Réactivité et transformations en chimie organique 2 Chapitre 7 : Activation de groupes caractéristiques Plan du cours 1. Activation nucléophile des alcools et phénols 1.1. Présentation des alcools et des phénols 1.2. Nucléophilies des alcools et alcoolates 1.3. Obtention des alcoolates 1.4. Synthèse de Williamson – Préparation d’étheroxydes 1.4.1. Bilan 1.4.2. Conditions opératoires, mécanisme 1.4.3. Réactions intramoléculaires 1.4.4. Présentation des étheroxydes 2. Activation électrophile des alcools 2.1. Le principe 2.2. Activation in situ par protonation 2.2.1. L’ion alkyloxonium 2.2.2. Transformation d’un alcool en dérivé halogéné par action de HX 2.2.3. Déshydratation intramoléculaire des alcools – Préparation de dérivés éthyléniques 2.2. Activation par formation d’esters sulfoniques 2.2.1. Le principe 2.2.2. Préparation des esters sulfoniques 2.2.3. Formation d’un halogénoalcane par substitution sur un tosylate ou un mésylate 2.2.4. Cas particulier des diols vicinaux : formation d’époxydes 2.2.5. Formation d’alcènes par élimination basique sur un mésylate 3. Activation électrophile du groupe carbonyle 3.1. Présentation des composés carbonylés 3.2. Principe de l’activation électrophile du groupe carbonyle 3.3. Acétalisation des aldéhydes et des cétones 3.3.1. Bilan et caractéristiques de la réaction 3.3.2. Mécanisme 3.3.3. Exemple de protocole 3.4. Hémiacétalisation du glucose 3.4.1. Forme linéaire du glucose 3.4.2. Formes cycliques du glucose 3.4.3. Mutarotation du glucose Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 88 Programme officiel Vocabulaire du chapitre Activation, alcool, phénol, alcoolate, étheroxyde, ion alkyloxonium, test de Lucas, estre sulfonique, ion sulfonate, époxyde, carbonyle, hémiacétal, acétal, APTS, Dean-Stark, glucose, anomère, mutarotation Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 89 Chapitre 7 : Activation de groupes caractéristiques Document n° 1 : présentation des alcools et des phénols Les alcools Définitions On appelle alcool un composé dans lequel le groupe caractéristique hydroxyle –OH est lié à un atome de carbone saturé. Les alcools sont très présents dans la nature : éthanol, menthol, citronellol….. OH OH éthanol OH menthol citronellol La classe d’un alcool est déterminée par le nombre de carbones liés au carbone fonctionnel. Nomenclature Les alcools sont nommés comme des alcanols. Propriétés Les alcools sont des molécules polaires et protiques. La capacité des alcools à établir des liaisons hydrogènes entraîne deux propriétés importantes : - les températures de changement d’état des alcools sont plus élevées que celles des alcanes correspondants. - les alcools avec moins de 4 carbones de carbone sont très solubles dans l’eau. La solubilité des alcools diminue avec le nombre croissant d’atomes de carbone dans la chaine carbonée de nature hydrophobe. Réactivité Les alcools présentent une réactivité très variée : - un alcool peut se comporter comme un réducteur (voir chapitre 9). - un alcool est un acide au sens de Brönsted : la liaison OH étant fortement polarisée, l’hydrogène peut être arraché par une base convenablement choisie. - un alcool est une base au sens de Brönsted : l’oxygène du groupement caractéristique est porteur de doublets non liants et peut capter un proton. - un alcool est un nucléophile toujours de par les doublets non liants présents sur l’oxygène. - un alcool présente un site électrophile sur le carbone fonctionnel : la liaison C-O étant polarisée, celle-ci peut être rompue lors de réactions de substitutions ou d’éliminations. Cependant, l’ion hydroxyde étant un mauvais groupe partant ces réactions ne pourront se faire qu’après activation du groupe hydroxyle. Les phénols Définition On appelle phénol un composé dans lequel le groupe hydroxyle est porté par un cycle benzénique. Exemples O O OH OH H phénol vanilline Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 90 Les phénols Propriétés Comme les alcools les phénols présentent des températures de changement d’état plus élevées que les hydrocarbures de masses molaires similaires. Le phénol lui-même est un solide dans les conditions usuelles. La solubilité dans l’eau à 25°C est d’environ 80g.L-1 pour le phénol contre 1,80g.L-1 pour le benzène. Réactivité Les phénols présentent comme les alcools des propriétés acido-basiques et nucléophiles. En revanche, les phénols ne sont pas des substrats électrophiles. La rupture de la liaison C-O ne pourra se faire sur un cycle aromatique. Document n° 2 : Nucléophilies des alcools et alcoolates Les alcools ont des propriétés nucléophiles (présence de doublets non liants sur l’oxygène du groupe hydroxyle) mais ce ne sont cependant pas de « bons » nucléophiles : l’atome d’oxygène du groupe hydroxyle n’est pas chargé, est peu polarisable et très électronégatif. Les alcools peuvent cependant être facilement activés par passage à l’ion alcoolate RO-. La réactivité nucléophile des alcools et alcoolates diminue fortement avec la classe des alcools en raison de la gêne stérique. Le méthanol CH3OH est par exemple meilleur nucléophile que le tertiobutanol (CH3)3COH. Comparaison des vitesses relatives de SN2 mettant en jeu l’iodométhane et différents alcools ou alcoolates : CH3OH + CH3I → CH3OCH3 + HI vitesse relative 1 CH3O + CH3I → CH3OCH3 + I vitesse relative 2.106 (CH3)3CO- + CH3I → (CH3)3COCH3 + Ivitesse relative 3.103 Document n° 3 : Présentation des étheroxydes Définition On appelle étheroxyde un composé dans lequel un atome d’oxygène forme des liaisons simples avec deux groupes carbonés. On distingue les étheroxydes à chaînes ouvertes et les étheroxydes cycliques. Exemples O O O O O O O O O ethoxyéthane MTBE THF éther-18-couronne-6 Nomenclature Les étheroxydes sont nommés comme des alkoxyalcanes : CH3OCH2CH3 est le méthoxyéthane. Les étheroxydes cycliques sont nommés comme des oxacycloalacanes : le THF est de l’oxacyclopentane. Les cycles comprenant deux atomes de carbones et un atome d’oxygène sont des époxydes. Propriétés Les étheroxydes sont des molécules moyennement polaires aprotiques. Les étheroxydes n’étant pas liés par liaisons hydrogène, les températures de changement d’état sont faibles comparées à celles des alcools. Les étheroxydes sont des bases de Lewis, propriété mise à profit pour la solvatation des RMgX. Ce sont de mauvais nucléophiles (pas de possibilité d’activation) et la liaison C-O très difficile à rompre, le groupe RO- étant un groupe nucléofuge encore moins bon que l’ion hydroxyde. Les étheroxydes sont donc des molécules très stables. