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Année 2013
Numéro 35
www.antadir.com
AVRIL 2013
17ème Congrès de Pneumologie
de Langue Française
L
e 17ème Congrès de Pneumologie de
Langue Française (CPLF)
s’est déroulé à Lille du 1er au 3 février 2013.
A l’occasion de ce grand rendez-vous annuel pour la pneumologie francophone,
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FÉDÉRATION ANTADIR-66 BD ST MICHEL-PARIS 6 - 01 56 81 40 60
Lille du 1er au 3 février 2013
l’ANTADIR avait organisé une session plénière sur le thème de
« l’oxygénothérapie dans la BPCO » et un symposium intégré abordant la
« Ventilation non invasive des BPCO ».
Dans ce numéro, nous vous proposons les résumés des conférences de ces deux
sessions ayant rencontrées un vif succès.
Rendez-vous en 2014 à Marseille pour discuter
des choix thérapeutiques dans le SAOS.
Dr Daniel VEALE
Centre Médical H Bazire—St Julien de Ratz
Dans ce numéro :
Impact des désaturations nocturnes isolées chez les patients BPCO
Pr Ari CHAOUAT (CHU - Nancy)
2
Oxygénothérapie au long cours : coût et efficacité comparés des différents dispositifs
Pr Boris MELLONI (Hôpital Dupuytren - Limoges)
5
Oxygénothérapie dans différentes situations : exercices, voyages, autres...
Dr Daniel VEALE (Centre Médical H. Bazire- Saint Julien de Ratz)
9
Ventilation non invasive des BPCO : quels sont les résultats des dernières études de longues durée ?
Pr Jean-François MUIR (Hôpital de Bois Guillaume - Rouen)
12
Pourquoi est-il si difficile de démontrer les bénéfices cliniques de la ventilation non invasive chez les
patients BPCO ?
Dr Claudio RABEC (CHU - Dijon)
16
La VNI peut-elle être un adjuvant à un programme de réhabilitation respiratoire ?
Jean-Christian BOREL (AGIR à dom - Grenoble)
20
IMPACT DES DÉSATURATIONS NOCTURNES ISOLÉES
CHEZ LES PATIENTS BPCO
Pr Ari CHAOUAT,
Service des Maladies Respiratoires et Réanimation Respiratoire - CHU Nancy
Le Pr A. Chaouat a d’abord rappelé qu’il y a
une modification de la ventilation au cours du
minution de la chémo-réponse qui diminue le risque d’éveil par l’hypoxie ou l’hypercapnie.
sommeil avec une diminution de l’activité des centres respiratoires, une diminution de la chemosensibilité et une augmentation de la résistance des
voies aériennes supérieures (VAS). Le niveau de
désaturation nocturne corrèle globalement avec le
niveau d’oxygénation diurne, mais la réponse pour
un individu n’est pas complètement prévisible. Il
nous a montré deux courbes de désaturation pour
deux patients avec les mêmes niveaux de gaz du
sang au repos pendant la journée mais par contre
des courbes de désaturation nocturne complètement différentes : 30% de différence en temps de
désaturation en dessous de 90% de saturation en
oxygène (SaO2). Ceci est explicable par la courbe
de désaturation de Barcroft où le point crucial est
où le patient se situe sur le coude de la courbe
[Chaouat et coll. ERJ]. Il existe une corrélation
étroite entre la saturation moyenne à l’éveil et le
niveau de désaturation au cours de la nuit
[Bradley et coll. Chest 1990] qui renforce cette idée
que le niveau de désaturation dépend de la satura-
Dans le sommeil paradoxal il y a une diminution du tonus des muscles accessoires avec une
réduction accrue de la capacité fonctionnelle résiduelle (CFR). Finalement il y a une augmentation
de la résistance des voies aériennes supérieures et
une augmentation de la discordance de la ventilation et de la perfusion pendant le sommeil. En
constatant ces changements dans les échanges gazeux lors du sommeil chez les patients BPCO, il
est important d’apprécier leurs conséquences hémodynamiques. Déjà en 1978 Coccagna et Lugaresi ont montré une nette augmentation de la pression artérielle pulmonaire (PAP) surtout lors du
sommeil paradoxal avec une PAP bien au delà de
50 mm Hg. Fletcher et Levin [1984] ont montré
que l’OLD > 15 heures par jour pouvait diminuer
cette augmentation de la PAP en corrigeant la saturation nocturne. Weitzenblum et coll. [1982] ont
regardé dans les détails ces réponses en PAP selon
la désaturation nocturne et ont montré les réponses en PAP en fonction des désaturations lors du
tion de base.
sommeil. Mais la réponse semble individuelle seQuels sont les mécanismes possibles de désa-
lon l'étude de Fletcher et Levin [1984] avec des
turation nocturne ? D’abord le point de départ sur
patients BPCO répondeurs et des autres non-
la courbe de Barcroft. Puis le fait qu’il y a une di-
répondeurs.
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Il semble donc qu’il y ait des patients susceptibles de développer une hypertension artérielle
pulmonaire même permanente suite à des désaturations nocturnes [Block 1979]. Levi -Valensi [1994]
a développé ces idées en montrant que les patients
désaturateurs au cours du sommeil sont ceux qui
présentent les augmentations de PAP les plus importantes.
ont étendu ces résultats en faisant des épreuves
d’effort et des polysomnographies chez 31 patients BPCO et ont montré qu’il y avait des conséquences cardiaques liées à des désaturations nocturnes comparables à celles vues lors de l’épreuve
d’effort. Ces données suggèrent qu’il existe un
« stress hypoxique coronaire » pendant le sommeil
et il est possible comme hypothèse que ce stress
puisse être un facteur de mortalité nocturne chez
Le Pr A. Chaouat en 1997 a comparé les données des patients « désaturateurs » et « non désaturateurs » et montré que les non-désaturateurs
avaient moins d’élévation de la PaCO2 à l’éveil. Des
études supplémentaires (1999 -2001) n’ont pas trouvé de différence dans le temps et entre les patients
sous oxygène nocturne et non plus entre les patients désaturateurs et non-désaturateurs. Les auteurs ont conclu que l’hypoxémie nocturne isolée
des BPCO ne semble pas favoriser le développement d’une hypertension pulmonaire permanente.
Autre question concernant les effets de l’hypoxémie au cours du sommeil : peut-elle induire
une polyglobulie ? puisqu’une hypoxémie permanente et sévère est une cause de polyglobulie. Lorsque l’hypoxie diurne est modérée (PaO2 à l’éveil >
60 mm Hg) aucune étude n’a démontré que les patients désaturateurs nocturnes présentaient une
masse globulaire significativement plus élevée que
les non désaturateurs.
les patients BPCO sévères. Ceci est pertinent car
Sanders et coll. [Am J R CCM 2003] ont étudié
presque 5000 patients BPCO de tout niveau de
gravité et au niveau de cette population il y a un
moins bon sommeil chez les patients les plus sévèrement atteints, confirmé par Buysse et coll. Les
patients BPCO se plaignent souvent d’un mauvais
sommeil avec un temps de sommeil total et une
efficacité du sommeil diminués, ainsi qu’une latence d’endormissement augmentée. Mais il
n’existe pas de preuve réelle que ses problèmes de
sommeil soient la conséquence directe des désaturations nocturnes. Par contre, il semble que la sévérité de la désaturation nocturne ait un effet sur
le pronostic mais pas de manière indépendante.
