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atteigne 80% de la moyenne de l’année 2020 et qu’il dépasse, en 2030, le niveau moyen atteint
par les pays de l’Union.
Le problème n’est pas engendré par l’essence ou le contenu de la croissance économique, mais
par les moyens utilisés à ce but, sans parler des effets secondaires à long terme qui à l’avenir
puissent changer les données de la réalité telle que nous la concevons aujourd’hui et qui agiraient
directement sur le développement.
Le présent démontre que le principe fondamental qui soutient le développement durable :
« assurer l’égalité des chances aux générations à venir », reste le plus souvent au statut de la
théorie, en pratique son observation étant négligée. Il est néanmoins vrai que ce principe est
débattu, largement utilisé dans divers ouvrages en la matière, mail on l’oublie lors du
déroulement des actions économiques. Le profit, le gain, les bénéfices, l’efficacité, voilà les
éléments selon lesquels la société est orientée et qu’elle cible, bien qu’elle ne les reconnaisse pas
toujours. La réalité économique nous a démontré, et même montré, que derrière n’importe quelle
action il y a un intérêt économique.
Certains spécialistes (Herman Daly et Marilyn Waring) ont introduit la notion de croissance non
économique. Abordée soit dans le contexte de l’économie de la prospérité, soit dans celui de la
théorie du développement humain, la croissance non économique exprime le recul sur le plan du
niveau de vie de la grande majorité de la population, par l’invasion de la croissance dans
l’écosystème où elle se manifeste203.
L’intérêt économique engendre une modification de forces, en améliorant beaucoup le niveau de
vie pour un nombre relativement réduit de personnes et en mettre l’accent la pauvreté et la misère
pour les grandes masses de la population. Les conséquences de l’allocation irrationnelle des
ressources actuelles, pour la satisfaction des besoins d’un nombre restreint de personnes seront
observables dans l’avenir et elles sont visibles même aujourd’hui dans la plupart des pays. Ainsi,
le syntagme « l’égalité des chances des générations à venir » n’aboutira plus à sa fin.
Si l’on compare le revenu obtenu par un cinquième de la population des pays les plus riches avec
celui d’un cinquième de la population des pays les plus pauvres on constate une énorme
différence. Ainsi, si en 1960 le rapport était 30 pour 1, en 1995 ce rapport s’est accru à 74 pour 1.
En complément de toutes ces informations, une étude de l’Organisation des Nations Unies a
précisé que moins d’une moitié du capital dépensé par les Etats-Unis pour la guerre en Iraq
(montant estimé à plus de 87 milliards de dollars) suffisait pour assurer de l’eau potable, une
alimentation adéquate, des services sanitaires et une éducation élémentaire pour chaque habitant
de la planète. On prévoit que ce montant serait dépensé en plus par rapport aux sommes allouées
à présent à ces destinations204.
Le creusement des différences entre les gens engendré par la croissance économique influe avec
le temps sur la confiance de la population en théories qui prônent et bénissent la croissance
économique à tout prix et les détermine à changer de conduite dans l’essai de tirer profit des
avantages de la croissance économique. Ce n’est pas uniquement dans les pays en développement
ou dans ceux du tiers monde que l’on rencontre la situation présentée, comme on serait tenté de
croire, mais elle existe tout aussi bien dans les pays développés qui se recommandent comme
modèles de succès. Aux Etats-Unis, 12 millions familles vivent au jour le jour. Ainsi, ce cercle
vicieux (pauvreté – manque de confiance) s’agrandit et atteint une grande partie de la population
puisque chacun cherche à réaliser les actions qui lui permettent la satisfaction d’un nombre de
besoins aussi élevé que possible.
Les déséquilibres existants à présent entre l’environnement naturel et celui créé par l’homme
s’accentuent de plus en plus et ils sont évidents tout autour de la planète, ils réduisent les chances
d’avoir une vie normale pour les générations à venir. Pour changer le présent, la solution est le
203 Trifu, Alexandru, Globalizare si dezvoltare, Ed. Performantica, Iasi, 2006, p. 61-63.
204 Perkins, John, Confesiunile unui asasin economic, Ed. Litera International, Bucureşti, 2007, p. 17.