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 91 Document n° 4 : Test de Lucas Le test de Lucas permet de différencier les trois classes d’alcool en jouant sur leur différence de réactivité visà-vis de la rupture de la liaison C-O. Le réactif de Lucas est une solution de ZnCl2 dans l’acide chlorhydrique concentré. L’addition du réactif de Lucas sur un alcool tertiaire conduit quasi instantanément à l’apparition d’un trouble et à la séparation de deux phases, traduisant la formation du RX insoluble dans le milieu aqueux acide. Avec un alcool secondaire le trouble apparaît après quelques minutes, avec un alcool primaire rien ne se passe si le mélange réactionnel n’est pas chauffé. ZnCl2 est un acide de Lewis qui active également le groupe hydroxyle en générant l’excellent nucléofuge HOZnCl. Mécanisme : Document n° 5 : Activation par formation d’esters sulfoniques Formule générale d’un ester sulfonique : Un soufre hexavalent est lié par deux liaisons doubles à des oxygènes, par une liaison simple à un groupement alkyle ou aryle R’ et par une deuxième liaison simple à un groupement OR correspondant à l’alcool ROH que l’on cherche à activer. Dans le cas où R’ est le 4-méthylphényle, le groupement SO2R’ est dit tosyle, noté Ts. Le groupement OSO2R’ est dit tosylate, noté OTs. L’ester sulfonique correspondant est un tosylate d’alkyle. Dans le cas où R’ est le méthyle, le groupement SO2R’ est dit mésyle, noté Ms. Le groupement OSO2R’ est dit mésylate, noté OMs. L’ester sulfonique correspondant est un mésylate d’alkyle. O R' S OR O O S OR O O S OR O Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 92 Document n° 6 : Présentation des composés carbonylés Définitions Les composés présentant une double liaison C=O sont appelés composés carbonylés. On distingue les aldéhydes et les cétones. Exemple O Camphre Propanone Nomenclature Les aldéhydes sont nommés comme des alcanals, les cétones comme des alcanones. Propriétés La liaison C=O est forte, courte et fortement polarisée. Les composés carbonylés présentent des moments dipolaires importants. Réactivité La forte polarisation de la double liaison C=O rend l’atome de carbone très réactif vis-à-vis des réactifs nucléophiles. La présence de doublets libres sur l’atome d’oxygène en fait un site d’attaque pour les réactifs électrophiles. Certains composés carbonylés présentent une réactivité particulière liée à la présence d’hydrogène acide. Cette réactivité sera étudiée l’an prochain. Document n° 7 : Exemple de protocole d’acétalisation Réaction : O O APTS O + HO OH O O O toluène O Mode opératoire d’après Chimie organique expérimentale, Blanchard, Fosset, Guyot, Jullien, Palacin: Placer 10g d’acétoacétate d’éthyle (77mmol), 6 g d’éthanediol-1,2 (97mmol), 40 mg d’acide paratoluène sulfonique et 40 mL de toluène dans le ballon. Réaliser alors avec celui-ci le montage d’entraînement hétéroazéotropique grâce à l’appareil de Dean-Stark et au réfrigérant. Le mélange est porté à reflux pendant environ une heure : la quantité théorique d’eau libérée par la réaction d’acétalisation (1,4mL) est alors recueillie dans le tube graduée de l’appareil de Dean-Stark. Après refroidissement, le mélange réactionnel est versé dans l’ampoule à décanter, lavé avec 15mL de soude à 10% puis lavé avec deux fois 20 ml d’eau. Sécher la solution par agitation avec du carbonate de potassium anhydre. Filtrer sur un papier. Le toluène est chassé à l’évaporateur rotatif. Le résidu, qui contient le cétal cyclique et l’éthane-1,2-diol restant, est versé dans le ballon de 25 mL et distillé sous pression réduite (115°C sous 20 mm Hg pour le cétal cyclique). Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 93 Spectre RMN : δ Intégration Allure du signal Nombre de voisins Attribution 4,03 2H q 3,87 4H s 2,48 2H s 1,50 3H t 1,40 3H S Montage Dean-Stark : Intérêt d’un montage Dean Stark (densité du toluène = 0,87). Le montage Dean-Stark permet de déplacer l’équilibre d’acétalisation par retrait de l’eau formée. Le toluène est un solvant non miscible avec l’eau. Le mélange toluèneeau bout à une température de 84°C sous pression atmosphérique, température inférieure aux températures d’ébullition des deux liquides purs (100°et 110°C) en émettant une vapeur de composition constante (vapeur hétéroazéotropique). Cette vapeur se condense au contact du réfrigérant. L’eau et le toluène liquide non miscibles retombent dans la tubulure latérale et se séparent. L’eau plus dense constitue la phase inférieure et le toluène la phase supérieure. Lorsque le tube est plein le toluène retombe dans le ballon. Pour que l’opération se déroule bien le choix du solvant est primordial (non miscible à l’eau, de densité inférieure). Retrouver la valeur du volume d’eau théorique. Préciser l’intérêt des différentes phases de traitement. Interpréter le spectre RMN. Document n° 8 : Hémiacétalisation du glucose Forme linéaire du glucose Les sucres aussi appelés carbohydrates (la formule brute d’un très grande nombre d’entre eux s’écrit Cn(H2O)n) sont synthétisés par les plantes grâce à la photosynthèse à partir de dioxyde de carbone, d’eau et d’énergie solaire. Ce sont des polyhydroxyaldéhydes (aldoses) ou des polyhydroxycétones (cétoses). Les plus simples d’entre eux possèdent des chaînes carbonées à 4,5 ou 6 atomes. Le D-glucose, glucose naturel, est le (2R,3S,4R,5R)-2,3,4,5,6-pentahydroxyhexanal, aldohexose (aldose à 6 carbones) de formule brute C6(H2O)6.Il est présent dans la nature sous forme énantiomériquement pure. OH OH OH O OH OH Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 94 Formes cycliques du glucose La forme linéaire du glucose ne représente en solution aqueuse à 25°C que 0,02% des molécules de glucose. En effet, le glucose peut donner lieu à la formation d’hémiacétals cycliques par réaction intramoléculaire des groupements hydroxyle sur l’aldéhyde. En principe, chacun des cinq groupements hydroxyle peut s’additionner sur l’aldéhyde et conduire à la formation de cycles à 3, 4,5, 6 ou 7 carbones. De manière plus générale, en chimie organique, les formations de cycles à 5 ou 6 chaînons sont privilégiées ; les petits cycles sont en effet défavorisés à cause des fortes tensions de cycle, les plus grands à cause de la faible probabilité de rencontre des extrémités. Dans le cas du glucose, c’est le cycle à 6 chaînons appelé D-glucopyranose qui se forme quasi exclusivement par addition du groupe hydroxyle du carbone 5. Cette addition conduit à la formation d’un nouveau carbone asymétrique. Bilan OH OH OH O hémiacétalisation HO HO O HO intramoléculaire HO OH OH OH Mécanisme HO HO OH HO O OH Aspect stéréochimique : HO HO O O HO HO HO OH HO HO OH OH OH OH α-D-glucopyranose OH HO O OH HO HO OH O O HO HO HO OH OH OH OH β-D-glucopyranose L’anomère où l’hydroxyle anomérique est en position équatoriale est dit anomère β. L’autre est dit α. Quel anomère est prédominant ? Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 95 Mutarotation du glucose Les deux anomères α et β du glucose sont isolables purs à l’état solide. Si l’on dissout un gramme de cristaux d’α-D-glucopyranose dans un litre d’eau, le pouvoir rotatoire initial de la solution pour une longueur de cuve de 10 cm à la température de 25°C est de 112°. Ce pouvoir rotatoire évolue au cours du temps d’autant plus vite qu’une base ou un acide sont présents en solution pour se stabiliser à une valeur de 52,7°. De la même manière si l’on dissout un gramme de cristaux de β-D-glucopyranose dans un litre d’eau, le pouvoir rotatoire initial de la solution est de 18,7°. La valeur évolue et se stabilise à 52,7°. En solution aqueuse, les anomères α et β peuvent s’interconvertir, on a alors évolution du pouvoir rotatoire jusqu’à l’établissement d’un équilibre. C’est la mutarotation du glucose qui traduit le caractère équilibré des réactions d’hémiacétalisation. La mutarotation du glucose est un exemple d’épimérisation c'est-à-dire l’isomérisation par inversion d’un seul carbone stéréogène dans une molécule qui en possède beaucoup. Proposer un mécanisme pour la mutarotation du glucose HO HO O HO OH OH Déterminer la proportion de chacun des anomères à l’équilibre. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 96 TD 7 : Activation de groupes caractéristiques Problème Proposer une méthode de synthèse du composé A donné ci-dessous à partir de cyclopentanol. COOH Vrai-Faux 1. Un alcool peut être déprotoné par la soude. 2. La liaison simple C-O de l’alcool se rompt facilement car HO- est un bon groupe partant. 3. Le 1-bromopropane peut être obtenu par action d’une solution de bromure de sodium (Na+, Br-) sur le propan-1-ol. 4. La déshydratation intramoléculaire des alcools est réalisée en utilisant de l’acide chlorhydrique. 5. La déshydratation intramoléculaire des alcools tertiaires en milieu acide procède par un mécanisme de type E2. 