Fletcher et coll. ont montré que la survie des patients semblait liée aux épisodes de désaturation
en dessous de 85%, alors qu’elle n’était pas liée de
façon significative au pourcentage de temps passé
pendant la nuit à une saturation <90%. Le Pr
Les autres conséquences de l’aggravation de
Chaouat et ses collègues ont comparé 35 patients
l’hypoxémie au cours du sommeil peuvent être
désaturateurs nocturnes à 29 patients non désatu-
cardiovasculaires. Ainsi, Tirlapur [1982] a montré
rateurs où l’ensemble des patients avaient une
les effets de la désaturation chez les BPCO sur l’in-
PaO2 à l’éveil comprise entre 56 et 69 mm Hg et ils
cidence des extrasystoles et le décalage du seg-
n’ont pas trouvé de différence sur la survie
ment ST de l’ECG [1982]. Shepard et coll. [1982]
[Figure 1].
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CONCLUSION :
Les désaturations nocturnes isolées sont fréquentes dans la BPCO et sont liées à la sévérité des
anomalies des gaz du sang diurnes. L’insuffisance respiratoire chronique grave a un impact cardiovasculaire important. On ne sait pas encore si l’hypoxémie diurne modérée ou absente associée à des
désaturations nocturnes a de réelles conséquences cliniques et pour le moment ne méritent pas de
traitement spécifique. Cette question est en étude dans l’Etude LOTT en cours aux Etats Unis.
Figure 1 : Impact sur l’espérance de vie (D’après Chaouat et coll. Eur Respir J 2001).
35 patients désatureurs nocturnes comparés à 29 patients non désatureurs.
L’ensemble des patients avaient une PaO2 à l’éveil comprise entre 56 et 69 mmHg
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Références bibliographiques
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OXYGENOTHERAPIE AU LONG COURS :
COUT ET EFFICACITE COMPARES DES DIFFERENTS DISPOSITIFS
Pr Boris MELLONI,
Hôpital Dupuytren - Limoges
Le Pr Melloni a abordé le problème du coût
tre les dispositifs disponibles. Dans ce genre d’é-
des différents dispositifs d’oxygénothérapie par
valuation, il y a beaucoup de réponses à identifier
rapport à leur efficacité. La plupart des patients
tout d’abord sur une utilisation efficace, sur les
sous oxygène (O2) ont une BPCO et sont âgés de
effets de l’hypoxie tissulaire comme l’hyperten-
plus de 65 ans et un certain nombre d’entre eux
sion artérielle pulmonaire (HTAP) et les critères
continue à fumer. Il existe une grande variabilité
neuropsychologiques ; et par la suite sur les béné-
dans l’utilisation des dispositifs d’oxygénothéra-
fices les plus pratiques comme le nombre d’hospi-
pie d’une région à l’autre et d’un pays à l’autre et
talisations, la qualité de vie et la tolérance à l’ef-
il existe aussi très peu d’études comparatives en-
fort.
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Sur le plan du rapport coût/efficacité, Chan-
tèmes liquides, le patient reste dépendant du rem-
dra a trouvé par le calcul des années de qualité de
plissage de la cuve de stockage par les prestatai-
vie gagnées (QALY) que l’oxygénothérapie est ef-
res. La Haute Autorité de Santé a publié en 2012
ficace pour nos pays autour d’un prix de $50 000
des recommandations sur le bon usage de ces
par an et par personne mais ceci pose des ques-
technologies. Dans ses textes, la HAS met en garde
tions sur la meilleure façon dont il faut évaluer
les patients ayant besoin d’un haut débit d’oxygè-
l’efficacité des systèmes utilisés soit sur l’obser-
ne >3 l/ min, car beaucoup de ces systèmes à débit
vance, la tolérance à l’effort ou la qualité de vie ;
intermittent s’avèrent inadaptés.
ces éléments sont capitaux dans des études de
comparaison des dispositifs disponibles.
En réalité, il existe peu d’études comparatives. En 1989, Vergeret a publié une étude de l’ANTADIR et a conclu que les patients ont un bénéfice
Il existe peu de données pour nous aider à
décider quel dispositif choisir pour quel patient. Il
convient d’abord de considérer que l’oxygène
peut être délivré soit par des concentrateurs soit
par des bouteilles d’oxygène soit par l’oxygène
liquide. Il existe des systèmes hybrides avec
concentrateur d’oxygène plus compresseur intégré
qui permettent le remplissage de la bouteille portable. Il existe aussi des appareils portatifs qui
permettent aux patients de déambuler et plus récemment l’utilisation des concentrateurs portables
d’oxygène. La plupart de ces systèmes apportent
l’oxygène à l’aide d’une valve économiseuse, permettant une utilisation plus prolongée d’oxygène,
mais leur efficacité varie selon la valve utilisée et
selon le débit inspiratoire du patient (fréquence
respiratoire, volume inspiré et débit généré).
avec les systèmes portatifs s’ils se mobilisent plus
de trois heures par jour. En réalité, comme montré
par Locke et Pépin, seule la moitié des patients ont
une observance à l’oxygénothérapie de déambulation. Arnold et coll. ont publié un travail mené par
entretiens auprès des patients concernant leur vécu sous oxygénothérapie de longue durée. Les patients ont rapporté un manque d’explication et de
perception des bénéfices de l’oxygène de déambulation. Il existe aussi une réticence d’utilisation de
la part des patients liée au regard des autres et à
l’encombrement de l’appareillage. Casaburi en
2012 n’a pas non plus identifié de bénéfice en termes d’utilisation à l’usage des systèmes plus petits
pour la déambulation. Lors de la même étude randomisée, 22 patients portaient un obus portable
léger ou non et sur une période de 15 jours. Il n’y
avait pas de différence sur le niveau d’activité en-
Ces systèmes sont conçus pour aider les patients à déambuler mais leur utilisation peut être
limitée en raison de la crainte de certains patients
tre les patients qui utilisent la petite bouteille
d’oxygène en comparaison avec un plus grand
obus sur chariot.
(par manque d’information et difficulté d’utilisation). Les patients ont peur de la panne du systè-
Une équipe polonaise a évalué l’effet appor-
me et craignent le regard des autres. Avec les sys-
té par l’oxygène liquide portable à 30 patients sous
oxygène en comparaison avec l’utilisation seule-
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ment d’un poste fixe. Les effets évalués étaient la
leur choix suite à de nouvelles directives euro-
distance de marche, la dyspnée, les activités de la
péennes selon lesquelles il faut une évaluation cli-
vie quotidienne, la dépression et l’hématocrite.
nique de chaque nouveau dispositif arrivant sur le
Après six mois d’utilisation du concentrateur, il y
marché.
avait une amélioration des paramètres étudiés.
