Introduction aux thérapies cognitivo-comportementales

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Introduction aux thérapies
cognitivo-comportementales
V. Pomini, PhD
Unité d’Enseignement des Thérapies Cognitivo-comportementales
Institut de Psychothérapie
Département de Psychiatrie
Université de Lausanne
Malévoz
2007-08
Plan du cours
1.
La thérapie comportementale et cognitive: aperçu général
1.
2.
3.
4.
2.
Définitions et caractéristiques des TCC
Des théories de l’apprentissage à l’intervention clinique
Les modèles cognitifs
La démarche d’analyse d’un trouble en TCC
L’entretien motivationnel
1. Les principes de base
2. L’empathie
3. La gestion des résistances
3.
Interventions cognitives et comportementales dans le
traitement de l’anxiété
1. Modèles de l’anxiété
2. Les techniques de gestion de l’anxiété
3. Les thérapies d’exposition
1
1.
La thérapie comportementale et
cognitive : aperçu général
1.1
Définitions & caractéristiques des TCC
Que sont les thérapies
comportementales et cognitives?
• La TCC est une forme scientifiquement reconnue de
psychothérapie adaptée au traitement de problèmes psychiques.
• Elle part du fait que les pensées, les réactions corporelles et les
raisonnements sont en grande partie des réactions apprises.
• La TCC est centrée sur la problématique.
• Elle est axée vers des objectifs.
• Elle implique une collaboration.
• Elle est transparente.
4
• Elle est une aide à l’auto-assistance.
D’après la définition de la
Société suisse de thérapie
comportementale et cognitive
Définition de la TCC
• Axe théorique
– Les TCC se caractérisent par l’application des théories scientifiques de la
psychologie clinique, sociale et expérimentale
• Axe pratique
– Les TCC se caractérisent par l’utilisation de certaines techniques d’intervention
qui lui sont associées historiquement : désensibilisation systématique, exposition,
restructuration cognitive, l’entraînement des compétences sociales, etc.
• Axe méthodologique
– Les TCC se caractérisent par un souci constant d’évaluer au mieux leur efficacité
sur la plan clinique et psychosocial : études contrôlées et études de cas unique
La définition de la TCC ne peut pas être figée car cette approche
évolue au rythme de l’évolution des sciences fondamentales et
appliquées auxquelles elle fait référence.
5
1
Références théoriques principales
• Théories de l’apprentissage
Modèles pavlovien et skinnérien Î
conditionnements classique et opérant
Apprentissage vicariant Î
–
–
méthodes d’exposition,
de contre-conditionnement
jeux de rôles, entraînement des
compétences sociales
• Psychologie cognitive
–
Traitement de l’information
Î
restructuration cognitive,
résolution de problèmes
• Psychologie sociale
Théories de l’attribution, Î
de l’inférence sociale
Cognition sociale Î
–
–
6
réattribution
modification des schémas,
autorégulation
Pomini, Neis & Perrez (2002)
Autres références théoriques actuelles
• Dynamique des systèmes
–
Modèles de l’autorégulation
• Psychologie du développement
–
Théories de l’attachement
• Psychologie des émotions
–
Modèles cognitifs
• Théories de la personnalité
–
Tempérament, traits et troubles de personnalité
• Neurosciences
–
Psychophysiologie, neurobiologie, etc.
7
Pomini, Neis & Perrez (2002)
Caractéristiques générales de la
thérapie comportementale et cognitive
• Structurée
– Limitée dans le temps
– Basée sur un plan de thérapie et des agendas de séance
• Orientée sur les problèmes actuels
– Peu de référence au passé + focalisée sur les conduites problématiques
• Active et plutôt directive
• Collaborative et transparente
• Orientée sur la mesure de son efficacité
– Etudes de cas uniques + études contrôlées
8
Blackburn & Davidson (1990)
2
Quelques idées préconçues
erronées sur la TCC
• La TCC ne s’intéresse qu’à réduire les symptômes, elle
ne s’attaque jamais aux vraies causes.
• La TCC est une thérapie terre-à-terre et simpliste.
• La TCC n’est qu’un ensemble de techniques et de
recettes.
• La TCC guérit en quelques séances.
• La TCC ne s’intéresse pas à la relation thérapeutique.
