La sexualité face au cancer

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La sexualité face au cancer
Hommes et femmes :
quelles différences ? quels risques ?
Dr Pierre BONDIL
Marseille Urologue-oncologue-sexologue
Centre hospitalier Métropole Savoie
[email protected]
25-­‐26 septembre 2015 Cancer et sexualité
de quoi parle-t-on ?
Cancer et sexualité ? Soins oncologiques de support Oncosexualité Oncofer3lité La femme la plus sexy du monde en 2014 est une mère de
famille de 40 ans !
Différence H / F
une réalité épidémiologique Incidence et mortalité liées aux cancers
selon le genre en France
Cancer H/F= de plus e n plus une maladie chronique données épidémiologiques Pas un mais des cancers Concilier parcours
de àsoins
de
vie
Survie rela3ve 5 ans =ET
75 %
Qualité vs quantité de vie ni
contradictoire ni négligeable
mais …
Prévalence élevée Kc génitaux = 40% Axe majeur 3e Plan Cancer ET
obligation médicale, éthique et
déontologique
Age moyen personnes traitées pour cancer:
67 ans H et 64 ans F
INCA 2014
urvie rela3ve à 5 ans des 25 localisa3ons principales de cancer en fonc3on de leur incidence annuelle en 2005 INCA, La situa@on du cancer en France en 2010, Coll Rapports et synthèses, Importance et impact sur vie sexuelle (patient /
partenaire) en cas de cancer = une réalité
Perz et al. BMC Cancer 2014, 14:228
Vie en couple
Raisons pour ne pas avoir de « sexe » en fonction du
genre et de l’âge (%)
Hommes
En couple 57-­‐64 Femmes
65-­‐74 75-­‐85 57-­‐64 65-­‐74 75-­‐85 11.7 23.8 1.  Impact prépondérant ++
Pas intéressé 25 24.9 de29.5 santé10.3 (malade16.8 / partenaire)
19.2 19.8 15.8 activité sexuelle pré-cancer
Problèmes santé/ 40.3 56.6 61.4 16.8 16.7 24.8* § 
13.5 partenaire
Partenaire as §  pétat
intéressé 19.1 présent ou non
§ 
limita3ons 2.  Homme = maillon faible de la vie
Partenaire problèmes santé/limita3ons 20.1 31.3 sexuelle du couple
22.7 63.2 63.4 64.8 (capacité érectile +++)
* significa3f Cohorte NSHAP (Na3onal Social Life, Health and Aging Project (1455 H / 1555 F de 57-­‐85 ans). Waite LJ et al. J of Gerontol Social Sciences 2009; 648 (S1): 156-­‐66 Les conséquences du cancer sur la vie privée Aide des proches, vie de couple, sexualité, projets parentaux… Chantal Cases, IRDES Quand et comment ?
PPSOS = parcours personnalisé de soins en
oncosexologie
Annonce
Traitement
Sortie
“Après cancer”
Enquête « Deux
ans après»
information
prévention
prise en charge
information
bilan
prise en charge
information
actions préventives/curatives
Conséquences des cancers H-F
sur la vie intime / privée = une réalité !
• 
Sexualité encore souvent perturbée = 65%
• 
Kc cavité pelvienne = 89% H et 75% F +++
• 
Fertilité (projets parentaux)
souvent (au moins provisoirement)
Particularités
compromise = 37% F en âge de procréer et 30% H
difficultés
/ séquelles
ou intimes souvent brutales
•  Possibles
rupturessexuelles
= 8%
et durent longtemps
•  Après deux ans, relations de couple très souvent
préservées
(50%)
ou parcours
même renforcées
= 40%
Irruption
du cancer
dans
de vie couple
modifie très
souvent les priorités de vie !
enquête « Deux ans après » C. Cases 2008
Poursuite / maintien intimité de vie sexuelle = facteur
positif de résilience et de santé mentale +++
Le soutien des proches dans les 12 derniers mois
Ø  «beaucoup» de sou3en affec3f et moral ● conjoint : 85% personnes vivant en couple ● autre membre famille : 80%
● amis : 68% ● autres proches : 15% Ø  Hommes: davantage d’aide du conjoint, femmes : davantage d’aide de la famille (effet d’âge et du cycle de vie) Ø  «beaucoup» d’aide pour actes vie courante ● conjoint (78% personnes vivant en couple) ● famille (53%) ● amis (34%) Ø  Davantage d’aide pour hommes à tout âge +++ (rôles sociaux de genre), aide croissante avec âge Facteurs associés à une
vie sexuelle dégradée
•  Communs H/F
•  gravité maladie, effets secondaires traitements, pronostic
défavorable, chimiothérapie, séquelles gênantes,
consommation psychotropes, inactivité sexuelle
• 
satisfaction des informations apportées par équipe
médicale
•  spécifiques au genre
•  F: manque de soutien psychologique lors diagnostic,
sentiments d’attitudes de rejet liées à la maladie
•  H: insatisfaction par rapport information par équipe
médicale et niveau étude
C Cardes Irdes Données DREES mars 2008
Vican 2 : toujours place importante
du conjoint / compagnon
Le couple = valeur sûre et paramètre
important pour la vie sexuelle et… le cancer !