Apres six mois d’utilisation de concentrateur, on
Pour évaluer les concentrateurs portables,
passe les patients à un système d’oxygène liquide
l’ANTADIR a comparé les nouveaux concentra-
et il y avait une amélioration encore des paramè-
teurs portables avec l’oxygène liquide sur des tests
tres. Les auteurs ont conclu que l’oxygène liquide
de marche de 6 minutes (TM6), la saturation de
améliore le nombre d’heures sous oxygène avec
repos et d’effort et sur la dyspnée. Au moyen d’é-
des bonnes conséquences en termes de capacité à
chelles visuelles analogiques, les patients ont aussi
l’exercice et de qualité de vie [Figure 1].
fait des appréciations de chaque appareil sur le
plan de la tolérance, du bruit, de la portabilité et
Le Pr Melloni a ensuite décrit le système d’é-
de la maniabilité des réglages.
valuation clinique des dispositifs médicaux pour
voir leur efficacité et utilité pour les patients.
Il est également nécessaire de faire des évaluations économiques pour évaluer les coûts di-
L’objectif est d’aider les prescripteurs dans
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rects et indirects. On voit que les tarifs de remFLASH INFO
boursement de l’oxygénothérapie aux prestataires
des systèmes assurant une saturation de plus de
définis par la LPP (Liste des Produits et Presta-
90% avec adaptabilité de débit. Mais tous ces nou-
tions) sont un tarif hebdomadaire pour une pres-
veaux systèmes sont à évaluer, vu les coûts engen-
tation qui est plus qu’un simple contrat de fourni-
drés pour l’assurance maladie.
ture d’équipement. On voit que les tarifs vont de
41,40 € par semaine à 108,90 € par semaine pour
l’oxygène liquide à haut débit. L’assurance maladie en France prévoit de diminuer de moitié ces
tarifs.
EN CONCLUSION :
Il existe une gamme de dispositifs qui s’élargit et donne la possibilité d’adapter l’oxygène
en fonction de la saturation du patient soit au
repos, soit à l’exercice ou lors du sommeil ce qui
Pour calculer les coûts, on regarde le prix
donnera des possibilités plus affinées de pres-
d’achat du matériel qui varie beaucoup : de 300 €
cription aux médecins mais aussi une obligation
pour un concentrateur fixe à 3 000 € pour un
d’évaluer scientifiquement ces nouveaux dispo-
concentrateur portable. Dans les prestations pour
sitifs.
fournir l’oxygène, il faut considérer également le
coût des consommables qui varient de 2 € par se-
Références bibliographiques
maine à 14 € par semaine pour un système de
Chandra K. et al. Ontario Health Technology Assessment Series
2012;12:1-61
concentrateur avec compresseur pour remplir des
Haute autorité de santé : Oxygénothérapie à long terme : choisir
la source la mieux adaptée - Mai 2012 - Fiche de Bon Usage de la
Commission Nationale d'Evaluation des Dispositifs Médicaux et
des Technologies de Santé (CNEDiMTS). 2012
bouteilles supplémentaires en même temps. Mais
bien fournir l’oxygène et donner une prestation de
prise en charge à domicile revient à une chose
plus importante qu’un simple achat de matériel.
Le Pr Melloni montre la répartition des coûts de
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1274861/oxygenotherapie
-a-long-terme-choisir-la-source-la-mieux-adaptee-mai-2012-fichebuts
Vergeret J, Brambilla C, Mounier L. Portable oxygen therapy: use
and benefit in hypoxaemic COPD patients on long-term oxygen
therapy. Eur Respir J. 1989 Jan;2(1):20-5.
l’OLD en fonction du dispositif. Avec un forfait
LPP plus élevé, la marge sur l’oxygène liquide
pour le prestataire est moindre, vu le coût de
l’oxygène liquide et le coût d’approvisionnement.
Avec les évolutions, on voit apparaître des changements dans le marché de l’oxygène à domicile
au fil des années via les données sur la Centrale
d’Achat de L’ANTADIR. La part de marché de
l’oxygène liquide diminue au profit de la part prise par les concentrateurs portables et les systèmes
de remplissage. Les perspectives pour l’avenir
sont liées à des développements techniques tels
que les systèmes permettant de contrôler la FiO2 et
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Arnold E, Bruton A, Donovan-Hall M, Fenwick A, Dibb B,
Walker E. Ambulatory oxygen: why do COPD patients not use
their portable systems as prescribed? A qualitative study. BMC
Pulm Med. 2011;11:9.
Casaburi R, Porszasz J, Hecht et al for; COPD Clinical Research
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use and activity patterns of COPD patients receiving long-term
oxygen therapy. COPD. 2012;9(1):3-11
Czajkowska-Malinowska M, Połtyn B, Ciesielska A, Kruża K,
Jesionka P Comparison of the results of long term oxygen therapy
in patients treated sequentially using stationary or a portable
source of oxygen. Pneumonol Alergol Pol. 2012;80(4):308-16
Couillard A, Foret D, Barel P, Bajon D, Didier A, Melloni B,
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JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Texte 132 sur 134LPP Journal Officiel du 20 juillet 2006.
http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf//jopdf/2006/0720/joe_200607
20_0166_0132.pdf
http://www.antadir-assistance.com/Nos-services/Centrale-dachats-Antadir-assistance
17ème CPLF 2013
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OXYGENOTHERAPIE DANS DIFFERENTES SITUATIONS :
EXERCICES, VOYAGES, AUTRES...
Dr Daniel VEALE,
Centre Médical H. Bazire - Saint Julien de Ratz
L’oxygénothérapie date de longtemps mais
Tout ceci nous laisse avec beaucoup de ques-
le début de l’oxygénothérapie de notre ère date
tions sans réponse : sur l’hypoxie modérée, sur
de deux études phares réalisées dans les années
l’hypoxémie nocturne, sur la désaturation à l’ef-
70’s et publiées en 1981 (études NOTT et MRC).
fort. De plus, la gamme de médicaments et la
En regardant de prés les détails de ces études, les
technologie disponible aujourd’hui ont évolué.
patients avaient presque la soixantaine et ont
Malgré cela, la base scientifique de la prise d’oxy-
commencé à fumer avant et pendant la deuxième
gène par des millions de personnes dans le mon-
guerre mondiale. De ce fait, leur vécu est complè-
de reste basée sur deux études portant sur à peu
tement différent de celui des patients d’aujourd-
prés 200 patients au total ! Bien sur face à des cas
’hui. Il n’y avait que 9 femmes traitées par oxygè-
réels, les choses évoluent et la situation mainte-
ne (O2) dans l’une de ces études. La pression arté-
nant est que de nombreux patients sont sous oxy-
rielle en oxygène (PaO2) moyenne était de
génothérapie sans rentrer dans les indications
51mmHg et les patients étaient hypercapniques
établies par les sociétés savantes et la tutelle de
avec une PaCO2 moyenne de 54 mm Hg. Leurs
santé.
antécédents, ainsi que leurs expositions environnementales et leurs traitements disponibles
étaient différents de notre époque, ainsi que leur
activité physique et leur nutrition. En revanche
aujourd’hui, on traite autant de femmes que
d’hommes. On traite des gens nés après la
deuxième guerre mondiale et depuis beaucoup
d’autres traitements ont été développés : tels que
la ventilation non invasive (VNI), les traitements
cardiaques, l’aide à l’arrêt du tabac, l’aide à la
nutrition, et la réhabilitation et de plus les possibilités technologiques ont évolué, avec par exemple les saturomètres et la découverte de l’apnée
du sommeil.