9
Les étapes d’une TCC
• Phase d’indication
– Analyse et évaluation des problèmes
– Hypothèse de travail
– Proposition de traitement
• Phase de traitement
– Mise en œuvre des techniques d’intervention
– Evaluation de leur efficacité
• Phase de fin d’intervention et de suivi
– Prévention de la rechute
– Travail sur l’autogestion
– Fin de la thérapie
10
Eventuellement
nouvelles cibles
thérapeutiques
Pomini, Neis & Perrez (2002)
Etapes générales d’une TCC
Phase 1 : indication
Développement
d’une relation
thérapeutique
favorable
11
•
Présentation du problème et formulation initiale des buts
(méthode centrée sur le client)
•
Informations générales sur la thérapie (modèle adopté,
investissement et efforts attendus de la part du client, etc.)
•
Analyse de la motivation
•
Analyse fonctionnelle des problèmes
•
Recueil et évaluation de données (auto-observation,
questionnaires, tests, etc.)
•
Elaboration d’hypothèse (conceptualisation du cas)
•
Redéfinition des buts
•
Explications précises des méthodes d’intervention envisageables
et discussion sur leur indication
Pomini, Neis & Perrez (2002)
3
Etapes générales d’une TCC
Phase 2 : traitement
Maintien de la
relation
thérapeutique
favorable
•
Mise au point commune du plan de la thérapie
•
Réalisation de la thérapie conjointement à l’analyse
continue des comportements, des cognitions et du
vécu affectif : application des méthodes d’intervention
selon le plan stratégique imaginé.
•
Tâches à domicile
•
Evaluation continue de la thérapie avec, si nécessaire,
reformulation des hypothèses et modification de la
stratégie et des méthodes d’intervention.
12
Pomini, Neis & Perrez (2002)
Etapes générales d’une TCC
Phase 3 : fin de traitement
Maintien de la
relation
thérapeutique
favorable
Fin de la
relation
thérapeutique,
séparation
•
Evaluation finale de la thérapie : bienfaits et limites du
traitement, niveau d’acquisition et maintien de
conduites appropriées de gestion des problèmes dans
les situations réelles
•
Travail sur la prévention des rechutes
•
Travail sur l’autonomisation du patient : le patient
devient son propre thérapeute.
•
Résumé de l’ensemble des facteurs considérés
efficaces par le client et feedbacks au thérapeute
•
FIN (avec ou sans suivi catamnestique régulier ou
sessions de rappel).
13
Pomini, Neis & Perrez (2002)
Structure classique d’une séance en
thérapie comportementale et cognitive
• Accueil
• Agenda de séance
• Révisions des tâches à domicile
• Travail sur l’objectif-clé de la séance
• Assignation de tâches
• Synthèse de la séance, commentaires
14
Hautzinger (2000)
4
Les rôles du thérapeute et du client
THERAPEUTE
Attitude professionnelle
Expertise dans le domaine
d’activité
CLIENT
Collaboration et coopération avec le
thérapeute
Authenticité, honnêteté
Capacités d’écoute active
empathique et de directivité
Réalisation des tâches prescrites
hors séance
Objectivité, neutralité
Acceptation des limites
interpersonnelles imposées par le
cadre thérapeutique
Flexibilité, souplesse et tolérance
Catalyseur, guide
Coach, motivateur
Transparence
Autocontrôle
Attribution d’une priorité élevée à
la thérapie
Attitude expérimentale et orientée
vers le changement
Droit à la résistance, au refus
15
L’empirisme collaboratif
Ensemble et côte à côte client et thérapeute
mettent à jour les processus psychologiques sousjacents aux difficultés sur lesquelles le client
souhaite travailler,
…le client en tant qu’expert de lui-même et de
son vécu,
…le thérapeute comme guide, spécialiste et
garant de la méthode de travail.
16
Le travail sur la relation thérapeutique
• Réflexion en supervision sur le respect plus ou moins total des
rôles préétablis du thérapeute et du patient : quel sens donner à
un manque de respect et comment y réagir?
• Travail personnel du thérapeute sur ses propres cognitions,
émotions et conduites comme thérapeute.