6. On peut former un époxyde à partir d’un diol 1,2. 7. Les aldéhydes et les cétones ont peu d’intérêt en synthèse organique. 8. Tous les nucléophiles peuvent réagir sans activation sur le carbone du groupement carbonyle car celui-ci est suffisamment électrophile. 9. La formation d’un acétal est favorisée en présence d’un excès d’eau. Exercice n°1 –Synthèse du MTBE L’oxyde de méthyle et de tertiobutyle (MTBE) est un additif des carburants. Il peut être synthétisé à partir du méthanol et du 2-méthylpropan-2-ol de la façon suivante : on transforme d’une part le méthanol en 1-chlorométhane, d’autre part le 2-méthylpropan-2-ol en ion 2-méthylpropan-2-olate (ou ion tertiobutylate) ; on fait alors réagir ensemble les deux produits obtenus. 1. Proposer des méthodes pour transformer : le méthanol en 1-chlorométhane et le 2-méthylpropan-2-ol en ion 2-méthylpropan-2-olate. 2. Ecrire le mécanisme et le bilan de la réaction de formation du MTBE. 3. Aurait-on pu faire réagir l’ion méthanolate sur le 2-chloro-2-méthylpropane pour obtenir du MTBE ? 4. Le MTBE peut également être obtenu en mélangeant, en milieu acide, du méthanol et du 2-méthylpropan-2-ol. Quel est le type de la réaction mise en jeu ? Que pensez-vous de cette méthode ? Exercice n°2 : Synthèse de Williamson L’ion pentan-2-olate de configuration S réagit avec le 2-bromopentane de même configuration absolue pour donner un etheroxyde. La solution obtenue est inactive optiquement. En déduire le mécanisme de la réaction et préciser la configuration en nomenclature R,S de l’étheroxyde obtenu. Exercice n°3 : Réarrangement… Lors du traitement du 3-méthylbutan-2-ol par le bromure d’hydrogène à 0°C, on observe majoritairement la formation de 2-bromo-2-méthylbutane. 1. Quel était le produit attendu ? 2. Expliquer la formation de 2-bromo-2-méthylbutane en écrivant le mécanisme correspondant. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 97 Exercice n°4 : Déshydratation 1. Donner les formules topologiques et les noms des alcènes isomères de formule brute C4H8. Par déshydrobromation, du 2-bromobutane ou par déshydratation du butan-2-ol, on obtient trois des isomères précédents. 2. Préciser les conditions de chacune de ces réactions. 3. Donner le mécanisme de la réaction de déshydratation et préciser quel est l’isomère majoritaire. Exercice n°5 : Déshydratation et identification d’un alcool 1. Quels sont les produits obtenus par déshydratation intramoléculaire des alcools suivants : 2. Un alcool A, chiral, a pour formule brute C5H12O. Par déshydratation en milieu acide, A → B. La coupure oxydante de la double liaison de l’alcène B fournit de l’éthanal et du propanal. Déterminer les formules topologiques de A et B. Exercice n°6 : Synthèse de l’acide ruménique (E3A) La déshydratation de l’acide ricinoléique est l’une des approches industrielles permettant la préparation de quantités substantielles d’acide ruménique. 2,50g d’acide ricinoléiqueA (M = 298g.mol-1) sont dissous dans un mélange contenant 15mL de dichlorométhane et 5mL de triéthylamine (d = 0,728 ; M = 101 g.mol-1) ; 3,00g de chlorure de mésyle, H3CSO2Cl (M = 114,5 g.mol-1) sont ajoutés sous agitation à 4°C. Une extraction liquide-liquide est faite en plusieurs temps : 75 mL d’acide chlorhydrique (3mol.L-1) sont d’abord ajoutés. La phase organique est extraite avec trois fois 60mL d’éthoxyéthane, puis séchée sur sulfate de sodium anhydre et filtrée ; le solvant est enfin évaporé à l’évaporateur rotatif. Au final, 2,95g de produit B (M = 376 g.mol-1) sont récupérés. O S O O OH HO A Cl CH2Cl2, Et3N (CH3)3CO-,K+ C B chauffage 1. Ecrire l’équation de la réaction permettant de passer de A à B. 2. Quel est le rôle de la triéthylamine ? 3. Pourquoi ajoute-t-on de l’acide chlorhydrique ? 4. Que signifie « extraire la phase organique » ? Décrire l’opération en précisant la verrerie utilisée. Pourquoi opère-t-on trois extractions avec 60mL de solvant plutôt qu’une seule avec 180 mL ? 5. Quel est l’intérêt d’utiliser un évaporateur rotatif par rapport à une distillation sous pression atmosphérique ? 6. Calculer le rendement de cette première réaction. 7. Par chauffage à 80°C en présence de ter-butanolate de potassium puis extraction, est obtenu un mélange de composés C dont l’acide ruménique. Quel est le nom de la réaction ? Quel est le produit majoritaire obtenu ? 8. A partir de A, quelles autres conditions réactionnelles aurait-on pu utiliser pour former la double liaison C=C ? Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 98 Exercice n°7 – Acétals 1. Préciser la nature (acétal ou hémiacétal) des composés présentés dans le tableau ci-dessous et retrouver pour chacun d’eux le dérivé carbonylé et alcool qui permettent leur synthèse. 3. La brévicomine et l’acétogénine (formules données ci-dessous) sont deux phéromones, molécules permettant la communication entre animaux ou végétaux. Donner la structure des précurseurs permettant leur synthèse. 4. Exercice n°8 – Etude d’un sucre (Centrale-Supélec) Le rhamnose naturel est représenté à la figure suivante. OH OH OH O OH 1. Donner le nom systématique du rhamnose en précisant le descripteur stéréochimique associé à chaque carbone asymétrique. 2. Combien cette molécule possède-t-elle de stéréoisomères de configuration ? 3. Comme tous les sucres, le rhamnose n’est pas stable en chaîne ouverte et se referme pour former un hémiacétal cyclique à six maillons. Représenter cet hémiacétal en représentation topologique sans indiquer de stéréochimie. 4. Indiquer combien de stéréoisomères de configuration peuvent se former. Représenter l’un d’eux en représentation topologique. 5. Représenter en perspective un conformère stable du composé dessiné à la question 4. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 99 Réactivité et transformations en chimie organique 2 Chapitre 8 : Protection de groupes caractéristiques Plan du cours 1. Principe 2. Protection du groupe carbonyle 2.1. Etude d’une synthèse 2.2. Protection du groupe carbonyle par un diol 3. Protection d’un diol 1,2 ou 1,3 3.1. Etude d’une synthèse 3.2. Protection des diols par un carbonyle 4. Protection du groupe hydroxyle 4.1. Etude d’une synthèse 4.2. Protection du groupe hydroxyle par formation d’éther benzylique 4.3. Etude d’une synthèse multi-étapes – autres méthodes de protection du groupe hydroxyle Programme officiel Vocabulaire du chapitre Protection, déprotection, éthylène glycol, etheroxyde benzylique, hydrogénolyse, éthers silylés Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 100 Chapitre 8 : Protection de groupes caractéristiques 1. Principe La protection d’une fonction consiste à transformer temporairement cette fonction en une forme non réactive vis-à-vis de conditions réactionnelles visant à modifier un autre groupe de la molécule. Lorsque les transformations souhaitée s ont été réalisées, la fonction initiale est régénérée lors d’une étape de déprotection. Schéma de principe illustrant l’intérêt d’une séquence protection-déprotection Wikipédia article groupe protecteur Qualités d’un groupe protecteur sélectif de la fonction à protéger. Les étapes de protection et de déprotection doivent être faciles à mettre en œuvre et se faire avec des rendements élevés. Inconvénients des séquences protection-déprotection : ajoutent cependant nécessairement deux étapes dans la synthèse ce qui implique entre autres une perte de temps, une baisse du rendement et de l’économie d’atomes. L’utilisation de réactif chimiosélectif sera, lo Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 101 2. Protection du groupe carbonyle 2.1. Etude d’une synthèse O Br OH HO O APTS, toluène Br 2. O O O O O O O 1. Mg O O O O O O ,MgBr+ O hydrolyse "douce" O O ,MgBr+ O APTS (traces) chauffage élimination d'eau OH O O O Br O O OH H 3O + , H 2O O O O O O H Identifier les étapes de protection et déprotection présentes dans cette synthèse. Préciser la nature des réactions mises en jeu. Expliquer la nécessité de ces étapes de protection-déprotection. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 102 2.2. Protection du groupe carbonyle par un diol Les acétals sont relativement inertes en milieu neutre, basique. En revanche ils sont instables en milieu acide, milieu dans lequel ils s’hydrolysent pour conduire au carbonyle. La fonction carbonyle peut donc être protégée sous forme d’acétal en milieu neutre ou basique. On utilise le plus souvent des diols pour la protection du groupe carbonyle car les acétals cycliques sont plus stables que leurs homologues linéaires et en particulier des diols 1,2 ou 1,3 comme l’éthane-1,2-diol aussi appelé éthylèneglycol. La protection est réalisée en catalyse acide (APTS) avec un appareil de Dean Stark pour obtenir de bons rendements. La déprotection se fait par hydrolyse acide (l’excès d’eau permet de déplacer l’équilibre dans le sens de la formation du carbonyle) par exemple à l’aide d’une solution aqueuse d’acide chlorhydrique concentré. Mécanisme de la phase de protection : Mécanisme de phase de déprotection : Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 103 3. Protection d’un diol 1,2 ou 1,3 3.1. Etude d’une synthèse HO HO O O O HO O OH APTS HO O O OH O Br HO PBr3 O O O O O O O O O O Br Br H3 O O O+, HO O O O H2O OH HO O OH 3.2. Protection des diols par un carbonyle La formation d’un acétal cyclique peut également permettre la protection des diols 1,2 et 1,3. La propanone est généralement utilisée, les conditions de protection et de déprotection étant les mêmes que celles décrites au paragraphe précédent. Ce type de protection est particulièrement intéressant dans la chimie des sucres. 4. Protection du groupe hydroxyle 4.1. Etude d’une synthèse O OH O NaH, PhCH2Cl OCH2Ph O O OCH2Ph HO OCH2Ph TsCl, pyridine OCH2Ph réduction MgBr OCH2Ph TsO HO OCH2Ph H2, catalyseur OH Identifier les étapes de protection et déprotection mises en jeu dans cette synthèse en précisant leur nature et leur intérêt. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 104 4.2. Protection du groupe hydroxyle par formation d’éther benzylique Les étheroxydes sont des composés très peu réactifs pouvant être formés par synthèse de Williamson à partir d’alcool. Par conséquent, ils peuvent constituer des groupes protecteurs de la fonction alcool. Les éthers benzyliques sont particulièrement intéressant car stables en milieu acide, basique, nucléophile, oxydant tout en pouvant, contrairement aux autres étheroxydes être clivés par hydrogénolyse. La protection est réalisée par synthèse de Williamson par réaction de l’alcool à protéger avec le chlorure de benzyle en présence d’une base forte : NaH OR ROH Cl La déprotection se fait à température ambiante avec le dihydrogène gazeux en présence d’un catalyseur métallique tel que le palladium : H2(g), Pd, 25°C Ph-CH3 + ROH Ph-CH2-OR 4.3. Etude d’une synthèse multi-étapes – autres méthodes de protection du groupe hydroxyle Approche documentaire : synthèse de la Réserpine Article RÉSERPINE de l’encyclopédie Universalis Drogue antihypertensive et tranquillisante extraite des racines de certaines espèces de Rauwolfia, plantes tropicales et semi-tropicales. La racine de Rauwolfia serpentina réduite en poudre a été utilisée en Inde pendant des siècles pour son effet tranquillisant chez les malades mentaux. La réserpine, isolée en 1952, est le principal alcaloïde du Rauwolfia. L'utilisation de la racine pulvérisée en médecine occidentale commença en 1954 et, peu après, la réserpine devint disponible pour les usages médicaux. Cette drogue a une action sédative profonde et prolongée. D'abord utilisée comme dépresseur du système nerveux central dans le traitement des psychoses, elle a été ensuite remplacée en psychothérapie par les phénothiazines (telles que la chlorpromazine). La réserpine possède une action biochimique fondamentale ; elle provoque une diminution très importante de la concentration en sérotonine et en catécholamines du cerveau. On n'a pas encore prouvé que cette déplétion soit en rapport avec l'activité psychopharmacologique, ni que l'efficacité en psychiatrie de la réserpine soit réelle. En dehors de ses indications dans les maladies mentales en raison de ses propriétés neuroleptiques, la réserpine est surtout utilisée, à faibles doses, dans le traitement de l'hypertension artérielle. Les effets secondaires de la réserpine sont assez fréquents : vertiges, hypotension orthostatique, anorexie, nausées, vomissements, diarrhée. Bien que la réserpine ait été synthétisée, la drogue utilisée dans des buts médicaux est encore d'origine végétale. De nombreuses préparations brutes, pures ou partiellement purifiées, sont utilisées. La formule chimique brute de la réserpine est : C33H40N2O9. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 105 Synthèse totale de la Réserpine par Hanessian (1997) www.synarchive.com 1 3 5 2 4 6 Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 106 7 8 9 10 12 11 13 14 15 Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 107 16 17 18 19 20 21 22 Identifier les groupes hydroxyles dans les différentes structures intervenant dans la synthèse de la réserpine. Identifier les étapes de protection et de déprotection des ces groupes hydroxyles Recenser les groupes protecteurs du groupe hydroxyle mis en jeu dans cette synthèse en précisant les conditions de déprotection. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 108 COMPLEMENTS : Protection de la fonction alcool par formation d’éthers silylés : Un éther silylé possède un enchaînement C-O-Si. Les éthers silylés facilement obtenus à partir d’alcool sont stables en présence de bases, oxydants, réducteurs ou nucléophiles carbonés ou azotés. Ils constituent les groupes protecteurs les plus utilisés dans la protection du groupe hydroxyle en raison de leur grande maniabilité (facilement installés, retirés ou purifiés). Protection : l’éther silylé est préparé par action de l’alcool à protéger sur un chlorure de trialkylsilyle en présence d’une base. La déprotection s’effectue par SN des ions fluorure sur le silicium, substitution favorable en raison de la très grande force de la liaison Si-F. Il existe des groupes trialkylsilyle d’encombrement variable permettant de protéger sélectivement les groupes hydroxyles les moins encombrés. Par ailleurs les éthers silylés les plus encombrés sont aussi les plus stables. triméthylsilyle TMS CH3 terbutyldiméthylsilyle TBDMS CH3 terbutyldiphénylsilyle TBDPS Ph Si CH3 Si Si CH3 CH3 Ph RECAPITULATIF Substrat à protéger Réactif protecteur Carbonyle O R1 R2 Alcool ROH Ethane-1,2-diol APTS Dean Stark Groupe protégé Acétal O O Contre Déprotection Nucléophiles, bases H2O,H+ Presque tout H2(g), Pd(s) ou HI Nucléophiles, bases Bu4N+,F- R2 R1 Ether benzylique NaH, Ph-CH2-Cl OR Ether silylé Alcool ROH (CH3)3Si-Cl NEt3 RO Si Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 109 TD 8 : Protection de groupes caractéristiques Problème Proposer une voie de synthèse de la 6-hydroxy-6-méthylheptan-2-one à partir de la 5-bromopentan-2-one et de tout autre réactif minéral ou organique utile. Vrai-Faux 1. Un acétal cyclique à 5 chaînons peut correspondre à un groupe carbonyle protégé. 2. Un acétal cyclique à 5 chaînons peut correspondre à diol 1,3 protégé. 3. Un acétal résiste à des conditions acides. 4. Une cétone peut être employée pour protéger un diol 1,2. 