La Fédération Antadir a montré que 18% des
patients étaient mis sous oxygénothérapie de longue durée (OLD) « hors indication ». Dans cette
étude, les auteurs ont comparé les données démographiques, fonctionnelles et la survie des patients selon le niveau des gaz du sang au moment
de l’enregistrement dans l’Observatoire de l’Antadir et les résultats montrent que 18.5% des patients avaient une PaO2 >60 mm Hg à ce moment
là. Le volume expiratoire maximal à la première
seconde (VEMS) était le même entre les groupes
mais les patients avec une PaO2 >60 mm Hg
avaient plus de diagnostics d’emphysème et une
PaCO2 plus basse. Ces patients moins hypoxiques avaient plus souvent une prescription
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d’oxygène liquide. La survie était réduite autant
tion < 95% ou qui sont hypercapniques par un
pour les patients avec une PaO2 >60 mm Hg que
test à l’hypoxie. L’étude de la population âgée
les autres patients, donc très diminuée en compa-
sous oxygénothérapie a montré qu’il y avait beau-
raison avec la population normale du même âge.
coup de comorbidités dans cette population. Les
Les auteurs ont conclu que des études supplé-
auteurs ont indiqué que l’oxygénothérapie était
mentaires prospectives étaient nécessaires dans
aussi associée à un risque accru de sédentarité.
cette population.
Ces patients âgés ont besoin d’une réhabilitation
Dans le cadre d’une enquête nationale, la Fédération Antadir a interrogé les prescripteurs sur
respiratoire avec évaluation respiratoire et psychologique.
les raisons pour lesquelles ils choisissaient de
mettre de l’oxygène au patient. Les questionnai-
Ceci pose la question sur l’O2 à l’effort chez
res ont été envoyés à 2081 prescripteurs dans 20
les BPCO et cette question pose une série d’autres
associations. Avec 654 réponses après deux en-
questions sur ce que doivent être les objectifs
vois, 533 soit 82,8% des prescripteurs ont déclaré
d’un tel traitement. Est-ce pour la survie, pour
avoir prescrit l’OLD avec une PaO2 >60 mm Hg.
aider les gens à faire plus d’exercice, pour amélio-
Les répondeurs ont prescrit pour des indications
rer la dyspnée, pour aider la réhabilitation ou est
qui semblent raisonnables. La plupart ont cité 3
ce dans le but d’améliorer la qualité de vie ? Il
ou 4 raisons pour prescrire ainsi, telles que la dé-
existe des raisons théoriques pour tirer bénéfice
saturation nocturne, la désaturation à l’effort, les
d’une supplémentation en O2 durant l’exercice
hospitalisations répétées, ou une décompensation
dans la BPCO : amélioration de la tolérance à
cardiaque.
l’exercice par différents mécanismes et notam-
Par la suite, la Fédération Antadir a conduit
ment stimulation des chémorécepteurs caroti-
une série d’études relatives aux besoins des pa-
diens, vasodilatation dans les artérioles pulmo-
tients sous oxygénothérapie dans des circonstan-
naires, diminution des résistances des voies aé-
ces particulières, telles que l’oxygénothérapie lors
riennes, augmentation du contenu artériel en O2,
des voyages. Dans ce cadre, il est nécessaire d’é-
réduction de l’hyperinflation et amélioration du
valuer les patients pour connaitre leur besoin en
volume d’éjection systolique. En pratique, l’oxy-
oxygène en vol. La littérature indique que les pa-
génothérapie administrée aux BPCO hypoxémi-
tients BPCO avec un VEMS <50% ou un périmè-
ques lors des tests d’évaluation avant réhabilita-
tre de marche < 50m ont probablement besoin
tion respiratoire améliore les performances à l’ef-
d’oxygène en vol, et s’ils ont un VEMS <1L ou
fort. Il semble que ces bénéfices décrits à court
s’ils sont hypercapniques ils ont besoin d’un test à
terme ne soient pas forcément transposables sur
l’hypoxie. Chez les patients avec une maladie res-
du long terme. Il semble que l’oxygénothérapie
trictive, il faut évaluer ceux qui ont une capacité
puisse permettre d’atteindre plus rapidement des
vitale (CV) <50% de la théorique, ou une satura-
performances plus importantes.
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Les recommandations britanniques (British conclure que le prescripteur détient les éléments
Thoracic Society, 2001) proposent une supplémen- nécessaires à une bonne observance de l’oxygénotation en 02 au cours du réentraînement à l’effort thérapie. Pour cela, il faut des indications bien poquand la saturation en oxygène est ≤ 90% lors des sées, une bonne éducation et un suivi médicotests préliminaires. En pratique, la supplémenta- technique. Des études de cohorte, telle que celle
tion en O2 des BPCO hypoxémiques non oxygéno- menée actuellement par la Fédération Antadir,
dépendants lors du réentraînement est en général sont nécessaires pour déterminer les facteurs proproposée s’il existe une amélioration de la dyspnée nostiques de survie de patients BPCO sous OLD en
de 1 point sur l’échelle visuelle analogique (EVA) fonction du niveau d’hypoxémie initiale au repos
ou une augmentation de >10% de la distance par- et des critères gazométriques ayant incité à l’OLD
courue lors du test de marche de 6 minutes. L’ob- et en considérant également l’impact des facteurs
jectif est d’assurer une SaO2 ≥ 90%.
nutritionnels, cardio-vasculaires, l’existence
de
comorbidités et la réalisation ou non d’une réadapMais pour bien bénéficier de l’oxygène, il faut
tation à l’effort.
une bonne adhérence à l’oxygène et suite à des études menées par la Fédération Antadir, on peut
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FLASH INFO
VENTILATION NON INVASIVE DES BPCO :
QUELS SONT LES RESULTATS DES DERNIÈRES ETUDES
DE LONGUE DUREE ?