H vivent plus en couple
(87,3 %) que F (71,9%) Vie de couple : données épidémiologiques
Inégalités H/F avec fréquentes « triple peine »
(malade + souvent seules + monoparentalité ) Taux de divorce ou séparation similaire aux données
littérature
risque (X 6)
(11.6%)
mais le sexe féminin est à plus haut
(20.8% F vs 2.9% H P < .001).
L’impact sur la qualité de
vie et de soins est négatif +++
Variables d’ajustement mental à la maladie cancéreuse
(cognitives, comportementales et émotionnelles)
Esprit comba3f Détresse • 
Information (P/P)
• 
Information
• 
Soutien affectif et moral
des amis et de la famille (P/P)
• 
Désir soutien psy
• 
Non satisfaits de leur suivi
• 
Activité sexuelle (P/P)
• 
Soutien affectif et moral
• 
Qualité de vie physique (P/P)
• 
Détérioration du couple
• 
Qualité de vie mentale
Adapta3on posi3ve (P/P)
•  Activité sexuelle
§  Séquelles (présence gêne et
prise en compte)
§  Psychotropes
Adapta3on néga3ve Anne-­‐Gaëlle Le Corroller Soriano 2008 Rôle réellement négligeable de santé sexuelle / vie couple ? Marital Status and Survival in Patients With Cancer
Aiser AA. et al. J Clin Oncol 2013 Nov 1;31(31):3869-76
•  Ne pas être en couple = risque significativement
plus élevé +++
Purpose : To examine the impact of marital status on stage at diagnosis, use of defini3ve therapy, and cancer-­‐specific mortality among each of the 10 leading causes of cancer-­‐related death in the US. Methods: We used the Surveillance, Epidemiology and End Results program to iden3fy 1,260,898 pa3ents diagnosed in 1. 2008 diagnostic
au stade
métastatique
2004 through with lung, colorectal, breast, pancrea3c, prostate, liver/intrahepa3c bile duct, non-­‐Hodgkin lymphoma, head/neck, ovarian, or esophageal cancer. We used mul3variable logis3c and Cox regression to analyze sous-traitement
the 734,889 p2. 
a3ents who had clinical and follow-­‐up informa3on available. 3.  mourir de son cancer
Results: Married pa3ents were less likely to present with metasta3c disease (adjusted odds ra3o [OR], 0.83; 95% CI, 0.82 to 0.84; P .001), more likely to receive defini6ve therapy (adjusted OR, 1.53; 95% CI, 1.51 to 1.56; P .001), and less likely to die as a result of their cancer aDer adjus6ng for demographics, stage, and treatment (adjusted hazard ra3o, 0.80; 95% CI, 0.79 to 0.81; P .001) than unmarried pa3ents. These associa3ons remained significant when each individual cancer was analyzed (P .05 for all end points for each malignancy). The benefit associated with marriage was greater in males than females for all outcome measures analyzed (P .001 in all cases). For prostate, breast, colorectal, 1.  head/neck souvent
renforcement
(si
non conflictuel)
esophageal, and cancers, the survival benefit associated with marriage was larger than the published survival benefit of chemotherapy. • 
Couple = paramètre protecteur
2. 
effet protecteur plus grand H / F
Conclusion: Even awer adjus3ng for known confounders, unmarried pa3ents are at significantly higher risk of presenta3on with metasta3c cancer, undertreatment, and death resul3ng from their cancer. This study highlights the poten3ally significant impact that social support can have on cancer detec3on, •  Conséquence: évaluer statut marital car patient
treatment, and survival. seul = terrain plus vulnérable
++
Comparison of HRs for overall survival associated with chemotherapy (based on prior literature) with cancer-­‐specific survival associated with marriage (in the present study) in pa3ents with solid malignancies HR* for Cancer Type of Chemotherapy Study Prostate Randomized trial25 Breast Meta-­‐analysis26 Popula3on Evaluated in Chemotherapy Chemotherapy Study Reference Metasta3c, hormone-­‐
Docetaxel resistant prostate Mitoxantrone every 3 weeks cancer Anthracycline-­‐
No Early breast cancer based chemotherapy Marriage in HR for Chemotherapy Present Study 0.79 0.74 0.84 0.78 Stage I-­‐III non–small-­‐
No Lung review27de
prostate, du sein, colorectal,
Any 0.71 0.85 Pour Systema3c les cancers
oesophage
et ORL, le
cell lung cancer chemotherapy Adjuvant bénéfice en terme
de survie lié au mariage
est…
supérieur à ceux
T3-­‐T4, resectable rectal No adjuvant Colorectal Randomized trial28 Pancrea3c Randomized trial29 Liver, IHBD Randomized trial30 Importance
Esophageal Meta-­‐analysis31 Ovarian Systema3c review32 Head/neck Meta-­‐analysis33 fluorouracil 0.85 cancer chemotherapy publiés pour la chimiothérapie
!
