REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
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Article original
(IVT 71), qui situe Gustave dans les 6 % d’enfants les plus
faibles, et les trois autres indices – compréhension verbale
(ICV = 101), raisonnement perceptif (IRP=99) et mémoire
de travail auditivoverbale (IMT = 91) –, qui sont dans la
norme.
Gustave a également été soumis à des épreuves
d’évaluation des capacités visuospatiales, visuoconstruc-
tives et sensorimotrices. Ses performances au test des
cloches (35e-40epercentile ; [32]) suggèrent des capacités
d’exploration visuospatiale linéaires et organisées, excluant
une héminégligence. L’évaluation des fonctions visuospa-
tiales et visuoconstructives ne corrobore pas l’existence
d’une dyspraxie. L’orientation visuospatiale (Nepsy Flèche :
7/19) est faible, en accord avec le score de raisonnement
spatial du WISC. Au niveau visuoconstructif, les scores sur
la copie de figures sont inférieurs à la moyenne (Nepsy :
7/19), mais qualitativement on note une mauvaise préhen-
sion du crayon qui interfère sur la production. La copie
du losange est acquise et l’accès à la troisième dimension
est possible si Gustave est étayé dans sa programmation.
Par ailleurs, Gustave se normalise pour la réalisation des
modèles de construction sur le test des cubes de la Nepsy
(9/19). Sur le plan sensorimoteur, les capacités sont effi-
cientes. La programmation et le contrôle moteur (praxies
réflexives : 13/19, précision motrice : 8/19), la dextérité dis-
tale (tapping : 11/19) et la sensibilité digitale (distinction
de doigts : 16-75◦p) demeurent dans les normes attendues
pour son âge. Concernant l’attention, aucun point d’appel
n’est observé, ni sur le questionnaire de Conners proposé
aux parents, ni lors de l’examen, où Gustave ne manifeste
aucune labilité ou impulsivité.
Méthode d’analyse
Les performances de Gustave en langage écrit, langage
oral et conscience phonémique ont été comparées à celles
de groupes témoins appariés en âge chronologique. Un
premier groupe témoin est issu de la batterie analytique
du langage écrit (BALE) [12] pour les épreuves de lec-
ture, de dictée, de langage oral et trois des épreuves de
conscience phonologique (jugement de rimes, suppression
syllabique et acronymes). Il comprend 116 enfants dont
la moyenne d’âge est de 9 ans et 4 mois (ET = 1,04). Le
groupe contrôle apparié en âge chronologique sur les autres
épreuves de conscience phonémique est issu de l’étude
de Bosse et Valdois [4], et est composé de 104 enfants.
Les groupes appariés en âge réel et en niveau de lecture
sur les épreuves d’empan VA sont issus de cette même
étude [4] et comprennent respectivement 96 et 118 enfants.
Le test tmodifié (one-tailed) de Crawford [8] a été uti-
lisé pour tester la significativité des différences observées.
Aucun groupe témoin apparié en niveau de lecture n’a
été utilisé lors de l’évaluation des aptitudes phonologiques
dans la mesure où les performances de Gustave se situent
parmi les meilleurs scores des témoins appariés en âge
réel.
Évaluation du langage écrit
Lecture
Méthode
Gustave a été soumis à diverses épreuves de lecture,
issues de la BALE [12], comprenant :
–la lecture à haute voix d’un texte porteur de sens (Petit
Monsieur),
–la lecture de listes de mots (réguliers et irréguliers) et
de pseudo-mots visant à établir le niveau d’efficience des
procédures globale et analytique de lecture,
–une épreuve de conversion graphème-phonème où des
graphèmes isolés (e.g., «ch »,«oin ») devaient être asso-
ciés aux phonèmes correspondants.
La lecture du texte était limitée à 3 min, et le nombre de
mots lus était comptabilisé, ainsi que le nombre d’erreurs.
Les items à lire comprenaient quarante mots de haute fré-
quence et quarante mots de basse fréquence, vingt réguliers
et vingt irréguliers appariés en fréquence et longueur sylla-
bique, ainsi que quarante pseudo-mots appariés aux mots
en nombre de syllabes. La performance était mesurée en
termes de score et de temps de lecture (en secondes sur
chaque liste de vingt items).
Résultats
Analyse quantitative
Les performances de Gustave sont présentées dans
le tableau 1. En lecture de texte, Gustave ne parvient
à lire qu’un nombre de mots très inférieur à celui des
témoins (t(49) = -2,317, p = 0,012) en 3 min. Ce ralentisse-
ment s’accompagne de peu d’erreurs. Concernant la lecture
des mots isolés, les performances sont significativement plus
faibles que la norme pour les mots, qu’ils soient :
–réguliers,
•de haute fréquence : t(115) = -3,593, p <0,0001,
•de basse fréquence : t(115) = -3,206, p <0,01,
–ou irréguliers,
•de haute fréquence : t(115) = -7,274, p = <0,0001,
•ou de basse fréquence : t(115) = -1,853, p = 0,033).
En revanche, le score en lecture de pseudo-mots
(t(115) = -0,217, p = 0,414) ne diffère pas significativement
des scores attendus. On note un temps de lecture exagéré-
ment long sur tous les types d’items :
–mots réguliers,
de haute fréquence : t(115) = 2,666, p = 0,004
de basse fréquence : t(115) = 5,827, p <0,0001
–mots irréguliers
de haute fréquence : t(115) = 13,046, p <0,001,
de basse fréquence : t(115) = 4,967, p <0,0001,
–pseudo-mots : t(115) = 4,163, p <0,001).
La connaissance des règles de conversion graphème-
phonème est tout à fait dans la norme : t(115) = -1,250,
p = 0,11.
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