• Importance de l’alliance thérapeutique et de la collaboration
pour la réussite du traitement : travail actif pour le maintien de
cette alliance.
• Travail direct sur la relation thérapeutique quand cette
dernière représente un obstacle à la poursuite du traitement.
• Travail direct sur la relation thérapeutique comme exemple ici
et maintenant d’une problématique du patient.
17
5
1.2
Des théories de l’apprentissage à
l’intervention clinique
Les deux conditionnements
• Conditionnement classique (pavlovien, répondant)
– Association Stimulus – Réponse (S – R)
– C’est l’environnement qui détermine les réactions de l’individu.
• Conditionnement opérant (skinnérien)
– Association Réponse – Conséquence (S – R – C)
– Les conséquences positives augmentent la probabilité du comportement
– Les conséquences négatives diminuent la probabilité d’appartition du
comportement
– Ce sont les conséquences de ses conduites qui influent sur le choix de
comportemental l’individu. Les conséquences sélectionnent les conduites.
– Le stimulus joue le rôle de signal discriminatif pour le choix
comportemental et non plus de déterminant des réponses.
19
Le chien de Pavlov
1. Réflexe = salivation - stimulus = nourriture
2. Stimulus neutre à conditionner : son de clochette
3. Répétition de l’association : clochette Î nourriture (Î
salivation).
4. Conditionnement : clochette Î salivation.
5. Extinction : clochette Î pas de salivation.
20
Doré (1983)
6
Avant le conditionnement
SI
RI
Stimulus
Inconditionnel
Réponse
Inconditionnelle
-
SN
Aucune réponse
particulière
Stimulus Neutre
(non conditionnel)
Forget et al. (1988)
21
Premier essai d’association
SN
Stimulus
Neutre
SI
RI
Stimulus
Inconditionnel
Réponse
Inconditionnelle
Rattention
22
Forget et al. (1988)
Conditionnement par répétition de
l’association
SC(N)
Stimulus
Conditionnel
(Neutre)
SI
Stimulus
Inconditionnel
RI = RC
Réponse
conditionnée
R
attention
23
Forget et al. (1988)
Parfois, une seule association
suffit à créer le conditionnement.
7
Résultat
SC
Stimulus
Conditionnel
RC
(SI)
Réponse
conditionnée
Stimulus
Inconditionnel
(RI)
Réponse
Inconditionnelle
24
Forget et al. (1988)
Conditionnement classique
SC
SI
Berger allemand
Absence du maître
Grognements
Os à ronger
Niche
Morsure
1
2
RI
Douleur, anxiété
SC
RC
Chien
Anxiété
Phobie apprise par conditionnement classique.
25
Avant le conditionnement : les
réponses aléatoires
Sd
Stimulus
discriminatif
26
R1
R2
R3
R4
CC0
C+
CDoré (1983)
8
Renforcement et sélection progressive
d’une réponse
Sd
Stimulus
discriminatif
R1
R3
R3
R5
C0
C+
C+
C-
27
Doré (1983)
Issue : ancrage de la réponse
sélectionnée
Sd
Stimulus
discriminatif
R3
R3
R3
R3
C+
C+
C+
C+
28
Doré (1983)
Schéma général du conditionnement
opérant
Sd
Stimulus
Discriminatif
R
C
Réponse
renforcée
Conséquence
renforçante
K
Contingence de renforcement
29
Forget et al. (1988)
9
Exemple : je sympathise
Sd
R
Une femme me regarde
et me sourit
C
Je l’approche et entame
la conversation
Elle me répond et nous
sympathisons
K
Contingence élevée : chaque fois qu’une
femme me regarde, me sourit et que je
l’aborde, nous sympathisons.
Contingence faible : c’est très rare que la
femme qui m’a regardé et souri sympathise
avec moi une fois que je l’ai abordée.
30
Conditionnement opérant :
les « bienfaits » de l’alcool
Sd
« J’ai un peu le cafard et
ne me sens pas à l’aise
dans cette soirée où je
connais peu de monde et
où les gens ne m’ont pas
l’air très accueillants »
R
C
Je bois plusieurs verres de
vin
Je me sens plus détendu et
ouvert. Je rencontre de
nouvelles personnes
sympathiques.