and leucovorin Resectable pancrea3c No Fluorouracil 0.71 cancer chemotherapy Advanced No hepatocellular Sorafenib 0.69 chemotherapy carcinoma trop
sous-estimée
des déterminants
et risques
Resectable esophageal No Any 0.87 cancer chemotherapy psycho-sociaux sur l’état de santé et…la morbi-mortalité
0.72 0.87 0.88 0.77 Early-­‐stage epithelial No Any globale
et
spécifique
+++
ovarian cancer chemotherapy 0.74 0.87 Nonmetasta3c head and neck cancer 0.87 0.67 Any Aizer AA et al. Marital Status and Survival in Pa3ents With Cancer. J Clin Oncol. 2013 Nov 1;31(31):3869-­‐76 No chemotherapy Morbidité sexuelle / intime: origine
multifactorielle mais iatrogénie majeure
(directe et / indirecte)
origine mul3factorielle Prévalence élevée (> 50%) : information = droit
patients et devoir des soignants
Quels troubles sexuels ?
Phases physiologiques (d’après le schéma de Masters et Johnson) O O E = Excita@on P = Plateau P R
O = Orgasme R = Résolu@on E E P
R
FEMME Chez H, dysfonction érectile = n° 1
Toutes les fonctions sexuelles peuvent être touchées
isolément, ou mais
plus souvent, de façon combinée troubles désir et identitaires souvent
présents et … masqués
E Troubles du désir
Psychogènes
- Blocages sensoriels : vue,
odeurs, bruits, touchers.
- Altération de la motivation,
- Communication insuffisante
Iatrogènes :
- direct: chirurgie,
radiothérapie, médicamenteux,
hormonothérapie
- indirect: effets secondaires
type fatigue, nausées…
Troubles de l’excitation
HOMME Perturbation des rapports
Dysorgasmies
Dysfonction Érectile
Dyspareunies
Anéjaculation
Sécheresse vaginale
Douleurs
Modifications des perceptions
orgastiques
Modification des scripts/
habitudes
Dyspnées
Référen3el AFSOS « Cancer, santé sexuelle, vie in3me » disponible sur afos.org Douleurs
Positions
Incontinences
Incontinences
Fibrose (localisée
ou étendue) orgasmurie Multiplicité des atteintes pouvant
modifier l’activité sexuelle (H et F)
Fonc3on biologique sexuelle Ac3vité sexuelle Fonc3on rela3onnelle sexuelle Fonc3on iden3taire l sexuelle Impacts indirects sur vie sexuelle et
intime (1)
Pas de nettes différences sauf sein, prostate, col Impacts indirects sur vie sexuelle et
intime (2)
Image de soi, estime de soi, confiance en soi
Image corporelle et cancer
impacts potentiels dans la vraie vie
jeune mère australienne de 32 ans porteuse du gène BCRA2 (risque plus élevé de cancer du sein ou de l'ovaire). A eu l'abla3on des deux seins, de l'utérus, une chimiothérapie et reconstruc3on mammaire Importance information
/ prévention / réhabilitation /
beth-­‐whaanga-­‐devoile-­‐
les-­‐consequences-­‐de-­‐
éducation thérapeutique
(patient et partenaire) = RBP tout
son-­‐cancer-­‐du-­‐sein-­‐ au long du PPS +++ (abstinence = risque « désinsertion vie intime /
affective / érotique »)
«…Chaque jour, nous marchons au milieu des gens. Ces individus paraissent normaux, mais sous leurs vêtements, parfois, les corps ont une toute autre histoire à raconter….» Impacts indirects sur vie sexuelle et
intime (3)
Cancers pelviens +++ Impacts indirects sur vie sexuelle et
intime (4)
Psychotropes Conséquences du cancer sur le désir
(1)
Facteurs prédictifs baisse du désir
Conséquences du cancer sur le désir
(2)
Significatif pour prostate > col utérus / sein et vessie / poumon Conséquences sur la vie sexuelle
Baisse RS: H (52.3%) > F (41.7%) p < 0.001 Peu / pas satisfaits n RS: H (39.5%) > F (24.4%) p < 0.001 (1)
Inégalité majeure (globale + genre)
information / accès / qualité soins
(1)
Lever le silence pour autoriser à en parler et
légitimer la demande = enjeu majeur +++
Inégalité majeure (globale + genre)
information / accès / qualité soins (2)
La compétence relationnelle fait partie intrinsèque
de la compétence médicale !
Pour K non sexués, 13,9 % H ont communiqué autour de la sexualité, dont 9,4 % de
leur propre initiative vs. 4,3 % et 2,8 % des F (p < 0,001) ++
Parcours et qualité de vie = un des 5 axes majeurs du 3e Plan cancer page 60 •  « …vise à accompagner et soutenir les efforts des personnes pour préserver leur con6nuité et qualité de vie à travers trois objec6fs : 1.  assurer des prises en charge globales et personnalisées 2.  réduire les séquelles des traitements et les risques de second cancer 3.  diminuer les conséquences du cancer sur la vie personnelle. » 2010 
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