Pr Jean-François MUIR,
Hôpital de Bois Guillaume - Rouen
Le Pr Muir a parlé des résultats des dernières
Dans la durée, on voit que les patients BPCO
études de longue durée portant sur la ventilation
ont moins de probabilité de continuer la VNI que
non
les patients restrictifs mais une adhérence dans la
invasive
(VNI)
des
patients
Broncho-
Pneumopathes Chroniques Obstructifs (BPCO).
durée meilleure que les patients avec une dilata-
Il a commencé par un bref rappel de l’histoire de la ventilation non invasive, qui débute avec
des appareils de VNI par pression négative avec
les poumons d’acier et des ponchos, décrit dans
des études des années 1980s. Ces études ont montré des améliorations des gaz du sang à court et à
moyen terme par ce genre d’appareillage. Mais les
résultats étaient très variables avec un nombre d’é-
tion des bronches ou une sclérose latérale amyotrophique (SLA) [Muir et coll. Chest 1999]. En regardant ces études on perçoit qu’il faut regarder
sur quels critères on a évalué l’efficacité de la ventilation et le Pr Muir a mentionné plusieurs études
de synthèse par méta analyse des évaluations de
la VNI. Il est évident que la VNI améliore l’oxygénation - données confirmées dans toutes les études, même si les études randomisées contrôlées
checs et des études négatives.
sont moins nettes.
Avec l’arrivée de la VNI par pression positive soit volumétrique ou barométrique, on a assisté
En ce qui concerne la PaCO2, les données ne
à une explosion d’indications et une augmentation
sont pas aussi nettes. Dans des études non-
importante du nombre de patients ventilés. Par
randomisées aussi bien que dans les études rando-
exemple, dans l’article de Janssens et coll. publié
misées, on voit que les études manquent en nom-
dans Chest en 2003, on voit cette explosion du
bre d’inclus avec des intervalles de confiance lar-
nombre de patients ventilés et surtout pour des
ges et que la moyenne pondérée traverse la ligne
patients avec obésité hypoventilation ou BPCO.
de zéro effet, ce qui met un doute sur la force de
On montre un net bénéfice et une bonne utilisation
l’évidence. De plus, la méta-analyse des papiers
de la VNI dans toutes les insuffisances respiratoi-
sur les bénéfices de la VNI sur la qualité de som-
res chroniques (IRC) de tous diagnostics en com-
meil ne montre pas d’effet positif clair.
paraison avec la trachéotomie et l’oxygénothérapie.
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17ème CPLF 2013
FLASH INFO
Le Pr Muir est ensuite entré dans les détails
d’insuffisance respiratoire aigue (IRA) avec hospi-
des études les plus pertinentes. Casanova dans
talisation versus une oxygénothérapie de longue
Chest en 2000 a rapporté sur 52 patients suivis
durée seule (OLD). Ceci est une étude multicen-
pendant un an et a montré que la VNI diminue le
trique française sur six sites recrutant des patients
nombre d’hospitalisations à trois mois, réduit la
BPCO qui ont survécu à un épisode de décompen-
dyspnée aussi à six mois et améliore un score de
sation aigue et arrêté la VNI un minimum de sept
fonction neurophysiologique a six mois. Clini et
jours après récupération en restant avec des gaz
coll. ont publié dans l’ERJ en 2002 un rapport sur
du sang stable. Les patients sont par la suite ran-
un suivi de 122 patients pendant deux ans et ont
domisés à l’oxygénothérapie ou VNI + OLD et on
fait ressortir une amélioration des gaz du sang et
voit les événements de décompensation et la mor-
de la dyspnée, mais pas de réduction du nombre
talité sur deux ans. Le critère de jugement princi-
d’hospitalisations, ni d’amélioration de la distance
pal est la survenue d’au moins une exacerbation
parcourue au test de marche de six minutes
avec IRA. Les résultats des examens habituelle-
(TM6).
ment réalisés dans cette population seront colli-
Le Pr Muir a publié un rapport sur le suivi
sur plusieurs années et a montré un petit avantage
en survie pour les patients sous VNI en comparaison avec ceux sous oxygénothérapie ; surtout chez
les patients âgés de plus de 65 ans. M c E v o y
a
publié dans Thorax une étude similaire randomisée et contrôlée et a montré aussi une amélioration
de la survie en faveur de la VNI mais sans avantage sur la qualité de vie. Funk et coll. ont étudié 26
patients BPCO dans l’année après une décompensation et qui ont une hypercapnie persistante.
Ceux qui étaient randomisés à continuer leur VNI
avaient moins de déclin clinique que ceux qui
étaient en arrêt de la VNI.
gés : épreuves fonctionnelles respiratoires, gaz du
sang, test de marche de six minutes, échelles de
qualité de vie et échocardiographie. Une analyse
médico-économique sera réalisée. Les patients seront suivis à un mois de l’inclusion, puis tous les
six mois pour une durée de deux ans. Cette étude
est très pertinente car c’est dans une décompensation que la plupart des BPCO sont initiés à la VNI
et la question toujours posée est celle de continuer
ou non après récupération.
On discute ensuite le papier de DREHER M
et coll qui ont réalisé une étude randomisée, ouverte, croisée comparant deux modes de VNI : une
période de VNI en mode assisté contrôlé avec une
IPAP entre 14 et 16 mbar et une période avec une
Le Pr Muir nous a décrit l’étude NIVOLD
IPAP maximale en mode contrôlé. 17 patients ont
actuellement en cours. Les bénéfices de la VNI au
été inclus. En VNI haute pression (VNIH), les pa-
long cours chez ces mêmes patients à l’état stable
ramètres moyens ont été IPAP 28.6 ±1.9 mbar,
restent mal identifiés. L’objectif de cette étude ran-
EPAP 4.5±0.7 mbar et Fréquence respiratoire
domisée contrôlée et multicentrique est d’évaluer
17.5±2.1 l/min ; en VNI basse pression (VNIB), les
les bénéfices d’une VNI au domicile des patients
paramètres ont été respectivement 14.6±0.8 mbar,
atteints de BPCO et ayant survécu à un épisode
4,0±0 mbar et 15.3±2 /min. La VNIH par rapport
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FLASH INFO
à la VNIB a augmenté les volumes inspiratoires de
signes cliniques d’hypoventilation alvéolaire noc-
325 ml et expiratoires de 95 ml avec des fuites plus
turne en cas de PaCO2 > 55 mm Hg. Il faut pren-
importantes (226 ml) au niveau du masque. L’ad-
dre en compte l’instabilité clinique et la fréquence
hérence au traitement a été plus élevée sous VNIH
élevée des hospitalisations pour décompensation,
par rapport à VNIB. La PaCO2 nocturne a régressé
mais le Pr Muir a insisté sur l’importance des don-
sous VNI avec une différence signification de
nées cliniques dans ces choix car une PaCO2
VNIH par rapport à la VNIB de -9.2 mm Hg
>55mm Hg au repos et stable n’est pas en lui seul
(p=0.001). Il n'a pas été observé de différence si-
l’indication de VNI pour les patients BPCO.
gnificative entre les deux modalités de VNI pour
[Figure 1]
la qualité de vie, la Pi max et les tests fonctionnels
respiratoires. Par rapport à l'état de base, seule la
VNIH a amélioré les symptômes, la PaCO2 nocturne et diurne, la fonction respiratoire, la dyspnée
après le TDM6 et la qualité de vie. La VNI haute
pression en mode contrôlé, est mieux tolérée (3h
de plus de VNI chaque nuit) par les patients
BPCO avec sévère hypercapnie et contrôle mieux
l'hypoventilation nocturne. Par contre, son adaptation nécessite une hospitalisation plus longue et
entraine un volume de fuite plus important.