5. Une cétone peut être protégée par un diol 1,2. 6. Un étheroxyde benzylique permet la protection d’un alcool. 7. Un étheroxyde benzylique régénère le groupe protégé par hydrolyse basique. 8. Un étheroxyde benzylique est obtenu par réaction de Williamson. 9. Un étheroxyde benzylique est le seul groupe protecteur des alcools. Exercice n° 1 : Etude d’un protocole On étudie l’enchaînement réactionnel suivant: O Br O OH HO B APTS O Li BuLi, THF 1. CH2=O 2. H2O, NH4+ -LiBr C A O (CO2H)2 D O OH O D OH H2O, CH2Cl2 E pKA des couples acido-basiques : NH4+/NH3(aq) pKA = 9,2 et H2C2O4(aq)/HC2O4-pKA = 1,3. Masses molaires (g.mol-1) : H 1,0 ; C 12,0 ; 0 16,0 ; Br 79,9. 1. Préparation de l’acétal B Un protocole expérimental permet la formation du cétal B issu de la 2-bromocyclopent-2-énone A. Une solution de 22,0 g (0,137 mol) de 2-bromocyclopent-2-énone A fraîchement distillée, 21,8 g (0,351 mol) d’éthane-1,2-diol, 60 mg d’acide-4-méthylbenzènesulfonique monohydraté (APTS, encore noté TsOH) dans 1,5 L de benzène, est portée à reflux pendant 64heures. Le ballon est muni d’un appareillage de Dean-Stark, d’un réfrigérant ascendant et d’une garde à chlorure de calcium anhydre. Cette durée écoulée, la solution est refroidie à température ambiante, séchée sur carbonate de potassium et filtrée sur Célite (auxiliaire de filtration). Le solide est rincé par 150 mL de benzène. L’évaporation sous pression réduite du solvant conduit à une huile qui est distillée sous une pression de 0,7 mm de mercure pour conduire à 22,5 g du composé B. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 110 1. Ecrire l’équation ajustée de réaction pour la transformation du composé A en composé B. 2. Quel est le rôle de l’appareillage de Dean-Stark ? Que se passerait-il si on procédait simplement par chauffage à reflux du solvant, en l’absence de ce dispositif ? 3. Pour quelle raison le benzène devrait-il être remplacé par un autre solvant, si la manipulation était réalisée au lycée ? On propose deux solvants de remplacement : le dichlorométhane, de densité 1,33 et le cyclohexane, de densité 0,78. Lequel convient-il de choisir ? 4. Quel est le rôle de l’acide introduit ? 5. Quel est le rôle du carbonate de potassium. 6. Proposer un mécanisme pour la transformation. 7. Justifier la quantité d’éthane-1,2-diol utilisée. 8. Calculer le rendement de la transformation A→B. 2. Suite de la synthèse Le composé B est transformé par la séquence indiquée en composé D (les composés C et D ne sont ni purifiés ni isolés). Ce dernier est dissous dans du dichlorométhane en présence d’eau et d’acide oxalique (COOH)2. Après agitation pendant cinq heures, le composé E est isolé avec un rendement de 46% en produit purifié, calculé par rapport au composé B. 1. Pourquoi ces conditions expérimentales suffisent-elles pour l’hydrolyse de l’acétal, comparées à celles mises en œuvre dans la synthèse du composé B ? 2. Pourquoi convient-il d’agiter énergiquement le milieu réactionnel pour obtenir un bon rendement en composé E ? 3. Quel a été le mécanisme de la transformation du cétal D en cétone E ? Est-il utile de le réécrire ? 4. Considérons les deux conditions d’hydrolyse : étape (2) du passage de C à D et hydrolyse du cétal D. Pourquoi l’acétal survit-il dans le premier cas et pas dans le second ? 5. Sachant qu’un organolithien RLi a le même comportement que l’organomagnésien correspondant, RMgBr, proposer un mécanisme pour la première étape du passage de C à D. 6. Quel a été le rôle joué par l’éthane-1,2-diol dans la transformation globale permettant de passer de la bromocyclopenténone au composé D ? Quelle réaction parasite a-t-on ainsi évité ? Exercice n° 2 : Protection de la fonction alcool sous forme d’éther silylé (CCP) Electronégativités de quelques atomes (échelle de Pauling) : C:2,5 ; Si:1,8 ; O:3,5 ; Cl:3,0 En synthèse totale, il est souvent nécessaire de protéger les groupes hydroxyle. Une protection classique consiste à transformer un alcool ROH (par le chlorure de tert-butyldiméthylsilyle, en présence de triéthylamine, dans le dichlorométhane) en éther silylé qui pourra ultérieurement être déprotégé sélectivement par l’action d’ions fluorure (en particulier par le fluorure de tétrabutylammonium). Ces deux réactions (protection et déprotection) sont dues à la forte affinité du silicium pour l’oxygène et pour le fluor. Si Cl Si OR R-OH Bu4N+,F- R-OH NEt3 1. Quelle est la polarisation de la liaison Si-Cl ? 2. Quel est le type de réaction mis en jeu dans la formation de l’éther silylé ? Quel autre produit se forme au cours de la réaction ? 3. Quel est le rôle de la triéthylamine ? 4. Propose un mécanisme pour la réaction de déprotection d’un éther silylé par le fluorure de tétrabutylammonium sachant qu’il se forme un intermédiaire où le Si est pentacoordiné. La présence d’eau dans le milieu ou une hydrolyse ultérieure permettent finalement d’isoler l’alcool. Pourquoi ce type de réaction ne peut-il pas se rencontrer avec les RX ? Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 111 5. Dans l’enchaînement réactionnel suivant, indiquer les formules de A, B et C. Justifier la régiosélectivité proposée dans la première étape. Commenter l’utilisation du dérivé silylé. O Si Cl Cl Bu4N+,F1 équivalent A C B OH NH OH N N imidazole Exercice n°3 : Etude de la synthèse partielle d’un médicament Le composé 1 réagit avec un équivalent d’acétone (propanone) en présence d’acide paratoluènesulfonique (APTS) pour donner le composé 2. Ce dernier est enfin hydrogéné sur palladium de Lindlar et donne le composé 3. Acétone, APTS H O H 1 OH H2, Pd Lindlar C12H18O3 OH O H 2 H O O 3 1. Donner la structure du composé 2. Comment appelle-t-on la nouvelle fonction obtenue ? 2. Donner le mécanisme de la transformation 1 → 2. 3. Le passage du composé 2 au composé 3 consiste en l’hydrogénation ménagée de la fonction alcyne sur le catalyseur de Lindlar, qui est dit « empoisonné ». Proposer une définition de catalyseur « empoisonné ». Qu’aurait-on obtenu avec un catalyseur « non empoisonné » ? 4. Le composé 3 est ensuite transformé en 4 selon le bilan suivant : HO 3 H O H OH O O 4 Une des fonctions alcool du composé 4 est ensuite activée par le chlorure de tosyle (TsCl), pour former sélectivement le composé 5, qui réagit avec un équivalent d’hydrure de sodium NaH pour donner le composé 6. TsCl 4 5 O H O H O O 6 Justifier en quoi une molécule de TsCl, en présence de pyridine, peut activer une fonction alcool. 5. Donner la structure du composé 5 obtenu, en justifiant la régiosélectivité observée. 6. Sachant que l’hydrure de sodium NaH agit ici comme une base, proposer un mécanisme pour la transformation 5→6. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 112 Exercice n°4 : Synthèse de l’acide (2E)-9-oxodéc-2-ènoïque ou QMP La synthèse du composé J est réalisée en introduisant dans un ballon un barreau magnétique est 1,2 équivalents (1,2 éq) de copeaux de magnésium bien secs. On ajoute alors sous agitation et au goutte à goutte une solution composée d’un mélange de H (1 éq.) et d’éther anhydre. Au début de l’addition, on observe une ébullition et une opalescence de la solution. A la fin de l’addition, le ballon est chauffé pendant 1 heure de manière à maintenir un léger reflux à l’aide d’un bain marie puis le mélange est refroidi. Le composé I est alors présent dans le ballon. I est alors traité par le méthanal. Lorsque la réaction est terminée, on ajoute toujours à basse température par l’ampoule de coulée une solution aqueuse glacée à 5% d’acide sulfurique (on observe un dégagement gazeux). A l’aide d’une ampoule à décanter, on recueille la phase organique, on la traite par une solution aqueuse de carbonate de sodium à 5% (on observe de nouveau un dégagement gazeux) puis elle est lavée à l’aide d’eau distillée. La phase organique est alors séchée et le solvant est éliminé. On recueille le composé J. Ecrire les deux équations associées à la transformation I→J. 1. 