2.3.4. Détection du courant induit.
La rotation cohérente des ions sur une orbite large crée un courant induit sur les deux plaques de
détection. Le changement de la tension sur les plaques de détection peut être mesuré par une
électronique adaptée.
Le courant induit est proportionnel au rayon cyclotron post-excitation et à la charge totale du paquet
d’ions ayant un mouvement cohérent. Ce courant induit ne dépend ni de l’intensité du champ
magnétique, ni de la fréquence cyclotron des ions. Ceci a des conséquences analytiques
importantes : si tous les ions sont excités à la même intensité, leurs orbites auront le même rayon
d’après l’équation 11, donc l’intensité du courant induit sera proportionnelle au nombre de charges.
Il est donc possible, en théorie, de relier l’intensité du signal mesuré et le nombre de charges (égales
au nombre d’ions multiplié par leur état de charge) présentes dans le paquet d’ions, donc d’obtenir
une mesure quantitative. Cependant, comme l’intensité d’excitation est difficilement constante sur
toute la gamme de fréquences (voir Figure 4), cet aspect quantitatif est difficile à mettre en œuvre et
on considère généralement que la FT-ICR est peu adaptée à des méthodes où l’on souhaite faire de la
quantification.
2.3.5. Forme du signal mesuré
La collision des ions avec des molécules de gaz neutre pendant le temps de mesure a pour
conséquence de déplacer les ions de leur orbite. Comme ces collisions sont aléatoires, il se produit
une perte de la cohérence du paquet d’ion, qui s’étale et finit par ne plus induire de courant dans les
plaques de détection.
Il existe plusieurs modélisations de ce phénomène mais toutes ont pour résultat que le signal mesuré
correspond à une sinusoïde amortie exponentiellement (Figure 5). Cette composante exponentielle
mène à un élargissement des pics et à une limitation de la durée d’acquisition pendant laquelle un
signal est détectable. Ceci concoure à limiter la résolution de l’instrument. Voilà pourquoi il convient
d’avoir une pression aussi faible que possible dans la cellule de mesure.
4000
3000
2000
1000
0
4035302520
1.0
0.5
0.0
-0.5
302520151050
x103
Figure 5 : Signal sinusoïdal amorti exponentiellement (à gauche, échelle en temps) et le résultat
après transformation de Fourier (à droite, échelle en fréquence).
2.3.6. Digitalisation et transformation de Fourier
Il est possible d’exciter simultanément l’ensemble des ions présents dans la cellule. Il est également
possible de mesurer en une seule expérience l’ensemble des fréquences de rotation de ces ions. C’est
l’apport de la transformée de Fourier à la FT-ICR. Le courant induit mesuré sur les plaques de
détection est digitalisé, ce qui conduit à un interférogramme où les sinusoïdes amorties de
l’ensemble des ions présents dans la cellule sont additionnées les unes aux autres.
La transformée de Fourier permet de transformer cet interférogramme en un spectre de magnitude
des fréquences présentes dans celui-ci, qui représente l’intensité du signal mesuré aux différentes
fréquences. Elle permet aussi d’utiliser sur le signal avant transformation toutes les méthodes de
traitement du signal : apodisation pour affiner les pics, zero-filling pour augmenter le nombre de
points (et donc diminuer l’intervalle de fréquence) et également la possibilité d’accumuler plusieurs
spectres successifs (le signal croit en n = nombre d’accumulations alors que le bruit croit en √n.)
La conversion de ce spectre de fréquence en spectre de masse peut alors se faire facilement en se
basant sur l’équation 7. On utilise en général une équation à deux paramètres (A et B) :
2
)/(
/zm
B
zm
A+=
ν
(12)