Ce qui a changé récemment dans la VNI sont
les possibilités données par les développements
techniques avec des ventilateurs plus performants
qui arrivent sur le marché. Ces ventilateurs ont la
possibilité de contrôler plus précisément surtout
sur le plan du monitorage car on peut examiner
des courbes et tendances qui permettent de ventiler les patients avec plus de surveillance et précision et d’adapter les réglages avec plus de subtilité. Les données nous permettront de mieux définir les critères actuels de qualité de la VNI noctur-
Le Pr Muir a rappelé les indications pour la
ne qui sont : une SaO2 < 90% pendant au moins
VNI chez les patients BPCO par les sociétés savan-
10% du temps d’enregistrement (TE), une ventila-
tes. Ces indications sont assez communes de 1999
tion minute stable > 75 % TE, des fuites significa-
à 2003 comme les recommandations de la SPLF
tives < 25% TE et une diminution de la PtcCO2.
qui sont la situation d’échec de l’OLD avec des
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17ème CPLF 2013
FLASH INFO
EN CONCLUSION :
Dans l’état actuel des connaissances, le niveau de preuve scientifique est insuffisant chez les patients insuffisants respiratoires obstructifs et mixtes. On a besoin de mieux identifier des répondeurs, sur des bons critères d’efficacité, mais nous avons besoin d’être plus clairs sur quel «end
point» il faut pour évaluer ces réponses, comme le confort, la qualité de vie, l’activité journalière par
actigraphie et bien sûr la survie. Il faut aussi prendre en compte l’incidence de l’évolution technologique des respirateurs.
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FLASH INFO
POURQUOI EST-IL SI DIFFICILE DE DEMONTRER
LES BENEFICES CLINIQUES DE LA VENTILATION NON INVASIVE
CHEZ LES PATIENTS BPCO ?
Dr Claudio RABEC,
Service de Pneumologie et Soins Intensifs Respiratoires, Centre Hospitalo-universitaire - Dijon
Le Dr Rabec a commencé en reconnaissant qu’il
s’agit d’une question à laquelle il est difficile de
répondre. Et devant la complexité de cette interrogation, il a proposé d’explorer le sujet en profondeur, en posant deux autres questions qui lui semblent aussi pertinentes :
importants pour la société.
En réalité, la part de la BPCO parmi le collectif
des patients ventilés est très variable selon le pays.
Dans les pays du nord de l’Europe, on ventile peu
les BPCO comparativement au sud de l’Europe,
selon l’étude Eurovent. Les épidémiologistes nous
1 - Pourquoi continuer à ventiler les patients
BPCO s’il n’y a pas de bénéfices cliniques prouvés ?
2 - Pourquoi continue- t- on à chercher des bénéfices afin de pouvoir continuer à les ventiler ?
Une tentative de réponse à la première question
repose sur le fait que la Broncho- Pneumopathie
Chronique Obstructive (BPCO) représente un
fléau irréversible et progressif, très prévalent et
handicapant ponctué d’événements répétés tels
que les exacerbations, et responsable de coûts très
expliquent que le nombre de patients atteints de
BPCO continue de croître. De ce fait, on peut s’attendre à une grande augmentation du nombre de
patients BPCO ventilés dans les années à venir.
D’ailleurs, cette tendance se précise déjà ces dernières années si l’on regarde quelques données
comme celles de l’étude Suisse publiée par l’équipe de Jannsens [Chest 2003] et les données de
l’Observatoire de l’Antadir [Figure 1].
Figure 1 : Ventilation par masque ± oxygène : évolution des étiologies au 31 Décembre.
D’après les données de l’Observatoire de l’Antadir—2009
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FLASH INFO
Il existe des arguments pour justifier cette
par une fréquence élevée des hospitalisations pour
montée du nombre de patients BPCO ventilés :
décompensation. La seule présence d’une PaCO2 >
d’abord la ventilation non invasive (VNI) a fait
à 55 mm Hg ne justifie pas à elle seule la mise en
preuve d’efficacité dans certaines étiologies d’in-
place d’une VNI au domicile. Au niveau Améri-
suffisance respiratoire chronique (IRC), surtout
cain, les indications sont : Symptômes cliniques
chez les patients porteurs de maladies restrictives
(céphalées matinales, dyspnée…) associés à l’un
par atteinte de la cage thoracique. En outre, la VNI
des éléments suivants : une PaCO2 ≥ 55 mm Hg
est efficace dans les décompensations aigues de
ou une PaCO2 entre 50 et 54 mm Hg associée à des
BPCO, et dans ces cas, il y a souvent une bonne
désaturations nocturnes caractérisées par une
tolérance à la VNI. On voit aussi une forte morta-
SpO2 ≤88% pendant cinq minutes sous un débit
lité chez les patients BPCO qui restent hypercapni-
d’oxygène ≥ 2 l/min, ou avec plus que deux hos-
ques après un épisode d’exacerbation.
pitalisations répétées pour insuffisance respiratoi-
En relation avec la deuxième question
(pourquoi continue-t-on à chercher des bénéfices
cliniques afin de pouvoir continuer à ventiler les
patients BPCO ?), le Dr Rabec l’aborde en expliquant qu’il y a encore plusieurs points non résolus
et que les éclairer permettra probablement d’apporter une réponse. Il formule ses hypothèses encore une fois en modalité de questions :
1°) Nous trompons-nous dans les cibles ? (ou « qui
ventiler ?»),
2°) Nous trompons-nous dans les stratégies de
ventilation ? (ou « comment les ventiler ?»),
3°) Nous trompons-nous dans les critères de jugement (ou «comment juger les résultats ?»).
re aigüe avec hypercapnie. Les recommandations
GOLD sont assez vagues en disant « La VNI associée à une oxygénothérapie de longue durée peut
s’avérer bénéfique dans un sous-groupe de patients sélectionnés, en particulier ceux avec une
hypercapnie diurne ».