K
Contingence élevée : chaque fois que je bois de l’alcool, je me sens
mieux et le contact avec les autres est bien plus simple.
Contingence faible : quand je bois de l’alcool, je fais rarement des
rencontres intéressantes, au contraire je me renferme encore plus.
31
32
Conséquences pour le sujet
Défavorables
augmente
Favorables
Renforcement
positif
Renforcement
négatif
diminue
Probabilité d’apparition du comportement
Les contingences de renforcement
Punition
Aversion
Neutres
Extinction
Doré (1983)
10
Renforcement positif
1. Robert joue au casino à une machine à sous.
2. Il gagne une belle somme d’argent sur cette
machine.
3. Il continue à jouer au casino (voire
uniquement sur cette machine).
33
Renforcement négatif
1. Juliette ressent une vive angoisse particulièrement
désagréable devant son assiette de spaghetti (elle
craint que ce repas ne la fasse trop grossir).
2. Elle écarte l’assiette, décide de ne pas la manger et
retourne dans sa chambre. Elle se sent soulagée de
ne pas avoir mangé.
3. Elle refuse de manger des spaghetti, dit ne plus les
aimer. Elle évite les repas.
34
Punition
1. Albert roule à une vitesse excessive sur
l’autoroute quand un radar le flashe juste à la
sortie d’un tunnel.
2. Albert se voit signifier un retrait de permis de
deux mois.
3. Albert évite les excès de vitesse dans les
tunnels sur l’autoroute.
35
11
Aversion
1. Gérard se promène de nuit dans un quartier
peu recommandable de la ville.
2. Il est attaqué par une bande de jeunes mal
famés fréquentant le quartier.
3. Gérard évite de se promener dans ce quartier la
nuit (puis même le jour). Il change de trottoir
quand il voit un groupe de jeunes sur sa route.
36
Extinction
1. Carlos parle avec ses amis du championnat de
football régional.
2. Ses amis n’en font pas cas et orientent toujours
la discussion sur un autre thème.
3. Carlos ne parle plus avec ses amis du
championnat de foot régional.
37
Le modèle comportemental général
Schéma
SORC
Situation
Organisme
Conséquence
Réaction
38
12
1.3
Les modèles cognitifs
La cognition
CONTENUS
PROCESSUS
éléments
Pensées
Images mentales
Sons mentaux
Opérations cognitives
dimensions pathologiques
Distorsions, erreurs cognitives
Problèmes d’attention, de
concentration, de
planification, etc.
Pensées / images dysfonctionnelles,
perturbatrices, obsessionnelles,
croyances erronées, etc.
40
La cognition : opérations
cognitives
• Processus attentionnels
–
Attention sélective, soutenue
• Processus mnémoniques
–
Encodage, stockage, rappel, reconnaissance
• Fonctions exécutives
–
Planification, anticipation, contrôle, intention, métacognition
• Inférences, raisonnement
–
Déduction, induction, assimilation, accommodation
13
Les cognitions : contenus
• Pensées
• Attentes, expectatives
• Dialogue interne, autoinstructions
– Anticipations, exigences, attentes
d’efficacité et de résultat
• Concept de soi
– Image de soi, estime de soi,
identité
• Explications,
interprétations
– Explications, interprétation,
assignation de sens
• Souvenirs
– Evaluations, jugements
• Images mentales
– Attribution de causalité
– Superstitions, croyances
McMullin (2000)
Processus du traitement de l’information
Observable
Situation
Comportement
Perception
Choix de la réponse
Sélection
Elaboration
des objectifs
Couvert
Fonctions
cognitives
simples
Identification
Fonctions
cognitives
complexes
Définition de
la situation
Mémoire de travail
Mémoire à long terme
43
Brenner (1986)
La mémoire
• Mémoire déclarative (explicite, consciente)
–
–
–
–
Encodage
Stockage
Récupération
Oubli
• Mémoire non déclarative (implicite, inconsciente)
– Processus d’habituation, de sensibilisation
– Conditionnements
– Apprentissages procéduraux implicites (habiletés, règles)
44
Squire & Kandel (2002)
14
Les trois systèmes de la mémoire
déclarative
Répétition
Stimuli
perception
Mémoire
sensorielle
attention
Mémoire à
court terme
encodage
Mémoire à
long terme
rappel
Oubli
Oubli
Atkinson & Shiffrin (1968)
45
La cognition humaine : pensée
automatique et contrôlée
Schémas (filtres
d’interprétation)
1.
