
Journal Identification = MET Article Identification = 0334 Date: October 10, 2011 Time: 9:30 am
Quelle est la définition du sujet âgé ?
En réalité, la définition est arbitraire et subjective. Par
exemple, dans le document publié dans Circulation,un
sujet âgé a été traditionnellement défini par un âge de
plus de 65 ans [2]. Les experts ont toutefois reconnu qu’il
y avait des différences cliniques et physiopathologiques
entre un patient qualifié d’âgé jeune c’est-à-dire avec un
âge compris entre 65 et 74 ans, un sujet âgé dit plus âgé,
entre 75 et 84 ans, et le plus âgé des sujets âgés c’est-à-dire
plus de 85 ans.
Épidémiologie
Avec l’augmentation de l’espérance de vie, il est prévu
que d’ici 2030, 20 % des Américains auront plus de 65 ans
contre 13 % aujourd’hui. Aux États-Unis, la prévalence
de l’HTA chez le sujet de plus de 18 ans est de 27 %
avec une prévalence qui augmente progressivement avec
l’âge si bien que la majorité des sujets âgés est hyper-
tendue. Ainsi, dans l’étude de FRAMINGHAM, 90 % des
participants normotendus à l’âge de 55 ans développent
ultérieurement une HTA [4]. L’HTA est un très impor-
tant facteur de risque cardiovasculaire puisque 60 % des
patients avec un infarctus du myocarde, 77 % de ceux
avec un accident vasculaire cérébral (AVC) et 74 % des
insuffisants cardiaques présentent des antécédents d’HTA
[5]. De surcroît, l’HTA est un facteur de risque majeur
de fibrillation auriculaire et d’insuffisance rénale chro-
nique [5]. C’est un véritable problème dans la mesure
où plus l’âge avance et plus le contrôle tensionnel se
détériore.
De par l’augmentation de la rigidité aortique, la fré-
quence de l’HTA systolique augmente avec l’âge puisque
si 65 % des patients hypertendus de plus de 60 ans sont
concernés, ce pourcentage atteint plus de 90 % après
70 ans [6]. La pression artérielle systolique est un facteur
de risque indépendant majeur de survenue d’événements
cardiovasculaires à tous les âges de la vie et un traite-
ment actif réduit la mortalité totale de 13 % [7, 8]. Ainsi,
après 70 ans, l’HTA diastolique concerne moins de 10 %
de tous les patients hypertendus. La relation entre la pres-
sion artérielle diastolique et le risque cardiovasculaire est
bimodale chez le sujet âgé, puisqu’une pression artérielle
diastolique supérieure ou égale à 90 mmHg est associée
au même risque que celui observé pour une pression
artérielle diastolique inférieure à 70 mmHg [6, 8]. Ainsi,
quel que soit le niveau de pression artérielle systolique,
le risque cardiovasculaire augmente au fur et à mesure de
la baisse de la pression diastolique. La pression pulsée
(qui représente la différence entre la pression artérielle
systolique et la pression artérielle diastolique) augmente
avec l’âge et reflète le degré de rigidité vasculaire. C’est
un facteur de risque potentiel de maladie cardiovascu-
laire chez le sujet âgé, parfois identifié comme étant un
meilleur prédicteur du risque que les pressions systoliques,
diastoliques ou moyennes [9-11].
Y a-t-il une différence de fréquence en fonction du
sexe ? Jusqu’à 45 ans, la prévalence de l’HTA est plus faible
chez la femme que chez l’homme, devient identique dans
les deux sexes entre 45 à 64 ans puis augmente chez la
femme plus que chez l’homme après 65 ans. Une grande
majorité des femmes âgées a une HTA de stade 2 et le
contrôle tensionnel est difficile à obtenir chez elles sans
qu’il soit possible de déterminer quelle est la part des res-
ponsabilités entre un traitement moins intensif prescrit, un
choix inadéquat des médicaments, un manque d’adhésion
au traitement, une véritable résistance au traitement ou
entre d’autres facteurs non identifiés. Ainsi, après 80 ans,
seules 23 % des femmes hypertendues contre 38 % des
hommes ont une pression artérielle <140/90 mmHg [12].
Physiopathologie
de l’hypertension chez le sujet âgé
Des modifications de la structure artérielle et de sa
fonction sont observées avec le vieillissement. Les grosses
artères deviennent rigides et contribuent à l’augmentation
de la vitesse de l’onde de pouls responsable d’une HTA
systolique. Une augmentation de la demande myocar-
dique en oxygène est mesurée alors qu’une réduction du
débit vasculaire est également observée, favorisée par les
sténoses coronaires et par les médicaments qui baissent la
pression artérielle diastolique. Une dysautonomie est fré-
quente et provoque une hypotension orthostatique, facteur
de risque de chute, de syncope, et d’événements cardio-
vasculaires tandis que l’hypertension clinostatique, facteur
de risque d’hypertrophie ventriculaire gauche, d’atteinte
coronaire ou d’accidents vasculaires cérébraux en est éga-
lement la résultante.
Une glomérulosclérose et une fibrose interstitielle
sont responsables d’une réduction du débit de filtra-
tion glomérulaire et d’une aggravation d’une insuffisance
rénale. D’autres mécanismes sont également observés
comme une altération de la pompe Na/K (ce qui favo-
rise l’augmentation de sodium intracellulaire) ou une
réduction de la pompe Na/Ca. L’atteinte microvasculaire
contribue à l’insuffisance rénale chronique et la réduc-
tion de la masse tubulaire réduit l’excrétion urinaire de
potassium ce qui explique que le sujet âgé hypertendu ait
fréquemment des hyperkaliémies.
Les causes secondaires d’hypertension
Malgré l’âge avancé, se réfugier derrière une étiologie
dite «familiale »de l’HTA n’est pas adéquat et une cause
secondaire d’hypertension doit parfois être recherchée.
mt, vol. 17, n◦3, juillet-août-septembre 2011 235
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