choc, même à faible posologie. Ainsi, dans une étude menée chez dix patients
en choc septique, Schreuder et al. (13) notaient une augmentation du débit
cardiaque sous dopamine à la posologie de 20 µg/kg/min, mais sans augmen-
tation significative des résistances vasculaires systémiques. Ces résultats ont été
plus récemment confirmés pour des posologies plus élevées, suggérant que les
effets hémodynamiques de la dopamine résultent presque exclusivement de son
action sur le myocarde.
La dopamine reste actuellement recommandée en première intention dans
le choc septique, en particulier dans les cas où la contractilité myocardique est
altérée sans baisse importante des résistances systémiques (5). En pratique, sa
faible efficacité dans cette situation lui fait le plus souvent préférer une caté-
cholamine plus puissante.
Dobutamine (voir Annexe 1)
Par ses propriétés β1-adrénergiques, la dobutamine augmente la contractilité
cardiaque. Elle agit aussi sur les récepteurs β2-adrénergiques, entraînant une
vasodilatation périphérique partiellement compensée par une faible activité
α-adrénergique.
L’administration de dobutamine est justifiée et recommandée dans une
situation de bas débit cardiaque, en pratique pour un index cardiaque inférieur
à 2,5 l/min (8). Cependant, ses indications ont progressivement été élargies
depuis les années 1990. C’est, en effet, durant cette période qu’est apparu le
concept de supranormalisation systématique du transport en oxygène, concept
qui a pour but in fine d’augmenter la consommation globale d’oxygène (VO2)
et de corriger la dette tissulaire en oxygène observée dans le choc septique (14).
La dobutamine faisait partie des moyens à mettre en œuvre pour parvenir à cet
objectif, en augmentant systématiquement le débit cardiaque pour atteindre
des valeurs supra-physiologiques (15). Plusieurs essais randomisés ont comparé
l’administration de dobutamine dans le but d’augmenter le transport en
oxygène à un traitement classique du choc septique, mais aucun n’a démontré
la supériorité d’une majoration systématique du débit cardiaque au-delà des
valeurs physiologiques (16). Dans une étude regroupant 109 patients de réani-
mation, Hayes et al. (17) ont étudié l’influence sur la mortalité d’un traitement
par dobutamine à des posologies permettant d’atteindre un index cardiaque
supérieur à 4,5 l/min, une valeur de transport en oxygène supérieure à
600 ml/min et une valeur de VO2supérieure à 170 ml/min. Dans le groupe
contrôle, les patients n’étaient traités par dobutamine que s’ils présentaient un
index cardiaque inférieur à 2,8 l/min. Un remplissage adéquat était assuré dans
les deux groupes avant toute administration de catécholamines. La mortalité
s’est avérée supérieure dans le groupe traité par dobutamine (54% vs 34% dans
le groupe contrôle). L’hypothèse avancée pour expliquer cette surmortalité est
celle d’une incapacité à faire face à l’augmentation des besoins énergétiques
médiée par l’administration de catécholamines à de telles posologies (18).
242 Sepsis sévère et choc septique