Opérations cognitives
automatiques
Situation
Ces droites sontelles de même
longueur?
Processus de
vérification
2.
Attention c’est une
illusion d’optique!
Pensée
automatique
« Non, elles le sont
pas. Celle du bas
paraît plus longue »
3.
Pensée
contrôlée
« Oui, elles le sont. »
46
L’apprentissage par observation
PROCESSUS
ATTENTIONNELS
Encodage symbolique
Organisation cognitive
Modèle
Distinctivité
Stimuli
modèles
PROCESSUS DE RETENTION
Complexité
Rappel symbolique
Rappel moteur
Valeur affective
Valeur fonctionnelle
Observateur
Capacités sensorielles
Niveau d’éveil
PROCESSUS DE REPRODUCTION
Capacités physiques
Répertoire comportemental
Auto-observation
Précision et correction du feedback
Attentes
PROCESSUS MOTIVATIONNEL
47
Bandura
(1976)
Performance
Comportement
imitatif
Renforcement des conduites modèles :
bénéfices attendus de la performance
Auto-incitation
15
Modèle ABC
A
B
C
Activating
event
Belief
Emotional
Consequence
Ce ne sont pas les événements en soi qui troublent les
personnes mais les pensées qu’elles ont à leur sujet.
Ellis & Harper (1994)
48
Quelques exemples d’analyse
ABC
• Jean est en rage parce que son patron l’a critiqué pour
son retard dans le rapport Müller.
– A : critique du patron
– B : Jean se dit que cette critique n’est pas très juste parce que la
secrétaire n’a pas dactylographié à temps le rapport
– C : Jean se sent en colère
• Géraldine se regarde dans le miroir et s’attriste
– A : Géraldine observe son corps dans le miroir
– B : Elle a l’impression d’être grosse
– C : Elle se sent triste
49
McMullin (2000)
Quelques évidences courantes pour
le modèle cognitif ABC
On peut changer l’émotion sans rien modifier dans
l’environnement
50
–
Les pensées changent mais pas le lieu où on se trouve.
–
Les images changent mais pas le contexte réel.
–
L’interprétation change mais pas la situation.
–
Les anticipations changent mais pas la situation.
McMullin (2000)
16
Quelques autres évidences courantes
pour le modèle cognitif ABC
Avec les patients on peut rechercher des évidences
pour le modèle ABC en empruntant diverses voies :
– À partir du vécu « ici et maintenant » du patient
– A partir d’un exercice de décentration
– A partir d’un essai de changement de pensée
– A partir d’exemples tirés de la vie du patient
51
McMullin (2000)
A la recherche des évidences pour le
modèle ABC : mon propre exemple
•
Les meilleurs exemples sont ceux que l’on a soimême trouvés
– Rechercher une situation où j’ai vécu une émotion intense.
– Quel était le déclencheur externe vraisemblable de
l’émotion?
– Quel était mon discours intérieur à ce moment?
RECHERCHEZ VOS PROPRES EXEMPLES !
52
McMullin (2000)
Modèle cognitif de Beck
A
Situation
B
Pensée
automatique
C
Affect, émotion, humeur
53
17
Modèle cognitif de Beck
Processus de traitement de
l’information
Croyances
Processus
d’interprétation
Pensée
automatique
Situation
Affect, émotion, humeur
54
Modèle cognitif de Beck
Croyances
Hypothèses, règles
Situation
Anxiété, stress
Affect, humeur
Patron donne une
pile de travail et de
multiples
instructions
associées
Processus
d’interprétation
Pensée
automatique
cf. figure suivante
55
Modèle cognitif : exemple
Croyances
Hypothèses, règles
« Je suis quelqu’un de mauvais,
d’incompétent.»
