schizophrénie Catatonique : Rare Dissociation comportementale à type de syndrome catatonique : Négativisme, oppositionnisme Catalepsie Hyperkinésies Risque vital en jeu Pronostic médiocre Les formes de schizophrénie Dysthymique ou trouble schizo-affectif : Les poussées associent : Délire Troubles de l'humeur (manie, dépression) Evolution périodique Entre les épisodes, le sujet présente : Des symptômes schizophréniques Pas de symptômes thymiques Pronostic plus favorable Les formes de schizophrénie Simple : Début insidieux Symptômes déficitaires, peu marqués (pensée floue, peu de contacts, bizarrerie) Absence de délire Retentissement socioprofessionnel Les formes de schizophrénie Résiduelle : Rémission partielle du syndrome Persistance de symptômes négatifs Modes de début brutal Épisode psychotique aigu (ou « bouffée délirante aiguë ») Épisode thymique atypique avec symptomatologie évocatrice : Épisode maniaque, dépressif ou mixte avec éléments dissociatifs Modes de début progressif (1) Affaiblissement du rendement intellectuel : Désintérêt, fléchissement scolaire, désadaptation professionnelle Appauvrissement idéique, troubles de mémoire et de concentration Modification du caractère et de l'affectivité : Isolement, retrait, irritabilité Humeur morose Modes de début progressif (2) Troubles du comportement : Symptomatologie pseudo-névrotique : Addictions (cannabis) Vagabondage, errance, voyages pathologiques Comportement bizarre, adhésion à des communautés marginales Trouble pseudo-obsessionnel (absence de lutte anxieuse) Trouble pseudo-phobique (thèmes multiples, délirants…) Hypochondrie, dysmorphophobie Accentuation progressive d’une personnalité schizoïde ou schizotypique Évolution 20 % : « guérison » des épisodes aigus (pas de guérison de la schizophrénie) 30 % : troubles discrets, compatibles avec une vie sociale et professionnelle correctes 30 % : épisodes processuels, nécessité d’adaptation socioprofessionnelle 20 % : évolution chronique continue avec handicap social majeur Étiopathogénie Nombreux facteurs de risque identifiés : Génétiques Pré et périnatalité Incompatibilité rhésus Carences nutritionnelles Infections materno fœtales (grippe, toxoplasmose) Stress maternel prénatal Facteurs socio démographiques Saison de naissance (hiver et printemps) Lieu de naissance Statut socio économique Migration Age du père (> 35ans) Étiopathogénie Hypothèse neurodéveloppementale : Anomalies cérébrales au cours du développement prénatal (2ème trimestre) Anomalies dormantes jusqu'à l’adolescence Étiopathogénie Hypothèse neurodéveloppementale : Anomalies au cours de la phase prémorbide : Neurologiques (motricité fine) Neuroanatomiques (volume cérébral, dilatation ventriculaire) Morphologiques (bucco faciales et dermatoglyphes) Comportementales (retrait) Cognitifs (QI) Langage (retard des 1ers mots, bégaiement) Retard des acquisitions psychomotrices Traitement 3 axes : Médicaments : neuroleptiques Psychothérapie Sociothérapie Neuroleptiques Neuroleptiques « classiques » (Delay et Deniker 1957) Etat d’indifférence psychomotrice Sédation de l’excitation et de l’agitation Réduction progressive des troubles psychotiques Neuroleptiques atypiques ou de 2e génération : Plus efficaces sur les symptômes négatifs Moins d’effets secondaires Neuroleptiques : exemples Neuroleptiques classiques ou 1ère génération : Neuroleptiques « atypiques » ou 2ème génération : LARGACTIL®, TERCIAN® : sédatifs HALDOL®: antiproductif SOLIAN® : antidéficitaire RISPERDAL®, ZYPREXA® Formes « retard » : injection mensuelle ou bimensuelle Neuroleptiques : effets secondaires Neurologiques : dyskinésie, syndrome parkinsonien Anticholinergiques : bouche sèche, constipation, troubles urinaires Cardiaques Métaboliques : prise de poids, diabète, hypercholestérolémies Psychiatriques : indifférence affective, somnolence Autres traitements Anxiolytiques Antidépresseurs : uniquement en cas de dépression associée Thymorégulateurs : dans les schizophrénies dysthymiques Sismothérapie La sismothérapie peut être utilisée : Quand une réponse rapide est nécessaire : Formes catatoniques Crises suicidaires En cas de contre-indication aux neuroleptiques En cas de résistance aux neuroleptiques La sismothérapie n’est pas efficace sur le repli autistique Psychothérapie Psychoéducation : Groupes d’information sur la maladie Destinés aux malades et à leur famille Généralement en groupe Thérapies familiales Sociothérapie Aides financières : Prise en charge à 100 % Allocation Adulte Handicapé (AAH) si le patient est incapable de travailler Sociothérapie Aide à l’insertion professionnelle : Maintien si possible d’une insertion professionnelle normale Possibilités de reclassement professionnel ou d’obtention d’un statut de travailleur handicapé Accueil dans des Établissements ou Services d’Aide par le Travail (ESAT) ou en Centre d’Activités Thérapeutiques à Temps Partiel (CATTP) Sociothérapie Logement : Si possible, maintien du logement usuel Foyers d’hébergement Appartements thérapeutiques Intervenants Médical : psychiatre, médecin traitant Paramédical : psychologues, infirmières, ergothérapeutes, orthophonistes , psychomotriciens, kinésithérapeutes … Travailleurs sociaux : assistant social, éducateurs Entourage : famille, associations Lieux et structures CMP (Centre Médico-Psychologique) : consultations, visites à domicile, activités occupationnelles Structures de secteur : hôpital, Hôpital De Jour (HDJ), centre de crise Structures d’aide à la réinsertion : ESAT, CATTP Structures sociales : appartements thérapeutiques Schizophrènes célèbres Antonin Artaud Syd Barrett des Pink Floyd John Forbes Nash Jr mathématicien prix Nobel de science économique Vincent van Gogh Isaac Newton Zelda Fitzgerald (Nicole Diver dans Tendre est la nuit )