Verhältniss der Psychologie zu den übrigen

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Verhältniss der Psychologie zu den übrigen philosophischen
Disciplinen [Rapport de la psychologie aux autres disciplines
philosophiques], Lehrbuch der Psychologie vom Standtpunkt
des Realismus und nach genetischer Methode, Bd. 1, § 8,
Cöthen, 1875 (2e édition), pp. 49-53.
Wilhelm Fridolin Volkmann von Volkmar, 1875
traduit par David Romand , le 29/10/2012
Après avoir traité des rapports de la psychologie à la philosophie en général (...), nous nous attacherons à présent, en guise de conclusion
à cette introduction, à préciser la position de la psychologie par rapport aux disciplines philosophiques particulières. Si nous en revenons
encore une fois à la question des relations entre psychologie et métaphysique, c’est bien ce qui se produit pour définir de manière
générale des rapports des deux sciences au cas particulier de leur comportement vis-à-vis de problématiques d’ensemble. Ceci se produit
en ce qui concerne l’espace et le temps. Pour la métaphysique, la question de l’espace et du temps consiste à s’interroger sur les
conditions dans lesquelles on doit penser les essences et leurs états en tant que tels, et c’est précisément dans l’accomplissement de ce
processus de pensée lui-même que réside la réponse à cette question. Mais pour la psychologie, le temps et l’espace ne sont que des
processus psychiques, c’est-à-dire des formes qui supposent certaines séries représentationnelles, et qui à l’instar de tous les problèmes
psychologiques, trouvent leur résolution dans le fait qu’ils peuvent être rapportés à certaines particularités des représentations. Le point
de vue des deux sciences est donc tout-à-fait différent, tant dans la question posée que dans la réponse qu’elles y apportent, car la
métaphysique concerne la question de l’essence et de ses états, tandis que la psychologie attrait à une essence particulière et apparaît
circonscrite par les états de cette essence. La métaphysique y répond par le postulat d’un processus spéculatif, la psychologie par la
démonstration d’un processus historique. Mais ce rapport ne s’arrête pas là. Les concepts de l’être réel et de sa survenue, qui du fait de
leurs contradictions internes définissent les problèmes de la métaphysique, sont des produits psychiques dont la psychologie doit
expliquer la survenue homogène à partir de la généralité de son processus d’apparition. [La psychologie] est prête à cela une fois qu’elle a
donné l’explication de cette genèse, c’est-à-dire lorsqu’elle est parvenue jusqu’au point où commence la métaphysique. Il nous semble
ainsi que surgit un nouvel aspect du rapport qui pourrait venir faire contrepoint à la dépendance, que nous avons jusqu’ici envisagée, de la
psychologie à la métaphysique. La preuve du processus d’apparition des concepts contradictoires ne suffira-t-elle pas en tant que telle à
assurer leur formation, et celle-ci n’apparaîtra-t-elle pas comme état réellement déterminée par ceux là ? Ne nous est-il pas seulement
permis de nous interroger sur l’espace considéré comme [un ensemble de] rapports objectifs, attendu que l’espace lui-même tel qu’il nous
est donné n’est jamais que le fait de nous le représenter spatialement ? Ou, plus généralement : tous les problèmes de la métaphysique
qui nous sont immédiatement donnés, même les plus éloignés, en d’autres termes tous les concepts de la métaphysique en général, sont
des produits psychiques et toute la pensée métaphysique est un processus psychique. La métaphysique ne peut être conçue qu’en tant
qu’elle est présupposée par la psychologie. Mais il convient d’expliquer plus avant cette dépendance de la métaphysique à la psychologie.
En effet, comme on ne peut admettre, d’une part que ce qui se produit avec une valeur générale contienne en soi des contradictions
insoutenables, et d’autre part que la même pensée qui produit nécessairement les concepts contradictoires soit aussi capable de résoudre
la contradiction, alors on a l’impression que la démonstration de l’apparition du concept contient en elle-même la justification de son
contenu. S’il en était ainsi, alors la résolution du problème métaphysique irait de pair avec celle du problème psychologique, en d’autres
termes : la psychologie semble rendre la métaphysique superfétatoire. Nous nous inscrivons en faux contre ces assertions que la
métaphysique trouve fondamentalement son origine dans la psychologie. En effet, en réalité, notre connaissance du produit nous vient
bien souvent de la connaissance de son origine avec clarté, mais ce rapport ne vaut ni de manière générale, ni, là où elle a quelque valeur,
ne porte en elle la signification d’une explication de dépendance d’une connaissance à l’autre. Là où il s’agit, à l’instar de la
métaphysique, de peser la valeur ou l’absence de valeur logique d’une pensée, puisque l’idée que la manière de rendre compte de la
genèse psychologique de cette pensée n’est pas pertinente, comme c’est le cas de l’acoustique dans l’esthétique des sons. Les concepts
de la psychologie sont eux-mêmes des phénomènes psychiques et la pensée psychologique est elle-même un processus psychique. Mais
la métaphysique se devrait alors d’attendre que la psychologie ait accompli sa tâche, que la psychologie elle-même s’intéresse à ce
domaine, ce qui rendrait le commencement de la psychologie dépendant de son achèvement. La tâche de la métaphysique comme celle e
la psychologie résident dans le donné immédiat, et n’est donné immédiatement que ce qui est donné psychiquement. Vouloir définir la
