Riposte-catholique
La réinformation catholique au quotidien
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Mais à mes yeux, il y a un point plus fondamental : penser la loi dans le cadre du concept
républicain de « fraternité ». Respecter la volonté d’un patient, c’est tenir compte de
l’autonomie de quelqu’un qui est en situation de vulnérabilité. Celle-ci appelle une fraternité
qui, en étant une relation de personne à personne, sait prendre le temps de l’écoute, de la
parole, afin que se tisse une relation de confiance et de paix pour permettre au patient
d’exprimer le plus véritablement possible sa volonté. La loi est fondée sur le bien- fondé d’un
accompagnement que je qualifierai de « fraternel ».
Les directives anticipées ne sont-elles pas une occasion pour notre société et pour chacun de
ses membres de se réapproprier un art de mourir que nous avons oublié ?
Certainement. Les directives anticipées ne devraient pas pouvoir être rédigées sans un
dialogue constant avec un médecin, dans le cadre d’un pacte de soin fondé sur la confiance, et
non pas lors d’une rencontre occasionnelle. Elles ne peuvent être sérieusement rédigées sans
bien connaître et la loi et les différents actes médicaux qui peuvent être posés en fin de vie et
qui permettent de bien mourir. En même temps, c’est toujours compliqué de rédiger ses
directives alors qu’on est en bonne santé. Je ne pense pas qu’on puisse se mettre à la place
du malade que l’on sera quand on ne l’est pas.
Peut-on imaginer qu’un jour l’Église offre son aide aux personnes dans la rédaction de ces
directives anticipées ?
Bien sûr, la fraternité est évangélique ! La personne peut être accompagnée spirituellement
dans cette démarche qui oblige à se projeter vers un avenir, par définition, inconnu. Rédiger
ces directives, c’est poser un acte de liberté et, pour le croyant, une occasion de s’interroger
sur sa finitude, de méditer sur sa relation à Dieu et son avenir avec Lui, sur la vie éternelle. A
titre personnel, il m’est arrivé de mettre par écrit, sous la dictée, les directives d’une personne
âgée. C’est un moment riche d’écoute et de paroles sur des choses essentielles, sur ce «
germe d’éternité » que, tous, mortels, nous portons en nous.
Comment l’Église se situe-t-elle devant la sédation profonde ?
Tout d’abord, la sédation profonde n’est pas un droit. Le médecin ne peut être l’otage du
patient. Ceci se discute à l’intérieur d’un dialogue fondé sur la confiance dans la relation de
soin, avec la personne de confiance si le patient ne peut plus s’exprimer. Mais surtout, il faut
être précis sur les termes. Parle-t-on de sédation pour quelqu’un qui souffre d’une maladie
incurable ou, plutôt, de quelqu’un qui, sans être malade, éprouve un mal de vivre ? Face au
mal de vivre, la sédation n’est pas la réponse juste. On ne peut enfermer quelqu’un dans le
non-sens de l’alternative : ou bien la sédation profonde ou bien le mal de vivre ! Le vrai
problème est l’accompagnement.
Toujours sur la terminologie, parle-t-on de sédation terminale profonde parce que c’est une
sédation en phase terminale ou plutôt parce qu’il s’agit de conduire à cette phase terminale et
donc à la mort ? Ce ne peut jamais être une sédation terminale au sens elle aurait pour
intention d’abréger directement la vie. Par contre, la sédation profonde peut être envisagée si
elle reste le seul moyen de supprimer la souffrance, même si cela a pour conséquence,
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