Economie nationale 19 mai 2004
" Quel avenir pour les stations suisses de ski ?"
Etude de MM. B. Giger et J.-L. Wassmer
Commentaires & critique
Votre étude couvre un vaste domaine, allant de questions de gestion commerciale à l’impact
d’un éventuel changement climatique. Elle est riche en informations, bien écrite et intéres-
sante. Comme pour les autres rapports présentés cette année, vos camarades auront sûrement
beaucoup appris en vous lisant. De tout cela, de ce bon travail, on vous sait grand gré.
A mon avis, la lecture de votre étude suggère trois axes de réflexion principaux :
- Un exploitation insuffisante par les stations suisses de ski des effets (positifs et poten-
tiels) de réseau, de synergie et de gamme qui peuvent exister dans leur domaine ; ainsi
que, peut-être, des rendements d’échelle non exploités.
- La politique de prix pratiquée par ces stations.
- Le rôle des autorités (de « l’Etat ») et les interactions avec les agents « privés » ( y
compris les sociétés avec participation des collectivités locales) dans cette dimension.
Sur le premier point, je n’ai pas grand-chose à ajouter à ce que vous écrivez, si ce n’est que
l’importance réelle de ces effets non exploités demanderait à être documentée davantage (à
première vue, il paraît évident qu’il y a un problème, mais peut-être trouverait-on qu’il n’est
pas tellement important si l’on y regardait de plus près). Quoi qu’il en soit, les résistances qui
se manifestent à cet égard en Suisse, mais pas ou moins chez la concurrence étrangère, ont
sans doute leurs racines dans des mentalités, attitudes et particularismes locaux qui semblent
être plus puissants « chez nous » qu’ailleurs. A mon avis, c’est avant tout dans ce domaine
que les autorités pourraient et devraient aider cette composante importante de l’industrie
suisse du tourisme.
Vous évoquez bien le deuxième point (à la p. 15, p.ex.), mais on peut penser que vous auriez
pu le développer davantage. Les agents « privés » ne sous-estiment-ils pas l’élasticité de la
demande (cf. p.ex. la fin du premier paragraphe à la p. 19) ? Une politique de prix différenciés
(selon la saison et d’autres facteurs) ne pourrait-elle pas contribuer significativement à amé-
liorer la rentabilité des stations en général et des équipements de remontée en particulier ?
Bref, les agents responsables maximisent-ils vraiment au mieux leurs profits ? A mon avis, la
réponse est positive aux deux premières questions et négative à la troisième, mais cela de-
manderait à être étayé de manière plus complète et rigoureuse. (On se trouve ici dans une in-
tersection entre le management et l’économie politique). Le problème est particulièrement
important dans une branche où les frais fixes, spécialement ceux liés à l’amortissement et à la
rémunération du capital, sont comparativement élevés. A noter encore que le principe qui
consiste à continuer de « produire » (p.ex. garder les installations ouvertes) tant qu’au moins
les frais variables sont couverts est un bon point de départ, mais il n’est pas certain que ce
principe soit toujours équivalent à la maximisation des profits, surtout dans le plus long terme
où « le capital » devient une variable.
Sur le troisième point, on peut se demander si le seul fait que cette forme de tourisme soit une
composante « importante » de l’économie nationale suffit à justifier une aide - pécuniaire ou