métaphysique par la psychologie veut dire intervertir ce qui est donné psychiquement avec ce qui est donné psychologiquement. La
dissolution de la métaphysique dans la psychologie n’annonce plus mal encore dès lors qu’il n’est pas possible d’apporter d’autre
argument que celui dont il a été question. Même par un processus normal qui se répète de la même manière et en tout lieu, peuvent se
produire des appréhensions qui par la suite s’avèrent n’être qu’illusions : n’importe quel chapitre de l’astronomie en donne des preuves
éclatantes. Justifier des illusions de cette nature, telle est la tâche de la métaphysique, et on ne peut être en aucun cas choqué à l’idée
que la pensée exacte et ordonnée doive s’attacher à surmonter ces contradictions qui ne proviennent pas de la pensée exacte, mais
précisément de l’absence de pensée exacte. Ce que la psychologie pourrait apporter à la métaphysique sous ce rapport serait, au mieux,
la démonstration de la validité psychologique du problème ; cette validité n’est pas mis en doute, mais se trouve confrontée à la validité
logique, parce que la spéculation métaphysique est toute entière tournée vers une reconstruction des concepts, mais cette reconstruction
doit se produire de telle manière que la validité logique ne soit pas sacrifiée à la validité psychologique ; elle n’a de toute façon pas à se
justifier devant la psychologie. Aussi longtemps que la métaphysique reconnaît la validité des concepts dont l’évolution appartient aux
problèmes de la psychologie, elle est indépendante de la psychologie, mais dès lors que, pour justifier ses principes spéculatifs, elle simule
les phénomènes psychologiques dont l’explication revient à la psychologie, elle se perd dans un rapport de dépendance à la psychologie,
ce que ne dissipe pas le fait que les mêmes phénomènes conviennent au fait d’expliquer psychologiquement. En étudiant ce point de plus
près, on pourrait alors facilement trouver la définition du service que la psychologie peut rendre à la métaphysique sous un rapport
négatif, bien plus grand que tout ce qui est mis en perspective au moyen de la division de la psychologie à la tâche de la métaphysique. Il
suffit de se souvenir du rôle qu’nt pu jouer les concepts innés, la liberté transcendantale, la pensée pure, l’intuition intellectuelle. Si la
psychologie s’écarte de la métaphysique par la différence de point de vue relativement au même objet, elle s’en approche par la similarité
des points de vue concernant des objets différents de la philosophie de la nature. En effet, la philosophie de la nature ne peut rejeter la
pensée des états internes, intensifs, de cette essence, dont procède en dernier lieu la matière, les états élémentaires de l’âme présentent
une analogie irréfutable, car en dehors de ceux-ci nous ne pouvons connaître aucun autre état. Si cette analogie est capable de définir le
rapport de la psychologie à la philosophie de la religion, nous pouvons la poser ici avec raison. Si le contact de la métaphysique avec la
psychologie se produit du côté des problématiques, la psychologie et l’esthétique sont en contact au niveau des principes de ces derniers.
Car les principes de l’esthétique sont les jugements esthétiques, qui à leur tour concernent un problème psychologique du plus haut
intérêt. Pour l’esthétique, le jugement esthétique est la forme sous laquelle les déterminations de valeur inconditionnées parviennent à la
conscience, en d’autres termes un fait qui, attendu qu’il peut toujours se produire, assure à l’esthétique sa validité. A la psychologie
incombe la tâche de rapporter le jugement esthétique en tant que phénomène à ses éléments et de se développer à partir de ces
derniers. Comme cette attribution du jugement esthétique peut toujours ne pas avoir lieu, elle ne peut ni ajouter ni retirer quoi que ce soi
à la valeur de la théorie de la connaissance, car si on avait attendu, hier comme aujourd’hui, un approfondissement de l’éthique cherché
du fait de rapporter la valeur humaine à l’essence et l’action humaines les plus profondes, alors on serait jamais parvenu qu’à transformer
les créations éthiques en fictions psychologiques ou à mettre les processus psychiques au niveau des valeurs éthiques, ce que ne peuvent
permettre ni a psychologie ni l’éthique. Enfin, la psychologie se différencie de la logique tant par la délimitation de ses principes que par
ses problèmes. Les points d’aboutissement de la logique sont certaines présuppositions idéales qui résident pour ainsi dire dans le sens de
la pensée réelle, et avec lesquelles toutefois le domaine de ce qui se produit vraiment dans l’âme est dépassé. La tâche de la logique
consiste à rendre compte des lois auxquelles la pensée, considérée sous un rapport formel, doit sa validité. Au contraire, la psychologie ne
connaît nullement la différence entre la pensée correcte et incorrecte, parce que pour elle la pensée ne vaut que comme un processus qui
provient nécessairement de ses présuppositions, de sorte que rien n’est jamais comme il doit être, parce qu’il est à chaque fois comme il
devrait être. La différence entre les deux sciences ne paraît pas nécessairement exhaustive, si, comme c’est ordinairement le cas, on
assigne le processus de pensée à la psychologie et le produit de pensée à la logique. Mais on fait alors totalement fi du caractère idéal de
la logique, si on la désigne comme une histoire naturelle de la pensée, comme c’est parfois le cas à notre époque. Dans les grandes
sections consacrées à la pensée, nous trouverons l’occasion d’y revenir en détail.
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