Hypothèses :
1) « Si je fais mal mon travail, les autres verront
mon incompétence. On va me licencier»
Règle : « Je dois toujours réaliser mon travail à la
perfection. Je n’ai pas droit à l’erreur. »
Processus
d’interprétation
Pensée
automatique
Distorsion cognitive : inférence arbitraire
« Je ne vais pas y arriver, c’est trop
de travail à la fois. »
56
18
Les pensées automatiques
Pensées en situation, sur le moment
• Spontanées, brusques
• Automatiques,
involontaires, répétées
• Spécifiques, précises,
idiosyncrasiques
• Non réfléchies mais
plausibles
• Courtes
• Acceptées même si non
validées par l’expérience
57
Mirabel-Sarron & Rivière (1993)
Les croyances (ou schémas)
•
Postulats, règles et convictions intimes de la personne relatifs à
l’évaluation de soi et aux relations avec les autres.
•
Filtres d’interprétation de la réalité.
•
Peu flexibles, s’expriment en termes absolus, simplistes et souvent
dichotomiques ou peu différenciés.
•
Plus ou moins constants dans la vie du patient (peuvent être
« dormants »).
•
Touchent différentes thématiques centrales de la philosophie de vie
de la personne : amour, compétence, performance, morale,
autonomie, valeur, devoirs et droits.
58
J. Beck (1995)
Des croyances aux pensées
automatiques
Expériences du passé
Croyance de base
Schéma conditionnel
Evénement
Pensée automatique
J. Beck (1995)
Parents critiques et sévères, rarement
contents des activités ou des résultats de leur
fils. Malmené par ses pairs à l’école. Timidité.
« Je ne vaux rien. Il vaudrait mieux que je
n’existe pas. »
« Si je fais tout parfaitement, on me
respectera, on m’aimera. Je n’ai pas le droit
de dire non. Je dois toujours être disponible. »
Impossibilité de finir ce travail pour demain
et d’aider le fils dans ses devoirs.
« Je ne vais pas y arriver. Je ne suis pas un bon
père, ni un bon employé. Je devrais tout quitter. »
59
19
Le modèle cognitivo- comportemental
Schémas, croyances
Situation
Organisme
Conséquence
Processus cognitifs
Réaction
60
20
1.4
La démarche d’analyse d’un
trouble en TCC
Indications différentielle et adaptative
• Indication différentielle
– Choix du traitement en fonction du diagnostic
– Se base sur l’efficacité différentielle des traitements
• Indication adaptative
– Choix du traitement en fonction d’une hypothèse de compréhension :
– Choix du traitement en fonction des ressources thérapeutiques à
disposition
– Choix du traitement en fonction de l’objectif négocié
• L’indication adaptative est hiérarchiquement supérieure à l’indication
différentielle. Elle doit donc être systématiquement réalisée par le
thérapeute et fait partie intégrale du traitement.
62
Pomini, Neis & Perrez (2002)
Indication différentielle à la TCC
• Troubles anxieux
• Troubles alimentaires
• Dépression
• Gestion du stress, burnout
• TOC
• Schizophrénies
• Troubles de l’adaptation
• Troubles de la personnalité
• Troubles du contrôle des
impulsions
63
• Troubles douloureux et
somatoformes
• Dysfonctions sexuelles
• Prévention des maladies
cardio-vasculaires
• Dépendances
• Promotion de la santé
• Retard mental
• Problèmes de compliance
médicamenteuse
Cottraux (1998)
21
Etapes de l’indication adaptative à la
thérapie
I.
Identification des problèmes
II.
Choix d’un problème cible
III.
Traduction comportementale du problème cible
IV.
Observation et mesures
V.
Analyse fonctionnelle
VI.
Hypothèse de compréhension du problème
VII. Proposition d’intervention
64
Inventaire multimodal des problèmes
Niveau d’analyse
Types de problèmes
Cognitif
Î Pensées perturbatrices, obsédantes,
difficultés de concentration, rêves /
rêveries anxiogènes, etc.
Affectif
Î Emotions dysfonctionnelles fréquentes
Social, relationnel
Î Conduites asociales, isolement, déficits en
compétences sociales, relations
interpersonnelles problématiques...
Comportemental
instrumental
Î Activités domestiques et professionnelles,
hygiène et soins personnels, conduites
consommatrices, etc.
Perceptif, sensoriel
Î Perceptions / sensations inhabituelles,
exacerbées...
65
Kuehnel & Liberman (1991)
Description comportementale :
gardez le CAPP!