L’orateur a passé ensuite en revue les études
publiées dans ce domaine. Il a signalé l’hétérogénéité des critères de jugement. Mais on peut néanmoins faire un constat : les études où la VNI a
montré le plus d’efficacité sont celles ayant recruté
les patients les plus hypercapniques. Toutefois, à
ce jour, il n’est pas clair si le niveau de PCO2 est
un élément de pronostic péjoratif chez ces pa-
En ce qui concerne les cibles, la première est
tients. Il y a même des études qui montrent qu’un
évidente : l’hypercapnie. On voit un certain man-
niveau d’hypercapnie s’associe à un pronostic fa-
que de certitude sur les bénéfices en examinant les
vorable, comme celle du Pr Chailleux publiée sous
critères suggérés par les sociétés savantes. Pour la
l’égide de l’Antadir [Chest 1996]. Ceci peut être
SPLF (2009) et la Haute Autorité de Santé en Fran-
expliqué par l’hypothèse que le niveau de la Pa-
ce (HAS 2012), les bonnes indications sont des si-
CO2 plus qu’un critère de sévérité est une réponse
gnes cliniques d’hypoventilation alvéolaire noc-
adaptative, visant à protéger les muscles respira-
turne associée à une PaCO2 supérieure à 55 mm
toires de la fatigue. De sorte qu’il faut peut être
Hg avec la notion d’instabilité clinique traduite
d’autres critères ou un ensemble de critères
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FLASH INFO
cumulés dans un score composite afin de mieux
volumes insufflés élevés et qu’ils ont nommé «
cibler les patients pouvant tirer bénéfice de la
ventilation de haute intensité ». Sa proposition
VNI. Par exemple, dans une étude publiée par
repose donc sur l’idée de ventiler ces patients avec
Budweiser et coll. l’état nutritionnel, l’hyperventi-
de fortes pressions d’insufflation et des fréquences
lation et un excès de base élevé, mais non l’hyper-
respiratoires élevées cherchant à quasi normaliser
capnie, se sont montrés comme facteurs indépen-
la PaCO2. En utilisant des pressions inspiratoires >
dants de pronostic. Il semble donc que le pronostic
30 cm H20 et des fréquences respiratoires > 23/
de l’IRC dans le BPCO est plutôt une affaire d'une
min, cette équipe a pu montrer des améliorations
multiplicité de critères. Puis le Dr Rabec a abordé
significatives de la PaCO2, avec pour corollaire
la question des stratégies de ventilation. Il a com-
une diminution significative du travail respiratoi-
mencé par souligner qu’à la différence d’autres
re du patient. Ces résultats se maintiennent au
causes d’hypercapnie, dont le mécanisme princi-
long cours et s’accompagnent d’ailleurs d’une
pal est une diminution du volume courant (Vt), la
amélioration des performances ventilatoires même
BPCO se caractérise en fait par une augmentation
en ventilation spontanée (après arrêt de la ventila-
de l’espace mort physiologique du fait de la majo-
tion) et de la qualité de vie évaluée par des outils
ration des inégalités ventilation/perfusion (V/Q).
spécifiques.
Si ces patients hypoventilent, ils le font tout en
conservant un volume courant élevé mais avec un
Le Dr Rabec a procédé à une analyse détaillée de
patron rapide et superficiel avec un passage pré-
la série de papiers publiés par cette équipe qui
coce de l’inspiration à l’expiration. Puisque le mé-
prône la ventilation à haute pression. D’après les
canisme d’hypoventilation chez ces patients est
auteurs, ce mode de ventilation est bien toléré, ne
différent de ceux d’autres étiologies d’hypoventi-
nuit pas à la qualité du sommeil et améliore même
lation, il faut donc ventiler les patients BPCO d’u-
l’observance, lorsqu’on le compare aux résultats
ne manière différente. S’ils ventilent à volume nor-
obtenus chez les mêmes patients en utilisant les
mal mais à espace mort élevé, il est logique que
paramètres classiques de ventilation. En outre, il
seules de fortes pressions d’insufflation pouvant
est suggéré qu’il puisse exister un bénéfice sur la
assurer de hauts volumes courants soient capables
survie des patients, même si aucune étude rando-
de corriger voire normaliser la PaCO2. On constate
misée n’a été menée dans ce sens à ce jour.
que la grande majorité des études négatives évaluant la ventilation dans la BPCO utilisent en fait
des faibles pressions d’insufflation.
controversés découlant de ces études. Le premier
est que malgré le plaidoyer du groupe allemand,
C’est sur cette hypothèse de travail que l’équipe
de Wolfgang Windisch (Cologne, Allemagne) a
proposé de ventiler ces patients faisant appel à des
Page 18
Mais l’orateur a mis l’accent sur deux points
s’ils ont été capables de démontrer un bénéfice de
la ventilation de haute intensité sur la pression
transcutanée nocturne en CO2 (tcPCO2) sous ventilation, ces résultats ne se traduisent pas par une
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amélioration significative de la PCO2 dans la jour-
sence d’un groupe contrôle et sévérité. Il est ainsi
née. Le deuxième est que les études publiées par
très difficile de tirer une conclusion globale. Néan-
l’équipe de Windisch comparant cette technique à
moins quelques méta-analyses publiées ces der-
une
pression s
niers temps apportent un peu de lumière sur l’af-
« conventionnelles » ont montré que l’effet moyen
faire. D’après ces méta-analyses, si la VNI n’a per-
différentiel en termes de volume expiré est d’à
mis d’obtenir qu’un résultat significatif sur la Pa-
peine 96 ml alors que celui des fuites est de 226
CO2, la survie ou le nombre d’hospitalisations, un
ml. Cela signifie que si l’on obtient avec des fortes
certain bénéfice semble exister en termes de PaO2,
pressions d’insufflation un gain en volume inspiré
Vt et pression inspiratoire maximale (PiMax). Une
de 325 ml, seulement 1/3 de ce volume se traduit
dernière grande étude randomisée publiée par
par une augmentation effective de la ventilation.
McEvoy et publiée après ces métaanalyses a mon-
Si, dans l’esprit des défenseurs de cette technique,
tré cette fois-ci un certain gain en terme de survie,
son efficacité est censée reposer sur une augmen-
mais au prix d’une moindre qualité de vie.
ventilation
avec
des
tation du volume courant ayant comme but de
normaliser la PCO2, les résultats restent difficiles à
expliquer par le gain en ventilation relativement
modeste constaté par les auteurs, surtout si l’on
considère que ces patients se ventilent à hauts volumes courants. Enfin, le Dr C. Rabec a souligné
que pour l’instant on ne compte que sur des études observationnelles concernant cette technique
et que toutes sont en provenance de la même équipe.
On peut donc imaginer que la VNI marche
mieux dans certains sous-groupes de patients avec
BPCO et donc il faut arriver à bien les cibler comme a conclu Kolodziez et coll. En outre, il parait
judicieux de juger les résultats des interventions en
utilisant des critères multiples d’efficacité en tenant
compte des aspects fonctionnels, des gaz du sang,
des paramètres cliniques (exacerbations, symptômes, qualité du sommeil, qualité de vie) et pronostiques (survie). Enfin, dans l’esprit de l’orateur, la
Cette série d’études pose donc d’autres ques- démonstration des bénéfices cliniques de la VNI
tions : la PaCO2 est- elle la bonne cible de la VNI ? chez les patients BPCO doit intégrer deux points
Ou dans d’autres termes « les améliorations por- fondamentaux :
tées par la VNI relèvent-elles d’une amélioration
de la ventilation exclusivement ? ».