2. Pourquoi observe-t-on une ébullition du milieu réactionnel lors de la formation de I ? 3. Pourquoi doit-on ajouter Hau goutte à goutte à l’aide de l’ampoule de coulée ? 4. Donner le nom du composé J. 5. Quels sont les rôles de la solution aqueuse d’acide sulfurique ? Quel est le gaz dégagé ? Justifier à l’aide d’une équation. 6. Quel est le rôle de la solution aqueuse de carbonate de sodium ? Quel est le gaz dégagé ? Justifier à l’aide d’une équation. 7. Identifier K sachant que le CrO3 dans la pyridine anhydre permet l’oxydation ménagée des alcools primaires en aldéhydes. 8. Donner la formule de L. 9. M est un composé dibromé obtenu selon l’équation bilan C=C + Br2 → CBr-CBr. Nommer M sans tenir compte de la stéréochimie. 10. Donner la formule de N. 11. N est traité pendant 3 heures dans le benzène par l’éthane-1,2-diol en excès en présence d’acide paratoluènesulfonique (APTS) en quantité catalytique. Donner une formule de O. 12. O réagit à chaud avec deux équivalents d’amidure de sodium et conduit à la formation du composé P. Donner la formule de P sachant qu’il possède une triple liaison ainsi que la nature de la réaction effectuée. 13. Le composé Q est un organomagnésien acétylénique du type R-C≡C-MgX. Ecrire l’équation de la réaction de formation de Q. Quelle est la nature de la réaction effectuée ? Un gaz se dégage au cours de la formation de Q, quel est ce gaz ? 14. Le composé R a pour formule brute C10H14O3. Donner sa formule topologique. Une hydrogénation partielle du composé R réalisée dans des conditions spécifiques permet une trans-addition d’un équivalent de dihydrogène afin d’obtenir le composé T qui est ensuite transformé en QMP. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 113 Réactivité et transformations en chimie organique 2 Chapitre 9 : Oxydation en chimie organique Plan du chapitre 1. Oxydoréduction en chimie organique 2. Oxydation des alcools 2.1. Oxydation d’un alcool secondaire en cétone 2.2. Oxydation d’un alcool primaire… 2.2.1. …en acide carboxylique 2.2.2. …en aldéhyde 2.3. Identification de produit d’oxydation 3. Oxydation des alcènes 3.1. Présentation des alcènes 3.2. Oxydation ménagée et coupure oxydante 3.3. Syn-dihydroxylation 3.3.1. Action du tétraoxyde d’osmium 3.3.2. Utilisation d’un cooxydant- cycle catalytique 3.4. Coupure oxydante des diols vicinaux 3.5. Séquence dihydroxylation-clivage 4. Réduction de la fonction carbonyle en alcool 4.1. Schéma général 4.2. Réduction par le tétrahydroborate de sodium NaBH4 4.3. Autre hydrure : le tétrahydroaluminate de lithium Programme officiel Vocabulaire du chapitre Oxydant, réducteur, oxydation, réduction, nombre d’oxydation, oxydation ménagée, dérivé éthylénique, dihydroxylation, co-oxydant, cycle catalytique, coupure oxydante Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 114 Chapitre 9 : Oxydation en chimie organique Les réactions d’oxydoréduction sont une catégorie importante de réactions d’interconversion de fonctions. 1. Oxydoréduction en chimie organique Rappel des notions vues en chimie inorganique au lycée Un oxydant (noté Ox) est une espèce susceptible de capter un ou plusieurs électrons. Un réducteur (noté Red) est une espèce susceptible céder un ou plusieurs électrons. Un oxydant est donc conjugué à un réducteur, les deux formant un couple rédox noté Ox/Red. A chaque couple rédox est associé une demi-équation électronique : α Ox + n e- = β Red. Comment ajuster une demi-équation rédox (en milieu acide aqueux) : Equilibrer par rapport aux atomes autres que O et H Equilibrer par rapport à O en ajoutant des molécules d’eau H2O Equilibrer par rapport à H en ajoutant des ions H+ Equilibrer les charges en ajoutant des électrons eEn milieu basique une demi-équation fait intervenir les ions hydroxydes HO- à la place des ions oxonium. Vocabulaire : une oxydation correspond à une perte d’électrons, une réduction à un gain d’électrons ; un oxydant est réduit et un réducteur oxydé. Les électrons ne pouvant exister libres en solution aqueuse, les réactions d’oxydoréduction sont des réactions d’échanges d’électrons entre l’oxydant d’un couple et le réducteur d’un autre. Complément Pour identifier un oxydant ou un réducteur dans une réaction, on peut utiliser les nombres d’oxydation notés no. Le nombre d’oxydation caractérise l’état d’oxydation d’un élément chimique engagé dans un ion ou dans une molécule. Il est conventionnellement écrit en chiffres romains. Le n.o. d’un élément dans un corps simple est nul. Le n.o. d’un élément dans un ion monoatomique est égal à la charge algébrique de l’ion. Quand deux éléments sont unis par une liaison covalente, le doublet d’électrons liant est attribué à l’élément le plus électronégatif ; le no de chacun des éléments est égal à la charge formelle qui lui est ainsi attribuée. Autrement dit le n.o. d’un élément augmente de une unité pour chaque liaison établie avec un atome plus électronégatif et diminue de une unité pour chaque liaison établie avec un élément moins électronégatif. La somme des n.o. des éléments constituant un édifice polyatomique est égale à la charge de l’espèce. Les nombres d’oxydation permettent d’identifier un oxydant ou un réducteur dans une réaction ou dans un couple: l’oxydation d’un élément correspond à une augmentation de son n.o, la réduction d’un élément à une diminution de son n.o. Exemple : Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 115 En chimie organique, une réaction rédox peut également être définie comme une réaction d’échange d’électrons entre deux couples : Exemple : Les variations des no des éléments permettent aussi d’identifier oxydants et réducteurs : une réaction qui augmente le nombre d’oxydation des atomes de carbone affectés par la réaction ou le nombre d’oxydation d’un hétéroatome est une oxydation, une réaction qui diminue le nombre d’oxydation des carbones modifiés par la réaction ou le nombre d’oxydation d’un hétéroatome est une réduction. Exemple : Une oxydation en chimie organique s’accompagne en général d’une diminution du nombre de liaisons entre le c arbone et des atomes moins éle ctronégatifs et/u réaction de réduction est définie de manière inverse. Méthane Méthanol Méthanal Acide méthanoïque Dioxyde de carbone Formules planes Nombre d’oxydation du carbone Application 1: montrer de différentes manières que la réaction permettant de passer de l’acide méthanoïque au méthanal est une réduction. Application 2 : montrer que la réaction dont l’équation est donnée ci-dessous n’est pas une réaction d’oxydoréduction. CH3-CH2-CH2-CH2-OH + H-Br = CH3-CH2-CH2-CH2-Br + H-OH Application 3 : classer les composés ci-dessous suivant leur niveau d’oxydation croissant : CH3-CH=CH2 , CH3-CH(OH)-CH3 , CH3-CO-CH3 , CH3-CH2-CH3 , CH3- CH2-COOH, CH≡C-CH3, CH3-CH(OH)-CH2OH . Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 116 3. Oxydation des alcools L’oxydation ménagée des alcools est la principale méthode de synthèse des dérivés carbonylés, composés à la réactivité très variée permettant entre autres la formation de liaison carbone-carbone. Qu’est ce qu’une oxydation ménagée ? on entend une oxydation qui ne modifie pas le squelette carboné comme pourrait le faire une combustion. Produits de l’oxydation ménagée des alcools : - Oxydation du méthanol : CH3OH → HCHO → HCO2H → CO2 - Oxydation d’un alcool primaire : R-CH2-OH → R-CHO → R-COOH - Oxydation d’un alcool secondaire : R- CHOH-R’ → R-CO-R’ 2.1. Oxydation d’un alcool secondaire en cétone Les alcools secondaires peuvent être oxydés en cétone par de nombreux oxydants. Les plus usuels sont : Application 1: Quels sont les degrés d’oxydation du manganèse et du chrome dans les réactifs utilisés classiquement pour oxyder les alcools ? Application 2: Ecrire l’équation bilan équilibrée de l’oxydation du propan-2-ol par l’ion permanganate ou l’ion dichromate. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 117 2.2. Oxydation d’un alcool primaire… 2.2.1. …en acide carboxylique Echelle de potentiel : 2.2.2. …en aldéhyde Le choix de conditions ou réactifs particuliers peut permettre l’oxydation d’un alcool primaire en aldéhyde. Les aldéhydes sont en généralement plus volatils que les alcools correspondants (absence de liaisons hydrogène) et peuvent parfois être distillés au fur et à mesure de leur formation évitant ainsi la suroxydation. Néanmoins le rendement de ce type d’opération reste limité. Une autre technique d’isolement consiste à utiliser un milieu biphasique (eau-cyclohexane) par exemple. Au fur et à mesure de sa formation, l’aldéhyde, plus soluble dans le cyclohexane, est extrait de la phase aqueuse ce qui évite le contact avec l’oxydant. Une étude du mécanisme de l’oxydation des alcools par le Cr(VI) permet de mettre en évidence l’importance de la présence de l’eau dans la suroxydation. L’alcool primaire est en effet d’abord oxydé en aldéhyde qui en présence d’eau est en équilibre avec sa forme hydrate, forme susceptible d’être à son tour oxydée. En absence d’eau, cette forme hydrate n’est pas formée et la suroxydation évitée. OH H R H alcool primaire O H2O CrO3 H R aldéhyde HO H OH R hydrate d'aldéhyde O CrO3 HO R acide carboxylique Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 118 Différents oxydants du Cr(VI) sont donc utilisés en milieu organique anhydre: Exemple : OH CrO3-pyridine 84% CH2Cl2 2.3. Identification de produit d’oxydation La spectroscopie IR est la technique de choix pour identifier le produit d’oxydation d’un alcool. Application : l’oxydation par un dérivé chromé du 2-méthylpropan-1-ol conduit au composé A dont le spectre est donné ci-dessous. Etablir la structure du composé A et proposer un réactif chromé utilisable. http://sdbs.db.aist.go.jp/sdbs/cgi-bin/cre_index.cgi Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 119 3. Oxydation des alcènes 3.1. Présentation des alcènes Définitions Alcène : un alcène est un hydrocarbure de formule brute CnH2n possédant comme seule insaturation une double liaison carbone-carbone (C=C). Les alcènes sont peu présents dans la nature. Les premiers termes se rencontrent dans l’industrie du pétrole. Dérivé éthylénique : composé dont la structure possède au moins une double liaison C=C. Les dérivés éthyléniques sont eux très présents dans la nature. (+)-limonène une phéromone d'alarme Nomenclature Le nom d’un alcène est établi en remplaçant la terminaison « ane » de l’alcane correspondant par la terminaison « ène », précédée d’un numéro indiquant la position de la double liaison. La chaîne carbonée est numérotée de façon à donner l’ensemble d’indices le plus bas. On précise éventuellement la configuration de la double liaison. Applications : Remarque : la dernière molécule n’appartient pas à la famille des alcènes. Caractéristiques de la double liaison C=C Les atomes impliqués dans la liaison double sont coplanaires. Les deux atomes de carbone de la double liaison sont trigonaux. La liaison double est constituée de deux liaisons de nature différente : une liaison σ analogue à une liaison simple et une liaison π. La liaison π est moins forte que la liaisonσ. dC=C = 134 pm et EC=C = 615 kJ.mol-1 (dC-C = 154 pm et EC-C = 346 kJ.mol-1). La rotation autour de la double liaison n’est pas possible car incompatible avec une liaison π. Stabilité Toute délocalisation mettant en jeu les électrons π de la double liaison entraîne une augmentation de stabilité de la molécule. Un alcène est d’autant plus stable qu’il est plus substitué. Un alcène E est plus stable qu’un alcène Z. Réactivité La double liaison est un site à forte densité électronique. Elle peut donc subir l’attaque d’acides de Lewis et d’électrophiles. Elle peut également réagir avec un oxydant. 3.2. Oxydation ménagée et coupure oxydante Les alcènes jouent le rôle de réducteurs dans diverses réactions utilisées en chimie organique. Deux types d’oxydation sont à distinguer : l’oxydation ménagée où le squ elette sigma est inchangé et la coupure oxydante où la molécule est scindée en deux au niveau de sa double liaison. Couple alcène/oxydant associé Demi-équation Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 120 R1 R3 Couple alcène/diol Oxydation ménagée + 2 H2O = R2 R1 R4 R3 R2 R1 Coupure oxydante Couple alcène/acide carboxylique R2 R4 R1 = R1 H R4 R2 H + 2 H+ + 2 e- + 2 H+ + 2 e - R4 R3 O + O + 2 H2O = R2 R1 R3 R2 R4 R3 Couple alcène/dérivé carbonylé OH R3 O + H2O Couple alcène/époxyde HO R1 R2 R1 + 4 H+ + 4 eR4 R2 + 2 H2O = HO O + O + 8 H+ + 8 eOH 3.3. Syn-dihydroxylation 3.3.1. Action du tétraoxyde d’osmium Exemples à compléter: L’osmium est un métal de transition appartenant à la même colonne que le fer (5d66s²). Le téraoxyde d’osmium est l’oxydant du couple OsO4/OsO4H2. Dans le tétraoxyde d’osmium, l’osmium est au no +VIII. Le caractère syn de la dihydroxylation s’explique par la formation d’un intermédiaire cyclique lors de la première étape de la réaction, l’osmium passe alors du no +VIII au no +VI. O O Os O O O O Os O O HO OH Un peu plus difficile… Commenter les deux exemples de syn-dihydroxylation donnés ci-dessous. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 121 OH OsO4 65% NMO OH O OHO O OsO4 O Ba(ClO3)2 H O O HO 84% O H O 3.3.2. Utilisation d’un cooxydant- cycle catalytique Le tétraoxyde d’osmium est un réactif à la fois très couteux et extrêmement toxique. Il est de nos jours employé comme catalyseur en présence d’un cooxydant tel que le peroxyde d’hydrogène H2O2 ou l’oxyde de N-méthylmorpholine NMO. OsO4 oxyde l’alcène en étant lui même réduit sous la forme OsO4H2. Le cooxydant oxyde alors OsO4H2 permettant de régénérer OsO4. Cycle catalytique (version 1 et 2) : D’après Chimie PCSI – Vuibert 3.4. Coupure oxydante des diols vicinaux Structure de l’acide périodique et de l’ion iodate: IO4- IO3- Exemple avec un diol cyclique : Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 122 OH HIO4, H2O OH 3.5. Séquence dihydroxylation-clivage Cycle catalytique (version 1 et 2) http://www.synarchive.com/named-reactions/Lemieux-Johnson_Oxidation Exemples à compléter: OsO4 (cat) NaIO4 OsO4 (cat) NaIO4 4. Réduction de la fonction carbonyle en alcool Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 123 4.1. Schéma général Les aldéhydes peuvent être réduits en alcools primaires et les cétones en alcools secondaires. Ce sont les réactions « inverses » des réactions d’oxydation des alcools : - Aldéhyde : R-CHO → R-CH2-OH - Cétone : R-CO-R’ → R-CHOH-R’ Le dihydrogène gazeux peut en présence d’un catalyseur tel que le palladium ou le platine s’additionner sur la double liaison C=O mais cette réaction demande des pressions élevées et n’est pas sélective des C=O. Une autre méthode, beaucoup plus utilisée, consiste à utiliser des réactifs donneurs d’hydrures, c'est-à-dire des réactifs tels NaBH4 ou LiAlH4 où les hydrogènes sont polarisés δ-. La réduction peut être décrite comme l‘addition nucléophile de l’ion hydrure sur le carbone fonctionnel de l’aldéhyde ou de la cétone. 