Quantification et origine des mouvements verticaux Holocène de la côte sud de l’Islande – G. BIESSY
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1. Introduction
1.1. Problématique et objectifs
A cause de sa position sur la dorsale médio-atlantique et sur un point chaud mantellique, l’Islande connaît
une déformation intense avec des origines tectoniques et volcaniques. Les mouvements horizontaux sont
importants, de par la divergence des plaques nord-américaine et eurasienne (demi-taux d’environ 1 cm/an
dans une direction N105°E-N285°E). Par ailleurs, de précédentes études ont montré l’existence de
mouvements verticaux non négligeables d’origines assez diverses.
De plus, l’Islande et son plateau ont subi plusieurs glaciations durant l’ère Quaternaire, dont la dernière, la
glaciation Weichsélienne, qui a commencé il y a 110000 ans BP et s’est terminée entre 13000 ans BP et 9000
ans BP (Ingolfsson et Norddahl, 1994).
La mise en place d’une surcharge glaciaire perturbe le champ de contraintes dans la lithosphère et entraîne
une subsidence de la surface du sol qui met en jeu l’élasticité de la lithosphère ainsi que la viscosité de
l’asthénosphère. A la déglaciation, le retrait des glaces entraîne une surrection de l’île en réponse à la
décharge, réponse élastique, instantanée, et visqueuse, plus lente et différée (Stewart et al., 2000).
Soumise à un fort gradient géothermique en raison de sa position sur l’axe de la dorsale médio-atlantique et
sur un point chaud mantellique, la lithosphère islandaise est très peu résistante et peut engendrer une
amplification des mouvements (Bourgeois, 2000).
L’histoire géologique récente de l’Islande repose donc principalement sur des processus de rifting et des
processus de charge et décharge glaciaire. Les déformations ont été largement étudiées en Islande, et bien
qu’il existe quelques études sur le sujet, la contribution verticale de cette déformation reste un champ
d’investigation encore peu exploré.
On peut alors se poser plusieurs questions :
•quels sont les mouvements verticaux qui ont affecté l’Islande ?
•quelle est la contribution isostatique ? quelle est la contribution tectonique ?
•comment varient-ils en fonction des zones considérées (zone de rifting, zone de fort gradient
géothermique, zone encore englacée…) ?
Contrairement à de nombreuses études qui prennent en compte des échelles de temps de l’ordre de la dizaine
d’années, nous nous placerons dans cette étude à plus long terme, en considérant la période Holocène.
En nous concentrant sur la côte sud de l’Islande, depuis la péninsule de Reykjanes jusqu’à Vík, nous allons
tenter de :
•caractériser la nature des plaines côtières (surface de dépôt type sandur ou surface d’érosion marine
ou glaciaire), grâce à de la géologie de surface et de la topographie GPS ;
•calculer des mouvements verticaux en utilisant l’altitude de ces surfaces comme référence ;
•calculer des taux d’uplift pour les différentes parties de la zone d’étude ;
•calculer une viscosité moyenne pour l’Islande.