1- Définir la meilleure stratégie ventilatoire et le
bon patient à qui l’appliquer,
En réponse à la troisième question (Nous 2- Définir le(s) bon(s) critère(s) de jugement pour
trompons-nous dans les critères de jugement ?), évaluer son efficacité.
l’orateur a souligné l’hétérogénéité des différentes
études en terme de critères de sélection, lieu d’adaptation, mode et paramètres ventilatoires, préPage 19
FLASH INFO
POUR CONCLURE : le Dr Rabec a avancé des réponses probables à la question sans réponse : Il est
fort probable qu’on doive ventiler ces patients avec des pressions plus élevées, il est fort probable
qu’un groupe (réduit ?) de patients puisse en tirer bénéfice avec deux groupes de patients qui paraissent incontournables : ceux avec des exacerbations répétées et une acidose plus sévère, et ceux “très”
hypercapniques à l’état de base, Il est fort probable qu’on doive utiliser un “panel” de critères de jugement (index composite ?), Il est sûr qu’il faut optimiser la ventilation au cas par cas sur une base
physiologique et vérifier son efficacité.
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LA VNI PEUT-ELLE ETRE UN ADJUVANT
A UN PROGRAMME DE REHABILITATION RESPIRATOIRE ?
Jean-Christian BOREL,
AGIR à dom - Grenoble
Pour répondre à cette question, JC Borel a
Le bénéfice fonctionnel d’un programme de
d’abord posé la question du contexte car il existe réhabilitation est associé à l’intensité de l’exercice.
plusieurs scénarios dans lesquels on peut proposer Cependant, peu de patients sévères tolèrent un réune ventilation non invasive (VNI) lors de la réha- entrainement à haute intensité. Dans une étude de
bilitation ; premièrement au cours des efforts pen- Wedzicha et coll [Eur Resp J 1998. 12: 363–369], les
dant un programme de réhabilitation, deuxième- patients qui avaient un handicap sévère n’avaient
ment, pour les patients en état stable en réhabilita- pas ou peu de bénéfices fonctionnels ou de leur
tion mais au décours de l’effort, troisièmement qualité de vie par rapport aux patients BPCO dont
pour les patients au décours immédiat d’une exa- le handicap avant réhabilitation était plus modéré.
cerbation dans le but de les aider à faire des efforts.
Premier cas de figure : Pourquoi utiliser la
VNI au cours des efforts chez le patient BPCO sévère, en état stable ?
Dans le même sens, Dreher et coll [Eur Respir J
2007; 29: 930–936] ont montré que l’utilisation d’une VNI à haute intensité associée à de l’oxygène
permettait d’améliorer la performance à l’effort et
de réduire la dyspnée chez 20 patients BPCO sévères par rapport à de l’oxygène seul. Van’t Hul et
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coll ont regardé les effets de la ventilation au cours
[Borghi-Silva, Thorax]. De plus, Van’t Hul et coll.
d’un exercice chez le patient BPCO stable et ont
ont montré que la VNI permettait d’obtenir une
conclu que l’insuffisance des muscles respiratoires
intensité de réentrainement sur ergocycle plus im-
(objectivée par la Pi max) était le principal déter-
portante par rapport à un groupe contrôle. Finale-
minant de l’amélioration de l’endurance sous VNI.
ment, Corner a fait une méta-analyse des études
Plusieurs autres études dans d’autres pathologies
sur le réentrainement à l’effort sous VNI et a trou-
(Insuffisance respiratoire pariéto-restrictive, obési-
vé cinq études sur six qui rapportent un bénéfice
té) mettent aussi en évidence que les patients les
sans risque d’abandon plus marqué. Au delà de
plus sévères sont les meilleurs répondeurs à la
l’amélioration des performances à l’effort, la VNI
VNI au cours des efforts. Les mécanismes d’amé-
utilisée au cours des efforts chez des patients sévè-
lioration des performances à l’effort ne sont pas
res pourrait permettre de réduire la fatigue et
complètement connus, cependant l’amélioration
donc d’améliorer la qualité de vie. En effet, Borel
de la ventilation au cours des efforts et la diminu-
et coll., ont montré une amélioration significative
tion du travail respiratoire permis par la VNI
de la fatigue (estimée par le score CRDQ) chez des
pourraient améliorer l’oxygénation tissulaire péri-
patients réentraînés sous VNI par rapport à un
phérique sans modification de l’hémodynamique
groupe contrôle réentraîné sans VNI. [Figure 1]
et réduire la fatigabilité des muscles locomoteurs
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Deuxième cas de figure : Quels effets de la rance et l’activité journalière, qui se traduit par une
nette amélioration du sentiment de fatigue dans le
VNI utilisée au décours de l’effort ?
Garrod et coll. ont rapporté une étude questionnaire CRQ ; avec un effet qui se prolonge
contrôlée incluant 40 patients BPCO. Après quatre après 2 ans de suivi.
semaines de réentraînement à l’effort, les patients
qui avaient bénéficié d’un réentraînement le jour et
Finalement pour le 3ième cas de figure, JC. Bo-
d’une VNI la nuit avaient une amélioration de la rel a regardé les données sur l’effet de la VNI au
distance parcourue lors du test de marche de 6 mi- cours d’une exacerbation de la BPCO. Dans ces cas,
nutes (TM6) et de la qualité de vie plus importante l’utilisation de la VNI au cours des efforts pourrait
que les patients qui avaient eu le réentraînement à permettre de débuter une rééducation fonctionnell’effort mais n’avaient pas eu la VNI nocturne. Dui- le précoce, comme rapporté par Menadue et coll.
verman et coll. ont regardé la même question et
ont montré un bénéfice de la VNI nocturne rajoutée au réentraînement en ce qui concerne l’endu-
EN CONCLUSION A LA QUESTION :
« La VNI peut-elle être un adjuvant à un programme de réhabilitation respiratoire ? »
JC Borel répond que la VNI peut être utilisée au cours des efforts pendant un programme de réhabilitation, chez les patients les plus sévères avec faiblesse des muscles respiratoires avec une augmentation de la durée de l’effort sous VNI. Cette démarche peut permettre d’initier au plus tôt une rééducation
fonctionnelle au décours d’une exacerbation pour avoir un « effet starter ». En ce qui concerne la VNI
nocturne et réhabilitation diurne, il y a des études concordantes qui démontrent une augmentation des
bénéfices du réentraînement. Les mécanismes détaillés ne sont pas connus, mais la diminution de la fatigue semble pertinente. Donc ceci est une stratégie intéressante pour des patients très sélectionnés et
« Essayez là! ».
Références bibliographiques
Dreher et coll, Eur Respir J 2007; 29: 930–936.
Wedzicha et coll, Eur Resp J 1998. 12: 363–369.
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