4.2. Réduction par le tétrahydroborate de sodium NaBH4 Le tétrahydroborate de sodium (ou borohydrure de sodium) NaBH4 est un donneur d’hydrure, chimiosélectif des carbonyles. Il réduit donc les aldéhydes et les cétones mais pas les esters, les amides ou les acides carboxyliques. Il est utilisé dans un solvant protique le plus souvent un alcool ou un mélange eau-alcool. Exemple : NaBH4, EtOH O Mécanisme simplifié : Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 124 Stéréochimie : 4.3. Autre hydrure : le tétrahydroaluminate de lithium Le tétrahydroaluminate de sodium (ou aluminohydrure de lithium) réduit également les carbonyles. Il est cependant beaucoup plus réactif et beaucoup moins chimiosélectif : il réduit en effet les dérivés d’acide comme les esters et les amides. Les ions AlH4- réagissent violemment avec l’eau et rapidement avec les alcools, ils sont donc utilisés en solvant aprotique. Application : O O NaBH4 , EtOH O O O 1. LiAlH4 O 2. H2O, H+ Comment réduire chimiosélectivement l’ester ? Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 125 TD 9 : Oxydoréduction en chimie organique Problème : Ethylotest Environ ½ heure après avoir été consommé, l’alcool parvient dans l’intestin grêle où il passe dans le sang. Le cœur propulse le sang veineux vers les poumons pour qu’il s’y oxygène. Dans les alvéoles pulmonaires, les échanges gazeux s’effectuent : le sang se charge en dioxygène et se libère du dioxyde de carbone ainsi que d’une partie de l’alcool. Ces vapeurs sont expirées dans l’air. Dans les stations-services ou en pharmacie, on peut acheter des alcootests jetables. Ils sont constitués d’un sachet gonflable de capacité 1 L et d’un tube en verre contenant des cristaux jaunes de dichromate de potassium en milieu acide. Ceux-ci se colorent en vert au contact de l’alcool. L’automobiliste souffle dans le ballon et fait passer l’air à travers le tube. Si la coloration verte dépasse le trait témoin sur le tube, le seuil toléré est dépassé. Déterminer la masse de dichromate de potassium devant être placée avant le trait témoin afin que celui-ci indique le seuil limite des 0,5g d’alcool par litre de sang ou 0,25mg par litre d’air expiré. Vrai-Faux : 1. L’oxydation d’un alcool secondaire par les espèces du chrome (VI) en milieu aqueux permet d’obtenir une cétone sans précautions opératoires particulières. 2. En présence de trioxyde de chrome dans la pyridine anhydre, le propan-1-ol est oxydé en acide propanoïque. 3. En présence de tétraoxyde d’osmium en quantité stœchiométrique, un alcène est oxydé en diol vicinal. 4. En présence de tétraoxyde d’osmium en quantité catalytique avec un co-oxydant, un alcène est oxydé en diol vicinal. 5. En présence de tétraoxyde d’osmium en quantité catalytique avec deux équivalents de périodate de sodium, l’hept-2-ène est oxydé en éthanal et pentanal. 6. Le borohydrure de sodium permet la réduction en milieu protique d’un dérivé carbonylé. 7. La pentan-2-one est oxydée en pentan-2-ol par NaBH4 Exercice n° 1 : Oxydation ou réduction ? Préciser pour chacune des réactions suivantes s’il s’agit d’une réduction ou d’une oxydation. Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 126 Exercice n° 2 : Diverses réactions Donner les formules des composés A à E. 1. cyclohexène OsO4(catalytique) A NaIO4 2. propan-2-ol K2Cr2O7, H+ PCC 3. butan-1-ol 4. pentan-2-one 5. E NaBH4 KMnO4, H+ B C D acide 3-méthylhexanedioïque Exercice n°3 : Stéréochimie et dihydroxylation On traite du but-2-ène par une quantité stœchiométrique de H2O2. Il ne se produit rien. On ajoute une quantité catalytique de OsO4 et l’on observe la formation d’un mélange, l’une des molécules étant de configuration (2R, 3R). 1. Ecrire l’équation bilan ajustée de la réaction se produisant. 2. Déterminer la stéréochimie de l’acène de départ. Exercice n°4 : Analyse par clivage 1. Déterminer la structure du dérivé éthylénique conduisant par oxydation de Lemieux-Johnson à la formation : 1.1. d’éthanal et méthanal 1.2. de propanone exclusivement 2. L’α-terpinène, de formule brute C10H16 présente deux doubles liaisons C=C. Par coupure oxydante suivant le protocole de Lemieux-Johnson, on obtient deux produits : l’éthane-1,2-dial (glyoxal) et la 6-méthylheptane-2,5dione. 2.1. Quel est le nombre d’instaurations et/ou cycles de l’α-terpinène ? 2.2. Quel est le nombre de cycles de l’α-terpinène ? 2.3. Proposer une formule de α-terpinène. Exercice n°5 : Réduction par NaBH4 Le 2-oxopropanoate de méthyle est soumis à l’action de deux hydrures complexes différents. Après traitement du milieu réactionnel, on obtient A et B dont les spectres IR sont donnés ci-dessous. Identifier A et Bet préciser la naturedes donneurs d’hydrures utilisés. Exercice n°6 : Oxydation pat le dioxyde de manganèse (d’après Centrale) Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 127 L’oxydation du 3-méthylbut-2-èn-1-ol par le dioxyde de manganèse MnO2 conduit à un produit A de formule brute C5H8Odont le spectre IR présente deux bandes caractéristiques à 1683 et 1623 cm-1. Le spectre RMN 1H de A comporte 3 signaux : 1 doublet intégrant pour 1 H à 9,96 ppm ; 1 doublet intégrant pour 1 H à 5,88 ppm et 1 singulet intégrant pour 6 H à 2,1 ppm. 1. Quelles sont les fonctionnalités du 3-méthylbut-2-èn-1-ol susceptibles de s’oxyder ? 2. A partir des données spectroscopiques, identifier A. commenter les valeurs des bandes d’absorption IR. 3. Calculer les nombres d’oxydation du carbone fonctionnel du 3-méthylbut-2-èn-1-ol et de A. 4. Equilibrer l’équation-bilan d’oxydation de A sachant qu’en fin de réaction le manganèse est récupéré sous la forme d’ions Mn2+. 5. Proposer un autre réactif qui pourrait remplacer MnO2. Sachant que le 3-méthylbutan-1-ol ne réagit pas dans des conditions similaires, proposer une application à l’utilisation de MnO2. 6. Une des étapes de la synthèse du phaséate de méthyle (métabolite de l’acide abscissique qui est une hormone favorisant les dormances des graines de l’hiver) utilise l’intermédiaire B. Le traitement de B par le tétrahydroaluminate de lithium LiAlH4, suivi d’une hydrolyse prudente, conduit à C (C11H18O4 ; en IR bande à 3400 cm-1, pas de bande autour de 1700 cm-1) qui réagit à son tour avec le dioxyde de manganèse pour conduire à D, de formule brute C11H16O4, dont le spectre IR comporte entre autres, une bande large vers 3400 cm-1 et une bande fine et intense à 1678 cm-1. Le spectre RMN de D indique l’absence de H aldéhydique. O O O O O B 6.1. Donner la formule de C. Quelle est la nature de la transformation B→C ? 6.2. Peut-on remplacer LiAlH4 par NaBH4 ? 6.3. Identifier D. Exercice n°7 : Synthèse d’un terpène (d’après Centrale) La synthèse débute avec le 3-bromopropanal, composé noté A. A basse température (5-10°C), l’action de l’éthane-1,2-diol en milieu acide conduit au dioxalane B de formule brute C5H9BrO2. 1. Indiquer une méthode permettant de préparer l’éthane-1,2-diol à partir d’éthylène (éthène) et préciser les conditions opératoires correspondantes. 2. Donner la structure de B et préciser le mécanisme de passage de A à B.La réaction est-elle renversable ? Si oui, dans quelles conditions ? On prépare l’organomagnésien mixte dérivé de B puis on ajoute la 4-méthylacétophénone C. Après réaction et hydrolyse prudente, on obtient D de formule brute C14H20O3. O O O O 4-méthylacétophénone E O F 3. Indiquer la structure de D et le mécanisme de formation à partir de de B et C. 4. On souhaite obtenir la molécule E de structure proposée à la figure précédente. Proposer le(s) réactif(s) nécessaire(s) et les conditions opératoires requises. Une réaction non décrite permet la synthèse de la molécule F. L’hydrolyse acido-catalysée de F conduit à G de formule C12H16O. 5. Donner la structure de G. Pourquoi a-t-on formé le dioxalane ? Réactivité et transformations en chimie organique II – documents de cours PC PGDG-ENCPB Page 128