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Bilan du suivi écologique- année 2008
GIPREB
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La plus grande hydraulicité observée en 2008 a eu pour conséquence des apports accrus en
matières solides. L’arc, la Cadière et la Touloubre ont ainsi apporté 80 500 tonnes de matières en
suspension, sans toutefois prendre en compte les épisodes de crues (qui peuvent constituer
jusqu’à 99% des flux de matières en suspension par les tributaires naturels). Sur la même période,
les apports en limons par le canal usinier ont été de 74 700 tonnes (Tab. 1 ; Tab. 2).
Des trois tributaires naturels, l’Arc a été le principal contributeur en sels nutritifs, apportant ainsi à
l’étang près de 370 tonnes de N-NO
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et 20 tonnes de P-PO
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, soit 2 à 3 fois plus que la Touloubre
et 3 à 10 fois plus que la Cadière. Les apports en nutriments par le canal usinier ne sont pas bien
connus pour 2008, seule une série de mesures ponctuelles ayant été réalisées (Tab. 3). En 2006,
année de sécheresse, les apports de la Durance représentaient le double de ceux des tributaires
naturels.
Les apports à l’étang concernent également les apports atmosphériques (estimés à 77t d’azote et
2t de phosphore en 1990), les eaux de ruissellement (estimés à 35t de phosphore et 100t d’azote
en 1994) et les apports diffus par la nappe fluviatile de l’Arc (estimés à 40t de N-NO3 en 2001)
1
.
2.2 Qualité de l’eau et eutrophisation
La répartition spatiale et temporelle de la salinité dans l’étang de Berre permet de distinguer 2
grandes masses d’eau. Depuis 2005 et la mise en place des nouvelles modalités de rejets d’eau
douce de la centrale EDF, cette structure s’est maintenue. C’est encore le cas en 2008 : la couche
1-6 m est très homogène au cours de l’année avec une salinité comprise entre 23 et 30 et au-delà
de 7 m de profondeur la stratification haline isole la couche de fond plus salée (salinité de 36 au
maximum). Ponctuellement, sous l’effet d’apports d’eau douce accrus, en janvier et février, la
salinité a été plus faible (entre 15 et 20) dans le premier mètre de la couche de surface (Fig. 5 ;
Fig. 6).
La stratification haline, en isolant physiquement la masse d’eau de fond, réduit les échanges diffus
et contribue au maintien de conditions hypoxiques, voire anoxique, à partir de 7 m de profondeur
(Fig. 7). En outre, en période estivale, les phénomènes biologiques (production primaire) peuvent
générer une consommation accrue d’oxygène dans les couches d’eau moins profondes. Ainsi, à
partir du mois de juillet 2008 et jusqu’à octobre, des diminutions d’oxygène notables ont été
observées à des profondeurs relativement faibles (2.5 m). Durant cette période, des épisodes
d’anoxie complète, qui ont duré jusqu’à 5 jours, ont pu être mesurés notamment dans l’anse du
Ranquet, à 4 m de profondeur seulement (Fig. 8 ; Fig. 9).
L’étang de Berre reste un milieu globalement eutrophe. Les valeurs médianes des teneurs en
nitrates, phosphates, azote total et phosphore total ont été respectivement de 2.3 µM (max 52.8),
0.2 µM (max 7.4), 32.2 µM (max 86.2) et 0.8 µM (max 5.3) au cours de l’année 2008 (Fig. 10 ; Fig.
11). L’azote minéral composé des nitrates, nitrites et ammonium, constitue le stock susceptible
d’être assimilé par le phytoplancton. Par ailleurs, les phosphates, également source d’énergie pour
le phytoplancton, sont considérés comme de bons indicateurs du caractère anoxique des eaux de
fond. La variabilité saisonnière est importante, les plus fortes valeurs en nitrates ont été relevées
en hiver (à la suite d’apports accrus par les tributaires), tandis que l’ammonium (produit de la
dégradation) est plus abondant en période chaude. Les concentrations en azote et phosphore
total, témoins du niveau trophique, sont également plus fortes en période chaude (jusqu’à la fin de
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les valeurs des rejets urbains et industriels ne sont pas encore disponibles pour l’année 2008.