Extraits de tcxtes de Gabriel Marcel (1s89-1973) précisant la distinction qu,il opère entre les
notions de tère et de problèrne. source principare '. Etre et uvoir (1935)
i
qu'il s'agit pour lui de traiter et de manipuler p
et qu'elle brise en prolongeant l,élan même eu
r
b e rt ra n d kaczma re k@yah oo. f r
( Les concepts physiques sont des créations libres de l'esprit humain et ne sont
pas, .comme on pourrait le croire, uniquement déterminés par le monde
extérieur. Dans l'effort que nous faisons pour comprendre le monde, nous
ressemblons quelque peu à l'homme qui essaie de comprendre le mécanisme
d'une montre fermée. ll voit le cadran et les aiguilles en mouvement, il entend
le tic-tac, mais il n'a aucun moyen d'ouvrir le boîtier. S'il est ingénieux, il pourra
se former quelque image du mécanisme, qu'il rendra responsable de tout ce
qu'il observe, mais il ne sera jamais sûr que son image soit la seule capable
d'expliquer ses observations. ll ne sera jamais en état de comparer son image
avec le mécanisme réel, et il ne peut même pas se représenter la possibilité ou
la signification d'une telle comparaison. Mais le chercheur croit certainement
qu'à mesure que ses connaissances s'accroîtront, son image de la réalité
deviendra de plus en plus simple et expliquera des domaines de plus en plus
étendus de ses impressions sensibles. ll pourra aussi croire à l'existence d'une
limite idéale de la connaissance que l'esprit humain peut atteindre. ll pourra
appeler cette limite idéale la vérité objective. >
(A. Einstein et L. Infeld,
L'Évolution des idées en physique (L936),
Éd. Flammarion, coll. Champs, 1982, pp.34-35.)
( Le monde est double pour l'homme, car l'attitude de l'homme est double en vertu de la dualité des
mots fondamentaux, des mots-principes qu'il est apte à prononcer.
Les bases du langage ne sont pas des mots isolés, ce sont des couples de mots.
flune de ces bases du langage, c'est le couple Je-Tu.
L'autre est le couple Je-Celo, dans lequel on peut aussi remplacer Celo par l/ ou E//e sans que le sens
en soit modifié.
Donc le Je de l'homme est double, lui aussi.
Car f e Je du couple verbalJe-Iu est autre que celui du couple verbal Je-Cela.1...)
Les mots qui sont la base du langage n'expriment pas une chose qui existerait en dehors d'eux, mais
une fois dits ils fondent une existence. (...)
ll n'y a pas deJe en soi; ily a leJe du mot-principeJe-Tu et leJe du mot-principeJe-Celo.(...)
La vie de l'être humain ne se réduit pas au cercle des verbes transitifs. (...) Je perçois une chose. Je
représente une chose. Je veux une chose. Je sens une chose. Je pense une chose. Ce n'est pas de
toutes ces choses et d'autres semblables qu'est faite la vie de l'être humain.
Toutes ces choses et d'autres du même ordre fondent l'empire du Cela. Mais l'empire du Iu a un
autre fondement.
DireTu, c'est n'avoir aucune chose pour objet. Car il y a une chose, il y a une autre chose, chaque
Cela confine à un autre Celo. Celo existe que parce qu'il est limité par d'autres Celo. Mais dès qu'on
dit Iu, on n'a en vue aucune chose, il n'a rien. Mais il s'offre à une relation.
Le monde de la relation s'établit dans trois sphères : La 1è'" est celle de la vie avec la Nature. La
relation y est obscurément réciproque et non explicite. Les créatures se meuvent en notre présence,
mais elles ne peuvent venir jusqu'à nous et le Iu que nous leur adressons bute au seuil du langage.
La 2è'" est la vie avec les hommes. La relation y est manifeste et explicite. Nous pouvons y donner et
y recevoir le Iu.
La 3"'" est la communion avec les essences spirituelles. La relation y est enveloppée de nuages, mais
elle se dévoile peu à peu; elle est muette, mais elle suscite une voix. Nous ne distinguons aucun Iu,
mais nous nous sentons appelés et nous répondons, nous créons des formes, nous pensons nous
agissons. Tout notre être dit alors le mot fondamental sans que nos lèvres puissent le prononcer.
Mais sommes-nous en droit d'intégrer l'ineffable dans le monde du mot fondamental ?
Dans toutes les sphères, grâce à tout ce qui nous devient présent, nous effleurons du regard l'ourlet
du Tu éternel, nous en sentons émaner un souffle venu de lui; chaque Iu invoque le Iu éternel,
selon le mode propre à chacune de ces sphères. >
Martin Buber. Je et tu. (chapitre | : Les mots-principes). Aubier philosophie. P.37-39
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