Comportement
Î Réaction, conduite, activité, mais aussi
évitement, renoncement
Affect
Î Emotions de base : colère, anxiété, joie,
tristesse, dégoût, honte, surprise
Î Discours intérieur, images mentales,
Pensée
Physique
pensées, explications personnelles,
jugements, etc.
Î Sensations et réactions physiques,
66
22
Exercice
Traduire les problèmes ci-dessous en
comportements observables et analysables.
1. Il a un toc de lavage.
2. Il est insomniaque.
3. C’est un manipulateur
67
Analyse fonctionnelle synchronique :
Schéma SORCK
Stimuli
antécédents
discriminatifs
S
Æ
Réponse
Réaction
Comportement
Organisme
O
R
Æ
Conséquence
Æ
C
K
Contingence
68
Kanfer & Saslow (1969)
Analyse fonctionnelle d’un trouble : stimuli
déclencheurs et organisme
• Stimuli déclencheurs
– Circonstances d’apparition du trouble
– Déclencheurs externes ou internes
• Facteurs de potentialisation ou de facilitation
– Facteur augmentant l’impact des stimuli déclencheurs ou facilitant la
réaction pathologique
• Facteurs modérateurs ou apaisants
– Facteurs réduisant la fréquence du trouble, son intensité ou la force
des stimuli déclencheurs
69
Emmelkamp, Bouman, & Scholing (1992)
23
Analyse fonctionnelle d’un trouble :
conséquences
• Conséquences à court terme des comportements adoptés
– Conséquences immédiates de la conduite
– Réactions de l’entourage
• Conséquences à long terme
– Conséquences négatives ultérieures : généralisation du trouble,
enchaînement à d’autres troubles
– Handicaps
– Bénéfices du troubles dans la vie du patient
– Gains au changement?
Emmelkamp, Bouman, & Scholing (1992)
70
Grille SECCA (Cottraux)
analyse synchronique
Anticipation
Cottraux (2004)
Situation
Emotions (réponses)
Système personnel de croyances
Pensées automatiques
Comportement ouvert
Cognition
Imagerie
Entourage (environnement social)
71
Grille SECCA (Cottraux)
analyse diachronique
• Données structurales possibles
– génétiques
– personnalité
Cottraux (2004)
• Facteurs historiques de maintien
• Facteurs déclenchants initiaux invoqués
• Evénements précipitants les troubles
• Traitements précédents
• Maladies physiques
72
24
Grille SECCA : exemple
analyse synchronique
Anticipation
Vérifier soulage l’anxiété
Quitter l’appartement, se coucher le soir, quitter
le bureau : « Ai-je bien éteint les lumières? »
Situation
Anxiété
Emotions
Système personnel
de croyances
Responsabilité personnelle en
cas de malheur
Pensées automatiques
Rituels de vérification
« Je dois vérifier si tout est en ordre »
Comportement ouvert
Cognition
Imagerie
Entourage (environnement social)
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Mari participe aux vérifications et rassure
Incendie, vol, saccage, dégâts
Grille SECCA : exemple
• Données structurales possibles
analyse diachronique
– Génétiques : père souffrant d’un TOC léger, sœur anxieuse
– Personnalité : traits perfectionnistes + dépendance
• Facteurs historiques de maintien
– Génétiques : père souffrant d’un TOC léger, sœur anxieuse
• Facteurs déclenchants initiaux invoqués
– Première rupture sentimentale
– Examens de fin d’apprentissage
– Premier emploi : patron particulièrement sévère et intransigeant,
souvent menaçant
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Apparition progressive des conduites de vérification associée à
des conduites de lavage (disparues par la suite)
Grille SECCA : exemple
analyse diachronique
• Evénements précipitant les troubles
– Licenciement pour restructuration (interprétée par la patiente
comme étant une employée de mauvaise qualité, pas assez
consciencieuse, faisant des fautes professionnelles) puis nouvel
emploi
• Traitements précédents
– Traitement médicamenteux SSRI : efficacité modérée, mais
dosage insuffisant
– Soutien psychothérapeutique non spécifique : conseils : quelques
éléments utiles mais insuffisants pour s’en sortir
• Maladies physiques
– Nihil
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